Publications dans 2016
Conférence sur le roi Arthur
 

Geste mythique, gestes modernes.

Les références au roi Arthur et à sa clique foisonnent toujours autant dans nos médias favoris. Séries télévisuelles, bandes dessinées, films, comédies musicales (sic), du plus farfelu au plus fantastique, il reste indéniable que nous aimons l'aimons très fort, lui et sa grosse épée. Son image toutefois à fortement évoluée. D'un bouffon du petit écran au toujours noble et fier souverain de la BD, le gouffre est grand et les itérations intrigantes. William Blanc, historien geeko-medievaliste véritable, nous propose un petit panorama de nos perceptions et de nos réutilisations du personnage dans son livre au titre un peu austère: Le Roi Arthur, un mythe contemporain. Richement illustré, complètement en phase avec les gouts du peuple, bardé des meilleurs références et autres anecdotes truculentes, l'album revient sur des décennies de geste arthurienne, oscillant entre rétro touchant et modernité rock-n-roll. Il revient notamment sur l'évolution du mythe, de notre façon de le traiter, de l'assimiler et de lui donner du sens et du sous-texte.

Arthur, une vieille figure toujours aussi vivace qui sera discutée vendredi 9 décembre 2016 au 14 de la rue Serpente (75006) Paris. William Blanc, en plus de nous gratifier d'une conférence interactive probablement passionnante (cette affirmation n'est définitivement pas un pari risqué) dont il a le secret, signera aussi des exemplaires de Le Roi Arthur, un mythe contemporain que vous pourrez acheter sur place.

Il est aussi fort probable que le staff aaapoumien se grime en péon pour l'occasion. N’hésitez pas à  fourbir vos plus belles armes factices, enfiler vos robes de bure et autre plastrons pour siéger avec nous autour de la table pas du tout rond du royaume d'Aaapoum. Il se pourrait que vous en soyez récompensé.

Voici ce que nous raconte la quatrième de couverture, à grand coup de name dropping:

Mark Twain, le rappeur Jay Z, Marion Zimmer Bradley, George Romero, Robert Taylor, Alexandre Astier, John Fitzgerald Kennedy, Jack Kirby, Lawrence d’Arabie, John Boorman, les Kinks, les Who, Jackie Kennedy, Steven Spielberg, John Steinbeck, Terry Gilliam, Winston Churchill, Éric Rohmer ou encore Alan Stivell, tous ont en commun d’avoir été influencés par la légende du roi Arthur.

Inventée au Moyen Âge, celle-ci a longtemps été l’apanage des nobles et des souverains qui s’en servaient comme modèle ou comme justification de leurs conquêtes. En grande partie ignorée aux xviie et xviiie siècles, elle fait un retour fracassant sur le devant de la scène en Angleterre au début de la révolution industrielle. Mais c’est surtout grâce à la culture populaire américaine que se diffuse le mythe de la Table ronde : cinéma, romans illustrés, musiques rock et folk, bande dessinée (notamment les super-héros), et plus récemment jeux de rôles et jeux vidéo.

Ces médias donnent un sens nouveau à la geste arthurienne. On a vu ainsi apparaître des Arthur anticolonialistes, des Lancelot en lutte contre le communisme, des Merlin écologistes, des Morgane féministes.

La légende de Camelot, ici décryptée de façon savante et passionnée, semble en passe de devenir l’un des premiers mythes mondialisés, traversant les continents et les cultures pour mieux questionner les peurs et les espoirs des sociétés contemporaines.

 
La BD au kilo, le retour
 

L'été fut une période intense de rachat pour les aaapoumiens. Vraiment intense. Résultat, de gigantesques piles de bd menacent de s'écrouler sur nos pauvres vendeurs, qui refusent tout simplement une telle mort.

Une seule solution pour lutter contre la marée, l'ancestrale technique de la vente au kilo !

Le samedi 15 Octobre, dès 11h, ouverture des hostilités. Une grande table remplie de piles de bd, de comics et de manga sélectionnés au préalable vous attendra rue Serpente. On y dénombre à l'heure actuelle plus de 2000 albums. Pas de Pratt, de Blueberry ou de séries cultissimes mais du bon indépendant, des succès du passé, des albums originellement épais et onéreux, du lourd, du light, des broutilles et des crève-cœurs.

Vous farfouillez, on pèse et c'est parti.- de 11 à 17h: 2€/kg- de 17 à 19h, Happy Hour: 1€/kg- de 19 à 22h : on range, mais on reste ouvert 

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Signature Gon
 

Si certains dinosaures sont nos amis, il en est d'autres qui défoncent un peu tout sur leur passage pas sage.  À ne pas confondre avec le petit trublion aux mèches rebelles, Gon est un animal de type "caïd du quartier" adapté à l’échelle planétaire. Il met allégrement au pas tout écosystème qu'il croise et martyrise avec entrain toute bestiole se croyant au sommet de la pyramide dans d'inimaginables explosions graphiques..

On verra bien si son auteur est à l'avenant car il passe à Aaapoum le mardi 30 aout 2016 de 17h à 21h, rue serpente.

Un système de tickets numérotés sera mis en place pour faciliter la rencontre, éviter les débordements et veiller à la bonne santé de l'auteur.Nous en distribuerons 40 à partir de jeudi 25 août 17h pour l'achat d'un Gon nouvelle édition (Pika). Nous aurons à disposition les 2 premiers volumes paru l'an dernier et le troisième, à paraître jeudi. Il n'y aura qu'un ticket par personne !

Nos sources secrètes et officielles nous confirment que l'auteur ne dessinera pas sur les albums mais signera sur des shikishi qu'il fournira lui même. Il ne pourra faire qu'une signature par personne.Pendant la dédicace, les tickets seront appelés dans l'ordre croissant ce qui vous laissera la possibilité de boire une bière (ou un soft) à la fraîche en retrait de la queue.

Bannière gon copie

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LE SOUFFLE DU VENT DANS LES PINS
 

Malgré ma propension à batailler jusqu'à l'épuisement sentimental pour mes quelques coups d'amour, je me questionne toujours autant sur ma capacité à décrire, raconter, analyser ces titres.

Le Souffle du vent dans les pins par exemple est le dernier titre en date qui a piqué mon petit cœur d'esthète timide. J'ai bien envie de vous en parler mais il faut dire que cet album m'intimide beaucoup. Il est magnifique mais me revient-t'il d'y déceler des affiliations ? Suis-je seulement capable de dérouler le fil exact qui a amené à un tel récit sans pouvoir investiguer plus loin que le bout de mon nez pointant au bout de mon corps coincé au bout de ma petite chaise de libraire parisien ? Si je devais vous décrire la magnificence de ce récit, ne confesserais-je pas mon impuissance si je décidais en toute simplicité de vous en montrer les tenants graphiques ? De vous abreuver d'images plutôt que de mots ? Parce que décortiquer son trait sous ma plume ne lui ferait sûrement pas honneur, voici de quoi vous en mettre plein les mirettes:

Le point fort de cet album réside indéniablement dans cette claque oculaire. On ouvre le Souffle du vent dans les pins comme on ouvre une porte finistérienne , en s'attendant avec délice à ce que la bourrasque nous écarquille les yeux d'un brusque coup dénué d'animosité. Car comme le vent, Zao Dao (à ne pas confondre avec Golo zao) ne nous veut aucun mal. Comme le vent, sans plus qu'un sifflement, Zao Dao veut seulement nous emmener à sa suite. Et comme face au grands vents du nord, on se laisse aisément porter. Voilà le principe même de sa narration, voilà sa façon de paver le chemin de son personnage et d'emmener ses lecteurs à sa suite.

Nous voici alors en quête avec le personnage principal. Un pas après l'autre, une situation après l'autre, un instantané d'importance après l'autre.Le texte narratif minimaliste et sibyllin maintient cet état de voyage nébuleux, qui fait passer le récit d'aventure parfois épique à fable véritable.

Il semblerait que Zao Dao soit une sacré célébrité. Pas une pop star mais à l'instar d'un Kim Jung Gi devenu presque omniprésent ces temps-ci, une artiste dont le nom et le trait réveille bien des choses dans l'âme de spectateurs initialement bien loin d'être des afficionados de l'art graphique plus ou moins séquentiel. Pour preuve, je cite l'extrême facilité que nous avons à trouver ses dessins sur les portails généraux des plateformes tumblr et pinterest, hérauts de communautés geek et hipster autocentrés. Mieux, la rapidité à laquelle apparaissent ces deux sites lors d'une simple recherche internet sur l'auteur.

Un poil Matsumoto ou pô ?

Un poil Matsumoto ou pô ?

Yohan Radomski livre pour un site d'actualité français une interview de l'auteur très intéressante. M. Radomski vivant depuis maintenant de nombreuses années en Chine, il a le privilège de côtoyer des auteurs et de pouvoir les aborder avec un certain naturel. Ça nous donne une entrevue pleine de petites révélations. Voici en vrac ce qu'on y apprend d'important:

  • Zao Dao a 25 ans, c'est impressionnant.

  • Zao Dao est autodidacte. (Damnit)

  • Zao Dao s'inspire principalement de ses lectures d'enfance et des titres traditionnels au style marqué que ses parents lui ont transmis mais elle cite tout de même tous les grands auteurs marquants de sa génération. (Matsumoto, Otomo, Mizuki, Moebius...) En effet, certaines de ses illustrations font un fort écho à Matsumoto tandis qu'on aperçoit quelques monstres moebusiens dans ses carnets mais une rapide recherche google nous fait comprendre qu'elle ne mentionne pas négligemment Dai Dunbang.

  • Zao Dao n'est pas une artiste commercialement mineure. Son album s'est très bien vendu en chine malgré un précédent désaveu du marché face à son style. C'est une grosse surprise pour elle et une grosse réussite pour tous.

  • À l'origine, le livre est muet. C'est Mosquito, son éditeur français qui a insisté pour rajouter des pistes de lectures. On peut regretter le fait que ça perturbe le travail de mise en place visuelle de l'auteur, parfois jusqu'à gêner à la vision d'une très belle planche, mais on peut aussi concéder que ces mentions apportent un contexte parfois salvateur.

  • Zao Dao signifie "riz précoce". Voilà un détail qui vous resservira peut-être un jour en société.

À force d'enchainer les envolées vagues, je me rend compte que je n'ai même pas décris la trame du récit. Un hardcore fan pourrait m'envoyer au visage qu'il me suffit de flâner dans l'histoire et l'auteur elle même vous dirait qu'elle préfère vous impacter avec ses images mais tant pis, il manquerait quelquechose si je ne mentionnais pas ce qui habituellement fait toute la force d'un titre moins maitrisé. Pour 20 euros, pendant 117 pages, Yaya, un jeune garçon va voyager d'aventures en aventures, de rencontres en affrontements, de questions en réconforts. Au final, rien de plus à révéler puisque c'est la manière dont l'auteur nous dit son récit qui impressionne. Cette quête qui semble avoir pour but une affirmation de soi nécessaire permet à l'auteur d'amener son héros absolument là ou elle le désire en évitant la majorité des contraintes de cohérence habituelles.

Zao Dao multiplie les effets de styles en jouant sur de subtiles variations: changement du papier à dessin, changement de la proportion de couleur dans ses fresques, changement du pinceau à la plume, décors foisonnants puis grands blanc... Maintenues dans une bulle stylistique cohérente et complexe, ses planches se réinventent sans cesse. Un environnement modulable couplé à un découpage très illustratif nous balade dans un ensemble de photographies graphiques, saisissant au vol de fugaces moments englobés d’éternité.

Et pourtant il me semble maladroit de passer aussi vite sur les pérégrinations de Yaya. Permettez moi de vous citer son incroyable combat contre Rakshasa et ses sbires, sa rencontre fortuite avec une fée des montagnes, son doux rétablissement aux cotés de la fille de l'apothicaire et la fête célébrée en son honneur par moult villageois. Voyez qu'il s'en passe des choses.

N'hésitez pas à passer brièvement sur le site des éditions Mosquito pour de nouveaux aperçus de la maestria de l'auteur. Si je pouvais vous en montrer plus, je finirai par vous révéler l’entièreté de l'album. je vais donc choisir de m’arrêter là et d’espérer que toute cette apologie vous aura touché, vous poussant à aller chercher l'album dans une boutique quelconque (de préférence Aaapoum Bapoum tout de même) pour profiter du bonheur de le feuilleter physiquement.

À noter que la reliure des éditions mosquito tient admirablement bien puisque j'ai scanné une grosse partie de mon exemplaire à l'occasion de cet article, sans réel dommage. Autre point de précision, si ces scans rendent suffisamment hommage au travail de l'auteur, attendez vous à de grosses marges blanches autour de la majorité de ces illustrations. Un mal bien  inévitable puisque la racine du problème vient du format des illustrations elles-mêmes, tellement disparates qu'elles en sont impossible à compiler uniformément.

 
One-shot en rafale
 

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Marre des séries des 75 tomes en cours depuis plus de trente ans ? Peur de se lancer à nouveau dans une aventure dont on ne voit pas poindre la fin ? Hop, pas de demi-mesure, nous avons regroupé tous les one-shot que nous avons pu dégotter. La caisse étant petite, nous avons évité les albums en grand format mais ça fait déjà un petit paquets de références.

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Comme toujours avec les idées saugrenues aaapoumiennes, ça ne durera pas bien longtemps et le rayon devrait se dissoudre de lui même au fur et à mesure des albums qui y sont retirés mais pour l'instant vous y trouverez tout de même du shojo, du shonen, de l'horreur, de l'humour, des titres épuisés et des petites pépites récentes. De quoi s'assurer une lecture sympa sans avoir à plisser des yeux des heures dans notre rayon à la recherche des titres perdus, noyés sous les best sellers de plusieurs kilomètres.

Plus ou moins aux alentours du bac se sont d'ailleurs regroupés diverses piles de titres uniques. L'exemple le plus notable, à coté des piles de one shotPokémon, la traversée du temps et autres Perfect insider, serait l’exhumation du Marécage de Choi Kyu-Sok. Ce titre, qui se suffit totalement à lui même, est une extension autonome du très perturbant l'Amour est une protéine. On y retrouve le groupe fantasque de colocataires que l'auteur y avait présenté pour s'y concentrer pleinement, évitant ainsi de peu la dépression induite par le tome précédent. En ces temps de salon du livre honorant la corée, il est de bon ton d'apprécier cet album.

Enfin, c'est bien beau le one-shot mais ça ne nourrit pas son libraire ! Pour compenser, voici une rafale rapide de séries moyennement longues mais sacrément géniales.

Transparent raconte l'histoire de surdoués japonais peinant à vivre leur vie tandis que la société leur cache leur don incontrôlable de transmission de pensée. Comment peuvent vivre ces hommes, femmes et enfants exceptionnels dont on entend toutes les pensées et qu'on tente à tout prix de protéger d'eux-même ? Action, sentiments, un titre transgenre et mature.

Bienvenu à la N.H.K.

raconte le quotidien d'un irrécupérable loser paranoïaque et agoraphobe qui, à l'aide d'une gamine à peine plus dégourdie que lui sortie va tenter se surmonter sa terreur du monde réel. Y arrivera-t-il à coup de complots absurdes, d'hallucinations, de réactions improbables et de sentiments branlants ? Sombre et drôle, au minimum.

Le Nouvel Angyo onshi

est le petit favori d'un bon nombre d'aapoumiens. On y suit les pérégrination d'un jeune homme affublé d'un puissant talisman permettant d'invoquer des créatures surpuissantes battre la campagne d'un royaume à l'agonie, répandant la justice comme on répand un pesticide: à contre-coeur mais en pensant à son profit. Amoral, intense et fun.

 Au fait, l'image d'en-tête de cet article provient du merveilleux one shot Panzer princess punié (présent dans notre bac bien entendu) qu'on ne cesserait de vous recommander.

 
Eiji Otsuka et Seira Nishikawa
 

On enchaine les bonnes rencontres! (Rappel des modalités de la dédicace en bas d'article!)

La période est propice au renouveau dans le magasin. Aux travaux qui se mettent en branle s'ajoutent un renouvellement de nos partenariats se soldant par un accès à une excitante nouvelle écurie d'auteurs. Et parmi ceux-ci, c'est aujourd'hui Eiji Otsuka qu'on arrive à atteindre.

Eiji Otsuka est l'un des rares mangakas à s'être réellement fait un nom grâce à son imaginaire foisonnant, sombre autant que complexe, oscillant entre super glauque et vaguement dérangeant. Nous connaissons de lui ses excellents MPD Psycho et Kurosagi livraison de cadavre. Ce sont deux titres qui ont osé aller bien plus loin que ce que nous pouvions lire à l'époque de leur sortie. Le troisième titre de cette trilogie informelle de psycho-horror se nomme detective ritual et reste, malgré un certain désaveu du public, un petit favori d'un des aaapoumiens.

Mais Eiji Otsuka, scénariste, écrivain et critique, professeur et chercheur, ne se limite pas à ça. D'ailleurs, il est assez clair maintenant qu'Eiji Otsuka ne se limite jamais. En plus de sa propension à trifouiller dans les tréfonds de la psyché des psychos, il soulève et triture les faits sociaux. Il relève et balance les réalités historiques. Il mélange à sa critique moderne les leçons du passé. Son nouveau titre, Mishima Boys est un nouveau tournant. Fini les meurtre à la mystique marquée, place à la simple folie des révolutions. Place à la réalité historique. Place à la prise de conscience et et à l'action directe. Place aussi à une nouvelle envie de nous faire comprendre le monde par l’expérience de l'humanité. Le scénariste se lance avec ce titre et son jumeau, Unlucky Young Men, dans une nouvelle ligne scénaristique étendue qu'on pourrait qualifiée de thriller historique. Eiji Otsuka s’est visiblement lancé dans un nouveau projet : créer de courtes séries retraçant les mutations de la société japonaise des années soixante à nos jours, en se focalisant sur des évènements particulièrement marquants.

De la dessinatrice, Seira Nishikawa, l'on sait moins de choses. Ancienne étudiante sous la tutelle de son dorénavant comparse, elle n'en n'est pas à son coup d'essai. Elle est l'auteure de divers récits courts qui ne sont pas encore parus en France.  Profitez donc de la preview offerte par Akata pour vous faire une idée de l'ambiance du récit. On y décèle déjà un travail de dychotomie entre périodes blanches vides d'entourage destinées à cristalliser l'angoisse mentale et environnements physiques aux textures sombres et pleines valorisant l'enfermement et l'étouffement physique.

Mishima Boys, 2T, Akata

Fin des années 50, le japon bouillonne. 3 adolescents, trois actes de révolte qui vont se révéler trois coups d'éclats aux proportions potentiellement astronomiques. Deux meurtres et un jet de pierre. La simplicité nue de la fin de vie amenée par son début. Loin des mouvements étudiants et de la contestation à l'ouverture du japon dont les histoires et les historiens nous rabâchent les oreilles (non sans raison), ces trois violences vont trouver un public grandiose dans l’œil et la plume d'un grand écrivain en devenir pour trouver ensuite des échos de plus en plus marquants dans la société perdue et en colère de l'après-guerre.

résumé de l'éditeur:K., M., Y. … Trois lettres, pour trois garçons…Qui sont-ils ? Quels projets fomentent-ils ? Et surtout, quel étrange lien les relie à Yukio Mishima, écrivain mondialement connu et nationaliste ayant vécu au tournant d'une époque dramatique du pays et prônant un retour aux valeurs traditionnelles du Japon ? Dans un après-guerre tourmenté, alors que le Japon s'ouvre trop vite au capitalisme et à l'Occident, voici un portrait complexe et désabusé de jeunes gens égarés dans une société en perdition… Découvrez Mishima Boys, coup d'état, le manga politique et historique d'Eiji Otsuka, scénariste du très culte MPD Psycho ! Entre meurtres, attentats et terrorisme, voici une oeuvre qui questionne avec force sur les changements qu'imposait une époque.

Mishima boys était destiné à une parution seulement française car l'auteur voulait profiter d'une liberté éditoriale suffisante pour traiter ces troubles historico-sociaux comme il l'entendait. Il semblerait qu'il ai tout de même fait paraitre la série au japon, principalement à compte d'auteur. On peut voir dans ce drôle de parcours la concrétisation de la volonté d'un auteur à aller toujours plus au bout de ses sujets et à ne pas galvauder des évènements d'importances. Eiji Otsuka manifeste aussi le besoin de rappeler aux lecteurs par ce titre que le passé se doit d'être source d'inspiration et les appelle à se méfier de la tournure que semble prendre le Japon moderne.

La dédicace

Seira Nishikawa et Eiji Otsuka, respectivement dessinatrice et scénariste, seront tout deux présents le mercredi 16 mars de précisément 15h à 16h30 au magasin de la rue serpente. Ils dédicaceront le tout nouveau T1 de Mishima boys et pourront signer des exemplaires de Unlucky Young Men dans la foulée.

La dédicace se déroulera absolument comme d'habitude. Il vous sera demandé d'acheter l'ouvrage des auteurs en magasin le jour de l'évènement. L'obtention sur place de Mishima boys est absolument nécessaire à l'apposition de toute gribouille. Mishima Boys est un titre cartonné grand format vendu au prix neuf de 16.50€. Un système de tickets numérotés sera mis en place. Ils seront donnés pour l'achat d'un exemplaire à partir de 11h, le jour de la dédicace. La plage horaire étant courte, le nombre de dédicaces potentielles sera réduit. Soyez rapides !

 
CHIISAKOBÉ de Minetarô MOCHIZUKI
 
Copyright Le Lézard Noir

Copyright Le Lézard Noir

De Minetarô Mochizuki, on ne retient pas forcément le nom. À l'inverse d'auteurs à la carrière très ancrée en France comme ce bon Monsieur Urasawa ou ce célébrissime Monsieur Toriyama, ne marque de Minetarô Mochizuki que sa première œuvre parue par içi: Dragon Head. Le passé nous a toutefois appris qu'une fois cette série expérimentée, elle se maintient à jamais dans la mémoire de son lecteur. Minetarô Mochizuki est célèbre pour une série très puissante, il lui reste à confirmer qu'il peut l'être pour l’œuvre d'une vie.

C'est bien parti avec ce Chiisakobé, une reprise moderne d'un texte classique qui nous emmène doucement sur les pas d'un endeuillé qui doit s'ouvrir à son environnement professionnel autant que sentimental. Le trait est aussi maitrisé que l'ambiance, ce qui nous fait penser que les dédicaces qu'il nous fera le 2 Février à partir de 17h seront vraiment très jolies.

Dédicace, les conventions

Les modalités de la dédicace sont tout à fait habituelles. Enachetant un album de Chiisakobé à Aaapoum Bapoum (T1 ou 2) le jour de la dédicace vous recevrez un ticket numéroté qui vous donnera le droit à un dessin. Pas la peine d'amasser les tickets comme au loto, nous ne pourrons octroyer qu'une seule dédicace par personne. Vous vous imaginez bien que nous espérons du monde. Pour éviter une file d'attente compacte et péniblement lente, nous privilégions une foule fluctuante, gentillement massée près de l'auteur et régie par la numérotation des tickets.

Le tome 2 de la série sera disponible à la boutique en exclusivité pour cette dédicace.

Les volumes donnant droit à un ticket seront disponibles à la vente le mardi 2, jour de la dédicace, à partir de 12h (midi)Pas de copinage, pas de réservations à l'avance. À 17h et des poussières, comme les tickets numérotés auront été vendus, nous pourrons dialoguer tous ensemble un bon quart d'heure avec l'auteur dans la sérénité avant qu'il ne passe aux dédicaces proprement dites.

Pour le reste du monde, il sortira deux jours plus tard. Et sans petit dessin personnalisé. Nous connaissons la propension des auteurs américains aux dessins payants et celle des auteurs japonais aux simples signatures. Peut-être, pensions nous, faudra-t-il le convaincre au préalable pour obtenir une petite gribouille. L'éditeur nous rassure: l'auteur devrait nous faire "normalement un petit dessin mini...". Selon le rythme de l'auteur nous envisageons 25 albums dédicacés à coup sûr et peut-être des esquisses plus rapides pour les suivants.

Je profite de la conclusion de l'article pour terminer mes explications sur une note forte: cette dédicace sera la seule apparition parisienne de l'auteur. Il parait qu'on pourra aussi le croiser en région poitevine mais sinon, c'est votre seule chance de cette année.

 
LA SÉLECTION D'ANGOULÊME ET NOUS
 

Cherchant un sujet et une idée pour réactiver cet espace d'écriture un peu moribond, j'ai pensé à Angoulême et au festival de BD qui va s'y dérouler une fois encore. J'ai relu les différentes listes des ouvrages sélectionnés et j'ai remarqué qu'en fait on en vendait pas mal. Ce qui est marrant puisque nous proposons très peu de livres neufs. Ainsi sur 57 livres en compétition (40 en sélection officielle, 7 en patrimoine et 10 en jeunesse – vous remarquerez que je mets de côté les sélections pour les prix trop officiellement sponsorisés par des entreprises privées) nous en vendons en nouveautés très exactement 10, soit 17,54 % si je n'ai pas oublié comment faire une règle de trois.

Comment interpréter cette belle adéquation entre nos orientations éditoriales et les choix du comité de sélection ?

  • Piste 1 : l'excellence de nos goûts est porté à un si haut niveau qu'il est fatal qu'un comité de sélection digne de ce nom retombe sur nos choix.

  • Piste 2 : bien que n'étant plus au comité de sélection, mon associé S; du aaablog qui y passa trois ans a laissé derrière lui le fumet de son esprit acéré, qui, malgré lui, continue à infuser et à influencer les membres actuels.

  • Piste 3 : comme n'importe quels libraires opportunistes, dès la parution des listes, nous avons passés de nombreuses commandes pour respecter les prescriptions angoumoisines.

  • Piste 4 : les méthodes de lobby de certains éditeurs fonctionnent admirablement dans certains microcosmes dont nous sommes un échantillon représentatif.

Je vous laisse trouver les réponses justes et explorer vos propres pistes et je vais vous présenter brièvement quelques livres de cette sélection, que nous vendons et que j'ai lu.

Arsène Schrauwen d'Olivier Schrauwen, L’Association.Nous avions reçu cet automne son peu loquace mais courtois auteur pour une séance de dédicaces.Arsène Schrauwen est une sorte de biographie délirante d'un aïeul de l'auteur. On y parle des colonies belges dans les terres exotiques et lointaines espaces imaginaires d'aventures fantasmées. Le personnage y part en quête de grandeur mais il croise surtout rapidement ses premiers véritables émois sexuels en la personne de la femme de son cousin, la délicate Marieke. Ce qui aurait pu être une aventure dans le registre de Tarzan ou de Out of Africa vire bientôt au cauchemar malsain cronenberguien. La différence entre les aspirations des protagonistes et la réalité devient abyssale. On suffoque, on étouffe dans une atmosphère claustrée et moite tandis qu’un peu plus loin le cousin s’enfonce dans la folie en quête d’utopie architecturale. Bref un très bon mauvais moment plein de féroce ironie (Arsène évoque parfois une version jeune de Blotch) servi dans une bichromie qui évoque des techniques d’impression oubliées.

Esprit des morts et autres récits d’Edgar Allan Poe de Richard Corben, Delirium.[button link="http://aaapoum.fr/boutique/index.php?id_product=467&controller=product" color="red" newwindow="yes"] en vente en ligne[/button]Aux clients qui le feuillètent et qui connaissent Corben depuis longtemps je précise toujours qu’il s’agit là de matériel totalement neuf et non pas de réédition de vieilles histoires. En effet cela fait des lustres que Richard est passionné par son illustre compatriote poète et il avait déjà adapté certaines des nouvelles ici présentées.Bien qu’elle soit numérique, je dois dire que j’ai bien apprécié la mise en couleurs de ces histoires initialement publiées aux États-Unis entre novembre 2012 et octobre 2014, contrairement aux gris de Ragemoor que j’avais peu goûtés.Le traitement est nerveux et sans chichis et les fins abruptes. Un bon condensé d’horreur et de grotesque qui parfois froisse l’œil fort à propos !

Les Intrus d’Adrian Tomine, Cornélius.

En écrivant, j’ai failli faire un lapsus et écrire « de Daniel Clowes », heureusement je me suis repris à temps et je ne passerais pas pour un beauf qui confond Tomine, Ware et Clowes. Car rappelons-le, Adrian Tomine ne montre pas du tout ici la moindre influence de ses deux compatriotes aînés !Blague à part, ce recueil contient des histoires courtes de qualité variée, mais les meilleures sont vraiment excellentes, avec un sens de l’ellipse fort appréciable à cette époque où si on ne met pas un panneau pour souligner chaque bonne idée elles passent souvent inaperçues ! Ce type fait confiance à ses lecteurs et ne les prends pas pour des demeurés. Comme Clowes quoi.

Chiisakobé T.1 de Minetarô Mochizuki, Lézard noirJe ne sais pas comment l’éditeur a fait pour faire parler autant de ce livre dont les qualités sont plutôt l’évanescence et la discrétion. Le dessin est très beau et lumineux, mais sans ostentation. L’histoire est plutôt douce et subtile, dégageant une sensation de sérénité alors que parlant de deuil et de reconstruction… et des difficultés d’une petite entreprise.On est curieux de lire la suite pour se faire un avis plus affirmé. Pour ça nous sommes chanceux puisque l’auteur sera en dédicace chez nous le 2 février et que le tome 2 sera à l’occasion disponible à la vente en avant-première.

Dans la sélection Polar sponsorisé par une entreprise de transport il y a Tungstène de Marcello Quintanilha (Çà & là), et ce titre aussi est bien, et nous le vendons et nous avions aussi reçu son auteur en dédicace. Pour moi ce n’est pas vraiment un polar, mais bon. Ça ressemble tout de même plus à un polar que le western Undertaker mais c’est plus une tranche de vie folle avec un retraité, un petit trafiquant, un super-flic, sa femme et deux braconniers dans une grande ville du Brésil. Le rythme est assez surprenant et les personnages sont bien travaillés. Alex en avait déjà parlé ici (lui il écrit que c’est un polar, alors peut-être que c’en est un finalement).Nous vendons aussi les titres suivants, présents dans la sélection, mais je ne les ai pas lu :

Neige rouge de Anneli Furmark, Çà & làMortelle vinasse de Mai-Li Bernard, The Hoochie CoochieUn père vertueux de Ludovic Debeurme, CornéliusCette ville te tuera, Cornélius de Yoshihiro Tatsumi, CornéliusLa maison aux insectes de Kazuo Umezu, Lézard noirBonnes lectures et à la prochaine, avant 6 mois j'espère.