Relations publiques
J'aime pas la télé
par Vlad
Si Stéphane avait travaillé aujourd'hui, vous auriez peut-être eu la chance de voir la boutique à la télé.
Je me rappelle en 2001, quand Morris est mort. Tous les journalistes qui veulent du reportage vite fait ont débarqué à la librairie Album boulevard Saint Germain. Elle devait encore s'appeler Libraires d'Images à l'époque, et puis j'y travaillais. Les médias voulaient tous interviewer Henri, notre collègue le plus ancien, qui était déjà là quand Morris, Franquin et les autres dédicaçaient chez Dupuis (oui parce que Libraires d'Images avant c'était Glénat, et avant encore, c'était Dupuis, vous suivez ?). Henri il avait vu tous les changements d'enseignes depuis les années cinquante. Bref les journalistes ils avaient son nom dans un dossier, comme source officielle à interviewer en cas de décès d'un vieux dessineux, et ils se repassaient tous le tuyau. Le problème c'est qu'Henri il avait pas envie de leur parler. Alors, la mine réjouie il me dit : "y'a des journalistes qui vont arriver, tu vas leur dire que tu es Henri et tu réponds à leurs questions... Oui oui tu as bien connu Morris dans les années soixante-dix, tu verras ils s'en foutent que ce soit vrai et puis toi tu vas bien passer à la télé !". Tu parles !
J'ai raconté plein de connerie à une sympathique fille de la radio, comme quoi Morris c'était un pédé, la preuve la couv' des Cousins Dalton et sa métaphore sexuelle... Après je me suis pris la gueule avec un mec de la télé qui faisait tout à la fois : interviewer, caméraman, preneur de son, etc... et qui trouvait que je répondais pas comme il faut à ses questions merdiques. Je l'ai envoyé paître. Sûr qu'après ça les journaleux, ils ont rayé Henri de leur carnet d'adresse. J'espère qu'il profite bien de sa retraite.