Blake et Mortimer : la malédiction des trente deniers, tome 1

 

Sous un soleil de plomb

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Bonne idée que de lancer le professeur Mortimer dans une nouvelle enquête archéologique comme au temps de la Grande Pyramide. Sur les traces de Judas en plus (Cette année entre le Crumb et le Blake et Mortimer on peut dire que la culture biblique est à l'honneur). Et puis la Grèce est un beau cadre, Van Hamme semble d'ailleurs y avoir passé d'excellentes vacances. Il s'y est laissé gagner par une douce torpeur méditerranéenne. Comme il a un peu trop pris le soleil, ébloui, il a négligé de cacher ses ressorts scénaristiques.  Si la trame générale se parcourt sans déplaisir, les ficelles sont bien épaisses et chaque péripéties se termine par un nœud qui a du mal a passer tant il est enduit d'invraisemblable ou de carnavalesque... Oh ! Un chien tombe dans un trou (Muff ? C'est toi ?) ! Oh ! Un éclair arrête les bandits ! Tiens Olrik se prend les pieds dans sa robe. Mince, des moutons... Le plus discutable reste cette scène où l'on voit des Grecs jouer aux cartes attablés dehors en plein soleil plutôt que de rester tranquillement à l'intérieur. Van Hamme singe à nouveau Jacobs sans jamais comprendre le soin du détail qu'affectionnait le maître, sans jamais éprouver la moindre empathie pour les personnages, sans jamais chercher à se mettre à leur place. Chez Jacobs les méchants étaient intelligents en dehors de leurs crises de folie et de panique. Les scélérats donnaient du fil à retordre aux deux anglais. Ici ils sont juste grotesques. Van Hamme ne résiste d'ailleurs pas à l'attrait d'une conspiration néo-nazie digne d'une farce télévisuelle... Good grief !

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Sur le plan du graphisme, feu René Sterne fait ce qu'il peut pour se couler dans le moule Blake et Mortimer, en ratant souvent le découpage, mais en réussissant certaines audaces qui donnent un peu de légèreté et d'humour à une pesante mécanique narrative. Après le  décès du dessinateur (planche 29), c'est sa femme, Chantal de Spiegeleer, dessinatrice également, qui prend le relai honorablement, même si on sent que l'académisme exigé la maltraite quelque peu. Je déplore tout de même leur vision d'Olrik : La némésis de Blake et Mortimer a troqué son élégance naturelle pour des manières affectées de vieille tante, c'est presque impardonnable.

 Un Blake et Mortimer de plus, qui se lit et qui contient de bonnes idées, mais qui agace souvent. On verra si le tome 2 coule le rafiot ou s'il ramène tout le monde à bon port, ce qui est encore possible... Mais qui va le dessiner au fait ? Moi je veux bien que ce soit Chantal de Spiegeleer, mais il faut qu'elle fasse quelque chose pour le Colonel et qu'elle arrête de faire ses phylactères à l'ordinateur.

P.S. : On me rappelle avec justesse que c'est Aubin Frechon qui travaille actuellement sur le tome 2 des Deniers. Voilà qui tombe bien, car nous avons justement en magasin un Tohu Bohu dessiné par Aubin Frechon...  Sur la neige, scénario de Wazem. 6€.