Mais que se passe-t-il ? Nous sommes si peu portés sur les dédicaces qu'on ne peut même pas dire que c'est la rentrée. Par contre, manquer une telle brochette de talents serait totalement criminel.
Rendez-vous donc vendredi 23 septembre 2022 au 14 rue serpente pour un triple shot de créativité totalement revigorant auprès d'auteur·ices que nous aimons tout particulièrement. Aucune réservation n’est necessaire. Les auteur·ice·s et leurs albums seront librement disponibles.
Alex Chauvel, que les habitué·e·s de la boutique connaissent bien pour son Todd le géant s’est fait voler son slip, pilier de nos coups de cœurs depuis 2017, dédicacera sa nouveauté Les Pigments sauvages que d’aucuns décrivent comme un renouveau vertigineux de la fantasy. On y suit des créatures aux mœurs étranges très prédéterminisme, en pleine destruction explosive de leur civilisation et de ses constructions sociales , déterrent les biais de leurs mythes fondateurs. L’album progresse par phases civilisationnelles encastrées, prenant de la hauteur sur le développement organique d’un peuple malgré le suivi de protagonistes précis hauts en couleurs.
Mai Li Bernard fêtera en notre compagnie la réédition de son album Mortelle vinasse, vaudeville létal sans paroles sélectionné au festival d’Angoulême 2016. Son album agglomère brillamment une tripotée d’éléments stylistiques et narratifs qui nous plaisent déjà naturellement, nous n’avions alors pas boudé notre plaisir à l’époque. La réapparition de l’album nous fait redécouvrir ses nombreux points forts. Un excellent point de vue aérien fixe, un découpage narrative pointu et décortiqué, une propagation de folie théâtrale redoutable, une ambiance tout à fait inhabituelle. Le récit, qui peut sembler sobre dans son trait ou son concept, s’offre le luxe d’une richesse homicidaire inattendue terriblement satisfaisante.
Enfin, Gerald Auclin aussi soutiendra une proposition créative puissante avec J’ai oublié comment ça s’appelle, un album d’adaptations de contes russes absurdes du début du XXe siècle que l’auteur à choisi d’illustrer en collages si précis qu’on les croirait peints. Il y reprend les textes de Daniil Harms, fabuliste dont il avait déjà adapté certains travaux dans un album précédent. C’est au pan jeunesse de son œuvre qu’il s’attaque cette fois-ci, reprenant les scénettes bizarres qui constituent selon l’éditeur “des classiques de la littérature jeunesse” venant de “l’orfèvre de l’absurde”. Et en effet, force est de constater de Daniil Harms et Gerald Auclin convoquent et invoquent une étrangeté incroyable qui nous amène dans des situations et des environnement tout bonnement incroyables dont on redemande instantanément.