Publications dans Patrimoine
Menues trahisons de l'œuvre d'Hugo Pratt : Ticonderoga
 
À gauche le coffret et les 2 volumes de l’éditon Casterman 2018, à droite celle de 1982 aux Humanoïdes Associés.

À gauche le coffret et les 2 volumes de l’éditon Casterman 2018, à droite celle de 1982 aux Humanoïdes Associés.

Dans le massif de ce que se doit d’être une digne collection des œuvres d’Hugo Pratt, Ticonderoga, sur des scénarios d’Héctor Germán Oesterheld, représentait un pic non négligeable. L’édition de 1982 aux Humanoïdes Associés est en effet particulièrement délicate à se procurer, et qui plus est en bon état. Aussi c’est avec une grande joie que les amateurs, dont je fais partie, ont pu accueillir l’arrivée d’une réédition par Casterman en 2018. J’avais d’ailleurs alors salué cette initiative par un court article dans Zoo le mag (N°65, mai-juin 2018). Il faut dire que l’objet est de qualité, son mérite le plus important à mes yeux étant de respecter enfin les formats d’origine des histoires, dont la première moitié était initialement parue à l’italienne, tandis que la seconde l’avait été à la française (format « paysage » et « portrait » pour parler comme les imprimantes). En effet les revues argentines d’origine, Frontera et Frontera Extra, n’étaient pas au même format. Dans cet article, j’émettais toutefois cette réserve  :

« Dans cette entreprise de restauration patrimoniale, on déplorera de malheureux collages et bidouillages non mentionnés mais très dommageables, bien visibles dans l’histoire Le Loup vert. »

Je n’avais évidemment pas la place de développer dans le magazine (on y a d’ailleurs de moins en moins la place de s’étaler), mais je m’étais dit que je pourrais le faire sur ce blog… Et puis les mois et les années ont passé… La récente refonte du site, couplée au fait que les librairies restent fermées pour cause d’épidémie, me donne l’impulsion nécessaire pour me replonger dans cette affaire, qui je le précise tout de suite, n’intéressera que les plus pinailleurs de nos lecteurs, bien que sur le fond, l’affaire soit d’importance, vu qu’il s’agit ni plus ni moins que de trahisons (oh ! de petites trahisons, comme de petites piqûres nonchalantes, mais qui finissent par démanger et rendre dingue).

Comme indiqué dans un préambule de l’édition Casterman, les planches originales ont pratiquement toutes disparu et c’est donc à partir des journaux d’époque (1957-1958) que les scans ont été faits. Ces journaux sont imprimés sur du papier journal évidemment, très absorbant et qui vieillit mal. La finesse des traits est souvent perdue et les délicats lavis (souvent de la main de Gisela Dester) en ont fait les frais, devenant à la reproduction, soit invisibles, soit trop chargés. L’éditeur précise qu’un travail a été fait pour réintégrer le peu de scans provenant directement des originaux :

« Le mauvais état de conservation de ces revues a rendu nécessaire un long travail de restauration au cours duquel le maximum a été fait pour réintégrer, en évitant les écarts chromatiques et de tracé, le peu de planches originales encore disponibles. »

Soit. En revanche rien n’est précisé quant à des retouches, reprises et « repeints ». Or dans une des histoires, Le Loup vert, il y a des modifications particulièrement visibles et gênantes, qui induisent des changements dans le propos et la réception de l’œuvre. J’imagine que Casterman n’y est pour rien, l’éditeur n’ayant probablement rien remarqué, mais que la responsabilité revient aux ayants droit, la fameuse Cong S. A. qui veille au respect et à la gloire de l’œuvre de l’artiste.


Le 12 mars 2018 j’ai d’ailleurs envoyé ce message à Casterman :

« J'imagine que la Cong vous a fourni les fichiers et que vous n'avez pris en charge que la traduction.

Je pose la question car il y a tout de même de curieux remontages... bien visibles dans l'histoire le Loup vert, et bien dommageables dans une entreprise patrimoniale.

La Cong s'est-elle exprimée sur ces opérations ? »

Question restée sans réponse.

Venons-en à ces fameuses modifications.

Elles concernent principalement les visages des protagonistes. Dans cette histoire, Caleb et Ticonderoga font une halte dans une auberge isolée en plein territoire de conflits. Les ennemis, les soldats français rôdent, avec leurs alliés indiens, et les troupes anglaises sont bien loin. Le visage du robuste aubergiste, “Maese” Phineas (tout simplement “Maître Phineas”, le terme espagnol maese étant archaïque aucune des deux éditions n’a jugé bon de le traduire, ce qui l’assimile faussement à un prénom !), a beaucoup perdu à la reproduction, aussi les restaurateurs ont décidé de copier son visage de face, correctement reproduit, depuis la case 2 de la planche 4 (p. 73, volume 1) pour le coller sur d’autres cases où apparaît le personnage… Par exemple sur la case immédiatement adjacente à droite, produisant la désagréable impression d’avoir affaire, non à un personnage pleinement incarné, mais à une marionnette !

Humanoïdes associés, 1982.

Humanoïdes associés, 1982.

Casterman, 2018

Casterman, 2018

Ce même visage se retrouvant encore deux fois sur la page 81, avec toujours la même expression immuable, même lorsqu’il se reçoit un trait fatal !!! Cette case 54 de la page 81 est ainsi particulièrement grotesque, ce plaquage maladroit annihilant toute la charge émotionnelle de la séquence.

Humanoïdes Associés, 1982

Humanoïdes Associés, 1982

Casterman, 2018.

Casterman, 2018.

Humanoïdes Associés, 1982.

Humanoïdes Associés, 1982.

Un aubergiste vraiment impassible ! Casterman, 2018.

Un aubergiste vraiment impassible ! Casterman, 2018.

S’il est la principale victime de ces modifications, l’aubergiste n’est pas le seul à subir ce procédé. Ainsi Caleb Lee, le narrateur, voit son visage dupliqué depuis la case 3 de la p.77 pour être collé ailleurs (deux fois sur la page 81, case 1 — inversé en miroir pour qu’on n’y voie que du feu ! — et 2 , et p.84 case 4). Son visage de la case 3 de la page 78 est, lui, recollé sur la case 4 de la page 77 avec la perte de son expression initiale, les yeux baissés sur son travail chirurgical et non regardant le lecteur.

Oh Caleb ! Tes traits de 1982 sont par trop indistincts ! Nous allons y remédier !

Oh Caleb ! Tes traits de 1982 sont par trop indistincts ! Nous allons y remédier !

Et voilà, deux fois la même tronche, dont une en miroir, ces blaireaux de lecteurs n’y verront rien !

Et voilà, deux fois la même tronche, dont une en miroir, ces blaireaux de lecteurs n’y verront rien !

Allez mon mignon, fais pas ton timide, regarde l’objectif, c’est plus important que le travail délicat que tu es en train de faire sur un blessé ! (à gauche Humanoïdes Associés, 1982, à droite Casterman 2018)

Allez mon mignon, fais pas ton timide, regarde l’objectif, c’est plus important que le travail délicat que tu es en train de faire sur un blessé ! (à gauche Humanoïdes Associés, 1982, à droite Casterman 2018)

Janice, la fille du patron, voit aussi son expression changer en case 4 de la page 84. Elle sourit alors qu’en plein combat il n’y a aucune raison de le faire : et pour cause, cette expression vient de la première planche de l’histoire et c’est le visage de Toby, l’employée de maison, en case 4 de la p.70, qui lui est plaqué.

Humanoïdes Associés, 1982.

Humanoïdes Associés, 1982.

Sur cette vignette deux visages ne sont pas d’origine, saurez-vous retrouver lesquels ?

Sur cette vignette deux visages ne sont pas d’origine, saurez-vous retrouver lesquels ?

Dans cette chirurgie esthétique, elle se retrouve avec non seulement une expression inadéquate, mais également un menton prognathe qu’on ne lui connaissait pas. Au passage il est nécessaire de remarquer que, quelle que soit la version, les personnages de Toby et de Janice semblent interchangeables, ayant la même apparence et ne se trouvant jamais dans la même pièce en même temps, mais pour le coup la faute en incombe certainement à Pratt qui aura lu le scénario d’Oesterheld de travers. Pour finir, l’officier espion français voit lui aussi ses traits dupliqués et recollés à droite à gauche. Son visage de la case 1 de la p.75 (qui semble d’ailleurs redessiné), est ainsi collé sur la case 6 de la même planche et deux fois sur la suivante (case 2 et 4).

Un espion français déguisé en officier anglais ! Humanoïdes Associés, 1982 et ci-dessous le même, imperturbable, chez Casterman, 2018.

Un espion français déguisé en officier anglais ! Humanoïdes Associés, 1982 et ci-dessous le même, imperturbable, chez Casterman, 2018.

Cet ensemble de changements, concentrés sur peu de planches (je n’ai pas tout répertorié ici, juste les modifications les plus graves) jettent tout de même le doute sur l’honnêteté des éditeurs. La moindre des choses aurait été de faire des retouches correctes, respectueuses du sens des dessins originaux et surtout notifiées. Il y a peut-être d’autres modifications dans d’autres chapitres, mais rien d’aussi criant, du moins à notre regard.

Ceci étant posé, et je l’espère avec clarté, l’édition Casterman reste en général bien supérieure à l’édition Humanos, notamment dans son rendu des lavis, et au vu de sa traduction faite directement de l’espagnol (par Iris Munsch) et non de l’italien. Évidemment, on regrettera toujours la disparition de la maquette initiale de couverture, typiquement prattienne, dans l’esprit des Corto noir et blanc brochés, ainsi que la mise au placard de la préface de Claudio Bertieri. Il faut toutefois, au sujet de l’histoire qui nous occupe, rendre justice à l’édition de 2018 sur un point : la case d’ouverture du Loup Vert est ainsi partiellement récupérée, alors qu’elle avait été sacrifiée par les Humanos au profit d’une photocopie de la case 2 de la planche 71 ! J’écris “partiellement” car ces cases d’ouverture de chapitres contenaient certainement des résumés des épisodes précédents, qui n’ont plus aucun rôle à jouer dans une publication en album.

De son vivant, Hugo Pratt a opéré de nombreuses découpes et refontes dans ses œuvres, parfois très regrettables, notamment dans Sergent Kirk, mais c’était tout de même son droit. La question est plus délicate lorsqu’on parle de faire acte de restauration du patrimoine. Quoiqu’il en soit, les collectionneurs de Pratt savent ce qu’il leur reste à faire : il leur faut absolument les deux versions !

Vlad

Ticonderoga de Hugot Pratt et Héctor G. Oesterheld
• Humanoïdes associés, 1982
• Casterman, 2018, 7000 exemplaires numérotés. Étui contenant 2 volumes. 49 €. Code EAN : 9782203121911

 
Toyholic
 

Visiblement, les lecteurs/lectrices de fanzines des années 90 étaient des durs à cuire qui savaient exprimer leur désapprobation (en sus d’apporter d’étonnants compléments d’information)!

Si vous souhaitez en savoir plus sur Toyholic, qui est bien plus que la somme de ses lecteurs passés, il est peut-être encore possible de tomber sur notre exemplaire d’occasion rue serpente ou d’aller voir si leur site web fonctionne toujours.

 
Horikiyo, Enka de besoin
 

Parfois, chez Aaapoum, on n'est pas peu fier.

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Prenez par exemple cette magnifique édition vinyle du Horikiyo de Bonten Taro. Pressée à 200 exemplaires, sur une superbe galette couleur lilas, ornementée de stickers des plus classieux, accompagnée de sa version CD, le tout glissé dans une pochette somptueuse.

Grâce à la gentillesse des éditions Le Lézard Noir, nous disposons de quelques exemplaires à la vente. Et il se murmure que nous serons les seuls. Une véritable exclu en somme.

A tout seigneur, tout honneur, il trône logiquement au sommet de l'autel le plus farouchement gardé de la boutique.

 
Jérémie dans les îles, une exclu Aaapoum
 

Il est beau, il est frais, il est exhumé des pages du magazine Pif, c'est Jérémie, le petit héros balloté par les flots de Paul Gillon !

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Jérémie dans les îles est une aventure de 160 planches parue dans Pif-gadget de 1968 à 1973. Un jeune mousse du nom de Jérémie, échoué sur une île giboyeuse suite au naufrage de son navire, y vit moultes aventures non désirées et échappe à mille dangers grâce à son agilité, sa vivacité et sa fougue. Tour à tour naïf et candide, livré à la beauté de la nature, et ravageur face à l'avilissement que représentent les hommes, Jérémie survivra à des pirates, des autochtones indélicats, des négriers et à bien d'autres périls qu'il faut garder secret. Bande dessinée d'aventure par excellence, cette saga touchera indifféremment enfants éclairés et adultes passionnés.

Les éditeurs (d'abord Dargaud puis les Humano) scindèrent la série en 4 albums et y ajoutèrent un élément impossible à faire figurer dans le Pif de l'époque: de la couleur. Jamais Jérémie ne se vit ensuite les honneurs d'une intégrale ni d'une édition expurgée d'une colorisation qui, quoi que fort appréciée de certains, affaiblissait la puissance du trait de Gillon. Il était grand temps d'y remédier ! La librairie Aaapoum Bapoum (soit nous-même), sous le label des éditions Aaapoum, s'attela ainsi à la tache.

Exit la couleur qui fait place à un élégant bleu et blanc, moins froid, plus apte à convoyer de la nostalgie et à aider le lecteur à se focaliser sur la force du trait et sur le travail des espaces. Exit aussi un quelconque dessin de couverture. Jérémie se veut paré d'un écrin et ne se révèle qu'au curieux prêt à y plonger le nez.

Les coins vigoureusement biseautés (innovation dans le monde de l'édition de bande dessinée) et la couverture texturée achèvent d'englober l'album dans une aura de collection de luxe. Pourtant, l'album se veut tout de même accessible au plus grand nombre et profitera pour ce faire d'un prix de 29€ tout à fait convenable, spécifiquement lorsqu'on se rappelle qu'il regroupe 4T.

Poursuivant la même idée, une couverture épaisse et protectrice mais souple adjointe à un papier fin et léger permettront une maniabilité bienvenue et éviteront d'en faire un livre-objet guindé. L'emphase se révèle véritablement mise sur la nostalgie et l'hommage au magazine Pif.

L'ouvrage est agrémenté d'un dossier de 16 pages révélant certaines volontés de l'auteur, retraçant sont parcours et explicitant ses intentions et son pointilleux travail graphique. De l'aveu de l'un des co-éditeurs:

En fait ce qui est intéressant avec Jeremie, c'est que Gillon cherche vraiment a se renouveler. Du coup, la forme est hyper pensée. Et comme c'est un dessinateur, c'est autour du dessin qu'il conçoit la forme de sa bande dessinée. C'est pas courant, c'est ça qu'on voulait montrer.

Nous voici donc en présence d'une édition complète de cette histoire, imprimée en seulement 500 exemplaires et uniquement disponible sur notre site web ou dans l'une de nos deux boutiques. Ne tardez pas trop à vous en saisir.

 
Pelvis France
 

Les aléatoires mais constants arrivages de BD diverses sont pour les Aaapoumiens un délicat mélange de peine et de réjouissance. On pourrait y voir une subtile allégorie de la vie, une métaphore douce amère digne d'un long texte enflammé qui commencerait avec les lignes qui suivent. Ou on peut bifurquer et se concentrer sur les petits plaisirs. Ceux de la chair et du bon mot, notamment.

Elvifrance... Ha! Elvifrance! La joie de nous journées sans espoir. Le soleil de nos froides après-midi désertées par les clients.

Qui ne connait pas cette maison d'édition française, entièrement vouée à la gaudriole et au stupre italien en petit format de poche ? Dans les années 80, il est notoire qu'elle publiait jusqu'à 30 albums par mois. Invariablement érotiques et kitsch, les histoires zigzaguaient tout de même de thèmes en genres, proposant un panel très vaste d'ambiance.

Il y a toujours d'incroyables choses à se mettre sous la dent avec les productions Elvifrance. Les couvertures dans un premier temps, les histoires délicieusement abracadabrantesques dans un second. À ces sujets, nous ne sommes pas trop mal lotis. Les couvertures, par exemple, se baladent régulièrement sur la toile pour notre plus grande délectation. Du moins, elles restent ne serait-ce que vaguement à notre disposition grâce à quelques sites motivés.

Pourtant, ce qui fait la véritable beauté d'Elvifrance nous reste la plupart du temps caché. Ce qui nous impacte le plus, ce qui nous fait rire, nous marque, nous change, ce sont leurs slogans; ne le niez pas. Tous ces jeux de mots, cette gouaille et ces discours fendards à la limite de l'incohérence, personne n'en avait jusque la vraiment fait le catalogue. Personne ne les avait transmis. Personne ne les avait porté aux nues. Personne ne les avait partagé, raconté, chouchouté. Pourtant ils le méritent. Ils sont beau comme des camions, fin comme du beurre, elvifranchement marrants et peuvent maintenant se retrouver sur notre tumblr dédié !

 
BENNES DESSINÉES, ÉDITIONS CARTON
 

Puisqu'à Paris la grève des éboueurs semblent proche de sa fin, il est temps de parler de camions poubelles. Attention c'est un peu dingue ce projet, presque du The Hoochie Coochie.

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En 1986 la ville de Lyon dans une fièvre de communication toute bédéphile fit décorer ses camions poubelles par des affiches réalisées par des dessinateurs de BD. L'agence publicitaire qui monta l'opération pris les éditions Carton, sises à Lyon, comme partenaires pour éditer le livre de la campagne. Quand on s'appelle Carton faut pas trop s'étonner.

Tiré à 1200 ex. numérotés plus quelques hors commerce, l'ouvrage se révéla atteindre un coût de fabrication faramineux en raison de sa découpe audacieuse pour l'époque (les imprimeurs chinois ne faisaient pas encore ça pour une bouchée de pain...), et les éditeurs pensèrent que le prix de vente public seraient trop dissuasif et cherchèrent à ajouter un bonus au livre pour compenser. Ils projetèrent alors d'acheter des petites voitures bennes de chez Majorette™ et de leur coller à la main de petites vignettes reprenant l'affiche de Chaland... Emballé c'est pesé, sauf qu'ils ne trouvèrent que 300 voitures... Pour un tirage de 1200, c'est évidemment trop peu.

Alors ces voiturettes furent offertes aux libraires amis, aux journalistes influençables et aux libraires pas amis mais qui commandaient en ferme 5 exemplaires de Bennes dessinées. Cette Majorette™ (alors fabriquée en France) est donc assez rare et même si elle n'est pas encore mentionnée au BDM, on peut raisonnablement considérer qu'elle double le prix de l'ouvrage lorsqu'elle lui est adjointe. En tous cas c'est ce que nous nous considérons. Nous vendons donc l'ensemble pour 120 €. Excellent état.

Et le contenu alors ?et bien il y a des illustrations malignes et faite exprès pour, il y en a à d'autres qu'ont avait pu voir ailleurs et qui sont bien utilisés dans le cadre, d'autres qui sont dispensables ou peu appropriées, mais l'ensemble est un bel objet, même si sa reliure spiralée en plastique noir fait un peu projet de fin d'études. La benne elle-même et ses employés sont dessinés par Yves Chaland. Pour complaire aux moteurs de recherche nous citerons ci-dessous tous les autres participants :Jano, Floc'h, Loustal, Margerin, Cleet Boris, Avril, Walter Minus, Swarte, Ted benoit, Piccolo, Petit Roulet, Ever Meulen, Jean-Claude Denis, Kent, Masse, Serge Clerc.

Sinon voici quelques photos supplémentaires :

Ah oui, notre exemplaire est un Hors-commerce, ce qui explique en partie que nous ayons la voiture avec et toutes ces bonnes informations. Qui dit Hors-commerce, dit proche collaborateur de l'opération. Bonne soirée.

 
AGGIE N°3 : SACHEZ RECONNAÎTRE L'EO
 

Une correction pour le BDM

Je n'ai jamais lu Aggie, une série qui paraît pourtant inventive malgré son grand âge.

Je voulais juste noter ici que nous avons récupéré pas mal de vieux (années 40 et 50) exemplaires de cette série franco-belge que les japonais auraient peut-être qualifiée de "shōjo".J'en profite pour inscrire ici que le n°3, Aggie Vedette de la télévision, éditions SPE, 1951, existe avec un prix de 15 centimes inférieur à ce que répertorie le BDM (un ouvrage de référence pour les collectionneurs de BD, pour ceux qui débarquent ici) pour identifier l'édition originale.

Les prix ayant l'incroyable propriété de ne presque jamais baisser sur le circuit du neuf, j'en conclus que l'ouvrage de référence doit être corrigé sur ce point. L'édition originale du tome 3 se reconnaîtra donc dorénavant à un prix indiqué sur le premier plat de 60 francs ("fr.") et  non plus 75 francs !

un exemplaire bien fatigué, mais complet !

un exemplaire bien fatigué, mais complet !

Qui a dit "on s'en fout !" ?

 
MORNING WOOD
 

J'en ai bien honte mais je confond régulièrement Ashley et Wallace lorsque l'on me parle d'un Wood. C'est attristant car ils n'ont pas grand chose en commun à part leur rareté sur le marché de l'édition français.

je suis, je peux l'avouer franchement, bien plus fan du premier que du second. Toutefois, c'était avant de tomber sur cette magnifique couverture de l'édition originale de Sally Forth!

Il en faut peu pour changer un homme.

Remarquez la finesse du placement des masses! Le travail fourni sur le chemin visuel imposé à l’œil du lecteur, la condensation de la scène! Comment ça, ce n'est pas le sujet?

Cette illustration, couverture du T2 paru en 1978 aux éditions du frometon, fait bien plus honneur à la série que celles des deux tomes les plus récents.

Les deux albums sus nommés (les plus récents donc), parus en 2000 et 2001 aux éditions hors collection et faisant suite à la série malgré une numérotation qui recommence du début, nous les soldons. Ces deux albums, malencontreusement numérotés 1 et 2 alors qu'ils sont en fait des tomes 3 et 4, vous pouvez les obtenir pour le petit prix de 10€ les 2. Parce qu'à Aaapoum,  nous ne pardonnons pas les grenouillages de numérotation.

Tssss, regardez moi cette couv'

Tssss, regardez moi cette couv'

Et bien entendu, nous venons aussi de récupérer les deux tomes originaux plus rares –dont les images précédentes sont tirées– qui, couplés aux deux soldés, forment un inévitable méga pack série complète à 49 euros.

Sally Forth est une BD issue de l'effort de guerre comme je les adore. L'exemple le plus emblématique du genre reste pour moi Male Call de Milton Caniff. Ce sont des Bds légères destinées à remonter le moral des troupes grâce à un érotisme simple et comique esquissé uniquement par de l'impudicité parfois volontaire et par l'inexorabilité du désir que tous les protagonistes ressentent envers le personnage principal féminin. C'est limite anagogique dans son ingénuité.

En tout cas, je dirais que dans mon cœur dorénavant, entre les deux Wood le rapport de forth s'est équilibré.

 
SOIRÉE VAILLANTE !
 

Oyez Oyez !

Bon peuple Aaapoumien, Sa très sainte Majesté accueillera en son sein l'illustre Prince Valiant le 10 octobre aux Vêpres (18h45), ou plutôt William Blanc, un historien médiéval épris de la bande-dessinée de Foster.

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Nous tiendrons conférence sur ce chevalier particulier, aux frontières de deux cultures et... il faut qu'il reste quelque chose à raconter, n'est-ce pas ?

Un beau chaos historique à démêler et surtout un dessin hallucinant et bourré de détail. Vous pourrez agréger un peu de connaissance sur le sujet, ce que la page Wikipédia ne permet guère (pour un bel exemple de pauvreté encyclopédique, c'est par ici http://fr.wikipedia.org/wiki/Prince_Vaillant_(bande_dessinée)).

Comme nous sommes joueurs, les gens qui viendront habillés à la mode médiévale baltico-méditerranéenne seront récompensés. Selon la qualité et l'investissement supposé de leur parure, ils repartiront avec un avoir de 1 à 30 euros. L'alcool n'est pas proscrit, si vous avez un ami brasseur et que vous voulez faire découvrir sa dernière cuvée, n'hésitez pas.

À très vite !

 
NOËL MAMMAIRE
 

Lorsque l’on bosse en librairie spécialisée "Bandes dessinées", on est en  contact avec de nombreux imaginaires. Ces imaginaires forment bientôt des Tout, avec leurs tendances, leurs évolutions et leurs regroupements.  On constate vite des similitudes. Puis on apprend à déterminer les origines sociales ou historiques de ces similitudes.

Une des choses qui m’impressionne le plus chez les auteurs de ce digne pays qu’est le Japon, c’est leur  façon d’assumer totalement leurs désirs et perversions. Petites filles, tentacules, les deux à la fois… Pas de limites. À côté, les fantasmes européens sont désespérément  fades et  banals. Notre érotisme se contente du vieux gangbang, de ce mythe de la femme qui aime surprenamment le sexe  et du sado-maso.

Au japon, donc, le désir est rendu visible. Et une des choses qui saute le plus aux yeux du lecteur masculin averti que j’imagine être, ce sont les nichons. Les japonais sont fana de gros seins. Plus spécifiquement de gros seins naturels. Ça transpire bien au-delà de leur production érotique ! Aucune histoire pour adolescent ne peut échapper à son lot de mini-jupes, de tension sexuelle et de grosses poitrines. Certains auteurs se sont même spécialisés dans cette opulence bustière, cette hypertrophie mammaire naturelle.

On peut notamment citer  Shouji Sato, dont toute la carrière est basée sur de gros nibards improbables dans des histoires non érotisés (Highschool of the dead : zombies/ Triage X : tueurs à gage)...

On peut aussi mentionner La paire et le sabre, une excellente série qui base son intrigue sur des techniques secrètes de réduction mammaire en plein japon féodal. L’héroïne de cette histoire aspire la poitrine de ses ennemies et l’absorbe, multipliant sa taille de bonnet à chaque fois, dans un monde qui octroie richesse et puissance aux femmes excessivement opulentes… C’est un peu la quintessence de leur vice pour les seins. Des seins, je le répète, totalement et illogiquement naturels. Tellement naturels qu’ils en deviennent extensibles et malléables à merci. Les lecteurs baignent dans cette incohérente physique de flambi qui en devient une simili norme.

Alors quand je vois une couverture comme celle-ci, d’un auteur  espagnol en plus, qui prend totalement  le contrepied de la vague dominante actuelle de tétasses, je le mets en avant. Mais oui ! Voilà un auteur non nippon qui assume ses fantasmes de seins siliconés. Bravo.

Le prisonnier des étoiles T2 est sorti en France en 1987. Je me souviens que dans les années 2000, les prothèses mammaires en silicone faisaient l’objet de nombreux débats de santé. On peut supputer alors que le pic de désir et de potentiel fashion du sein refait ait été atteint dans la décennie précédente. Alfonso Font est sûrement alors le produit de son époque, tout comme les auteurs japonais que j’ai cités précédemment. Mais tout de même. C’est fou cette dichotomie bustière. Et puis regardez-moi ce port de poitrine altier et fier. C’est une annonce en soit. C’est un auteur qui explique ce qu’il aime. Qui dessine ce qu’il aime.  Et qui aime les seins refait.

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La forme de la prothèse implique une saillie caractéristique du sein final et un positionnement dans l’espace différent.  Il est notoire que le sein refait ne tombe pas de la même façon que le sein d’origine lorsque son propriétaire gît sur le dos. C’est la même idée qui me pousse à affirmer que Font aime cette chirurgie esthétique. La qualité des prothèses de l’époque ne permettait pas un camouflage parfait du sein refait, qui n’apparaissait donc pas comme naturel, trop sphérique.  Font a donc utilisé cette imagerie imparfaite qui lui plaisait pour forger son héroïne. C’est tellement rétro et rafraîchissant dans cet océan mammaire informe et dégoulinant.

Enfin, à part ça, ce volume appelé Le dôme des plaisirs est en fait le tome 2 d’une série appelée Le Prisonnier des étoiles. C’est une histoire qui conclue la série, bien que l’auteur en eu sûrement voulu autrement. Il faudra juste accepter la possibilité qu'il n'y ait pas d'issue et que derrière un effet de suspens très répandu, il ne se cache que la fatalité de la vie. On peut très bien ne pas avoir lu le premier tome et tout de même saisir l’urgence de la situation des deux protagonistes spatiaux. Au pire, je suggèrerai bien de carrément nier l’existence de ce tome et d’envisager la lecture du Dôme comme celle d’un one–shot. Ça semble fonctionner. Ça rend l’apport de certaines informations assez abrupt mais un esprit ouvert ne peinera pas trop à les assimiler.

Je ne sais pas comment ni à quel point son style a évolué aux côtés de Carlos Giménez (avec lequel il a bossé quelques années en France avant le Prisonnier des étoiles) mais Font dessine plutôt bien de bout en bout (pour preuve sa maîtrise technique de la gravité d’une poitrine modifiée). En tout cas, il est aisé de faire le rapprochement avec son confrère-compatriote.  Font est présent dans plusieurs recueils de Tex et d’Akemi. Si vous ressentez de la nostalgie à sa lecture, ça doit venir de là.

Le vocabulaire d’une époque révolu émaille bien le ballottement des deux personnages principaux. Au fur et à mesure que l’intrigue avance, on pourrait presque faire basculer le récit de science-fiction à aventure tant l’ambiance s’y prête, tant l’environnement sans incroyables fantaisies technologiques peut nous sembler convenablement actuel. Font dépeint un futur qui tombe en morceaux. Un futur qui n’a pas réussi à être rutilant et à magnifier l’humanité. Un excitant mélange d’Hombre et de Valérian.

Le prisonnier des étoiles T2, vendu  avec un certain plaisir en pile rue Serpente pour 6€.

Je suis déçu, en tapant dôme des plaisirs sur google, vous ne trouverez rien de libidinal…

Je suis déçu, en tapant dôme des plaisirs sur google, vous ne trouverez rien de libidinal…