Publications dans 2014
DIMANCHE 21 DÉCEMBRE : DANTE OUVERT
 

Il ne faut pas y voir un soutien exalté aux demandes de certains concernant les ouvertures dominicales, mais en cette période de consommation où les cartes bleues grincent comme les essieus éprouvés de vieux 4x4 dans la dernière section de la course, une fraction du patronat de la SARL Aaapoum Bapoum (moi-même donc) s'investit personnellement dans l'ouverture de notre échoppe sise au 8 rue Dante, Paris 5e, et ce de

« 14h à 19h »

C'est avec plaisir que j'accueillerai les clients (même si j'aurai préféré aller au cinéma en famille voir Quatre garçons dans le vent), les éclairerai de mes idées de cadeaux de la dernière chance et leur ferai même des paquets.

 
MARION MONTAIGNE
 

Tu mourras moins bête est loin d'être le premier coup d'essai de Marion Montaigne dans l'explication et le didactique décalé. C'est en  2006 que les historiens situent sa première BD, Professeur Choupsky présente: le Cafard. C'est bien avant le début de son blog ! (les archives de celui-ci remontent uniquement jusqu'en 2008) Et pourtant cet album constitue réellement les prémices de toute sa prise d'ampleur pédagogique dessinée.

Nous sommes fiers de pouvoir vous faire lire l'entrée de Marion Montaigne dans le joyeux monde de la BD pour 7€ rue Serpente. 

En bonne tutrice, Marion Montaigne ne s'arrête pas là ! Elle a par exemple récemment participé à la BD collective Axolot.

L'axolotl, en plus d'être une espèce de triton rose ultra choupi et un pokémon, est le nom (amputé d'un L) d'une chaine de vidéos youtube destinée au partage d'informations scientifiques étonnantes et intrigantes.

Puisqu'il y a toujours plus de choses à dire lorsque l'on s'amuse, l'émission s'est autorisé une petite parthénogenèse et nous a pondu une bande dessinée. Cette bande dessinée, très intéressante au demeurant dans son ensemble, accueille une longue histoire de Marion Montaigne, tout aussi intéressante.Madame Montaigne y développe la triste histoire d'Henrietta Lacks et de ses cellules cancéreuses immortelles.

Dans cet album d'Axolot, il y a en sus du Boulet, du Guillaume Long, du Tony Sandoval, du Libon et du Nancy Peña.

Le plus drôle c'est que nous avons donc dans nos rayons de la rue Serpente l'alpha et l'oméga (pour le moment) de Marion Montaigne. Amateurs de Tu mourras moins bête, vous ne serez en aucun cas dépaysés.

En bonus, un de mes concepts psychologiques préférés, mis en image dans Axolot:

La cécité d'inattention et la connaissance rétrospective sont aussi des concepts sur lesquels j'aime mettre des mots savants.

La cécité d'inattention et la connaissance rétrospective sont aussi des concepts sur lesquels j'aime mettre des mots savants.

 
L'ÉTERNAUTE : LE RETOUR, tome 1
 

Solano López considérait que L'Éternaute: le retour, en fait le quatrième Éternaute chronologique – si l'on fait abstraction du remake de Breccia, était la seule suite valable au chef d'œuvre prophétique de la fin des années 50. Dont acte : les éditions Vertige Graphic nous proposent pour cette fin d'année la traduction française de ce retour tant attendu.

Le contexte

De 1977, date de son exil de l'Argentine, à son retour en 1994, Francisco Solano López, dessinateur de L'Éternaute, ne put guère profiter des retombées financières du succès qu'il créa en 1957 avec le scénariste Oesterheld. Celui-ci disparu, assassiné par les sbires du pouvoir, l'éditeur Record fit signer un nouveau contrat de cession de droits à sa veuve et se soucia fort peu de la part du dessinateur. Se faire payer pour son travail publié semble dans l'Argentine de l'époque relever de l'activité sportive...  Solano López a raconté, que déjà au moment de la publication initiale et hebdomadaire de L'Eternaute, l'imprimeur trichait avec la complicité du distributeur : de nombreux exemplaires de la revue Hora Cero étaient imprimés en plus et écoulés en douce dans le dos de l'éditeur (les éditions Frontera, fondées par Héctor Germán Oesterheld, visiblement meilleur scénariste que gestionnaire, et son frère). L'éditeur Record sera lui même en partie spolié de son semi-larçin car les éditions pirates pullulèrent pendant des décennies. Lorsque Solano López revient en Argentine, il s'organise avec la veuve et les neveux de Oesterheld pour récupérer les droits de L'Éternaute. Dès lors il se lance dans un projet d'envergure pour capitaliser financièrement et artistiquement sur le titre qui fit sa renommée. Il fonde un "Univers Éternaute" et convie de jeunes auteurs a proposer leurs propres créations dans ce cadre. Entre les voyages dans l'espace, le temps et les dimensions parallèles, Juan Salvo et les siens peuvent effectivement être amenés à vivre de nombreuses péripéties. Mais il ne se contente pas d'impulser le mouvement et se lance totalement dans l'aventure en dessinant lui-même de nouvelles histoires sur des histoires de Pablo Maiztegui, qui fut son assistant au dessin avant de devenir scénariste. C'est ainsi que voit le jour cet Éternaute : le retour dont nous parlons aujourd'hui.

Le processus éditorial

Débuté en 2001 pour une revue italienne, Lancio Story, L'Éternaute : Le retour commença a être publié en fascicules en Argentine à partir de 2003. Il y eu 9 fascicules qui furent compilés dans une intégrale en 2005. Pour faciliter les choses ces fascicules, format "comics" furent numérotés, non pas de 1 à 9 mais subdivisés en trois séries (appelé "livres") de trois fascicules (appelé "chapitres") : donc si vous suivez bien, 9 numéros depuis le "livre 1, chapitre 1" jusqu'au "livre 3, chapitre 3".Ce premier opus du Retour fut suivi en 2006 par une nouvelle série : La búsqueda de Elena, "À la recherche d'Elena", présentée, elle, en 6 fascicules, qui furent compilés en une intégrale en 2007.Pour la version française de L'Éternaute : le retour, les éditions Vertige graphic ont choisi de simplifier les choses de la manière suivante  : ils ont pris en considération la somme des pages de L'Éternaute le retour ajoutées à celles de L'Éternaute : le retour — à la recherche d'Elena et on coupé l'ensemble en deux parties presque égales.

Le produit

L'Éternaute : le retour se passe une quarantaine d'années après les événements racontés dans L'Éternaute, en tous cas après le départ de Juan Salvo vers le Continuum 4... L'invasion a continué mais elle a changé de méthodes. Je ne ferai pas trop de révélations ici afin de ne pas gâcher la lecture, mais on peut constater que le scénariste s'est démené pour essayer de renouveler le potentiel de l'histoire, lui apporter des éléments plus modernes, sans trop démonter l'édifice. Bien sûr, il y a quelques raccords de papiers peints qui jurent un peu pour l'œil attentif du bricoleur, mais le travail n'est pas méprisable. Le résultat est un curieux mélange d'éléments désuets et de problématiques plus récentes (Matrix...).

Globalement Maiztegui maintient la bonne dose d'action et d'interrogation de l'histoire de l'Argentine.Sur l'aspect visuel on pourrait chipoter un peu. Lorsqu'il s'attela à L'Éternaute à la demande d'Oesterheld, Solano López n'avait que 5 ans d'expérience derrière lui mais il était en phase ascendante, son style dynamique peuplé de physionomies puissantes et marmoréennes était alors en pleine expansion. Près de 50 ans après, si ses personnages sont toujours aussi expressifs et incarnés, le vieux maître n'a plus la même énergie, que ce soit dans la construction des cases ou dans la précision du trait. Il n'hésite pas à inclure des photocopies de photos comme le paresseux Manara et lorsqu'il rate une case personne n'ose ni lui faire remarquer ni lui suggèrer de la refaire.Même si on aurait pu imaginer plus spectaculaire et même si cette suite ne peut rivaliser en innovation avec son modèle, le fait qu'elle soit faite par les mêmes mains qui ont accouché de l'original est assez émouvant, surtout si l'on prend en considération qu'il s'agit d'une des dernières œuvres que ces mains ont faites.

Sans avoir lu la fin (second tome à venir) il est impossible de savoir si les auteurs retombent bien sur leurs pieds à la fin et si les motivations des "Eux" s'éclaircissent, mais ce qui est sûr, c'est qu'on passe un bon moment à la lecture des aventures désespérantes de Juan Salvo dans un monde qui n'est pas si différent du nôtre.

L'Éternaute : le retour, tome 1, de Francisco Solano López et Pablo Maiztegui, Vertige Graphic, 2014, 200 p. N&B, 28 €. EAN : 9782849991152.

éternaute le retour.jpg


Dans nos archives vous pouvez notamment lire dans nos archives la présentation du premier tome de la VF de L'Éternaute historique. Vous pouvez aussi taper "éternaute" dans la noire barre de recherche là-haut sur la droite et vous aurez pas mal de matière.

 
FATHERLAND DE NINA BUNJEVAC
 

Même s'il s'agit d'un récit autobiographique, de Nina Bunjevac, on n'apprendra pas grand chose dans ces 152 pages. La Canadienne originaire d'un pays qui n'existe plus cherche surtout à écrire une biographie familiale et reste très pudique quant à sa propre histoire. Récit cyclique s'organisant autour d'une fracture initiale, Fatherland exorcise une douleur qui s'est étendue comme une tâche, et pour la comprendre il remonte aux arrières grands-parents de l'auteur. Cet acte relève certes de la psychanalyse familiale, mais ce faisant, Nina Bunjevac est aussi amenée à retracer l'histoire complexe et passionnante de la Yougoslavie. Ainsi que la cellule familiale dans laquelle est née l'auteur est déchirée entre deux continents, comme celle de ses grands-parents et de ses arrières grands-parents, on découvre aussi que les conflits yougoslaves ont été exportés jusqu'en Amérique du Nord. À la lecture de cette œuvre, j'ai d'une part vibré d'angoisse, mais j'ai aussi appris beaucoup de choses. L'idée que des ex-compatriotes s'entretuent à des milliers de kilomètres de leurs lieux de naissance est si fascinante... Cette complexité que produit la réalité manque bien souvent aux œuvres de fictions bédéïques.

Une façon de servir l'Histoire qui ne manque pas de sel.

Une façon de servir l'Histoire qui ne manque pas de sel.

Très instructif.

Très instructif.

Une touche d'humour.

Une touche d'humour.

Aucune famille n'est épargnée par la division.

Aucune famille n'est épargnée par la division.

Momirka, une grand-mère qui ne manque ni de caractère ni de cigarettes.

Momirka, une grand-mère qui ne manque ni de caractère ni de cigarettes.

Le cliché de l'illusion d'un bonheur.

Le cliché de l'illusion d'un bonheur.

Ce qui est bien aussi dans Fatherland, c'est qu'il y a plein de cartes, et que moi, j'aime les cartes.

Ce qui est bien aussi dans Fatherland, c'est qu'il y a plein de cartes, et que moi, j'aime les cartes.

Non ce n'est pas un extrait du dernier Robert Varlez de chez The Hoochie Coochie, mais bien une double page de Fatherland.

Non ce n'est pas un extrait du dernier Robert Varlez de chez The Hoochie Coochie, mais bien une double page de Fatherland.

Ci-après un petit feuilletage pour vous donner envie :Fatherland de Nina Bunjevac, éditions Ici Même, 152 p. N&B, couverture cartonnée, 24 €, traduction de Ludivine Bouton-Kelly, imprimé en France (bravo !). EAN : 9782369120087

 
ARRIVAGES RUE DANTE
 

Bonsoir,Depuis la réouverture de la boutique de la rue Dante, je n'ai guère eu le temps de venir ici faire dans le détail de nos arrivages. Il est urgent de faire une petite pause pour vous donner envie de faire un tour par ici.

Tout d'abord, le BDM est arrivé et nous le vendons. 49,50 €. 1184 p. imprimé en Italie. De nombreux chapitres semblent avoir été sacrifiés, mais nous saluons le retour des ouvrages publicitaires.

Franco-belge : quelques belles bandes arrivées aujourd'hui :

Bon il y aurait beaucoup d'autres choses à montrer, mais comme je l'explique souvent, si on devait mentionner tous les livres qui passent entre nos mains, on ne s'occuperait plus jamais des clients qui viennent nous voir !

Bonne soirée.

 
L'ÉVEIL DE KAZUHIKO MIYAYA
 

Si tu cherches un cadeau éclairé pour un amateur de moto, qui change un peu du traditionnel Joe Bar Team®, lecteur fais un arrêt ici !

Kazuhiko MIYAYA semble être un mangaka important des années soixante-dix. Il a lui-même sélectionné les quatre histoires courtes qui forment cette anthologie (publiée en France en 2010).  Né trop tard pour frayer longuement avec la vague du Gekiga dont il vivra les derniers feux, et trop indépendant pour se plier au traitement excessivement normé du manga commercial contemporain, Miyaya, toujours vivant, a depuis les années 80 une production très modérée. Vu le soin apporté aux planches qui nous sont ici données à lire, on comprend qu'il souhaite économiser son investissement pour des récits qui lui semblent en valoir la peine.

Ce recueil contient :

Lamentations d'un nègre, initialement publié en 1972 : le chapitre de la vie d'un perdant tel qu'on peut en trouver plus tôt chez Tatsumi ou Tsuge.

Un personnage assez résigné dont les maigres espoirs sont à nouveau déçus.• Le dernier jour de David, initialement paru en 1975 : à mon sens le récit le plus réussi du recueil. Une intrigue complexe qui mêle baseball, politique et polar. La narration, caractéristique du style de l'auteur, est assez exigeante pour le lecteur, avec ses allers-retours dans le temps peu balisés, ses ellipses étonnantes. Au final une belle trame, tragique, qu'ancun personnage ne voit dans son entier.

Petit jeu entre amis, initialement paru en 1973 : comme son nom l'indique une histoire d'amitié. C'est également une histoire noire, qui fait intervenir des yakusas.• Super biker, initialement paru en 1982-1983 : le plus long récit du recueil. Il paraît qu'Otomo était très friand des histoires de Miyaya. En lisant celle-ci on peut bien voir ce qui les relie.

Les gangs de motards ici mis en scène ne dépareraient aucunement dans les premiers chapitres d'Akira et la méticulosité du trait et sa densité, appuyée sur un forte documentation, impressionne autant que celle du créateur de Néo-Tokyo.Au final, à travers ces quelques récits Kazuhiko Miyaya apparaît comme un auteur à cheval entre le manga d'auteur et la série B. Deux aspects qu'il semble aborder avec une même passion.Si je vous informe de tout cela, c'est bien parce que nous avons reçu une petite quantité de cette anthologie que nous vendons à un prix très attractif : 10 €, au lieu des 18 initiaux.

L'Éveil, anthologie inachevée de Kazuhiko MIYAYA, éditions Vertige Graphic (avec la participation d'Akata), 2010, n&b, 242 p. EAN : 9782849990704.

Préface de Nicolas Finet, traduction de Tetsuya Yano.NB : ne vous laissez pas dissuader par le "inachevée" du sous-titre qui pourrait doner à entendre que ce recueil pourrait contenir des histoires sans fins ! Cette anthologie est "inachevée" car l'auteur n'est pas mort et que son œuvre ne se limite pas à ce qu'on trouver en ses pages.

 
LESTER COCKNEY T.2 : APPRENEZ À RECONNAÎTRE L'E.O.
 

Lester Cockney de Franz est une de mes séries préférées. Ceux qui connaissent bien la boutique le savent. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet.Pendant longtemps j'ai eu un doute à propos du tome 2, La neige était crissante. Non pas au sujet de la qualité de l'album... Mais j'étais étonné qu'on puisse encore trouver si facilement cet épisode en édition originale en magasin de neuf, et ce, jusqu'au milieu des années 2000. Un de mes clients, Jean, m'a prouvé qu'en fait l'album avait été réédité quasiment à l'identique. Quand, je ne sais pas, car la réédition ne porte nulle autre date que celle de l'édition originale. Mais ce bon client (et bon fournisseur) m'a montré comment distinguer la première édition de ce fabuleux western afghan : les pages de garde diffèrent ! Alors que la réédition arbore le magnifique dessin en monochrome brun comme les autres volumes de la série, l'édition originale présente un joli bleu que la faiblesse de mon vocabulaire m'empêche de définir plus précisément...

La preuve par l'image :

Une petite différence de couleurs qui n'est pas sans importance.

Une petite différence de couleurs qui n'est pas sans importance.

 
DU WILLEM PARTOUT
 

Nous vendons pas mal de bandes dessinées publiées par les éditions Cornélius. Par extension, nous proposons donc pas mal d'ouvrages dessinés par Willem.  Et parmi ces Willem (ceux de la rue serpente notamment), il y à une pile de Partout.

Sur cette pile de Partout, il y a, vous vous en doutez bien, une petite étiquette jaune.

Inscrite sur cette étiquette, une phrase énigmatique :

Partout: Un carnet de voyage étonnant dans sa  nécessité de l'être humain.

Comment ça? me dit-on.

Et bien, ouvrez l'album!

DES GENS

DES GENS

DES GENS PARTOUT

DES GENS PARTOUT

PARTOUT PARTOUT

PARTOUT PARTOUT

Là vous vous dites...

Et puis...

Il faut dire que pour beaucoup, Willem, c'est surtout des choses comme ça :

ou ça :

Des choses qui donnent parfois envie de ...

...mais seulement aux gens pas assez préparés.

Enfin on peut comprendre quand on jette un premier coup d’œil à...

Les autres réagissent plutôt de la sorte:

voir même carrément...

En un mot oui, c'est bien du Willem. Le monsieur a fait beaucoup d'illustrations politiques et sociales, n'est ce pas? Mais en tournant son regard aussi longtemps sur le monde extérieur, il n' a pas vu uniquement que matière à satyre.

Willem a dessiné aussi de nombreux reportages. Toujours pour la presse, Libération et Charlie Hebdo en tête. Il ne se départ pas de son œil critique mais se libère de son ton caustique. Il aborde une autre facette, une autre appréciation personnelle et méconnue de l'être humain.

Si moi, je me fiche de la tronche de mes contemporains croisés dans le métro, Willem lui se délecte des buveurs de bières de Belfast, des musiciens lituaniens et des femmes girondes d'Oslo. C'est l'élément humain qui fait le sel d'un reportage. Willem l'a bien saisi, théoriquement ainsi qu'en dessin, et cherche maintenant à nous le transmettre.

Tout ça pour dire que...

Merci à Willem Dafoe, Christophe Willem et Willem-Alexander (un peu le roi des Pays-Bas, quand même) pour leur participation spontanée.

Partout est disponible rue Serpente au juste prix neuf de 14.50€

 
ROCKWORLD
 

Rockworld est un OVNI incroyable. Et en même temps pas du tout car il est aisé de le situer par rapport à ses pairs.  Rockworld est une ode à la musique alternative underground hardcore. Et en même temps pas du tout, car la musique peut n’être qu'un prétexte. Rockworld peut n'être qu'un apparent subterfuge destiné à montrer la décadence tant sociale qu'auditive et en même temps pas du tout car comment monter un fanzine de cette trempe sans amour du son qui grince? Rockworld est amour et... HO LA VACHE, je crois que j'ai glissé dans une pub Tic Tac!

 A l'origine, Rockworld est un fanzine danois. Ça dissuade de le trouver en VO. Ses auteurs se nomment Søren Mosdal et Jacob Ørsted. J'ai copié-collé leur nom à partir du blog de The Hoochie Coochie dans le but avoué de ne pas avoir à me souvenir du raccourci clavier du o barré. (Par curiosité je suis quand même allé dégotter la combinaison, qui est Alt+0248). En tout cas grand bien m'en a pris car The Hoochie balance quelques phrases bien senties dans un texte rapide et efficace qui lève le voile entre autre sur les excellentes influences des auteurs.

Si je devais circonscrire le champ d'action de Rockworld pour les habitués de la boutique, je placerai en points cardinaux Ghost worldau Nord, Rockyau Sud, Billy Wild au Levant et Sophie(de Munoz et Sampayo) au Couchant.

.

C'est cynique, aussi tranchant qu'un vieux rasoir trempé dans de la mousse de bière appliqué avec force par un homme qui convulse dans un remix orchestral de crissement de métal sur du verre. Le tout en plein brouillard d'alcool caillebottant.  Et de ce fait désespérément hilarant.

The Hoochie coochie a judicieusement combiné Rockworld, Noizeworld et Boilworld, les trois histoires qui composent  Rockworld dans son tout, en un seul album. Ça nous permet de profiter d'un album à la couverture très agréable au toucher, d'une quatrième de couverture tordante totalement déphasée grâce à l'absence d'imagerie et d'un shot d'underground incroyable étalé sur 6 ans d'évolutions graphiques et narratives manifestes.

6 ans, ça équivaut à 2 gestations du requin pèlerin et  à 44 ans pour mes carlins. Il peut s'en passer des choses, en 44 années canines. Mosdal en a profité pour, entre autres, s'affranchir de ses plus grandes sources d'admiration. Il quitte Muñoz dans l'idée et s'éloigne du rivage esthétisant de la technique pour voguer dans la houleuse mer de la puissance narrative par l'énergie et le mouvement.

Rockworld fait sûrement mouche car tout ce qu'on y perçoit s'assoit sur une troublante base de réel. Les auteurs (la quarantaine et quasiment tout autant d'années passées à battre le pavé branlant de l'underground danois) apprécient respectivement le rock et l’expérimental. Tout comme les personnages principaux, qui s'opposent ainsi tout du long du récit malgré leur amitié douteuse.

Vous pourrez trouver Rockworld mis en avant près de la caisse. il vous coutera 20€ et en échange, vous vous fendrez surement sévèrement la poire.

C'est encore un bruit de couloir mais nous tâcherons d'accueillir au moins le dessinateur en dédicace aux environs du FIBD d'Angoulême! Stay tuned!

 
JEUX DE PLATEAU OFFERTS
 

Par un hasard tout à fait cosmique, surtout connaissant notre réserve quant aux produits dérivés, nous sommes dépositaires cette semaine de trois jeux de plateaux ayant de près ou de loin trait au sujet qui nous réuni tous ici: la BD.

Le premier est un jeu édité par Vents d'Ouest en 1995, assez osé  (un de ses slogans: "Préférez vous la gloire, la fortune ou les deux?" On y croit) et très drôle, malgré une mécanique de jeu et une profusion d'éléments en carton assez lourds à gérer.

Remarquez sur l'image de gauche l'incroyable contradiction. Comment diable prévoir une stratégie si tout n'est soumis qu'au hasard?

Il est assez compliqué d'obtenir des infos à son sujet à cause de son nom, d'une simplicité et d'une clarté telle qu'il crée aussi beaucoup d’ambiguïté sur google:

BD le jeu.

De 4 à 6 joueurs, il se joue à l'ancienne façon du Monopoly et dure plus de 2h! Vous y incarnez soit un éditeur soit un dessinateur et vous bataillez pour faire votre trou. Attendez vous à déchanter si vous espériez une vie tranquille. Le jeu, par la vétusté de son rythme, vous enfonce bien dans le terrible quotidien des acteurs du sombre monde de la BD. Le SNAC devrait presque en faire un organe officiel de propagande...

À l'inverse, il révèle toute sa saveur à travers les cartes chances et actions, dont certaines formulations sont très culottées ou décalées, révélant à la fois un second degré très réussi et une vision fantasmée qui participent à la création d'un imaginaire suranné très réjouissant de la profession. C'est terriblement délectable et étonnamment, ça devient rapidement assez trash. Certaines remarques pourraient même passer pour des statuts de Baydayleaks...

Il vous faudra une grande table  pour y jouer car, outre le plateau central, chaque joueur aura un gigantesque plateau personnel sur la table de jeu, ce qui montera le nombre de plaques de cartons à utiliser à minimum 5.

Notre exemplaire du jeu est hélas incomplet. Il ne manque rien d'important mais tout de même. En revérifiant bien la liste des composants et les règles, il s'avère que vous aurez besoin en sus de feutres effaçables (remplaçables par des crayons et du papier), 10 adhésifs (?) à l'utilité douteuse et une enveloppe tout à fait classique.

N'hésitez pas à cliquer sur tous les liens, j'y ai mis discrètement des photos du jeu prises avec mon téléphone miteux qui ne sait pas faire la mise au point...

Ce jeu, nous vous l'offrons à la simple condition que vous nous achetiez un récit en rapport à la création d'une BD. Le gang Mazda, Bakuman, les professionnels, Pauvre Lampil, cimoc, la plume de feu ou pourquoi pas une monographie Hergé ? À vous de voir.

Le second jeu que je vous propose est bien entendu aussi affilié à la bande dessinée mais de façon plus classique. C'est un jeu sous licence, comme tant d'autres.  Un jeu Tintin.

Tintin et le piège du totem dhor.

Sorti en 1991, il est loin d'être le premier jeu du blondinet reporter (j'en vois deux datés de 1969!) et carrément loin hélas d'être le dernier (ils en ont sorti un tiré du film de spielberg en 2011...)

Les remarques sur lesquelles je ne cesse de tomber parlent d'un jeu très réjouissant en famille. Je n'en sais pas plus, au contraire de ces facécieux joueurs filmés qui vous expliqueront tout comme il faut:

Notre exemplaire du jeu semble complet mais je ne m'avance pas trop à ce sujet, les règles parlant d'une plaquette métallique que je n'ai pas réussi à retrouver. Peut être qu'en visionnant à nouveau la vidéo explicative ci-dessus, je parviendrais à comprendre ce qui manque réellement.

Ce jeu aussi vous est offert. Mais uniquement si votre passage à la boutique se conclut par un achat de BD ligne claire franco-belge. Ça tombe bien, nos rayons correspondants à la cave sont bien plein.

Enfin, s'il est possible de faire plus étonnant voici notre dernière suggestion:

Sexy Love

Je peux sentir votre profond désarrois à la lecture de ce titre. Non ce n'est pas tiré d'une bande dessinée pornographique. Ce n'est en fait pas tiré d'une bande dessinée du tout.  Ne criez pas à l'arnaque et attendez que j'y vienne.

Ce jeu, dans lequel vous devez naviguer dans la vie en séduisant des personnages non joueurs pour tacher ensuite de filer la parfaite idylle (avec eux de préférence) tandis que les autres concurrents vous mettent des bâtons dans les roux, est illustré par Wolinski! Libre à vous de ne pas aimer ce gars-là mais il faut avouer qu'en de nombreuses occasions, en dehors de ses BD, il est plutôt drôle. Son livre Le Bécoteur par exemple est génial à mettre dans les mains de tout ado mâle.

Sexy love est l’ancêtre à peine moins trash de Coups d'un soir. À vous de naviguer dans les eaux troubles  de la drague. Coups d'un soir est d'un mauvais gout absolu et éhontément assumé tandis que Wolinski oscille quant à lui toujours entre blagues plus ou moins douteuses et sous-entendus scabreux de bon aloi.  Vous jouerez donc probablement avec un sourire persistant sur le visage et enchainerez les soufflets nasaux qui sont la marque d'un rire qui ne valait pas la peine d'être verbalisé.

Le jeu a l'étonnante particularité de ne pas dissocier son plateau de sa boite. Ça rend le tout très massif mais crée une espèce d'arène de drague pas si désagréable. Dernière information: notre exemplaire est officiellement complet. (enfin un qui l'est!)

Vous vous en doutiez: Sexy love vous est offert... pour la modique somme de 10€ ou pour un achat incluant un titre de Wolinski dépassant cette même somme. Hé oui, le jeu est un peu plus difficile à dégotter que ses confrères.

Sexy love n'est même pas la seule forfaiture de Wolinski dans ce domaine puisqu'il produisit Salut les filles quelques 7 ans plus tard. Slogan du jeu: Avez vous l’âme d'un mateur? Ça fait rêver.

En fait la bande dessinée est très répandue dans les jeux de cartes/plateau. Ce domaine est d'ailleurs très varié et ne contient pas que des oldies.  Par exemple, un jeu de mémory sur Valentina de Crépax a été produit en 2013 et un jeu d'enquête qui reprend l'univers de Blake et Mortimer est en préparation.