Publications dans Janvier 2016
CHIISAKOBÉ de Minetarô MOCHIZUKI
 
Copyright Le Lézard Noir

Copyright Le Lézard Noir

De Minetarô Mochizuki, on ne retient pas forcément le nom. À l'inverse d'auteurs à la carrière très ancrée en France comme ce bon Monsieur Urasawa ou ce célébrissime Monsieur Toriyama, ne marque de Minetarô Mochizuki que sa première œuvre parue par içi: Dragon Head. Le passé nous a toutefois appris qu'une fois cette série expérimentée, elle se maintient à jamais dans la mémoire de son lecteur. Minetarô Mochizuki est célèbre pour une série très puissante, il lui reste à confirmer qu'il peut l'être pour l’œuvre d'une vie.

C'est bien parti avec ce Chiisakobé, une reprise moderne d'un texte classique qui nous emmène doucement sur les pas d'un endeuillé qui doit s'ouvrir à son environnement professionnel autant que sentimental. Le trait est aussi maitrisé que l'ambiance, ce qui nous fait penser que les dédicaces qu'il nous fera le 2 Février à partir de 17h seront vraiment très jolies.

Dédicace, les conventions

Les modalités de la dédicace sont tout à fait habituelles. Enachetant un album de Chiisakobé à Aaapoum Bapoum (T1 ou 2) le jour de la dédicace vous recevrez un ticket numéroté qui vous donnera le droit à un dessin. Pas la peine d'amasser les tickets comme au loto, nous ne pourrons octroyer qu'une seule dédicace par personne. Vous vous imaginez bien que nous espérons du monde. Pour éviter une file d'attente compacte et péniblement lente, nous privilégions une foule fluctuante, gentillement massée près de l'auteur et régie par la numérotation des tickets.

Le tome 2 de la série sera disponible à la boutique en exclusivité pour cette dédicace.

Les volumes donnant droit à un ticket seront disponibles à la vente le mardi 2, jour de la dédicace, à partir de 12h (midi)Pas de copinage, pas de réservations à l'avance. À 17h et des poussières, comme les tickets numérotés auront été vendus, nous pourrons dialoguer tous ensemble un bon quart d'heure avec l'auteur dans la sérénité avant qu'il ne passe aux dédicaces proprement dites.

Pour le reste du monde, il sortira deux jours plus tard. Et sans petit dessin personnalisé. Nous connaissons la propension des auteurs américains aux dessins payants et celle des auteurs japonais aux simples signatures. Peut-être, pensions nous, faudra-t-il le convaincre au préalable pour obtenir une petite gribouille. L'éditeur nous rassure: l'auteur devrait nous faire "normalement un petit dessin mini...". Selon le rythme de l'auteur nous envisageons 25 albums dédicacés à coup sûr et peut-être des esquisses plus rapides pour les suivants.

Je profite de la conclusion de l'article pour terminer mes explications sur une note forte: cette dédicace sera la seule apparition parisienne de l'auteur. Il parait qu'on pourra aussi le croiser en région poitevine mais sinon, c'est votre seule chance de cette année.

 
LA SÉLECTION D'ANGOULÊME ET NOUS
 

Cherchant un sujet et une idée pour réactiver cet espace d'écriture un peu moribond, j'ai pensé à Angoulême et au festival de BD qui va s'y dérouler une fois encore. J'ai relu les différentes listes des ouvrages sélectionnés et j'ai remarqué qu'en fait on en vendait pas mal. Ce qui est marrant puisque nous proposons très peu de livres neufs. Ainsi sur 57 livres en compétition (40 en sélection officielle, 7 en patrimoine et 10 en jeunesse – vous remarquerez que je mets de côté les sélections pour les prix trop officiellement sponsorisés par des entreprises privées) nous en vendons en nouveautés très exactement 10, soit 17,54 % si je n'ai pas oublié comment faire une règle de trois.

Comment interpréter cette belle adéquation entre nos orientations éditoriales et les choix du comité de sélection ?

  • Piste 1 : l'excellence de nos goûts est porté à un si haut niveau qu'il est fatal qu'un comité de sélection digne de ce nom retombe sur nos choix.

  • Piste 2 : bien que n'étant plus au comité de sélection, mon associé S; du aaablog qui y passa trois ans a laissé derrière lui le fumet de son esprit acéré, qui, malgré lui, continue à infuser et à influencer les membres actuels.

  • Piste 3 : comme n'importe quels libraires opportunistes, dès la parution des listes, nous avons passés de nombreuses commandes pour respecter les prescriptions angoumoisines.

  • Piste 4 : les méthodes de lobby de certains éditeurs fonctionnent admirablement dans certains microcosmes dont nous sommes un échantillon représentatif.

Je vous laisse trouver les réponses justes et explorer vos propres pistes et je vais vous présenter brièvement quelques livres de cette sélection, que nous vendons et que j'ai lu.

Arsène Schrauwen d'Olivier Schrauwen, L’Association.Nous avions reçu cet automne son peu loquace mais courtois auteur pour une séance de dédicaces.Arsène Schrauwen est une sorte de biographie délirante d'un aïeul de l'auteur. On y parle des colonies belges dans les terres exotiques et lointaines espaces imaginaires d'aventures fantasmées. Le personnage y part en quête de grandeur mais il croise surtout rapidement ses premiers véritables émois sexuels en la personne de la femme de son cousin, la délicate Marieke. Ce qui aurait pu être une aventure dans le registre de Tarzan ou de Out of Africa vire bientôt au cauchemar malsain cronenberguien. La différence entre les aspirations des protagonistes et la réalité devient abyssale. On suffoque, on étouffe dans une atmosphère claustrée et moite tandis qu’un peu plus loin le cousin s’enfonce dans la folie en quête d’utopie architecturale. Bref un très bon mauvais moment plein de féroce ironie (Arsène évoque parfois une version jeune de Blotch) servi dans une bichromie qui évoque des techniques d’impression oubliées.

Esprit des morts et autres récits d’Edgar Allan Poe de Richard Corben, Delirium.[button link="http://aaapoum.fr/boutique/index.php?id_product=467&controller=product" color="red" newwindow="yes"] en vente en ligne[/button]Aux clients qui le feuillètent et qui connaissent Corben depuis longtemps je précise toujours qu’il s’agit là de matériel totalement neuf et non pas de réédition de vieilles histoires. En effet cela fait des lustres que Richard est passionné par son illustre compatriote poète et il avait déjà adapté certaines des nouvelles ici présentées.Bien qu’elle soit numérique, je dois dire que j’ai bien apprécié la mise en couleurs de ces histoires initialement publiées aux États-Unis entre novembre 2012 et octobre 2014, contrairement aux gris de Ragemoor que j’avais peu goûtés.Le traitement est nerveux et sans chichis et les fins abruptes. Un bon condensé d’horreur et de grotesque qui parfois froisse l’œil fort à propos !

Les Intrus d’Adrian Tomine, Cornélius.

En écrivant, j’ai failli faire un lapsus et écrire « de Daniel Clowes », heureusement je me suis repris à temps et je ne passerais pas pour un beauf qui confond Tomine, Ware et Clowes. Car rappelons-le, Adrian Tomine ne montre pas du tout ici la moindre influence de ses deux compatriotes aînés !Blague à part, ce recueil contient des histoires courtes de qualité variée, mais les meilleures sont vraiment excellentes, avec un sens de l’ellipse fort appréciable à cette époque où si on ne met pas un panneau pour souligner chaque bonne idée elles passent souvent inaperçues ! Ce type fait confiance à ses lecteurs et ne les prends pas pour des demeurés. Comme Clowes quoi.

Chiisakobé T.1 de Minetarô Mochizuki, Lézard noirJe ne sais pas comment l’éditeur a fait pour faire parler autant de ce livre dont les qualités sont plutôt l’évanescence et la discrétion. Le dessin est très beau et lumineux, mais sans ostentation. L’histoire est plutôt douce et subtile, dégageant une sensation de sérénité alors que parlant de deuil et de reconstruction… et des difficultés d’une petite entreprise.On est curieux de lire la suite pour se faire un avis plus affirmé. Pour ça nous sommes chanceux puisque l’auteur sera en dédicace chez nous le 2 février et que le tome 2 sera à l’occasion disponible à la vente en avant-première.

Dans la sélection Polar sponsorisé par une entreprise de transport il y a Tungstène de Marcello Quintanilha (Çà & là), et ce titre aussi est bien, et nous le vendons et nous avions aussi reçu son auteur en dédicace. Pour moi ce n’est pas vraiment un polar, mais bon. Ça ressemble tout de même plus à un polar que le western Undertaker mais c’est plus une tranche de vie folle avec un retraité, un petit trafiquant, un super-flic, sa femme et deux braconniers dans une grande ville du Brésil. Le rythme est assez surprenant et les personnages sont bien travaillés. Alex en avait déjà parlé ici (lui il écrit que c’est un polar, alors peut-être que c’en est un finalement).Nous vendons aussi les titres suivants, présents dans la sélection, mais je ne les ai pas lu :

Neige rouge de Anneli Furmark, Çà & làMortelle vinasse de Mai-Li Bernard, The Hoochie CoochieUn père vertueux de Ludovic Debeurme, CornéliusCette ville te tuera, Cornélius de Yoshihiro Tatsumi, CornéliusLa maison aux insectes de Kazuo Umezu, Lézard noirBonnes lectures et à la prochaine, avant 6 mois j'espère.