Stade anal et psychanalyse

 

"ça sent le fleuve !"

A l'heure qu'il est mes camarades rue Serpente doivent être en train de finir (ou de commencer à envisager de finir) la mise en place de nos arrivages de la semaine passée.

Parmi les piles vous pourrez trouver deux BD d'un ex-jeune auteur : Martin Veyron. Si vous n'avez jamais lu les livres de ce formidable commentateur de la bourgeoisie eightie, le Plus lourd que l'air (1982), deuxième tome des aventures de Bernard Lermite sera une bonne introduction. En état neuf à 7€ (réédition 1994), c'est une expérience qui se tente, même si les planches sont moins bien reproduites que lors de leur publication dans L'Echo des savanes.

Bernard Lermite se laisse comme à son habitude porter par les vents... littéralement dans la première histoire d'ailleurs, puisqu'il se fait balancer d'un avion en plein vol par un équipage ne supportant plus ses flatulences. La plupart du temps Lermite ne fait rien, il traverse impuissant les épisodes. Pourtant les événements semblent toujours se révéler accommodants. "La vie ne s'acharne pas sur ceux qui baissent les bras" théorise-t-il dans le savoureux épisode "Moudougous".

Dans l'explicitement titré "Caca rente", one shot sorti en l'an 2000, on voit en revanche un salopard has-been se démener pour retrouver le succès. Lourdement métaphorique sur la façon dont l'argent se gagne dans la société de consommation, ce n'est certainement pas le meilleur Veyron, mais l'artiste brille toujours autant par la description de certains milieux citadins et sa grande capacité à réinventer sans cesse l'anti-glamour.

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Dans un registre plus dramatique nous avons également reçu la deuxième des "Errances de Julius Antoine", l'excellente trilogie dessinée par Christian Rossi et scénarisée par Serge Letendre. Julius Antoine est un type fragile qui ressemble un peu à Norman Bates dans le film Psychose. Les trois albums qui lui sont consacrés peuvent se lire indépendamment ce qui est bien pratique.

Avant de lire le 2 "La maison", que vous allez acheter chez nous en état neuf à 7€, il vous suffit de savoir que dans la première histoire, ce pauvre Julius a beaucoup de problèmes suite à la fascination qu'exerce sur lui une jeune fille mineure.

Dans La maison, Julius retrouve dans la demeure familiale son frère et sa sœur pour assister aux derniers jours de leur sadique de mère. Dès lors traumatismes de l'enfance et psychoses sortent du placard en une folle sarabande et chacun en prend pour son grade, surtout notre anti-héros, toujours aussi peu doué pour éviter les pièges.

L'album date de 1987, et franchement à l'époque, ils n'étaient pas nombreux les auteurs à parvenir à aborder avec succès des thématiques aussi troubles et psychologiques dans la bédé française. Si vous préférez lire l'intégralité des Julius Antoine, nous en avons une série à 25 euros rue Dante.