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FATHERLAND DE NINA BUNJEVAC

Même s'il s'agit d'un récit autobiographique, de Nina Bunjevac, on n'apprendra pas grand chose dans ces 152 pages. La Canadienne originaire d'un pays qui n'existe plus cherche surtout à écrire une biographie familiale et reste très pudique quant à sa propre histoire. Récit cyclique s'organisant autour d'une fracture initiale, Fatherland exorcise une douleur qui s'est étendue comme une tâche, et pour la comprendre il remonte aux arrières grands-parents de l'auteur. Cet acte relève certes de la psychanalyse familiale, mais ce faisant, Nina Bunjevac est aussi amenée à retracer l'histoire complexe et passionnante de la Yougoslavie. Ainsi que la cellule familiale dans laquelle est née l'auteur est déchirée entre deux continents, comme celle de ses grands-parents et de ses arrières grands-parents, on découvre aussi que les conflits yougoslaves ont été exportés jusqu'en Amérique du Nord. À la lecture de cette œuvre, j'ai d'une part vibré d'angoisse, mais j'ai aussi appris beaucoup de choses. L'idée que des ex-compatriotes s'entretuent à des milliers de kilomètres de leurs lieux de naissance est si fascinante... Cette complexité que produit la réalité manque bien souvent aux œuvres de fictions bédéïques.

Une façon de servir l'Histoire qui ne manque pas de sel.

Très instructif.

Une touche d'humour.

Aucune famille n'est épargnée par la division.

Momirka, une grand-mère qui ne manque ni de caractère ni de cigarettes.

Le cliché de l'illusion d'un bonheur.

Ce qui est bien aussi dans Fatherland, c'est qu'il y a plein de cartes, et que moi, j'aime les cartes.

Non ce n'est pas un extrait du dernier Robert Varlez de chez The Hoochie Coochie, mais bien une double page de Fatherland.

Ci-après un petit feuilletage pour vous donner envie :Fatherland de Nina Bunjevac, éditions Ici Même, 152 p. N&B, couverture cartonnée, 24 €, traduction de Ludivine Bouton-Kelly, imprimé en France (bravo !). EAN : 9782369120087