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De la tristesse des milieux carcéraux dans le monde

Y a pas de ça chez nous monsieur, ah ça non…

Par Stéphane


Post conjoncturel, c'est-à-dire motivé par une suite d’événements vécus en moins d’un jour, je raconte.

Dimanche 26 mars au soir, je mange chez moman. Fin de repas devant télé et Marcolivierfogiel, avec comme invité un ancien détenu de la prison américaine de Guantanamo. Il est français, mais comment diable s’est-il retrouvé capturé là-bas ? C’est la question sous-entendue sous le reportage, évidemment. Moi aussi ça m’intéresse.

Sauf qu’avant de se lancer dans une grande litanie autant insurgée que prévisible sur la tyrannie «du gouvernement américain qui emprisonne sans vergogne ni respect des droits de l’Homme…», l’émission commence par un court programme d’introduction, véritable panorama des pires conditions de détention à travers le monde.

Ouille, ça commence mal. Déjà, le narrateur présente Guantanamo avec des trémolos dans la voix pendant que défilent des images… d’Abu Ghurayb. Belle purée mais passons. Ensuite ça embraye sur la Chine, l’Amérique du sud, le Moyen-Orient et patati et patata, «c’est abominable, mais comment des gouvernements peuvent-ils laisser de telles horreurs se produirent…. My God, mais quelle indignation». Et bien sûr…aucun mot sur la France. Typique, ce regard sur l’étranger pour mieux se sentir fier de notre état de droit et de notre beau modèle républicain. Un pur fantasme ceci dit en passant.

Car comme me le rappelait mon pote Jules le lendemain pour en rajouter une couche, "ce n’est pas comme si la France venait de se faire épingler méchamment par le Commissaire aux droits de l’Homme du conseil de l’Europe,qui nous rappele que notre système pénitencier est l’un des plus insalubres d’Europe". Et pas qu’un peu, à lire les articles ici, ici, et surtout , que Jules m'envoya à ma demande depuis son Angleterre. Clairement, on est bien mal placé pour faire la morale à qui que ce soit.

Et la BD dans tout ça, attendez, j’y viens dans la suite avec une très belle surprise. Parole.


Ce même dimanche, dans l'après midi, j'avais lu les épreuves de L’Homme qui s’évada, une nouvelle bande dessinéeà paraître au mois de juin chez Actes Sud. Dans le livre, sont rassemblées en un recit les adaptations de Au bagne et de L’Homme qui s’évada, deux reportages du journaliste et écrivain Albert Londres, datant des années 1920. Pour résumer, le premier livre traitait des conditions de détention dans les bagnes français de Cayenne, le second narrait les retrouvailles avec Eugène Dieudonné. Ancien prisonnier rencontré lors de la visite du bagne. Accusé à tord puis déporté, ce dernier réussit à s’évader après quelques années de détention cruelles pour trouver refuge au Brésil. Londres l’y rejoignait pour le reconduire, gracié, sur sa terre natale, et écrire ce livre.

L’adaptation, sous la forme d'une bande dessinée unique, des reportages de Londres, en plus d’être un formidable récit d’aventure centré autour de la figure du martyr Dieudonné, est un bon moyen de reprendre pied avec le vrai visage de notre pays, dans son Histoire, mais aussi dans les multiples échos qu'elle renvoie à notre actualité. Voici en avant-première quelques planches non finalisées, avant couleurs, de ce livre à consulter dès sa sortie. Cliquez dessus pour les voir en plus grand