Publications dans Novembre 2014
LESTER COCKNEY T.2 : APPRENEZ À RECONNAÎTRE L'E.O.
 

Lester Cockney de Franz est une de mes séries préférées. Ceux qui connaissent bien la boutique le savent. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet.Pendant longtemps j'ai eu un doute à propos du tome 2, La neige était crissante. Non pas au sujet de la qualité de l'album... Mais j'étais étonné qu'on puisse encore trouver si facilement cet épisode en édition originale en magasin de neuf, et ce, jusqu'au milieu des années 2000. Un de mes clients, Jean, m'a prouvé qu'en fait l'album avait été réédité quasiment à l'identique. Quand, je ne sais pas, car la réédition ne porte nulle autre date que celle de l'édition originale. Mais ce bon client (et bon fournisseur) m'a montré comment distinguer la première édition de ce fabuleux western afghan : les pages de garde diffèrent ! Alors que la réédition arbore le magnifique dessin en monochrome brun comme les autres volumes de la série, l'édition originale présente un joli bleu que la faiblesse de mon vocabulaire m'empêche de définir plus précisément...

La preuve par l'image :

Une petite différence de couleurs qui n'est pas sans importance.

Une petite différence de couleurs qui n'est pas sans importance.

 
DU WILLEM PARTOUT
 

Nous vendons pas mal de bandes dessinées publiées par les éditions Cornélius. Par extension, nous proposons donc pas mal d'ouvrages dessinés par Willem.  Et parmi ces Willem (ceux de la rue serpente notamment), il y à une pile de Partout.

Sur cette pile de Partout, il y a, vous vous en doutez bien, une petite étiquette jaune.

Inscrite sur cette étiquette, une phrase énigmatique :

Partout: Un carnet de voyage étonnant dans sa  nécessité de l'être humain.

Comment ça? me dit-on.

Et bien, ouvrez l'album!

DES GENS

DES GENS

DES GENS PARTOUT

DES GENS PARTOUT

PARTOUT PARTOUT

PARTOUT PARTOUT

Là vous vous dites...

Et puis...

Il faut dire que pour beaucoup, Willem, c'est surtout des choses comme ça :

ou ça :

Des choses qui donnent parfois envie de ...

...mais seulement aux gens pas assez préparés.

Enfin on peut comprendre quand on jette un premier coup d’œil à...

Les autres réagissent plutôt de la sorte:

voir même carrément...

En un mot oui, c'est bien du Willem. Le monsieur a fait beaucoup d'illustrations politiques et sociales, n'est ce pas? Mais en tournant son regard aussi longtemps sur le monde extérieur, il n' a pas vu uniquement que matière à satyre.

Willem a dessiné aussi de nombreux reportages. Toujours pour la presse, Libération et Charlie Hebdo en tête. Il ne se départ pas de son œil critique mais se libère de son ton caustique. Il aborde une autre facette, une autre appréciation personnelle et méconnue de l'être humain.

Si moi, je me fiche de la tronche de mes contemporains croisés dans le métro, Willem lui se délecte des buveurs de bières de Belfast, des musiciens lituaniens et des femmes girondes d'Oslo. C'est l'élément humain qui fait le sel d'un reportage. Willem l'a bien saisi, théoriquement ainsi qu'en dessin, et cherche maintenant à nous le transmettre.

Tout ça pour dire que...

Merci à Willem Dafoe, Christophe Willem et Willem-Alexander (un peu le roi des Pays-Bas, quand même) pour leur participation spontanée.

Partout est disponible rue Serpente au juste prix neuf de 14.50€

 
ROCKWORLD
 

Rockworld est un OVNI incroyable. Et en même temps pas du tout car il est aisé de le situer par rapport à ses pairs.  Rockworld est une ode à la musique alternative underground hardcore. Et en même temps pas du tout, car la musique peut n’être qu'un prétexte. Rockworld peut n'être qu'un apparent subterfuge destiné à montrer la décadence tant sociale qu'auditive et en même temps pas du tout car comment monter un fanzine de cette trempe sans amour du son qui grince? Rockworld est amour et... HO LA VACHE, je crois que j'ai glissé dans une pub Tic Tac!

 A l'origine, Rockworld est un fanzine danois. Ça dissuade de le trouver en VO. Ses auteurs se nomment Søren Mosdal et Jacob Ørsted. J'ai copié-collé leur nom à partir du blog de The Hoochie Coochie dans le but avoué de ne pas avoir à me souvenir du raccourci clavier du o barré. (Par curiosité je suis quand même allé dégotter la combinaison, qui est Alt+0248). En tout cas grand bien m'en a pris car The Hoochie balance quelques phrases bien senties dans un texte rapide et efficace qui lève le voile entre autre sur les excellentes influences des auteurs.

Si je devais circonscrire le champ d'action de Rockworld pour les habitués de la boutique, je placerai en points cardinaux Ghost worldau Nord, Rockyau Sud, Billy Wild au Levant et Sophie(de Munoz et Sampayo) au Couchant.

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C'est cynique, aussi tranchant qu'un vieux rasoir trempé dans de la mousse de bière appliqué avec force par un homme qui convulse dans un remix orchestral de crissement de métal sur du verre. Le tout en plein brouillard d'alcool caillebottant.  Et de ce fait désespérément hilarant.

The Hoochie coochie a judicieusement combiné Rockworld, Noizeworld et Boilworld, les trois histoires qui composent  Rockworld dans son tout, en un seul album. Ça nous permet de profiter d'un album à la couverture très agréable au toucher, d'une quatrième de couverture tordante totalement déphasée grâce à l'absence d'imagerie et d'un shot d'underground incroyable étalé sur 6 ans d'évolutions graphiques et narratives manifestes.

6 ans, ça équivaut à 2 gestations du requin pèlerin et  à 44 ans pour mes carlins. Il peut s'en passer des choses, en 44 années canines. Mosdal en a profité pour, entre autres, s'affranchir de ses plus grandes sources d'admiration. Il quitte Muñoz dans l'idée et s'éloigne du rivage esthétisant de la technique pour voguer dans la houleuse mer de la puissance narrative par l'énergie et le mouvement.

Rockworld fait sûrement mouche car tout ce qu'on y perçoit s'assoit sur une troublante base de réel. Les auteurs (la quarantaine et quasiment tout autant d'années passées à battre le pavé branlant de l'underground danois) apprécient respectivement le rock et l’expérimental. Tout comme les personnages principaux, qui s'opposent ainsi tout du long du récit malgré leur amitié douteuse.

Vous pourrez trouver Rockworld mis en avant près de la caisse. il vous coutera 20€ et en échange, vous vous fendrez surement sévèrement la poire.

C'est encore un bruit de couloir mais nous tâcherons d'accueillir au moins le dessinateur en dédicace aux environs du FIBD d'Angoulême! Stay tuned!

 
JEUX DE PLATEAU OFFERTS
 

Par un hasard tout à fait cosmique, surtout connaissant notre réserve quant aux produits dérivés, nous sommes dépositaires cette semaine de trois jeux de plateaux ayant de près ou de loin trait au sujet qui nous réuni tous ici: la BD.

Le premier est un jeu édité par Vents d'Ouest en 1995, assez osé  (un de ses slogans: "Préférez vous la gloire, la fortune ou les deux?" On y croit) et très drôle, malgré une mécanique de jeu et une profusion d'éléments en carton assez lourds à gérer.

Remarquez sur l'image de gauche l'incroyable contradiction. Comment diable prévoir une stratégie si tout n'est soumis qu'au hasard?

Il est assez compliqué d'obtenir des infos à son sujet à cause de son nom, d'une simplicité et d'une clarté telle qu'il crée aussi beaucoup d’ambiguïté sur google:

BD le jeu.

De 4 à 6 joueurs, il se joue à l'ancienne façon du Monopoly et dure plus de 2h! Vous y incarnez soit un éditeur soit un dessinateur et vous bataillez pour faire votre trou. Attendez vous à déchanter si vous espériez une vie tranquille. Le jeu, par la vétusté de son rythme, vous enfonce bien dans le terrible quotidien des acteurs du sombre monde de la BD. Le SNAC devrait presque en faire un organe officiel de propagande...

À l'inverse, il révèle toute sa saveur à travers les cartes chances et actions, dont certaines formulations sont très culottées ou décalées, révélant à la fois un second degré très réussi et une vision fantasmée qui participent à la création d'un imaginaire suranné très réjouissant de la profession. C'est terriblement délectable et étonnamment, ça devient rapidement assez trash. Certaines remarques pourraient même passer pour des statuts de Baydayleaks...

Il vous faudra une grande table  pour y jouer car, outre le plateau central, chaque joueur aura un gigantesque plateau personnel sur la table de jeu, ce qui montera le nombre de plaques de cartons à utiliser à minimum 5.

Notre exemplaire du jeu est hélas incomplet. Il ne manque rien d'important mais tout de même. En revérifiant bien la liste des composants et les règles, il s'avère que vous aurez besoin en sus de feutres effaçables (remplaçables par des crayons et du papier), 10 adhésifs (?) à l'utilité douteuse et une enveloppe tout à fait classique.

N'hésitez pas à cliquer sur tous les liens, j'y ai mis discrètement des photos du jeu prises avec mon téléphone miteux qui ne sait pas faire la mise au point...

Ce jeu, nous vous l'offrons à la simple condition que vous nous achetiez un récit en rapport à la création d'une BD. Le gang Mazda, Bakuman, les professionnels, Pauvre Lampil, cimoc, la plume de feu ou pourquoi pas une monographie Hergé ? À vous de voir.

Le second jeu que je vous propose est bien entendu aussi affilié à la bande dessinée mais de façon plus classique. C'est un jeu sous licence, comme tant d'autres.  Un jeu Tintin.

Tintin et le piège du totem dhor.

Sorti en 1991, il est loin d'être le premier jeu du blondinet reporter (j'en vois deux datés de 1969!) et carrément loin hélas d'être le dernier (ils en ont sorti un tiré du film de spielberg en 2011...)

Les remarques sur lesquelles je ne cesse de tomber parlent d'un jeu très réjouissant en famille. Je n'en sais pas plus, au contraire de ces facécieux joueurs filmés qui vous expliqueront tout comme il faut:

Notre exemplaire du jeu semble complet mais je ne m'avance pas trop à ce sujet, les règles parlant d'une plaquette métallique que je n'ai pas réussi à retrouver. Peut être qu'en visionnant à nouveau la vidéo explicative ci-dessus, je parviendrais à comprendre ce qui manque réellement.

Ce jeu aussi vous est offert. Mais uniquement si votre passage à la boutique se conclut par un achat de BD ligne claire franco-belge. Ça tombe bien, nos rayons correspondants à la cave sont bien plein.

Enfin, s'il est possible de faire plus étonnant voici notre dernière suggestion:

Sexy Love

Je peux sentir votre profond désarrois à la lecture de ce titre. Non ce n'est pas tiré d'une bande dessinée pornographique. Ce n'est en fait pas tiré d'une bande dessinée du tout.  Ne criez pas à l'arnaque et attendez que j'y vienne.

Ce jeu, dans lequel vous devez naviguer dans la vie en séduisant des personnages non joueurs pour tacher ensuite de filer la parfaite idylle (avec eux de préférence) tandis que les autres concurrents vous mettent des bâtons dans les roux, est illustré par Wolinski! Libre à vous de ne pas aimer ce gars-là mais il faut avouer qu'en de nombreuses occasions, en dehors de ses BD, il est plutôt drôle. Son livre Le Bécoteur par exemple est génial à mettre dans les mains de tout ado mâle.

Sexy love est l’ancêtre à peine moins trash de Coups d'un soir. À vous de naviguer dans les eaux troubles  de la drague. Coups d'un soir est d'un mauvais gout absolu et éhontément assumé tandis que Wolinski oscille quant à lui toujours entre blagues plus ou moins douteuses et sous-entendus scabreux de bon aloi.  Vous jouerez donc probablement avec un sourire persistant sur le visage et enchainerez les soufflets nasaux qui sont la marque d'un rire qui ne valait pas la peine d'être verbalisé.

Le jeu a l'étonnante particularité de ne pas dissocier son plateau de sa boite. Ça rend le tout très massif mais crée une espèce d'arène de drague pas si désagréable. Dernière information: notre exemplaire est officiellement complet. (enfin un qui l'est!)

Vous vous en doutiez: Sexy love vous est offert... pour la modique somme de 10€ ou pour un achat incluant un titre de Wolinski dépassant cette même somme. Hé oui, le jeu est un peu plus difficile à dégotter que ses confrères.

Sexy love n'est même pas la seule forfaiture de Wolinski dans ce domaine puisqu'il produisit Salut les filles quelques 7 ans plus tard. Slogan du jeu: Avez vous l’âme d'un mateur? Ça fait rêver.

En fait la bande dessinée est très répandue dans les jeux de cartes/plateau. Ce domaine est d'ailleurs très varié et ne contient pas que des oldies.  Par exemple, un jeu de mémory sur Valentina de Crépax a été produit en 2013 et un jeu d'enquête qui reprend l'univers de Blake et Mortimer est en préparation.

 
DÉDICACE: COUPES À COEUR
 

Koren Shadmi de retour en dédicace aaapoumienne après l'excellent Abaddon.

 Il revient! La petite pépite américano-israélienne revient à Aaapoum bapoum après un silence radio d'un an et demi ! Nous avions acclamé son Abaddon puis avions eu vent de divers projets, la plupart encore en cours. Il revient le 20 novembre 2014 à partir de 18h avec Coupes à cœur, un recueil d'histoires courtes qui, à l'image de l'héroïne phare de l'album, est porteur de grands changements.

17,7 cm × 24,8 cm × 1,6 cm : son format est très Delcourt-ien. Ça soulagera à la fois vos étagères, après le très efficace mais un peu improbable format à l'italienne d'Abaddon, et le responsable de vos finances car le prix s'en trouve ajusté d'autant: 19€. Les tatillons auront remarqué qu'un Delcourt aurait couté dans les 15€. C'est vrai mais un Delcourt avoisine les 90 pages tandis que ce Coupes à cœur collectionne pas moins de 5 histoires pour un total de 134 pages.

Hé.

Mais fi de ces considérations techniques. Je ne pense pas être le plus à même à vous parler des différentes déconfitures amoureuses de ce recueil. Si Koren Shadmi choisi un medium visuel pour retranscrire ce dont il a envie de parler, je ne pense pas pouvoir faire mieux en paraphrasant verbalement. Ses histoires et ses peines sont profondément variées. Koren Shadmi a cette force de ne pas se répéter. Un crooner d'operette, un couple d'héroic-fantasy, un juif à rouflaquettes, une colocataire timide... Tout semble partir d'un cliché et dévier vers... l'inconnu trouble de la potentielle réalité. Le réel est imprévisible par nature, j'imagine. Koren Shadmi l'est tout autant.

À moins que...

Une idée rigolote est formulée dans la série de manga Baki : le principe de synchronicité. Elle est résumée en ces termes:

Quand de la matière, des êtres vivants ou encore des idées sans aucun lien apparent , se mettent à changer, en même temps, de la même manière, au niveau planétaire... c'est ce qu'on appelle la synchronicité!

Outre le bénéfice de m'avoir ancré Carl Gustav Jung durablement dans la tête, le petit texte explicatif de cette théorie me permet de comprendre, malgré les restes d'un petit sourire malicieux sur mon visage, comment à seulement quelques mois d'écart et donc selon un planning de création terriblement coïncidant, Koren Shadmi et Boulet ont pu sortir une histoire d'Heroic-fantasy du réel aussi similaire. Bien que fondamentalement différent dans le but, le propos, l'envie et le traitement (comme de juste) c'est tout de même très cocasse et troublant. Vous pouvez trouver l'histoire de Boulet dans le numéro 3 de la revue Papier du 04/06/2014 (ou la lire là...) et j'ai bien l'impression que je ne peux décemment pas vous en révéler plus.

Aussi ciselé que le titre.

Aussi ciselé que le titre.

Je n'ai pas l'ouvrage original sous la main mais je sais grâce à un détail qui me touche que Bérengère Orieux, l'éditrice et traductrice de Coupes à cœur a fait un excellent travail sur la langue. En effet, le titre anglais du recueil est Absent hearted, que l'on peut vaguement traduire je suppute par "sans cœur" (On me signale que c'est en fait plus complexe, basé sur un jeu de mot rappelant l'expression Absent minded, soit distrait).  Et se révèle alors toute la beauté de l'expression coupes à cœurs, dans une formulation très maline qui a la grande qualité de me rappeler les nombreuses parties de jeu de carte que j'ai pu vivre en famille tout en proposant un subtil jeu de mot qui ironiquement réchauffe le mien, de cœur.

La quatrième de couverture est aussi soignée que le titre et aussi bien composée que la subtilité du panel de destructions sentimentales contenu dans l'album.

La condition principale pour obtenir une dédicace est d'acheter un Koren Shadmi à la boutique. Vous n'êtes pas obligé de l'acheter le jour même: nous vous transmettrons un ticket de dédicace lors de votre acquisition. Toutefois, si vous vous présentez à la dédicace sans ce ticket, vous ne pourrez pas accéder à la table du dessinateur. Ne perdez pas votre sésame !

Vous pouvez, si vous préférez, demander une dédicace sur un tome d'Abaddon.

Les tickets ne seront cette fois-ci pas numérotés. Donc si vous arrivez tôt, vous serez sûr d'avoir une dédicace. Pas deux. Ou alors il faudra refaire la queue.

Que cela ne décourage pas tous ceux qui peinent à sortir du boulot à temps, nous savons d’expérience que Koren Shadmi est endurant et qu'il a la volonté de satisfaire ceux qui viennent le voir. Vos chances d'obtenir un dessin ne décroissent donc pas tant que ça en fonction de votre heure d'arrivée.

Bien entendu, si lorsque l'aube se lève il reste encore du monde attendant fébrilement, nous nous réserverons le droit de libérer le pauvre auteur et de mettre fin à la séance de dessin.