Une partie d’un jeu For the story est on ne peut plus simple. Joueurs et joueuses, confirmé·e·s ou débutant·e·s, se réunissent autour de la table (ou se posent sur le canapé, ou se regroupent dans le train…) et lisent en commun les quelques lignes didactiques d’introduction qui figurent sur les premières cartes du paquet.

L’un·e après l’autre, les participant·e·s à cette collaboration ludique tirent ensuite une carte et répondent à la question qu’elle leur pose. Cette question leur permettra de co-créer un univers, une situation précise et leur personnage bout à bout, sans préparation ni pression d’improvisation, en fonction de leur inspiration du moment et de leurs désirs. L’avancée narrative repose sur les interconnections et les rebonds que les réponses savamment formulées permettront naturellement de faire jusqu’à ce que l’ultime question, la question fatidique, l’apex, le climax, ne pousse les joueurs et joueuses à convoquer tout ce qu’ils ont mis en place pour prendre une décision lourde de sens qui brisera peut-être le fébrile équilibre du groupe.

Les jeux For the story se situent à la jonction des expérimentations visuelles et narratives qui nous pratiquons déjà. Une autre façon de raconter une histoire, une belle façon de montrer grâce à de magnifiques cartes, Pour la reine et sa cour représentent un ludisme et une manipulation novatrice des caractéristiques inhérentes à son médium qui nous siéent parfaitement.

À noter que le système brut du jeu est gracieusement mis à disposition des créateurs et créatrices qui désireraient en faire leur propre mouture. Des versions gratuites et digitales sont en outre disponibles sans téléchargement sur la plateforme participative for the drama, une zone ludique qui fut totalement nécessaire et bouillonnante de créativité avant qu’un éditeur physique ne mette la main sur la gamme. (Petite préférence pour Oriente de l’indispensable Thomas Munier)