Le meilleur livre Cornelius 2009
Shohei Kusunoki, La Promesse et autres histoires.
Traduit du japonais par Satoko Fujimoto et Eric Cordier, 272 pages, 24 €
Cequi distingue le drame de la tragédie, c’est la notion de destin. Commentclasser, dès lors, ce recueil de nouvelles qui oscille entre les genres pouroffrir une peinture du malheur dans ce qu’il a de plus nu. Un samouraï entre dans une auberge pour s’abriter de la pluie et se trouve pris à partie par unartisan à peine sorti de l’adolescence.
Deux parents impuissants languissentaprès l’opération qui guérira ou non leur fils. Une icône en bois dérivant aufil de l’eau s’agace à voix haute (animisme japonais oblige) qu’un rat la prenne pour une embarcation de fortune. C’est la rencontre de l’adversité, sansraison morale ou force supérieure. Sans issue également, pour ces êtres ballotés par un destin qu’ils aspirent, secrètement, prendre en main.
Aucun n’y parviendra, pour sûr, puisque telle est la tradition des auteurs, tel Shohei Kusunoki, qui illustrent la question de la chance et des hommes depuis la nuit des temps. Il émerge, néanmoins, toujours une grandeur chez ces êtres quirésistent au sort, qui l’endurent. Une dignité transportée pour beaucoup par la grâce d’un trait délié et lumineux, flattant les expressions et ces moments où le poids du destin se fait si lourd qu’il est sur le point de les effondrer.
Mais il n’y parvient pas. Reste l’éclat noir d’une fatalité, peut-être japonaise, pragmatique donc injuste, sans erreur à punir et sans dieu pourl’ordonner.