Même s'il s'agit d'un récit autobiographique, de Nina Bunjevac, on n'apprendra pas grand chose dans ces 152 pages. La Canadienne originaire d'un pays qui n'existe plus cherche surtout à écrire une biographie familiale et reste très pudique quant à sa propre histoire. Récit cyclique s'organisant autour d'une fracture initiale, Fatherland exorcise une douleur qui s'est étendue comme une tâche, et pour la comprendre il remonte aux arrières grands-parents de l'auteur. Cet acte relève certes de la psychanalyse familiale, mais ce faisant, Nina Bunjevac est aussi amenée à retracer l'histoire complexe et passionnante de la Yougoslavie. Ainsi que la cellule familiale dans laquelle est née l'auteur est déchirée entre deux continents, comme celle de ses grands-parents et de ses arrières grands-parents, on découvre aussi que les conflits yougoslaves ont été exportés jusqu'en Amérique du Nord. À la lecture de cette œuvre, j'ai d'une part vibré d'angoisse, mais j'ai aussi appris beaucoup de choses. L'idée que des ex-compatriotes s'entretuent à des milliers de kilomètres de leurs lieux de naissance est si fascinante... Cette complexité que produit la réalité manque bien souvent aux œuvres de fictions bédéïques.
Ci-après un petit feuilletage pour vous donner envie :Fatherland de Nina Bunjevac, éditions Ici Même, 152 p. N&B, couverture cartonnée, 24 €, traduction de Ludivine Bouton-Kelly, imprimé en France (bravo !). EAN : 9782369120087