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Conférence sur le roi Arthur
 

Geste mythique, gestes modernes.

Les références au roi Arthur et à sa clique foisonnent toujours autant dans nos médias favoris. Séries télévisuelles, bandes dessinées, films, comédies musicales (sic), du plus farfelu au plus fantastique, il reste indéniable que nous aimons l'aimons très fort, lui et sa grosse épée. Son image toutefois à fortement évoluée. D'un bouffon du petit écran au toujours noble et fier souverain de la BD, le gouffre est grand et les itérations intrigantes. William Blanc, historien geeko-medievaliste véritable, nous propose un petit panorama de nos perceptions et de nos réutilisations du personnage dans son livre au titre un peu austère: Le Roi Arthur, un mythe contemporain. Richement illustré, complètement en phase avec les gouts du peuple, bardé des meilleurs références et autres anecdotes truculentes, l'album revient sur des décennies de geste arthurienne, oscillant entre rétro touchant et modernité rock-n-roll. Il revient notamment sur l'évolution du mythe, de notre façon de le traiter, de l'assimiler et de lui donner du sens et du sous-texte.

Arthur, une vieille figure toujours aussi vivace qui sera discutée vendredi 9 décembre 2016 au 14 de la rue Serpente (75006) Paris. William Blanc, en plus de nous gratifier d'une conférence interactive probablement passionnante (cette affirmation n'est définitivement pas un pari risqué) dont il a le secret, signera aussi des exemplaires de Le Roi Arthur, un mythe contemporain que vous pourrez acheter sur place.

Il est aussi fort probable que le staff aaapoumien se grime en péon pour l'occasion. N’hésitez pas à  fourbir vos plus belles armes factices, enfiler vos robes de bure et autre plastrons pour siéger avec nous autour de la table pas du tout rond du royaume d'Aaapoum. Il se pourrait que vous en soyez récompensé.

Voici ce que nous raconte la quatrième de couverture, à grand coup de name dropping:

Mark Twain, le rappeur Jay Z, Marion Zimmer Bradley, George Romero, Robert Taylor, Alexandre Astier, John Fitzgerald Kennedy, Jack Kirby, Lawrence d’Arabie, John Boorman, les Kinks, les Who, Jackie Kennedy, Steven Spielberg, John Steinbeck, Terry Gilliam, Winston Churchill, Éric Rohmer ou encore Alan Stivell, tous ont en commun d’avoir été influencés par la légende du roi Arthur.

Inventée au Moyen Âge, celle-ci a longtemps été l’apanage des nobles et des souverains qui s’en servaient comme modèle ou comme justification de leurs conquêtes. En grande partie ignorée aux xviie et xviiie siècles, elle fait un retour fracassant sur le devant de la scène en Angleterre au début de la révolution industrielle. Mais c’est surtout grâce à la culture populaire américaine que se diffuse le mythe de la Table ronde : cinéma, romans illustrés, musiques rock et folk, bande dessinée (notamment les super-héros), et plus récemment jeux de rôles et jeux vidéo.

Ces médias donnent un sens nouveau à la geste arthurienne. On a vu ainsi apparaître des Arthur anticolonialistes, des Lancelot en lutte contre le communisme, des Merlin écologistes, des Morgane féministes.

La légende de Camelot, ici décryptée de façon savante et passionnée, semble en passe de devenir l’un des premiers mythes mondialisés, traversant les continents et les cultures pour mieux questionner les peurs et les espoirs des sociétés contemporaines.

 
L'ÉTINCELLE DE PARK TAE-OK ET CHOI HO-CHEOL
 

Une histoire vraie

Quand on parle de la misère et des conditions de vie des classes laborieuses, on évoque souvent Dickens. Moi je n'ai jamais lu Dickens, alors je ne vous dirais pas que L'Étincelle est une histoire à la Dickens. En revanche j'ai vu beaucoup de Ken Loach et j'ai même un peu lu Fredrich Engels, alors je suis en mesure de déclarer que L'Étincelle de Choi Ho-cheol et Park Tae-ok peut s'inscrire dans cette filiation. On y pleure presqu'autant qu'en regardant Princesse Sarah mais on en sort avec une plus grande rage combative.

Jeon Tae-il est né en Corée du sud juste avant la guerre civile qui pérennisa malheureusement les frontières héritées de la Seconde guerre mondiale. Malgré les efforts de ses parents pour faire perdurer leur activité commerciale de tailleurs, la richesse et le confort restent inaccessibles. C'est même la misère totale lorsque le père se fait arnaquer et que la boutique familiale se retrouve en faillite. Le paternel sombre dans l'alcool et la mère tombe malade. Tae-il est alors un jeune adolescent qui doit s'occuper de trouver de quoi nourrir les siens... avec un petit frère et deux petites sœurs, ce n'est pas évident. Ce n'est pas joyeux. Il essaie à peu près tout ce qui est de son ressort : fouiller les poubelles, vendre des journaux à la criée, des parapluies, cirer les chaussures, faire le colporteur de bricoles...

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Les réactions de mépris de ceux qui refusent de voir ses efforts sont assez écœurantes et l'heure n'est pas aux triomphes des organisations syndicales et des organisations de solidarité.  La société sud-coréenne des années soixante est assez marquée par la victoire de l'idéologie capitaliste qui ne fera que s'accentuer par la suite, la dictature militaire qui s'installe durablement à partir de 1961 n'arrangeant évidemment rien. Un féroce anticommunisme d'État, facilité par la menace nord-coréenne, permet d'empêcher toute revendication des travailleurs. Ces derniers ont face à eux des patrons très soudés pour étouffer dans l'œuf toute contestation et qui n'hésitent pas à user de violences avec le soutien total de la police et du gouvernement.

Plus tard Tae-il deviendra en effet syndicaliste et sacrifiera sa vie de manière mémorable pour attirer l'attention sur les conditions de travail déplorables des ouvriers sud-coréens. Mais ce n'est pas cette période qui est retranscrite dans les deux tomes de L'Étincelle. Juste ses jeunes années d'enfant des rues... et c'est déjà bien assez éprouvant.Les détails de la vie quotidienne sont très bien rendus, ainsi que les caractéristiques si particulière de l'urbanisme coréen d'alors, fait d'une infinité de ruelles courant sur les pentes de petites collines. Les couleurs des albums ne sont pas très heureuses, hélas. Informatiques et mollassones, elles ne mettent guère en valeur le dessin, pourtant expressif et sans surcharges.Jeon Tae-il deviendra un figure exemplaire pour les travailleurs coréens en lutte dans les décennies qui vont suivre sa mort. Cette période n'est pas traitée par la bande dessinée, mais si cela vous intéresse, vous saurez vraisemblablement dénicher le film  A Single Spark : Jeon Tae-il que lui consacra  Park Kwang-su en 1995. Très intelligemment, ce film entremêle les cinq dernières années du héros de la classe ouvrière avec la vie d'un intellectuel, opposant au régime, qui cherche justement à écrire un livre sur Tae-il, cinq ans après sa mort, afin que son sacrifice ne soit pas oublié. Presque sans chichis et avec une certaine mesure dans le pathos, ce film est un excellent complément à la bande dessinée.

L'Étincelle ne semble pas avoir rencontrer un grand succès lors de sa parution en France, en 2008 et en 2009, mais ce relatif désaveu ne doit pas vous décourager. Cette lecture est très instructive, notamment grâce aux excellentes préfaces de Robert Chesnais qui présente bien le contexte historique.

Nous avons l'honneur de vous proposer quelques packs regroupant les deux tomes pour la somme de 15 € au lieu des 48 € initiaux en neuf ! Si ce tarif prolétarien vous indiffère et que vous souhaitez uniquement acheter le tome 1, c'est également possible, mais pour 9 € (au lieu de 24 €).

L'Étincelle T.1, L'Enfance de Park Tae-ok et Choi Ho-cheol, Vertige graphic, 2008. EAN : 9782849990551L'Étincelle T.2, L'Ange de la rue de Park Tae-ok et Choi Ho-cheol, Vertige graphic, 2009. EAN : 9782849990674Cet article m'a convaincu, j'ai très envie de m'acheter un pack L'Étincelle à 15 €, mais j'habite assez loin du 6e arrondissement parisien : j'appuie sur le bouton rouge...[button link="http://aaapoum.com/boutique/product.php?id_product=455" color="red"] L'Étincelle[/button]

 
MÉTAL HURLANT n°82, DÉCEMBRE 1982
 

Aujourd'hui je devrais plutôt vous parler du contenu des trois palettes qui sont arrivées hier, mais je creuse mon sillon sans me laisser bouleverser par la micro-actualité : voyage vers 1982 donc.

Moebius et Lisberger

Moebius et Lisberger

En ce moment nous sommes bien fournis en Métal Hurlant, cette fabuleuse revue dont la publication s'étala de 1975 à 1987 et dans laquelle palpitait l'âme des éditions Humanoïdes Associés. Le rayon Métal était tellement rempli il y a quelques jours qu'il ne vendait plus. Conseil pour les libraires débutants : un bac trop rempli nuit aux ventes, car le client ne peut rien en extraire et n'est pas dans une situation de confort, ou plutôt il est dans un inconfort excessif, car un peu d'inconfort n'est pas toujours inutile. Une fois mis en ordre, les doublons, les triplons et les quadruplons ôtés, le voilà reparti et je vois à nouveau les Métal passer en caisse. Ne manquez donc pas de faire un tour aux environs de la caisse des Métal. On peut notamment y voir le numéro 82, de décembre 1982 (justement). Il m'a tapé dans l'œil car la couverture en est consacrée au film Tron que j'ai récemment eu le plaisir de revoir. La fois précédente c'était dans les années 90, à la Cinémathèque, qui avait encore une salle rue du Faubourg du Temple à côté du Gibus. La séance avait été présentée par Mœbius qui avait alors eu plutôt tendance à minimiser son rôle dans l'affaire. Ce qui n'est pas le cas dans l'interview qu'il donne alors à Manœuvre et Dionnet dans ce numéro 82 de Métal Hurlant.

Le dossier sur Tron est en vérité très intéressant avec ses deux interviews, l'une du alors jeune réalisateur Steven Lisberger et l'autre de Jean Giraud/Mœbius. Ce dernier est toujours passionnant en entretien, mais Lisberger se révèle également très pertinent :

"Le vidéo-game est le moyen le plus génial de renvoyer un peu d'énergie humaine DANS les télés. [... ] Les kids veulent autre chose [que la télé]. Les jeux vidéo sont débiles. Okay. Mais ils n'existent que depuis deux ans... et il faut consacrer toute notre énergie à les améliorer, à les comprendre, à les maîtriser. Chaque grande invention pose ce problème, la rejeter et se faire avaler par elle un jour, en victime, ou alors se pencher dessus et tenter de la maîtriser, de la mettre à notre service."

Une petite citation de Mœbius maintenant, pour donner envie :

"C'est le cinéma qui m'a demandé. [...] J'essaie de passer du stade où je suis demandé à celui où je serai demandeur. Je termine la série Blueberry, je termine la série John Difool en trois albums et c'est fini. J'arrête la bande dessinée."

Manœuvre montre aussi pas mal de lucidité en énonçant que la science-fiction est sortie du placard et a envahi la culture populaire, qu'elle est désormais partout :

"Vous lisez bien, et ce n'est pas un canular : au hit-parade des mioches, l'extra-terrestre "E.T." a détrôné Mickey Mouse !"

Metal hurlant 82 Tron

Metal hurlant 82 Tron

Sinon c'est aussi dans ce numéro que Dionnet découvre le Daredevil de Frank Miller et c'est assez émouvant :

"C'est génial. C'est formidable. La petite fille droguée qui saute par la fenêtre est super."

Voilà. C'est un numéro que je mettrais bien à 8 € mais comme il faut bien admettre qu'il a un coin corné je me contenterai de 6 €.

 
LA SAGA DES ÉTOILES
 

Si vous ne pouvez pas aller à la Nuit Star Wars ce soir au Grand Rex et que de ce fait vous allez louper la diffusion sur écran géant des films IV, V et VI, c'est dommage. Moi je peux. En échange, je n'aurai pas le temps de lire ce que nous vous proposons pour compenser.

En effet, gravitent autour de notre rayon Star Wars trois titres particulièrement intéressants intimement liés aux films.

Le premier est un album de la collection Top BD (précisément l'album relié N°3). Accompagné d'une histoire involontairement rétro-SF nommée 2010 (la BD du film qui fait suite à 2001), vous y trouverez une adaptation assez rigolote du Retour du Jedi. Présentée comme "la seule adaptation BD du célèbre film de George Lucas", cette histoire est datée de 1983, une époque ou les fanboys ne lapidaient pas encore les gens qui disent "Dark Vador". Archie Goodwin et Al Williamson, auteurs fameux, mettent beaucoup de cœur à l'ouvrage dans la bonne représentation des acteurs, avec un succès toutefois fluctuant. La page de garde prend même la peine d'inscrire le casting du film aux crédits de la BD.

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Jabba, Leia en string et maître Yoda sont à 3 € dans notre coin comics de la rue Serpente (encore quelques exemplaires) .

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Ensuite, si le souvenir des films d'origine est suffisamment vivace et que vous tremblez à l'approche du prochain, tentez ce tome intitulé Star Wars – l'héritier de l'Empire, paru chez Dark Horse en 1998 (avant d'être réédité chez Delcourt). C'est un album étonnant car dessinée par Vatine et Blanchard. L'histoire pourrait totalement correspondre au 7e film qui se profile. Lucas a parait-il d'ailleurs avoué qu'elle représentait sûrement la suite la plus plausible à sa trilogie. Leïa s'est mariée avec son bad boy stellaire, Luke a fondé une dynastie de Jedi et la Nouvelle République vacille comme de juste. Ça risque de poser des problèmes de cohérence lorsque la version officielle de l'histoire des Skywalker sortira en salles mais en attendant, vous pouvez vous procurer cette lecture chez nous à 9€ en étant sûr que, de toute façon, elle vous décevra toujours moins que les nouveaux films.

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Et enfin, si toutes ces histoires de continuité vous rebutent et que vous décidez d'occulter totalement le fait qu'il existe autre chose que les trois films que je vais voir ce soir, vous pourriez vous pencher sur ce volume très étonnant: Monstres et créatures étranges de George Lucas. Rempli de croquis non utilisés, de photos des films, de références, chaque double page de cet ouvrage est radicalement différente de la précédente.  Vous pourrez découvrir en détail l'anatomie de Sy Snootles, la chanteuse préférée de Jabbat que vous voyez dans le retour du Jedi. Vous pourrez préparer la recette du SMAPP, un plat pour 4 à 6 Hutts.  Et bien plus encore. L'ouvrage est inventif et drôle. Il met en scène de nombreuses bestioles qui n'ont pas été retenues pour les films mais dont les projets se sont arrêtés à divers stades de progression (esquisses, marionnettes...) ce qui lui permet de proposer une iconographie exclusive très foisonnante. Les textes ne sont pas en reste mais il vous faudra le découvrir par vous même pour 7€, toujours rue Serpente.

 
Le bain du pistolero
 

Un nain vaut mieux que deux Rosita

Quel dommage que le nain de L'Homme des hautes plaines ait été remplacé par Rosita (Wanted tome 2, planche 44).Girod, le dessinateur qui passa sa jeunesse a imiter Giraud pour finir par remplacer Swolfs... Voilà qui donne à penser.

On a un tome 5 de Wanted en rayon à Dante. 20€. Je sais qu'il y a pas mal de gens qui le cherchent.

 
l'Eternaute : le film
 

Hola chicos,

Sans connexion internet durantplusieurs jours, je n’avais pas pu vous en tenir informé. Mais lors de monséjour à Buenos Aires, j’ai rencontré Lucrecia Martel. Elle m’a invité chezelle un soir pour parler du projet filmique de L’Eternaute. Au début je voulaisfaire, réflexe pavlovien de critique, une interview. Mais dès les premières minuteselle m’a prévenu : le projet n’est pas signé. Ce soir on échangera despoints de vues ou des idées, l’interview se fera plus tard, si elle fait lefilm.

Bref, il y a quand même plusieurschoses que j’ai droit de révéler et qui, d’ors et déjà, donnent une idée deson projet, alléchant je dois avouer. D’autant plus qu’il est aux mains de ce queje considère clairement comme l’une des plus talentueuses cinématographes d’aujourd’hui(merci TG pour la découverte et ses coordonnées)

1° : ce ne sera pas uneadaptation, mais une réécriture. L.M ne voit plus l’intérêt de parler de la dictaturede nos jours. L’Argentine est selon elle à l’abri pour quelques temps, protégéeà la fois par son système législatif et par l’appréhension encore très présenteà l’esprit de ces concitoyens. Elle voit d’autres fléaux bien plus menaçantsaujourd’hui, et c’est d’eux dont son Eternaute va parler.

2° : L.M a conscience queson film pourrait être le premier film de genre science-fiction ou fantastique ducinéma argentin. Elle travaille donc à définir ce qui pourrait constituer uneidentité sud-américaine. Pour elle, il est primordial que ce film soit culturellementmarqué dans son esthétique et son traitement.

3 °: Le script est à moitiéfini. Elle a quelques difficultés à incarner sous forme de monstres et autresfantasmagories les maux qu’elle devine dans la société argentine contemporaine.Pour ce que j’en ai vu, c’est très cohérant, finement pensé, et assez beau. L.Ma une grande culture du film d’horreur et sait parfaitement ce qu’elle aimedans ce genre. Elle bossait d’ailleurs à un projet de la sorte quand lesproducteurs l’ont contacté pour adapter l’Eternaute. Honnêtement c’estprometteur.

4° : Pourquoi le projet tardetant à se mettre en place ? Pour plusieurs raisons. Tout d’abord lesréticences de producteur à son idée de réécrire L’Eternaute. Des questions demoyens, ensuite, vu qu’un tel projet coûte inévitablement plus que les films qu’ellea l’habitude de réaliser. Bref, elle saura plus ou moins avec certitude d’iciquatre mois si le projet se fait ou non. Le tournage aurait alors lieu en 2010.

Voilà, je n’en dirais pasbeaucoup plus pour le moment. Mais comptez sur moi pour retourner en Argentinesi le projet est signé pour faire une grande interview et des photos detournages.

Beso.

S. d'Argentine

Ci-joint, photo d’une étrangecafé musée de la bande dessinée argentine, où j’ai vu plein de dessinsoriginaux et de très veilles historieta,dont des E.O de l’Eternaute

Edit : avant de pleurer ou de vous réjouir, jetez un œil sur les commentaires.

 
Courts-métrages et super héros
 

Bilan de la soirée d'hier

Un agréable sous-sol métal-goth avec ossements et fûts de bière, une petite salle de projection bien aménagée, même s'il faudrait réserver les premiers rangs aux respectables citoyens de moins d'un mètre cinquante... tel était le cadre du "Jeudi de l'angoisse : super héros" organisé par Mathieu Berthon et Alain Cogne à La Cantada II.

Nous avons ainsi pu voir une volée de courts-métrages inspirés par le mythe du Super héros. Comme prévisible la plupart des productions souffrent de deux syndrômes, classiques dans le fan-art :

1) un humour potache régi par une règle : l'inversion des valeurs. C'est parfois drôle et souvent répétitif.

2) le souci de produire à tout prix pour s'exercer... Les auteurs se focalisent alors sur les aspects techniques au détriment du scénario.

Ceci étant posé, il y avait pas mal de choses intéressantes.

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Les courtes animations sobrement intitulées Super de Christophe Blanc étaient bien dessinées et son Génèse assez poétique, même si je n'ai pas bien compris (il faut dire qu'au début du film, mon portefeuille est tombé de ma poche arrière et que ça m'a perturbé de le rechercher à tâtons).

Superman va en baver de Frog and Rosbif très simple et efficace m'a bien amusé. L'acteur escargot est très fort et il me semble qu'il n'était pas doublé dans les scènes d'action.

Techniquement très abouti le Batman: Ashes to Ashes de Julien Mokrani et Samuel Bodin, dans le registre Sin City mais en mieux, souffre d'un scénario extrêment confus et est plombé par une volonté d'avoir l'air finaud alors qu'en fait l'histoire est basique.

Mon coup de cœur ira certainement au Lovin' Mary Jane de Paul Belêtre et Stefan Gaillot : ludique, harmonieux et débarrassé de la contrainte de l'intrigue par le choix du film musical. Il est vrai que voir Octopus passer de DR à DJ en s'installant aux platines est un spectacle déjà bien réjouissant.

Notre impression générale à la vision de cet assortiment est que cette génération de fans trentenaires semble avoir surtout retenu de ses lectures que la violence c'est fun et qu'un Super héros c'est quelqu'un qui cogne, davantage que quelqu'un qui lutte pour la Justice. Même si ce constat est un peu désagréable il n'est guère surprenant, assez en phase avec les productions yankees de l'époque, qu'elles soient cinématographiques ou bédéïques.

Je ne peux vous parler du long métrage canadien Cul-de-sac, car nous sommes alors honteusement partis manger une choucroute, non sans avoir préalablement distribué les lots de bédés que nous avions apportés lors d'une amusante tombola.

Gare au loup !

Pour finir j'ai glané dans cette distrayante soirée un genre de scoop pour les bédéphiles : Aurélien Poitrimoult, le réalisateur de Green Hornett (court-métrage aux combats très bien menés, mais lénifiant pour cause d'indigence du scénario) est en train de travailler sur un court métrage qui sera distribué sur DVD en même temps que le cinquième et dernier tome de la série Garous (Ed. Soleil). L'histoire en a été scénarisée par Jean-Charles Gaudin lui-même. Ce sera donc un petit plus, un à-côté complémentaire à la série.

A noter, car je ne perds pas trop le nord, que nous avons justement quelques tomes de Garous anciennes maquettes à des prix très agréables en ce moment dans notre magasin de la rue Serpente... 

 
Soirée Super héros à La Cantada...
 
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La Cantada II (13 rue Moret, 75011 Paris - 01.48.05.96.89 - M° Couronnes/Ménilmontant), je n'avais pas entendu parler de ce bar, jusqu'à ce que nous soyons partenaires de la soirée qui y a lieu ce soir...

Une soirée consacrée aux Super héros, avec moult courts métrages et un film canadien, peuplé, paraît-il, de Ninjas...

Au programme à partir de 20h  :

-Batman : Ashes to Ashes de Julien Mokrani et Samuel Bodin

-The Punisher de David Sarrio

-The Green Hornet de Aurélien Poitrimoult-Lobotoman de Fabrice Blin-Génèse de Christophe Blanc

-Fils de justicier de Nathalie Saugeon-Spiderman vs Panther de Paul Belètre

-Superman va en baver de Frog and Rosbif-CMD+Z de Kris Wong, Daniel Chang,Michael Relth et Andrew Tan+ trailers + surprises

Et à partir de 22h:

Le long-métrage CUL-DE-SAC de Jean-Mathieu Bérubé et Carlo Harrietha (1h30)

Désolé de vous prévenir si tard, mais il reste tout de même quelques heures aux parisiens pour se décider. J'y serais en compagnie de Lady Stardust. Patrick Batman serait bien venu mais il est bloqué par une soirée crevettes asperges.

 
Pour un clin(t) d'œil de plus
 

Tueur repenti ? Jusqu'à quand ?

Grâce à nos chers voisins de Pulp's Comics, j'ai pu lire la dernière sensation yankee qui est sortie cette semaine : Old Man Logan, part 0ne, paru en VF dans la revue Wolverine n°183.

Mark Millar scénarise ce futur délabré dessiné par Steve McNiven, où les vilains ont pris le pouvoir. Si l'affaire ne me convainc pas vraiment pour le moment (en même temps, 24 pages c'est court pour se faire un avis), je n'ai pu passer à côté de la figure de Logan, en vieux tueur repenti, ex-homme le plus dangereux du monde, devenu éleveur de cochons...

J'y vois là un clin d'œil évident à qui vous savez dans un de ses meilleurs films, justement oscarisé. Ce n'est d'ailleurs pas la première empreinte eastwoodienne de la carrière du mutant griffu, mais est-ce vraiment la peine d'enfoncer des portes ouvertes ?

Bon dimanche et bonnes lectures.

 
Hommage à Newman
 

Il y a les œuvres mémorables, et les autres...

A la mort de Paul Newman, je fustriste, comme beaucoup. Mais plus encore par la filmographie sélectionnée parles chroniqueurs en charge de sa nécrologie. A quoi sert d’avoir été unbrillant acteur et un modèle d’engagement politique si c’est pour qu’onn’inscrive qu’en fin de colonne (lorsqu’ils ne sont pas carrément ignorés) lesmerveilleux Luke la main froide ou La chatte sur un toit brûlant, loinderrière les amusants mais beaucoup plus négligeables LArnaque ou la Couleur de l’argent.

Et ce n’est rien lorsque l’onpense que ces incultes scribouillards n’ont guère fait mention des Aventures  de BobHughes, curiosité de la bande dessinée pornographique dont il n’y auraitprobablement pas grand-chose à sauver si cette étoileau regard océan n’y apparaissait pas dans son plus beau costume. Heureusement, lesarchéologues nécrophages d’Aaapoum Bapoum sont là. Grâce à eux, il ne vous encoûtera que dix euros le rare ouvrage, désormais tout autantutilitaire que mausolée grotesque de l’une des grandes icônes du vingtièmesiècle.

Enfin, après avoir bien rigolépour peu de frais, voire une petite excitation si vraiment vous êtes un peupervers, vous pourrez poussez la promenade de quelques rues et vous arrêtez àla Filmothèque du Quartier latin pour voir l’un des rares films réalisés par Newman,De l’influence des rayons gamma sur lecomportement des marguerites. Une magnifique entreprise artistique etfamiliale dans laquelle le réalisateur décrit la misère sociale américaine touten scrutant amoureusement sa femme et sa fille. Le plus beau film vu depuisbien longtemps, et la preuve éclatante que l’étrange douceur de son regard bleun’était pas un artifice esthétique, mais le reflet sincère d’un esprit généreuxet sensible.