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L'ARCHE DE MARVEL

House of M , le génocide Mutant


Par Stéphane

Elle nous refait le coup. Elle, c’est la prestigieuse maison Marvel, qui, quinze ans après l’inoubliable Âge d’Apocalypse, bidouille un nouveau scénario miracle chargé d’amaigrir son univers trop dilaté par le succès. Avec quelques millions de nouveaux mutants, la planète Terre et le catalogue de parution commençaient à être sérieusement encombrées. Lassés, les aficionados se désengageaient. En réplique, parul’été dernier au U.S.AHouse of M. Bouleversement fondamental version Weight Watcher que les Français découvriront d’ici quelques mois ; contrecoup irrémédiable de ces périodes fastes où les éditeurs, avides d’éponger le moindre dollar égaré dans la poche du comic addict, multiplient les séries jusqu’à l’écoeurement. Curieux et fans, arrêtez cette chronique ici même, les paragraphes suivants sont un spoiler de grande envergure.

Commençons par les conséquences. A la sortie d’House of M ne survivra qu’une poignée de mutants (200 tout de même). Les millions d'autres finiront morts où dépossédés de leurs pouvoirs par la Sorcière rouge. Exit Magneto (vous savez, le grand méchant aimanté), Vif Argent, et même de nombreux X-men. Un mémorandum ferme circule dans les couloirs de la célèbre maison : interdit de ressusciter qui que ce soit pour au moins quelques années. Fini aussi les vieux mythes usés jusqu’à la corde, Serval par exemple se souvient maintenant de son passé. Un bouleversement aux airs d’apocalypse religieuse : un univers s’écroule, un nouveau est à reconstruire.

Seulement, à bien y réfléchir, ce chavirement tactique tout a fait habituel éclipse peut-êtreun second signal, imprévu et plus inquiétant. Et si, à l’aube du XXIeme siècle, la métaphore du mutant n’avait plus de sens ! En effet, quelle minorité peut aujourd’hui crier au rejet et à la haine totale. Et bien que la situation soit loin d’être parfaite en occident, l’icône du mutant telle qu’elle était perpétuée n’est plus à même de rendre compte de la réalité, n’exsudant qu’une image archaïque et déformée jusqu’à la caricature des problèmes de communautarisme et d’exclusion modernes.

Alors se joue, peut-être, larvé dans l’évènement House of M, la raison artistique même qui justifierait la survie d’un tel univers. Et ainsi, les Kevin Smith amateurs qui adorent se prendre le chou sur les valeurs existentielles du superhéros, peuvent ressortir leur question favorite : Mais quelles valeurs devront donc incarner les superhéros de demain ? Je me demande bien moi-même.

PS: la série est dessinée par un Froggy, Olivier Coipel...