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Comment j'ai compris la mort

De fil en aiguille, de Daredevil à l'enfance.

Par Stéphane

Comme beaucoup d'enfants, je restai longtemps intrigué par «la mort». Pourtant, il me fallut pas mal de temps avant d’en saisir, ou plutôt de définir, une image et un concept que pouvais m’approprier. Ce travail passa par deux œuvres, en partie.

La première c’est Blade Runner, le film, dont je me souviens n’avoir rien compris ou presque en dehors du sentiment à la fois vague et puissant de ce que peut être le terme d’une vie. En conclusion, Roy le robot s’éteint la caméra en gros plan son visage, alors que la pluie bat son plein et masque possiblement les larmes qui se déversent de son œil, pourtant mécanique, à l’approche de sa fin.

La seconde image, c’est la couverture du Strange 181 signée Frank Miller et datant de janvier 1985. Elle marqua mon esprit d'enfant pour ce qui est de l’autre versant de la mort, c'est-à-dire du point de vue de ceux qui restent et sont en deuil. On y voit Daredevil, visage nu, enserrant de ses bras la croix de marbre qui surplombe la tombe de sa défunte aimée. Au geste, urgence de sentir la chaleur humaine, s’oppose la pierre, dont la froideur est soulignée par la neige qui tombe à gros flocons sur cette scène désespérée.

Aujourd’hui encore, lorsque j’utilise le mot dans une conversation ou dans une critique, c’est invariablement ces deux images qui remontent à mon esprit comme pour illustrer ma pensée, ou mon sentiment.