Publications dans 2008
L'Eternaute de Solano López et Oesterheld
 

Un monument de la Science-fiction

Scandale : un gros morceau du patrimoine mondial de la BD a atterri dans nos échoppes pendant que j'étais en vacances et il n'y en a eu aucune mention en ces pages !

Depuis plus d'une semaine vous pouvez acheter chez nous (et ailleurs) la plus célèbre des bandes dessinées argentines !!! 51 ans après son achèvement ce monument de la science-fiction a enfin été traduit en français[*].

Et ceci grâce aux éditions Vertige Graphic ! Aaapoum Bapoum ne pouvait passer à côté d'un tel événement.

Nous avons toujours été friands de la bande dessinée du Rio de la Plata, et que ce soit par hasard ou par choix délibéré, nous avons toujours réussi à en fournir à nos clients. C'est donc avec grand plaisir que nous vous incitons à découvrir cette "nouveauté".

L'histoire :

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Imagine que tu es en train de passer une soirée tranquille avec des amis... Tu joues aux cartes en buvant un verre, bien au chaud. C'est une longue soirée d'hiver idéale, les rumeurs belliqueuses du monde et les catastrophes écologiques sont bien étouffées par le confort de ton pavillon et par la solidité de tes fenêtres... Mais voilà que l'obscurité se fait... Une panne électrique ? Dehors une étrange neige s'est mise a tomber dans un silence inquiétant... Une neige phosphorescente... Vous vous approchez de la fenêtre pour constater que la vie s'est arrêtée... Les voitures sont stoppées... les passants gisent sur les trottoirs.

Comme toi et tes potes vous êtes loin d'être cons et plutôt scientifiques, vous faites vite le lien entre ces morts et la neige mystérieuse.

L'histoire commence donc comme un survival en lieu clos. Comment survivre dans un environnement hostile post-apocalyptique ? Comme Oesterheld le fera dire à ses personnages, c'est une variation sur le mythe de Robinson. Le pavillon de banlieue, refuge au milieu d'un océan de mort. Les héros se rendent pourtant vite compte qu'ils ne sont pas les seuls survivants, mais dans ce monde de pénurie, l'entraide semble avoir disparu et la menace extérieure évoque fortement une thématique sur laquelle le cinéaste John Carpenter brodera de nombreuses variations.

Le pire étant à venir : la neige mortelle n'était que la première étape de... l'invasion d'une invincible armada extraterrestre. La suite (extrêmement inventive) de l'histoire ravira les amateurs de récits de guerre désespérés où la dimension tactique est centrale.

Le contexte :

Les près de 350 pages de la saga de El Eternauta furent publiées pendant deux ans (1957-1959) dans la revue hebdomadaire argentine Hora Cero suplemento semanal. Cette revue de 16 pages imprimée en noir et blanc (sauf la couverture en trichromie) était de format à l'italienne. 

L'Éternaute en fut la série la plus populaire, depuis le n°1 (mercredi 4 septembre 1957) jusqu'au n°106. La revue ne survivra pas plus de 10 numéros après la fin de la saga. Néanmoins pendant 2 ans les Argentins se passionnèrent pour les mésaventures des survivants et leur combat contre l'envahisseur. On peut facilement imaginer qu'à cette époque où la télévision était un luxe, cette revue bon marché et de qualité régnait sur les rêveries des lecteurs, attendant impatiemment la suite... Ce feuilleton apocalyptique avait le bon goût de se dérouler dans un contexte famillier (les rues mêmes de Buenos Aires) et d'être en écho avec les angoisses de son époque.

Et "le Breccia" alors ?

Cette série eut un tel succès que Hector Oesterheld ne résista pas à la tentation d'en scénariser lui-même le remake dix ans après pour la revue Gente.

Cette fois-ci c'est son compère Alberto Breccia qui se charge de la partie graphique. La situation de l'Argentine ne s'étant guère améliorée, la junte toujours au pouvoir et les tensions s'exacerbant, Oesterheld semble se radicaliser en même temps que le mouvement social et ce nouvel Éternaute s'en ressent. Le graphisme fantasmagorique et suggestif de Breccia s'y déploie magnifiquement et exacerbe les tonalités résolument plus sombres et pessimistes du scénario.

Nous reviendrons sans doute dans une note ultérieure sur les différences entre les deux œuvres, ainsi que sur les nombreuses suites et variations que la saga engendra. La "version Breccia" fut éditée en france par les Humanos en 1993... épuisée depuis longtemps, on la trouve encore chez... Aaapoum Bapoum !

L'objet :

Mais revenons à la nouveauté, le Solano López. Les éditions Vertige Graphic ont fait un long travail de recherche pour nous présenter une édition réalisée d'après les planches originales. Si une vingtaine d'originaux sont demeurés introuvables, la plupart des pages de la présente édition offrent une bel écrin au dessin précis de Francisco Solano López. Vertige Graphic publiera en trois volumes l'intégralité de L'Éternaute.

Le deuxième devant paraître en mars. En attendant, les 128 pages du premier tome sont fort denses et devraient vous tenir un moment en haleine. 20 €.

[*] Étant un ignare qui cherche à se soigner, je découvre après avoir écrit cette note que L'Éternaute semble déjà avoir été publié en France dans le petit format Antarès (éditions Mon journal) au début des années 80, du n°38 à 54, sous le nom de L'Ethernaute... Ne les ayant pas, je ne saurais dire si cette édition fut complète ni quelle en fut la qualité. La revue Antarès n'étant pas a l'italienne, on peut craindre un remontage déplaisant.

 
Necronlogie

 

C’était la rubrique de trop.

 S. du aaablog n’est plus ! S.du aaablog nous a quitté,

et comme d’habitude c’est une fois parti que l’on réalise la valeur des grands hommes.

C’est à moi, le jeune nouveau qu’il a été du de lui rendre un dernier hommage.

Oui toi S., libraire de combat, j’ai eu la chance d’avoir été sous ton aile et d’avoir reçu le meilleur enseignement possible. Tu m’as notamment montré un système de classement et de rangement fascinant ; une méthode proche du style Gaston Lagaffe sans la prouesse architecturale. Tu m’as aussi fait découvrir à quel point le code (noir ?)du travail est une fadaise que l’on raconte aux enfants avant de dormir. Peu de gens le savent mais S. avait la peau durcie par les passages répétés de la convention collective de la librairie avec laquelle il aimait tant s’essuyer tout en s'esclaffant de ce rire si sonore et embarrassant.

Grâce à toi, vieux briscard, j’ai appris que le col de chemise est la partie la plus ergonomique si on veut faire planer un client récalcitrant.

 S. est le mentor qui m’a fait comprendre que la honte n’existait pas ; que l’on peut battre à mains nues un sans abri et porter des chaussettes tellement ridicules que l’on n'oserait les mettre sur les montants d’une cheminée un soir de Noël.

Beaucoup de gens te connaissaient comme étant ce journaliste d’investigation prenant tous les risques pour dénicher les auteurs les plus tendances à lire dans les salons parisiens. Même si tu ne l’as jamais su, mais seul toi comprenais ce que tu écrivais dans ces revues à la pointe de l’intelligentsia française; la faute étant due à une pratique systématique de citations latines que tu inventais pour te donner des airs érudits.

S. mon patron, mon modèle, mon ami( ?) parler ainsi de toi me faire presque regretter de t’avoir lapidé à coups de crottes de nez jusqu’à que mort s’en suive.

 Enfin comme dit la formule « Ciao l’artiste ».

 
Kubert (3) : Sergent Rock, Anthologie 1 chez Soleil
 

Le triomphe de la volonté

Non, Sergent Rock n'est pas une série racontant la guerre du Vietnam, comme le croyait un de mes associés que je ne dénoncerai pas, quoiqu'il l'aurait bien mérité.

Non, Sergent Rock n'est pas une série antimilitariste se déroulant en Corée, comme le racontait un client docte à un de ses amis.

Oui, Sergent Rock raconte les aventures de la Easy Company, ces braves soldats Américains venus libérer l'Europe de la botte germaine. Oui exactement les mêmes que dans l'efficace série télé Band of Brothers.

C'est donc une série DC comics créée en 1959 (d'abord sous le titre de Our Army at War) par Bob Kanigher sur laquelle a œuvré une belle brochette de dessinateurs : Ross Andru, Russ Heath, John Severin...

Mais c'est surtout l'excellent Joe Kubert qui lui donna ses galons.

Sans être antimilitariste, la série ne cherche pas à masquer l'horreur de la guerre. Davantage que l'apologie de l'obéissance et de la hiérarchie, le titre et sa galerie de personnages défend le triomphe de la volonté humaine et de la chair contre les tonnes d'acier roulants. L'affirmation de la singularité et de la dignité de chaque être humain est donc la clé de ces planches, et non l'observation historique stricte de la Seconde guerre mondiale. Axées sur les personnages, les séquences tactiques sont ainsi rigoureusement décontextualisées. Pourtant, on se prend assez vite à s'attacher à ces combats, dynamisés par un récit à la première personne.

Alors évidemment, les éditions Soleil ne publieront jamais la suite de cette "Anthologie 1", qui promettait de réunir enfin la saga initialement publiée en France dans une galaxie de petits formats d'histoires de guerre, jadis très populaires...

Vous croyiez quoi ? Que Monsieur Boudjellal allait plomber sa tréso pour une poignée d'archivistes loqueteux ? Fallait l'acheter à sa sortie les gars, pour leur montrer qu'on en avait dans le ventre et qu'on était des milliers à suivre potentiellement la série, leur montrer que l'entreprise était rentable ! Las...

L'Anthologie 1 et ses successeurs fantômes furent éradiqués du catalogue Soleil. L'avantage, c'est évidemment toujours le même, c'est la litanie des mes présentes notules :

Vous pouvez donc trouver chez AAAPOUM BAPOUM ce livre à un très bon tarif :

14,90 €

au lieu des 28,50 € initiaux. Hardi, boys ! Vous m'en mettrez deux pour Noël : un pour mon père et un pour mon oncle.

Sgt. Rock :

anthologie 1, 168 p., noir et blanc,  album cartonné sous jaquette avec une préface de Joe Kubert, Soleil, 2004.

Article publié le 13 décembre 2008

Dans nos archives, vous pouvez également lire :

Joe Kubert (1) : face au Viet-công

Joe Kubert (2) : Abraham Stone

 
Il bave un peu mais ne mord pas
 
pierre-1Mise en ligne par bullut

pierre-1

Mise en ligne par bullut

C'est le petit nouveau. Depuis six mois, vous le croisez dans nos échoppes et vous n'osez l'aborder.

Son nom est Pierre, et malgré son jeune âge, il est déjà responsable de la faillite d'une des meilleures librairies de Bordeaux, a lu au moins les trois-quarts du catalogue manga disponible en France (les trois plus mauvais quarts), écrit à droite à gauche dans des revues spécialisées BD à la qualité discutable, et fait des conférences auprès des bibliothécaires parce qu'il n'a pas trouvé de meilleur moyen pour engager une discussion avec des personnes du sexe opposée.

Si vous avez des livres qui vous manquent et qui s'avèrent difficiles à trouver, c'est à lui qu'il faut s'adresser, par mail de préférence. Bref, il n'est pas parfait, mais on va le garder, ne serait-ce parce qu'il a un vache de sens de l'humour et une jolie collection de T-shirt bigarrés.

 
Ushijima de Shôhei Manabe
 

Homo homini lupus

Commencer un Ushijima avant de s'endormir et le finir au réveil est une expérience extrême qui peut être plus déprimante que de prendre le métro ou d'écouter les infos.  Ce manga combine deux regards : une vision froide et distante de la société à la manière d'un documentaire sur les glucides et un récit introspectif nous faisant partager le ressenti d'une partie de la population. Une partie seulement. Car l'humanité décrite ici se divise en deux : les prédateurs et les proies.

Or à longueur de volume c'est le point de vue des victimes qui vient hanter le lecteur en une avalanche de pensées affolées. De cette exposition peuvent germer deux sentiments qui se combinent subtilement : l'empathie et le dégoût. Les deux sont également dérangeants, soit que l'on se reconnaisse potentiellement dans cette incapacité qu'ont les personnages à sortir de leur ornière, à ne pas recommencer sans cesse les mêmes erreurs, soit que l'on se surprenne à être insensible à leur misère.

Si l'auteur nous donne à partager les affres des victimes,  les prédateurs (usuriers, proxénètes, banquiers, yakusas, truands de tout acabit) sont eux toujours présentés comme impénétrables et insensibles. Leurs pensées nous sont masquées. Leurs desseins nous restent mystérieux. Qu'est-ce qui les anime ? La cupidité, certes, mais pourquoi ? Quels sont leurs rêves ?

Description factuelle pour les prédateurs et focalisation interne pour les victimes : cette opposition de traitement expose efficacement la dualité de la société. Les premiers sont comme une meute et sont capables de s'entraider, de combiner leurs arnaques pour s'enrichir mutuellement sur la peau de leurs proies. Les seconds non contents d'être isolés, n'éprouvent aucune compassion pour leurs semblables. Cette vilenie ne les sauvera pas de la horde.

Outre la qualité documentaire habituelle à la série, qu'il s'agisse des subtilités des taux d'intérêts ou de l'exploration des diverses catégories nipponnes de losers, le tome 8 qui vient de sortir, resplendit par ses paysages urbains. S'ouvrent ainsi, loin de la Bourse, des espaces indistincts et périphériques, des non-lieux où des silhouettes humaines errent, dans une nuit perpétuelle ; désespérément seules.

 
Manga, 2008, Novembre 2008Commentaire
Le zonedu prosélyte
 

Au delà du loufoque

Il pourrait postuler pour Pirates des Caraïbes. On l'imagine bien sorti du bayou, ayant égorgé une famille d'alligators et tous les pêcheurs du coin. La première fois que je le vis dans le magasin il y traîna un moment, visiblement planant dans des strates qui me restent inconnues. Il se décida pour une revue Circus à 1 €. Celle-ci payée il m'en montra d'un doigt crochu et crasseux la quatrième de couverture présentant une pub pour la collection Vécu. Sous son ongle noir, un visuel de Yérushalaïm tome 1 et sa svastika.

Il me désigna ensuite fièrement les deux S de son T-shirt Kiss. Mon diagnostic était achevé lorsqu'il entonna d'une voix éraillée une psalmodie célèbre, m'intimant d'un geste de l'accompagner. Devant mon refus répété il partit dépité en me restituant le Circus. J'encaissai la pièce de 1 euro et remis la revue a sa place.

Hier il semble qu'il ait réessayé avec notre collègue Lady Stardust... qui a commencé par subir un baise main (hhhheurgh...) avant la leçon de diction. Leçon qui s'est également soldée par un échec.

Non mais ! Les clients croient nous avoir avec 1 euro !

 
GOLDBERG chez Futuropolis
 

Too cool for old school ?

De la nouveauté dans nos rayons! Enfin une nouveautérelative à notre activité de libraires d’occasion ; car nos livres sont souvent bien plus âgés que moi(mais comme diraient mes collègues, je ne suis qu’un gamin).

Toutefois, peud’entre vous ont pu suivre les strips de Rude Goldberg parus dès 1905 aupays du cheeseburger…mais cet affront àla culture U.S. peut être réparé rapidement grâce à notre nouvel arrivage deséditions Futuropolis (canal historique).

Le livre que nous vous proposons est remarquable notamment pourson appareil critique pertinent signé Jean-Claude Glasser, véritable mined’information sur un auteur qui semble être un peu exclu du patrimoine mondialde la bande dessinée.

On nous apprend que Goldberg, ingénieur de formation, estl’un des rares cartoonistes ayant décroché le fameux prix Pulitzer pour sesbandes politiques.

Cependant Goldberg est aussi fameux pour ses dessins d’assemblagesextravagants, dont le but est de nous faciliter le quotidien, qui en font lepère spirituel de Géo Trouvetou. Ses bandes intitulées L’invention de la semaine seront à la source des stratagèmesredoutables développés par Wile E. Coyote lorsqu’il tente d’attraper un Bip Bipbien contrariant, ou alors reprises par Bruno Podalydès dans son adaptationcinématographique du Mystère de la Chambre Jaune.

Voici unpetit lien amusant pour ceux qui ne verraient pas de quoi je parle.

Le plus beau c’est que nous vous offrons la possibilité derepartir avec cette mine de trouvailles graphiques pour seulement 3€. Cependantil ne faudra pas être trop chagrin à l’idée qu’il s’agit de livres n’ayantjamais rencontré les jaquettes qui auraient dû les orner lors de la parution en1984… si vous désirez ce même livre complet (c'est-à-dire avec la jaquette) leprix est sensiblement différent car beaucoup plus rare.

 
Mœbius, Toppi, Manara et Crisse...
 

Aujourd'hui, rue Dante, j'ai mis en rayon :

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  • Le tirage de tête de Après L'Incal tome 1 : le nouveau rêve. 2001. n°143/500. Co-édité par Canal BD et Stardom. Signé par Mœb et Jodo, bien complet avec son tiré à part sérigraphié. Prix : 90€. Pas excessivement rare (d'ailleurs nous le vendons en dessous de son prix d'origine), ce tirage de tête est intéressant, malgré sa couverture ratée : en effet c'est l'unique moyen de lire la dernière collaboration des deux auteurs sans les horribles couleurs numériques de Beltran. L'histoire est inachevée, le projet est enterré et effacé, laissant désormais place à un Final Incal dessiné par Ladronn que je n'ai pas lu (d'ailleurs, si quelqu'un à un avis dessus, qu'il n'hésite pas à laisser un commentaire) et pourtant j'ai chez moi un exemplaire de ce TT. Si c'est pas un argument de vente, ça !

  • Dans la série Un homme Une Aventure : deux Toppi : L'homme des Marais et L'Homme du Mexique. Chacun en bel état et à 40 €.

  • Le Tirage BD MUST 2006, 333 exemplaires n° et signé avec tiré à part du Borgia tome 2 le pouvoir et l'inceste, de Jodorowsky (encore) et Manara. Prix : 95 €.

  • Et pour faire plaisir à notre ami Fritz, un petit Crisse atypique, un Crisse fait pour les Américains : le n°4 (2001) de la série Tellos (correspondant au numéros 7 et 8 de la VO). Tellos est une douce fantasy peuplée de guerrier à tête d'animaux et de femmes pirates. Notre exemplaire à l'avantage d'être orné d'une jaquette numérotée et signée par Crisse. Une jaquette éditée par la librairie BOUQ EN STOCK de La Rochelle et tirée à 200 exemplaires. Le prix : 20 €.

J'ai mis d'autres bricoles en rayon, mais là j'ai plus le temps de vous en parler, faut que je range... Sinon avec les mangas et les piles de trucs à l'extérieur j'ai pas fini avant 20h30 !

 
Stade anal et psychanalyse
 

"ça sent le fleuve !"

A l'heure qu'il est mes camarades rue Serpente doivent être en train de finir (ou de commencer à envisager de finir) la mise en place de nos arrivages de la semaine passée.

Parmi les piles vous pourrez trouver deux BD d'un ex-jeune auteur : Martin Veyron. Si vous n'avez jamais lu les livres de ce formidable commentateur de la bourgeoisie eightie, le Plus lourd que l'air (1982), deuxième tome des aventures de Bernard Lermite sera une bonne introduction. En état neuf à 7€ (réédition 1994), c'est une expérience qui se tente, même si les planches sont moins bien reproduites que lors de leur publication dans L'Echo des savanes.

Bernard Lermite se laisse comme à son habitude porter par les vents... littéralement dans la première histoire d'ailleurs, puisqu'il se fait balancer d'un avion en plein vol par un équipage ne supportant plus ses flatulences. La plupart du temps Lermite ne fait rien, il traverse impuissant les épisodes. Pourtant les événements semblent toujours se révéler accommodants. "La vie ne s'acharne pas sur ceux qui baissent les bras" théorise-t-il dans le savoureux épisode "Moudougous".

Dans l'explicitement titré "Caca rente", one shot sorti en l'an 2000, on voit en revanche un salopard has-been se démener pour retrouver le succès. Lourdement métaphorique sur la façon dont l'argent se gagne dans la société de consommation, ce n'est certainement pas le meilleur Veyron, mais l'artiste brille toujours autant par la description de certains milieux citadins et sa grande capacité à réinventer sans cesse l'anti-glamour.

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Dans un registre plus dramatique nous avons également reçu la deuxième des "Errances de Julius Antoine", l'excellente trilogie dessinée par Christian Rossi et scénarisée par Serge Letendre. Julius Antoine est un type fragile qui ressemble un peu à Norman Bates dans le film Psychose. Les trois albums qui lui sont consacrés peuvent se lire indépendamment ce qui est bien pratique.

Avant de lire le 2 "La maison", que vous allez acheter chez nous en état neuf à 7€, il vous suffit de savoir que dans la première histoire, ce pauvre Julius a beaucoup de problèmes suite à la fascination qu'exerce sur lui une jeune fille mineure.

Dans La maison, Julius retrouve dans la demeure familiale son frère et sa sœur pour assister aux derniers jours de leur sadique de mère. Dès lors traumatismes de l'enfance et psychoses sortent du placard en une folle sarabande et chacun en prend pour son grade, surtout notre anti-héros, toujours aussi peu doué pour éviter les pièges.

L'album date de 1987, et franchement à l'époque, ils n'étaient pas nombreux les auteurs à parvenir à aborder avec succès des thématiques aussi troubles et psychologiques dans la bédé française. Si vous préférez lire l'intégralité des Julius Antoine, nous en avons une série à 25 euros rue Dante.