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Balles perdues de David Lapham

Malédiction éditoriale

Imaginez une série noire en BD qui dresse un panorama des Etats-Unis depuis les seventies, ou du moins un panorama de ses marges les plus dérangeantes. Le tout impeccablement découpé, dialogué avec tranchant, dans un noir et blanc de circonstance. Un panorama fait de dizaines de nouvelles se situant à différentes époques, dans lesquelles on recroise des personnages à différents âges. Imaginez que cette œuvre parle de la façon dont la violence contamine la société, comment elle marque les gens et les destins. Imaginez une œuvre digne de la cruelle concision d’un William Irish, de la verve d’un Tarantino, et de la vigueur d’un Scorsese.

Si une telle comédie humaine criminelle existait en BD, cela créerait un raz-de-marée chez les libraires, non ?

Et bien NON.

Car cette série existe.

Elle se nomme Stray Bullets, Balles perdues.

Et Stray Bullets est une série maudite en France. Commencée en 1995 par un encore jeune artiste américain, David Lapham, cette série noire a déjà connu deux débuts de publication par chez nous. La première par Dark Horse France en 1996, la seconde par Bulle Dog en 2001. Ces deux maisons ayant mis successivement la clé sous la porte, les quelques lecteurs français en sont restés à l’épisode 7 (sur les 32 publiés aux Etats-Unis). On peut facilement comprendre pourquoi tant d’amateurs sont passés à côté des Balles perdues... Les Editions Bulle Dog leur avaient réservées une si déplorable présentation... Bulle Dog, une des rares maisons d’édition à penser que l’intelligence doit se cacher, mettait un point d’honneur à faire du moche avec du bon.

Mais derrière tout malheur il y a quelque chose de positif... Et les habitués de ce blog savent bien où l’on va en venir... Evidemment ! Chez AAAPOUM BAPOUM, vous pourrez découvrir cette excellente série à peu de frais : 12 euros le pack des deux tomes parus (qui correspondent aux épisodes américains 1 à 6, soit près de 200 pages, tout de même !). Il est important de savoir que, même s’il est déplorable que la suite ne soit pas traduite, chaque épisode est une nouvelle qui peut s’appréhender individuellement. Les plus courageux pourront toujours se procurer les épisodes plus récents en anglais, par exemple chez Pulp’s en face !

Pour achever de se laisser convaincre, ceux qui le souhaitent peuvent lire cette sympathique chronique sur Bulledair.com