Publications dans 2010
Locke & Key de Rodriguez et Hill
 

Patrick Batman m'a passé un comic qu'il avait pas trop aimé, et ça a été pour moi une excellente surprise.

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Il s'agit du premier tome de Locke & Key publié il y a peu chez Milady. L'histoire commence comme De sang froid de Truman Capote avant de clairement planer sur le genre fantastique. J'ai aimé ce mélange de thriller avec serial killer et d'histoire fantastique pas débile, avec une approche intelligente de la magie. Le graphisme gentillet permet de bien s'attacher aux personnages, là où un dessinateur cérébral et distancié aurait échoué. La lecture est garantie avec des vrais frissons de peur. Encore meilleure après minuit. J'en ai aucune à vendre pour l'instant, mais je vous recommande chaudement cette bédé, dont vous pouvez lire quelques pages en passant par le blog des éditions Milady.

Mon seul regret concerne le titre de l'album : Bienvenue à Lovecraft.

C'est à mon sens une connerie de donner le nom du célèbre écrivain à un lieu-dit, en l'occurrence une presqu'île. Rien de tel pour déprécier le produit qu'un tel clin d'oeil lourdingue, ça fait fan à la noix, limite fanzineux. En plus le style du récit est très éloigné de H. P. Lovecraft et plus proche d'un bon Stephen King. Stéphanie de chez Pulp's en face, qui sait beaucoup de choses, me confie d'ailleurs que Joe Hill est le fiston de Stephen.

 
Les corsaires d'Alcibiade Portfolio n°1
 

"Short 'n good !"

La toute jeune structure d'édition AspenKalel vient de produire ce portfolio édité à 100 exemplaires (plus 20 hors-commerce), qui célèbre en 10 planches la fin de la série Les corsaires d'Alcibiade, dessinée par Eric Liberge et scénarisée par Filippi (5 tomes chez Dupuis)...

Chemise toilée, ornée d'une petite image collée, contenant 10 planches, plus un justificatif de tirage. Numérotation et signature sur le justificatif ET sur la première planche. 35€.

La ligne éditoriale de ce portfolio est clairement orientée pin-up et chemises mouillées, comme on peut s'en rendre compte avec cet aperçu sur notre flickr.

La toute jeune structure d'édition AspenKalel vient de produire ce portfolio édité à 100 exemplaires (plus 20 hors_commerce), qui célèbre en 10 planches la fin de la série Les corsaires d'Alcibiade, dessinée par Eric Liberge et scénarisée par Filippi...

Portfolio numéroté et signé, 10 planches, plus justificatif de tirage.

A vendre notamment dans nos échoppes AAAPOUM BAPOUM

 
TOXIC de Charles Burns
 

Charles Burns ToXic. (Cornelius) traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Barbara et Emilie Le Hin, 64 pages, 21 €.

L’angoisse des héros, chez Charles Burns, est nourrie de trous noirs. Il y avait d’abord ceux, sensuels et répugnants, qui creusaient la chair tendre des adolescents en pleine mue dans Black Hole (sa précédente œuvre). Il y a désormais les trous noirs, au contraire psychiques et insaisissables, qui rongent la pensée abasourdie de Doug dans Toxic. Convalescent, sous l’influence de calmants et des lectures de Burroughs et d’Hergé, Doug le jeune accidenté rêve durant ses longues absences médicamenteuses d’un monde écartelé entre New-York et Tanger, riche de créatures étranges, qu’il arpente lui-même avec l’apparence d’un Tintin.

Réalité et songes s’entrechoquent peu à peu et se dissolvent l’un dans l’autre. Seuls quelques X (du titre), biffés sur un calendrier, l’attachent un tant soit peu au réel. Pour combien de temps encore ?

Quel ravissement de suivre, autour d’angoisses et territoires qui lui sont propres, Charles Burns travailler son langage. Bien sûr, les cauchemars de Doug sont des reconstructions du réel, chargés de symbolisme, à décoder. Mais ce qui étonne, au delà d’un ravissement esthétique alternant pictogramme et réalisme avec la même virtuosité, ce sont les inventions de langage destinées à figurer l’incorporel (d’une pensée sous drogues), chez cet artiste longtemps travaillé par la représentation du corporel (de l’éveil à la chair).

Or là, justement, dans ce challenge de l’immatérialité à dessiner, Burns trouve matière à sa plus belle idée : l’invitation de la couleur. Par delà les enjeux décoratifs ou l’hommage à Tintin, la couleur apparait, pour la première fois chez ce génie du noir et blanc, pour incarner une valeur : celle du temps disparu de l’amnésie. Des cases vides, emplies de couleur pure, pour notifier les trous noirs de la pensée, voilà un paradoxe qui n’est certainement pas sans convoquer une certaine poésie. (les Inrockuptibles du 25 octobre)

INTERVIEW VIDEO DE CHARLES BURNS POUR GQ MAGAZINE

 
Les Détachables n°15 : Dupuy et Berbérian
 

Panoramique urbain

La galérie Sans Titre à Bruxelles éditait il y a quelques années, à l'ocasion de leurs expositions, des planches sérigraphiées appelés "détachables", car leur acquéreur pouvait les scinder en 6 cartes postales...

Le panoramique qui me fait face n'a pas été découpé, heureusement.

Il correspond à l'exposition de Dupuy et Berberian qui eût lieu du 15 novembre au 7 décembre 1996.À noter que le nom d'un des deux auteurs a été amoché en "BERBREIAN" au recto de 5 des 6 potentielles cartes postales...

Nous proposons un exemplaire de ce produit à 60 euros.

 
Une sérigraphie Milton Caniff numérotée mais non signée
 

Pat est un type courageux...

Cette sérigraphie d'origine inconnue, numérotée à 180 exemplaires semble reproduire une case de Milton Caniff.

Je ne sais pas d'où elle vient, mais elle traîne depuis un moment, maintenue roulée par un élastique à cheveux sur le bureau de la rue Dante.

Si on ne fait rien, elle sera encore là fin 2011 et couverte de sauce de burrito. Donc elle est à vendre à 20€ et je la cache dans un carton à dessin.

Toute info sur son origine est la bienvenue.

 
Exposition Sergio Toppi
 
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Cette année, le type qui s'occupe des événementiels et de la communication chez AAAPOUM BAPOUM a pas mal glandé. On aimerait bien le virer mais on peut pas, il a des parts dans la boite. En tous cas on sait pas trop ce qui se passe mais il semble s'être pris d'un sursaut de vitalité. Le voilà qu'il organise coup sur coup trois expositions pour ce début d'année. Paraîtrait même qu'il aurait envoyé une newsletter à nos abonnés, ce qui, si la rumeur s'avérait vraie, relève quand même du miracle.

Bref, voilà qu'à l’occasion de la sortie de l’intégrale du Collectionneur, notre vénérable échoppe AAAPOUM BAPOUM du 14 de la rue Serpente accueillera une trentaine de dessins et de planches originales de Sergio Toppi. Maître italien du noir et blanc, amoureux de la grandeur,  Sergio Toppi est un auteur majeur.

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LeCollectionneur, comme beaucoup de héros de la bande dessinée italienne, est un « anti-héros », antipathique parfois, individualiste souvent, dangereux tout le temps. Loin des salles de ventes aux enchères feutrées, ce dandy pirate traque l'objet d'art volé. Face à cet esthète du méfait, ne pas respecter les bonnes manières conduit droit à la mort. Des jungles de Bornéo aux plateaux afghans, se déploie le cruel marivaudage des héros coloniaux, maîtres es-rapines et embuscades florentines. Aristocrate dévoyé, le Collectionneur court après tous les Faucons Maltais que lui offre Toppi, ce génial géo-graphiste de l'Aventure.

Le vernissage, grand événement auquel vous êtes d’ores et déjà conviés, se tiendra le Jeudi 16 décembre, à partir de 19h, en compagnie de l’éditeur et d’un spécialiste de Toppi. Petite conférence, discussions enflammées, jus de fruits, vins et amuse-bouches variés vous attendent. N’oubliez donc pas de réserver cette soirée, et venez vous joindre à nous pour un verre tout en scrutant passionnément ces sublimes grands formats à l’encre de chine.

Elle devrait durer jusqu'au 15 janvier, pour ceux qui n'auraient ni le courage ni le temps de venir le 16 décembre au soir. Lui succédera, soyez d'ores et déjà informés, une exposition sur le nouveau livre d'Hugues Micol, sur le japon médiéval, à paraître aux éditions Futuropolis.

 
Les Couzes de Jürg et Baloo, éditions Emmanuel Proust
 

Trash art ? Pop art ? Porn art ? Sous-culture ?

Emmanuel Proust ! 

Par son incommensurable laideur et par sa frontale vulgarité, la couverture de Les Couzes impressionne. Un choix aussi audacieux doit recouvrir des intentions esthétiques avant-gardistes. Un mauvais goût qui fasse autant "mauvais goût" ne peut être le fruit de l'innocence. Peut-on trouver dans le neuvième art une première de couverture qui fasse autant "arts plastiques" ? Quel portrait de l'Amérique va-t-on trouver derrière ces rotondités scintillantes ?

L'histoire de ce premier tome se révèle moins surprenante que ce à quoi on pouvait s'attendre. On se retrouve avec un road-movie redneck et sudiste où se prélassent les échos de tout un pan de la fiction étasunienne, dans lequel on trouve pêle-mêle les Ducs de Hazzard, Doux, Dur et Dingue, les frères Coen et les frères Farrelly, Preacher, etc...

La tonalité est résolument crétine et outrancière, avec quelques répliques réussies et d'autres moins ("J'avoue que j'apprécie pas qu'on puisse comparer mon noble fessier à un vulgaire donut"). Aux pinceaux, Jürg cherche encore sa voie, entre Mezzo et Vuillemin, avec pas mal de promesses et une belle marge de progression.

Malheureusement ce tome 1 est déjà paru depuis plus de 6 ans et les espoirs sont minces désormais de voir se boucler une trilogie. On ne saura jamais si les audaces promises auraient fini par se concrétiser. Consolation, l'histoire se tient assez bien en elle-même. Il faut dire que la révélation finale est largement éventée dès la moitié de l'album par tout lecteur attentif.

Les Couzes, tome 1, quelques exemplaires soldés rue Serpente. 3€.

Au fait "les Couzes" c'est une abréviation pour "les cousins". Je connaissais pas, j'ai encore appris quelque chose.

 
Mazel tov !
 

Je l' admets j'ai la râle bien facile. À la manière d'un Léon Prunelle, des chapelets d'insultes me sortent de la bouche dès lors que je découvre notre grille salopée ou que je m'intoxique avec le café maison...

Bref, comme bien d'autres, les mauvaises surprises ont le don de m'exaspérer, surtout le matin.

Mais cette semaine en embauchant rue Dante, je reste pantois en découvrant cette photo...

... délicatement posée sur le rebord de la grille d'entrée. J'ose croire que ce geste n'est pas le fruit du hasard, qu'il recèle un sens caché ou un signe.

Cependant le cliché semble quelque peu artificiel : la scène est trop parfaite, la mariée trop belle...

Du coup avez-vous une idée de la provenance de cette image?

Pas de cadeau à la clé, sauf si personne ne trouve la réponse de l'énigme "vache" de Vlad, dans ce cas peut-être que le lot mystère pourrait être ici transféré. À condition toutefois de fournir une preuve solide de la provenance de la photo.

 
Le mystérieux Dr Tourmente d'Alfredo Sommer et Jean-Blaise Djian
 

Et si Risso avait dessiné pour Okapi

Dans le catalogue des éditions Emmanuel Proust, il y a quelques années, il était vraiment exceptionnel de trouver un album correctement dessiné. Aussi en feuilletant Le mystérieux Docteur Tourmente, dans la collection Petits Meurtres, on est tout d'abord surpris par la qualité de son noir et blanc, de découvrir un cousin d'Eduardo Risso, un peu plus versé dans le réalisme. Le dessinateur espagnol Alfredo Sommer n'est autre que le fils de l'excellent Manfred Sommer, maître du noir et blanc dont nous vénérons les Frank Cappa. Alfredo n'est d'ailleurs pas un débutant, vu qu'il publia de nombreuses planches dans la revue Cimoc dans les années 80 et deux albums en France... (Alex Magnum sur des scénarios d'Abuli). Il signait alors Alfredo Genies. L'histoire écrite par J-B Djian met en scène des enfants détectives. Elle est un peu surannée, le Club des cinq n'est pas loin, j'aurais d'ailleurs pu la trouver enfant dans l'hebdo Okapi du groupe Bayard. C'est baigné de ces souvenirs que j'ai pu apprécier cette lecture un tantinet niaise, car le Docteur Tourmente est un récit pour enfants dissimulé sous l'imperméable noir du polar.

Nous en avons une dizaine à prix bradé rue Serpente, 5€ au lieu de 12,20€.

Puisqu'on parlait de la famille Sommer, j'en profite pour signaler que nous avons en solde l'excellent Somoza et Gomorrhe, une aventure de Frank Cappa publié par Kesselring en 1986, au tarif improbable de 5€ aussi. Par ailleurs il semble bien qu'une exposition consacrée à Manfred vienne de s'ouvrir à Barcelone.