Hors de la librairie (2)

 

Lettre de Montevideo

Cher Stéphane,

C'est en sortant de la rue Dante qu'on comprend mieux pourquoi les gens disent que "c'est vraiment la rue de la bédé !".

Ici par exemple à Montevideo, capitale de l'Uruguay regroupant la moitié de la population nationale, je n'ai pas encore trouvé de boutiques vendant des "comics" (faut préciser que je n'ai pas passé mon temps à ça).

Dimanche, sur la "feria de Tristán Narvaja", sorte de marché aux puces invraisemblable  où se presse lentement une foule sirotant son maté, le thermos d'eau bouillante vissé sous l'aisselle, entre les étals les plus divers ( des légumes jusqu'aux bouts de chaînes rouillées ), il était plus facile de dénicher des pirates de jeux PS2 ou de DVD que des comics. J'ai néanmoins pu feuilleter quelques revues argentines des années 80 en piteux état, qui m'ont permis de constater qu'il y avait encore du Risso non traduit par chez nous (pas forcément terrible d'ailleurs).

Sinon j'ai eu la surprise de découvrir au sein du petit mais charmant musée Juan Manuel Blanes (peintre uruguayen du 19e et gloire nationale), deux salles consacrées à Julio Emilio Suárez Sedrasqui, qui signait ses oeuvres Jess. Cet uruguayen, né en 1909 et mort en 1965, commença à faire de la bande dessinée et des caricatures de presse au début des années 30. Son personnage connu par ici est Peloduro ("Cheveu dur"), qui donna son nom à une revue mensuelle qui fut fameuse jusqu'à la mort de Jess qui en était l'éditeur depuis 1943. Ci-après quelques exemples de ses travaux.

Belles couvertures couleurs, Jess dessinait beaucoup De Gaulle, plutôt pas mal, non ?

Ici personne n'a oublié que l'Uruguay a gagné la coupe du Monde de football en 1950.J'espère que tu te portes bien et qu'il n'y a pas trop de clients fous ou pénibles.Je t'embrasse.Vlad.