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Prison Pit, l'odyssée furieusement foutraque
 
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Alors qu'arrive dans nos rayons le monstrueux second et dernier tome de Prison Pit (Huber éditions), une petite déclaration d'amour à ce chef d’œuvre de l'indé trash s'imposait. Pour les retardataires, comme on est sympa, on fait même un flashback.

Johnny Ryan débute sa carrière de manière assez classique: l'autoédition de fanzine. Il travaille quelques années sur la premier volume de la série qui le sortira de l'ombre: Angry Youth Comix, une sorte de version rageuse de Beavis and Butthead (une de ses influences majeures). Basée sur un format anthologique, la série finira par taper dans l’œil de Peter Bagge, qui mènera Ryan vers le prestigieux éditeur américain Fantagraphics.

Dès lors, la carrière de l'auteur va décoller. Quelques piges pour DC (notamment avec Bagge sur l'excellent Sweatshop), pour Marvel (lors de l'anthologie Strange Tales), un volume 2 d'Angry Youth Comix (dont le succès permettra même à certains personnages de bénéficier de leur propre série, tel Blecky Yuckerella).

Et puis, la rampe de lancement vers l’international: Vice. Il va contribuer au magazine pendant plusieurs années. D'abord pour la version US, puis pour les différentes versions à travers le monde, à la demande de ces dernières (un recueil en est disponible chez Misma sous le titre "Johnny Ryan touche le fond"). Depuis, il a travaillé pour plusieurs magazines (MAD, Hustlers...), co-créé une série télé jeunesse avec son pote Dave Cooper pour Nickelodeon (le délirant Pig Goat Banana Cricket) et écrit/dessiné quelques pépites d'humour sale (Comic Book Holocaust et sa suite, inédite en France).

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Mais tout cela n'était qu'un prélude à ce qui serait son magnum opus : Prison Pit. Lorsque le récit débute, Cannibale Fuckface est balancé sur une planète désertique, peuplée par des hordes de tarés aussi monstrueux et déviants que dotés de capacités improbables. Va commencer pour le personnage une longue odyssée aussi épique et violente que sale et déjantée dans un no man"s land dégueulasse dont il veut à tout prix s'échapper.

De ce point de départ ultra simple, Ryan va dérouler tout un monde d'horreurs à nul autre pareil, où les élans épiques sont ponctués de respirations et de solitude. Tous les moyens sont bons pour Cannibale Fuckface. TOUS.

Avec Prison Pit, Ryan se lance un grand défi : un récit au long court. Un travail qui va l'obliger à revoir radicalement sa façon de travailler et sa narration. Finis les strips et les histoires courtes. La série s'étalera sur 6 tomes (en V.O.), 10 ans de travail (2009-2018) pour quasiment 800 pages. Avec autant de place pour s'étaler, il va beaucoup expérimenter, se laisser du temps pour enchaîner ses séquences, montrer son héros dans des étendues désertiques entre deux scènes d'action frénétique.

Même graphiquement, Ryan va totalement changer de style. À ses personnages très cartoony, très ronds, il va substituer quelque chose de plus travaillé, où les hachures vont prendre plus de place et modeler les formes. Un travail poussé qui se fera sentir à la fois sur les designs des protagonistes et sur les décors.

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Sur les influences aussi, l'auteur va se diversifier. Si certaines sont assez facilement identifiables, comme Mad Max (pour ses décors et ses tarés en cuir) ou Alien (pour ses parasites), on y retrouve également du manga. Dans le format pour commencer (petit format, noir et blanc) mais aussi avec des références tel que Berserk (pour ses affrontements sanglants et épiques). On verra même quelques similis yokaïs pointer le bout de leur truffe.

Par contre, Ryan n'a rien perdu de sa verve ou son penchant pour la provocation et le transgressif. Il ne se pose clairement aucune limite, va jouer de tous les ressorts (et fluides) pour amuser ou choquer son lecteur. Et il va être extrêmement inventif à ce sujet. Que ce soit les transformations abjectes, les mises à mort ou les capacités hors du commun des personnages, il n'est jamais à court d'idées, aussi débiles que géniales. Certaines séquences tournent à un concept minimum par page à l’acmé du récit. Si Ryan carbure à plein régime question images trash, son imagination est au diapason question rythme.

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Récit sans concession, sans limite, qui se renouvelle sans cesse dans son expression de la violence, de l'outrance et de ses idées, Prison Pit représente le sommet artistique de Johnny Ryan. Poussant autant le personnage que le transgressif dans ses derniers retranchements, l'auteur enchaine les designs de monstres, les pouvoirs abracadabrants et les mises à mort avec une imagination qui semble tourner à 200%. Aucune arme, aucun fluide corporel n'arrêtera l'épopée de Cannibale Fuckface.

Aussi épique que déroutant, beau que repoussant, régressif qu'inventif, Prison Pit, œuvre de la jouissance brutale assumée, est la violente décharge de folie de son auteur et de son amour du genre. 

PS: la version animée vaut aussi le coup d’oeil!

 
Aaapoum BAMBAMBAMpoum
 

C'est qu'il s'en passe des choses chez Aaapoum Bapoum en ce moment. En plus de nos deux rencontres-dédicaces à venir, voilà qu'arrivent aujourd'hui quelques nouveautés des plus alléchantes.

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A commencer par la fin de Tokyo Kaido de Minetarô Mochizuki, chez Le Lézard Noir, où l'on découvrira si les personnages surmonteront leurs problèmes mentaux ou si ces derniers auront raison d'eux.

Yaro Abe continue ses histoires de japonais complètement décalés de leur société dans sa Cantine de Minuit. Des personnages hors normes, des portraits attendrissants, le tout sur fond de nourriture japonaise. C'est excellent et ça donne faim.

Pour finir, The Last American de Wagner et McMahon chez Delirium, un post apo génialissime où un soldat est sorti du congélo pour découvrir son pays dévasté par une guerre nucléaire (fiction ou actu?). Une réflexion acerbe sur ce qui fait l'esprit, le cœur des États Unis, servie par le dessin anguleux d'un Mike McMahon au sommet de son art.

Bref, c'est une belle journée pour être un Aaapoumien.

 
LA SÉLECTION D'ANGOULÊME ET NOUS
 

Cherchant un sujet et une idée pour réactiver cet espace d'écriture un peu moribond, j'ai pensé à Angoulême et au festival de BD qui va s'y dérouler une fois encore. J'ai relu les différentes listes des ouvrages sélectionnés et j'ai remarqué qu'en fait on en vendait pas mal. Ce qui est marrant puisque nous proposons très peu de livres neufs. Ainsi sur 57 livres en compétition (40 en sélection officielle, 7 en patrimoine et 10 en jeunesse – vous remarquerez que je mets de côté les sélections pour les prix trop officiellement sponsorisés par des entreprises privées) nous en vendons en nouveautés très exactement 10, soit 17,54 % si je n'ai pas oublié comment faire une règle de trois.

Comment interpréter cette belle adéquation entre nos orientations éditoriales et les choix du comité de sélection ?

  • Piste 1 : l'excellence de nos goûts est porté à un si haut niveau qu'il est fatal qu'un comité de sélection digne de ce nom retombe sur nos choix.

  • Piste 2 : bien que n'étant plus au comité de sélection, mon associé S; du aaablog qui y passa trois ans a laissé derrière lui le fumet de son esprit acéré, qui, malgré lui, continue à infuser et à influencer les membres actuels.

  • Piste 3 : comme n'importe quels libraires opportunistes, dès la parution des listes, nous avons passés de nombreuses commandes pour respecter les prescriptions angoumoisines.

  • Piste 4 : les méthodes de lobby de certains éditeurs fonctionnent admirablement dans certains microcosmes dont nous sommes un échantillon représentatif.

Je vous laisse trouver les réponses justes et explorer vos propres pistes et je vais vous présenter brièvement quelques livres de cette sélection, que nous vendons et que j'ai lu.

Arsène Schrauwen d'Olivier Schrauwen, L’Association.Nous avions reçu cet automne son peu loquace mais courtois auteur pour une séance de dédicaces.Arsène Schrauwen est une sorte de biographie délirante d'un aïeul de l'auteur. On y parle des colonies belges dans les terres exotiques et lointaines espaces imaginaires d'aventures fantasmées. Le personnage y part en quête de grandeur mais il croise surtout rapidement ses premiers véritables émois sexuels en la personne de la femme de son cousin, la délicate Marieke. Ce qui aurait pu être une aventure dans le registre de Tarzan ou de Out of Africa vire bientôt au cauchemar malsain cronenberguien. La différence entre les aspirations des protagonistes et la réalité devient abyssale. On suffoque, on étouffe dans une atmosphère claustrée et moite tandis qu’un peu plus loin le cousin s’enfonce dans la folie en quête d’utopie architecturale. Bref un très bon mauvais moment plein de féroce ironie (Arsène évoque parfois une version jeune de Blotch) servi dans une bichromie qui évoque des techniques d’impression oubliées.

Esprit des morts et autres récits d’Edgar Allan Poe de Richard Corben, Delirium.[button link="http://aaapoum.fr/boutique/index.php?id_product=467&controller=product" color="red" newwindow="yes"] en vente en ligne[/button]Aux clients qui le feuillètent et qui connaissent Corben depuis longtemps je précise toujours qu’il s’agit là de matériel totalement neuf et non pas de réédition de vieilles histoires. En effet cela fait des lustres que Richard est passionné par son illustre compatriote poète et il avait déjà adapté certaines des nouvelles ici présentées.Bien qu’elle soit numérique, je dois dire que j’ai bien apprécié la mise en couleurs de ces histoires initialement publiées aux États-Unis entre novembre 2012 et octobre 2014, contrairement aux gris de Ragemoor que j’avais peu goûtés.Le traitement est nerveux et sans chichis et les fins abruptes. Un bon condensé d’horreur et de grotesque qui parfois froisse l’œil fort à propos !

Les Intrus d’Adrian Tomine, Cornélius.

En écrivant, j’ai failli faire un lapsus et écrire « de Daniel Clowes », heureusement je me suis repris à temps et je ne passerais pas pour un beauf qui confond Tomine, Ware et Clowes. Car rappelons-le, Adrian Tomine ne montre pas du tout ici la moindre influence de ses deux compatriotes aînés !Blague à part, ce recueil contient des histoires courtes de qualité variée, mais les meilleures sont vraiment excellentes, avec un sens de l’ellipse fort appréciable à cette époque où si on ne met pas un panneau pour souligner chaque bonne idée elles passent souvent inaperçues ! Ce type fait confiance à ses lecteurs et ne les prends pas pour des demeurés. Comme Clowes quoi.

Chiisakobé T.1 de Minetarô Mochizuki, Lézard noirJe ne sais pas comment l’éditeur a fait pour faire parler autant de ce livre dont les qualités sont plutôt l’évanescence et la discrétion. Le dessin est très beau et lumineux, mais sans ostentation. L’histoire est plutôt douce et subtile, dégageant une sensation de sérénité alors que parlant de deuil et de reconstruction… et des difficultés d’une petite entreprise.On est curieux de lire la suite pour se faire un avis plus affirmé. Pour ça nous sommes chanceux puisque l’auteur sera en dédicace chez nous le 2 février et que le tome 2 sera à l’occasion disponible à la vente en avant-première.

Dans la sélection Polar sponsorisé par une entreprise de transport il y a Tungstène de Marcello Quintanilha (Çà & là), et ce titre aussi est bien, et nous le vendons et nous avions aussi reçu son auteur en dédicace. Pour moi ce n’est pas vraiment un polar, mais bon. Ça ressemble tout de même plus à un polar que le western Undertaker mais c’est plus une tranche de vie folle avec un retraité, un petit trafiquant, un super-flic, sa femme et deux braconniers dans une grande ville du Brésil. Le rythme est assez surprenant et les personnages sont bien travaillés. Alex en avait déjà parlé ici (lui il écrit que c’est un polar, alors peut-être que c’en est un finalement).Nous vendons aussi les titres suivants, présents dans la sélection, mais je ne les ai pas lu :

Neige rouge de Anneli Furmark, Çà & làMortelle vinasse de Mai-Li Bernard, The Hoochie CoochieUn père vertueux de Ludovic Debeurme, CornéliusCette ville te tuera, Cornélius de Yoshihiro Tatsumi, CornéliusLa maison aux insectes de Kazuo Umezu, Lézard noirBonnes lectures et à la prochaine, avant 6 mois j'espère.

 
NINA BUNJEVAC À AAAPOUM DANTE
 

Fidèles et moins fidèles, amis ou clients bienveillants qui ne passez pas tous les jours devant notre vitrine c'est à vous que je m'adresse, vous qui n'avez pas de compte facebook et qui fuyez twitter, vous qui venez de temps en temps sur ce blog pour savoir ce qui se passe chez nous...

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Nous recevrons donc Nina Bunjevac en dédicace dans notre librairie de la rue Dante le mercredi 25 mars 2015 à partir de 18h.

Outre l'excellent Fatherland (dont vous trouverez une description assez détaillée sur notre blog ici, si vous ne connaissez pas il faut absolument suivre le lien), nous vendrons aussi son Heartless(là dessus je n'ai rien à dire car je ne l'ai pas lu, je suis un peu comme Fleur Pellerin).

Si comme moi vous ne parlez pas bien l'anglais, sachez que son éditrice française Bérengère Orieux fera une interprète tout à fait convenable.

Pour avoir une dédicace le plus poli est de nous acheter un de ses livres. Ceux qui viennent se faire dédicacer un livre acheté ailleurs seront assez mal accueillis, s'il ne comprennent pas je ne crois pas que j'aurais l'énergie de leur expliquer.

Chips, bières, jus et fraises artificielles pour les autres.

 
NEXUS DE MIKE BARON ET STEVE RUDE
 

Si j'avais un peu de temps devant moi et un tiers d'étagère de libre, il est probable que je me laisserais tenter par cette intégrale en 12 volumes en anglais des aventures de Nexus, par Mike Baron et l'excellent Steve Rude...Rue Dante, mon collègue a fait pour ce beau pack une étiquette qui n'est pas tout à fait véridique "série [...] inédite en France". En effet la série n'est pas tout à fait inédite par chez nous. En 2003, la valeureuse collection Semic Books en publiait un tome 1. Ce volume ne correspondait d'ailleurs pas au début de la série originale, mais en reprenait les épisodes #81, 89 et 90, ce qui donnait au recueil une tonalité elliptique assez étonnante pour qui prenait ce tome 1 pour un véritable début. Toujours est-il que malgré tout, cette sélection de Semic était fort alléchante et mettait bien en valeur les trois atouts principaux de la série :• un savoureux mélange de science-fiction et de récit super-héroïque• un univers dense dont on sent que les auteurs ont peaufiné la profondeur et soigné la galerie de personnages• le dessin efficace à l'élégance très années 50 de Steve Rude, qui ne renonce jamais face à la difficulté et ceci sans délaisser la lisibilité. Le plus louable étant que son style ne paraît ni démonstratif, ni laborieux. La crème des dessinateurs pour les scénaristes  : "– Tu peux me dessiner cette scène de bataille, mais vu depuis le haut de la tour ? – Pas de problème. Tu veux aussi dans la vitre le reflet des gens qui observent depuis l'intérieur ?"

Le pack que nous présentons ici comprend les 12 tomes édités par Dark Horse Archives entre 2005 et 2011. Ils ont des couvertures cartonnées ornées de jaquettes. Chacun d'entre eux valait 49,95 $. Nous vendons l'ensemble (en bon état) pour 180 €. Cela semble assez raisonnable.Pour finir quelques visuels extraits du semic book (oui maintenant que le paquet est fait, je vais pas tout déchiqueter pour photographier l'intérieur des Dark Horse !).

 
ELRIC PAR FRANK BRUNNER
 

Rue Serpente je vois la présence de l'œuvre de Michael Moorcock à travers ce portfolio Elric de 1979, tiré à 1000 exemplaires numérotés, tous signés par Frank Brunner, un artiste qui œuvra aussi sur Conan. Personnellement ces images me sont familières car elles agrémentaient plaisamment la version française du jeu de rôle Stormbringer  (1987 chez Oriflam).Un sympathique objet. La chemise du portfolio est un peu défraîchie, notamment dans son angle supérieur gauche, mais les 7 planches à l'intérieur sont indemnes. Son prix est de 48 €.

 
FATHERLAND DE NINA BUNJEVAC
 

Même s'il s'agit d'un récit autobiographique, de Nina Bunjevac, on n'apprendra pas grand chose dans ces 152 pages. La Canadienne originaire d'un pays qui n'existe plus cherche surtout à écrire une biographie familiale et reste très pudique quant à sa propre histoire. Récit cyclique s'organisant autour d'une fracture initiale, Fatherland exorcise une douleur qui s'est étendue comme une tâche, et pour la comprendre il remonte aux arrières grands-parents de l'auteur. Cet acte relève certes de la psychanalyse familiale, mais ce faisant, Nina Bunjevac est aussi amenée à retracer l'histoire complexe et passionnante de la Yougoslavie. Ainsi que la cellule familiale dans laquelle est née l'auteur est déchirée entre deux continents, comme celle de ses grands-parents et de ses arrières grands-parents, on découvre aussi que les conflits yougoslaves ont été exportés jusqu'en Amérique du Nord. À la lecture de cette œuvre, j'ai d'une part vibré d'angoisse, mais j'ai aussi appris beaucoup de choses. L'idée que des ex-compatriotes s'entretuent à des milliers de kilomètres de leurs lieux de naissance est si fascinante... Cette complexité que produit la réalité manque bien souvent aux œuvres de fictions bédéïques.

Une façon de servir l'Histoire qui ne manque pas de sel.

Une façon de servir l'Histoire qui ne manque pas de sel.

Très instructif.

Très instructif.

Une touche d'humour.

Une touche d'humour.

Aucune famille n'est épargnée par la division.

Aucune famille n'est épargnée par la division.

Momirka, une grand-mère qui ne manque ni de caractère ni de cigarettes.

Momirka, une grand-mère qui ne manque ni de caractère ni de cigarettes.

Le cliché de l'illusion d'un bonheur.

Le cliché de l'illusion d'un bonheur.

Ce qui est bien aussi dans Fatherland, c'est qu'il y a plein de cartes, et que moi, j'aime les cartes.

Ce qui est bien aussi dans Fatherland, c'est qu'il y a plein de cartes, et que moi, j'aime les cartes.

Non ce n'est pas un extrait du dernier Robert Varlez de chez The Hoochie Coochie, mais bien une double page de Fatherland.

Non ce n'est pas un extrait du dernier Robert Varlez de chez The Hoochie Coochie, mais bien une double page de Fatherland.

Ci-après un petit feuilletage pour vous donner envie :Fatherland de Nina Bunjevac, éditions Ici Même, 152 p. N&B, couverture cartonnée, 24 €, traduction de Ludivine Bouton-Kelly, imprimé en France (bravo !). EAN : 9782369120087

 
DÉDICACE: COUPES À COEUR
 

Koren Shadmi de retour en dédicace aaapoumienne après l'excellent Abaddon.

 Il revient! La petite pépite américano-israélienne revient à Aaapoum bapoum après un silence radio d'un an et demi ! Nous avions acclamé son Abaddon puis avions eu vent de divers projets, la plupart encore en cours. Il revient le 20 novembre 2014 à partir de 18h avec Coupes à cœur, un recueil d'histoires courtes qui, à l'image de l'héroïne phare de l'album, est porteur de grands changements.

17,7 cm × 24,8 cm × 1,6 cm : son format est très Delcourt-ien. Ça soulagera à la fois vos étagères, après le très efficace mais un peu improbable format à l'italienne d'Abaddon, et le responsable de vos finances car le prix s'en trouve ajusté d'autant: 19€. Les tatillons auront remarqué qu'un Delcourt aurait couté dans les 15€. C'est vrai mais un Delcourt avoisine les 90 pages tandis que ce Coupes à cœur collectionne pas moins de 5 histoires pour un total de 134 pages.

Hé.

Mais fi de ces considérations techniques. Je ne pense pas être le plus à même à vous parler des différentes déconfitures amoureuses de ce recueil. Si Koren Shadmi choisi un medium visuel pour retranscrire ce dont il a envie de parler, je ne pense pas pouvoir faire mieux en paraphrasant verbalement. Ses histoires et ses peines sont profondément variées. Koren Shadmi a cette force de ne pas se répéter. Un crooner d'operette, un couple d'héroic-fantasy, un juif à rouflaquettes, une colocataire timide... Tout semble partir d'un cliché et dévier vers... l'inconnu trouble de la potentielle réalité. Le réel est imprévisible par nature, j'imagine. Koren Shadmi l'est tout autant.

À moins que...

Une idée rigolote est formulée dans la série de manga Baki : le principe de synchronicité. Elle est résumée en ces termes:

Quand de la matière, des êtres vivants ou encore des idées sans aucun lien apparent , se mettent à changer, en même temps, de la même manière, au niveau planétaire... c'est ce qu'on appelle la synchronicité!

Outre le bénéfice de m'avoir ancré Carl Gustav Jung durablement dans la tête, le petit texte explicatif de cette théorie me permet de comprendre, malgré les restes d'un petit sourire malicieux sur mon visage, comment à seulement quelques mois d'écart et donc selon un planning de création terriblement coïncidant, Koren Shadmi et Boulet ont pu sortir une histoire d'Heroic-fantasy du réel aussi similaire. Bien que fondamentalement différent dans le but, le propos, l'envie et le traitement (comme de juste) c'est tout de même très cocasse et troublant. Vous pouvez trouver l'histoire de Boulet dans le numéro 3 de la revue Papier du 04/06/2014 (ou la lire là...) et j'ai bien l'impression que je ne peux décemment pas vous en révéler plus.

Aussi ciselé que le titre.

Aussi ciselé que le titre.

Je n'ai pas l'ouvrage original sous la main mais je sais grâce à un détail qui me touche que Bérengère Orieux, l'éditrice et traductrice de Coupes à cœur a fait un excellent travail sur la langue. En effet, le titre anglais du recueil est Absent hearted, que l'on peut vaguement traduire je suppute par "sans cœur" (On me signale que c'est en fait plus complexe, basé sur un jeu de mot rappelant l'expression Absent minded, soit distrait).  Et se révèle alors toute la beauté de l'expression coupes à cœurs, dans une formulation très maline qui a la grande qualité de me rappeler les nombreuses parties de jeu de carte que j'ai pu vivre en famille tout en proposant un subtil jeu de mot qui ironiquement réchauffe le mien, de cœur.

La quatrième de couverture est aussi soignée que le titre et aussi bien composée que la subtilité du panel de destructions sentimentales contenu dans l'album.

La condition principale pour obtenir une dédicace est d'acheter un Koren Shadmi à la boutique. Vous n'êtes pas obligé de l'acheter le jour même: nous vous transmettrons un ticket de dédicace lors de votre acquisition. Toutefois, si vous vous présentez à la dédicace sans ce ticket, vous ne pourrez pas accéder à la table du dessinateur. Ne perdez pas votre sésame !

Vous pouvez, si vous préférez, demander une dédicace sur un tome d'Abaddon.

Les tickets ne seront cette fois-ci pas numérotés. Donc si vous arrivez tôt, vous serez sûr d'avoir une dédicace. Pas deux. Ou alors il faudra refaire la queue.

Que cela ne décourage pas tous ceux qui peinent à sortir du boulot à temps, nous savons d’expérience que Koren Shadmi est endurant et qu'il a la volonté de satisfaire ceux qui viennent le voir. Vos chances d'obtenir un dessin ne décroissent donc pas tant que ça en fonction de votre heure d'arrivée.

Bien entendu, si lorsque l'aube se lève il reste encore du monde attendant fébrilement, nous nous réserverons le droit de libérer le pauvre auteur et de mettre fin à la séance de dessin.

 
MORNING WOOD
 

J'en ai bien honte mais je confond régulièrement Ashley et Wallace lorsque l'on me parle d'un Wood. C'est attristant car ils n'ont pas grand chose en commun à part leur rareté sur le marché de l'édition français.

je suis, je peux l'avouer franchement, bien plus fan du premier que du second. Toutefois, c'était avant de tomber sur cette magnifique couverture de l'édition originale de Sally Forth!

Il en faut peu pour changer un homme.

Remarquez la finesse du placement des masses! Le travail fourni sur le chemin visuel imposé à l’œil du lecteur, la condensation de la scène! Comment ça, ce n'est pas le sujet?

Cette illustration, couverture du T2 paru en 1978 aux éditions du frometon, fait bien plus honneur à la série que celles des deux tomes les plus récents.

Les deux albums sus nommés (les plus récents donc), parus en 2000 et 2001 aux éditions hors collection et faisant suite à la série malgré une numérotation qui recommence du début, nous les soldons. Ces deux albums, malencontreusement numérotés 1 et 2 alors qu'ils sont en fait des tomes 3 et 4, vous pouvez les obtenir pour le petit prix de 10€ les 2. Parce qu'à Aaapoum,  nous ne pardonnons pas les grenouillages de numérotation.

Tssss, regardez moi cette couv'

Tssss, regardez moi cette couv'

Et bien entendu, nous venons aussi de récupérer les deux tomes originaux plus rares –dont les images précédentes sont tirées– qui, couplés aux deux soldés, forment un inévitable méga pack série complète à 49 euros.

Sally Forth est une BD issue de l'effort de guerre comme je les adore. L'exemple le plus emblématique du genre reste pour moi Male Call de Milton Caniff. Ce sont des Bds légères destinées à remonter le moral des troupes grâce à un érotisme simple et comique esquissé uniquement par de l'impudicité parfois volontaire et par l'inexorabilité du désir que tous les protagonistes ressentent envers le personnage principal féminin. C'est limite anagogique dans son ingénuité.

En tout cas, je dirais que dans mon cœur dorénavant, entre les deux Wood le rapport de forth s'est équilibré.

 
SOIRÉE VAILLANTE !
 

Oyez Oyez !

Bon peuple Aaapoumien, Sa très sainte Majesté accueillera en son sein l'illustre Prince Valiant le 10 octobre aux Vêpres (18h45), ou plutôt William Blanc, un historien médiéval épris de la bande-dessinée de Foster.

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Nous tiendrons conférence sur ce chevalier particulier, aux frontières de deux cultures et... il faut qu'il reste quelque chose à raconter, n'est-ce pas ?

Un beau chaos historique à démêler et surtout un dessin hallucinant et bourré de détail. Vous pourrez agréger un peu de connaissance sur le sujet, ce que la page Wikipédia ne permet guère (pour un bel exemple de pauvreté encyclopédique, c'est par ici http://fr.wikipedia.org/wiki/Prince_Vaillant_(bande_dessinée)).

Comme nous sommes joueurs, les gens qui viendront habillés à la mode médiévale baltico-méditerranéenne seront récompensés. Selon la qualité et l'investissement supposé de leur parure, ils repartiront avec un avoir de 1 à 30 euros. L'alcool n'est pas proscrit, si vous avez un ami brasseur et que vous voulez faire découvrir sa dernière cuvée, n'hésitez pas.

À très vite !