Publications avec le tag bande dessinée
SOIRÉE VAILLANTE !
 

Oyez Oyez !

Bon peuple Aaapoumien, Sa très sainte Majesté accueillera en son sein l'illustre Prince Valiant le 10 octobre aux Vêpres (18h45), ou plutôt William Blanc, un historien médiéval épris de la bande-dessinée de Foster.

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Nous tiendrons conférence sur ce chevalier particulier, aux frontières de deux cultures et... il faut qu'il reste quelque chose à raconter, n'est-ce pas ?

Un beau chaos historique à démêler et surtout un dessin hallucinant et bourré de détail. Vous pourrez agréger un peu de connaissance sur le sujet, ce que la page Wikipédia ne permet guère (pour un bel exemple de pauvreté encyclopédique, c'est par ici http://fr.wikipedia.org/wiki/Prince_Vaillant_(bande_dessinée)).

Comme nous sommes joueurs, les gens qui viendront habillés à la mode médiévale baltico-méditerranéenne seront récompensés. Selon la qualité et l'investissement supposé de leur parure, ils repartiront avec un avoir de 1 à 30 euros. L'alcool n'est pas proscrit, si vous avez un ami brasseur et que vous voulez faire découvrir sa dernière cuvée, n'hésitez pas.

À très vite !

 
Les BD se cachent pour mûrir
 

Aaapoumiens, aaapoumiennes,

Bonjour !

En ce samedi d'avril où le temps devient clément, la glace finit de fondre et une cascade d'EO déferle dans nos rayons. Les bacs nouveaux arrivages débordent et les libraires frétillent comme des carpes.

Après en avoir étalé partout, rendant la boutique inaccessible pour les non-acrobates, nous avons fini par en ranger dans les bibliothèques.

Pour ceux qui auraient raté l'avalanche, je viens de faire disparaître dans les rayonnages :

- Tintin, ils ont marché sur la lune 30€

- Tintin, Carnets de route : Amazonie et Tibet, 15€ chaque

- Bal de la sueur EO 20€

- Cité lumière, Ted Benoit 13€

- Sarane, Lax avec dossier libraire 30€

- Agence Hermès T1 12 €

- Les révoltés T1 et T2 EO , 15€ chaque

- Monsieur Jean, l'amour, la concierge EO 28€

- Cités obscures, Murailles de Samaris RE 1984 20€

- Femme piège avec faux libération 22€

- Bruno Brazil, orage aux aléoutiennes, 16€

- Kit carson, l'ami des indiens, RE1971, 15€

- Histoire d'un dessin animé, Lucky Luke, 20€

- Philémon, l'arche du A EO1976, 26€

- Passagers du vent T1, EO, 45€

- Intégrale du magazine Corto 1/2/3/4 : 16€

- Des réed brochées de corto maltesse, état divers, prix divers, titres divers

- Îles et elles, Loustal, 15€

- Nosferatu, la Nuit, Druillet. 15€ chaque

N'hésitez plus pour passer nous voir, et encore moins pour nous demander de l'aide dans vos fouilles archéologicomics.

Igor

 
Malet et Criminal
 

Faits divers, Histoire et Bande dessinée

En dehors de la lecture d'illustrés pour la jeunesse, mon autre grande réjouissance littéraire est mon rendez-vous hebdomadaire avec le Canard enchaîné. Cette semaine j'ai été fort gâté avec le n°4765, car deux articles y semblaient des échos évidents du catalogue de notre librairie.

Tout d'abord parce qu'était chroniqué par Alain Dag'naud un livre paru au mois de janvier : La conspiration du Général Malet, de Thierry Lentz, aux éditions Perrin, qui raconte donc avec précision "l'improbable aventure du Général Malet, qui profita de l'absence de Napoléon, en campagne en Russie, et de la crise économique après l'éclatement d'une bulle immobilière, (…) pour tenter un coup d'état".

Tel est également le sujet de l'excellente bande dessinée de Nicolas Juncker parue chez Treize Étrange en 2005, dont le titre est tout simplement Malet. Or il se trouve que nous avons récupéré, il y a peu, une pile de ce pertinent ouvrage de 168 p., en première édition, que nous vendons au prix de 10€.

Ensuite, dans la toujours formidable chronique judiciaire de Dominique Simonnot, j'ai lu la mésaventure de deux jeunes braqueurs inexpérimentés, qui m'est apparue comme une version parodique et dérisoire de l'ouverture  de l'exceptionnel tome 1 de Criminal, cette bande dessinée étatsunienne de Ed Brubaker et Sean Phillips. Une ouverture dans laquelle, après un braquage foireux, le très prévoyant Léo échappe à l'étau des forces de police grâce à une panoplie de cycliste.

Or il se trouve que j'ai reperé dans le rayon comics de la rue Serpente un fort bel exemplaire de ce fameux tome 1, ainsi qu'un non moins beau tome 3. Ils sont tous les deux en occasion, à 10€ et peuvent permettre à un curieux de démarrer cette magistrale série noire, dont le tome 6 est annoncé sous peu en français par les éditions Delcourt (un tome assez surprenant au demeurant par son petit côté Colombo sans Colombo). Chaque tome de Criminalest une histoire complète pouvant se lire indépendemment. L'ensemble formant toutefois une fresque ou se croisent de nombreux personnages. Il vaut toutefois mieux lire le tome 2 avant le 4. Remarquez que nous n'avons pour le moment aucun de ces deux volumes, donc il n'y a pas de problèmes.

Que de joie dans un seul billet.

 
Récurrence de la figure eastwoodienne
 

Vanité des vanités...

par Vlad

S’il est un auteur de cinéma qui aura joué avec sa figure d’icône, c’est bien M. Eastwood. Il a toujours apporté un soin infini à la modeler, la modifier, à la nuancer, à la polir, à la salir, à la vieillir, à la durcir, à l’adoucir… Si bien qu’avec le recul on peut considérer que c’est bien dans cette auto-sculpture que réside le fond de son œuvre. Son visage s’ossifiant étant devenu le miroir dans lequel l’humanité peut contempler ses vanités.

Cependant quelque chose a totalement échappé à son contrôle, c’est l’utilisation de son image par la bande dessinée franco-belge.

La première apparition d’Eastwood sur nos planches eut lieu dans les pages de Pilote. C’est le grand Gotlib qui en est responsable, à travers une histoire de la Rubrique-à-brac sur le western spaghetti. Rétrospectivement je me demande même si ce n’est par cette caricature que j’ai découvert le personnage, ayant eu en main la version album de 1971 (taume deux) avant de voir Et pour quelques dollars de plus en VHS…

Par la suite, après que l’attrait du charisme eastwoodien eût éclos en mon âme en même temps que les boutons sur mon visage, après que l’image lumineuse et cinématographique du personnage eût trouvée à mes yeux la primauté qu’une caricature de papier n’eût jamais dû oser usurper, je découvris dans le champ du neuvième art que nombreux étaient les dessinateurs qui avaient retentés l’expérience.

D’abord il y eut Jean-Claude Claeys, qui à la manière de Marniquet vingt ans plus tard, aimait à truffer ses histoires de représentations d’acteurs.

Claeys a un grand talent d’imitation de la photo et il est naturel qu’il ait souhaité s’affronter, pinceaux à la main, à la nouvelle icône et l’intégrer aux côtés de Mitchum, Sinatra et consorts.

Ce qui m’a fortement dérangé quand j’ai découvert Magnum Song, c’est que Eastwood y incarnait un personnage secondaire qui, en plus, se faisait tuer vite fait.

Mais bon il jouait un tueur à gage sans foi ni loi, ce qui prouve que Claeys avait tout de même intégré la dimension iconoclaste de la figure eastwoodienne.

Ce n’était pas très respectueux mais c’était bien dessiné…

A peu près à la même époque un jeune belge (25 ans alors), Yves Swolfs fait lui aussi jouer  Eastwood dans ses bédés. Sauf que réellement épris, il lui donne le premier rôle. Assez rapidement il apparaît comme évident que le héros de cette série est un homme sans nom nommé Durango. Swolfs a eu la prudence de ne pas chercher à reproduire le visage de Clint. Certes Durango endossera la panoplie et la gestuelle de Blondin, mais comme un acteur cherchant à incarner un archétype. Ce n’est pas la ressemblance formelle qui compte, mais le poids du ressenti. En bon adepte de l’Actor’s Studio, Durango se coule dans le personnage jusqu’à se que la ressemblance paraîsse exsuder de l’intérieur pour se répandre sur la surface des traits. Dès lors qu’elle importance que ses yeux soient verts, que ses cheveux soient trop longs, qu’il ne soit pas très grand et qu’il ait le flingue de Trintignant ?! Devant nos yeux il rejoue indéfiniment l’Homme sans nom. Cette qualité est d’ailleurs la principale faille de la série. Se cantonnant dans la répétition formelle de ce qui a été fait, jamais Swolfs n’anticipera le miracle d’Impitoyable.

Le mitterandisme s’étant bien installé, la télé ayant été privatisée et la liberté d’entreprendre encouragée, les choses se sont gâtées…

De 1991 à 1992, les jeunes éditions Soleil nous proposèrent les deux tomes de Corpus Christi. Une série avortée comme beaucoup d’autres par la suite.

Le projet était audacieux : faire se rencontrer et s’affronter DEUX Clint Eastwood. Un bon un mauvais.

Le premier extrapolation de ce qu’aurait pu devenir le bon Rowdy Yates de Rawhide devenu shériff. Le second caricature vulgaire du cynisme de l’Homme sans nom. Le scénario de cette  tentative n’est pas désonohorant (d’ailleurs signé par un vieux de la vieille, M. Rocca / Ramaïolli), mais quelle prétention d’utiliser un piètre dessinateur (ou un débutant) pour cette interprétation.

Regarder les gesticulations de ces deux ersatz de Clint tâchant de se donner une contenance c’est comme assister aux efforts de T. Girod pour imiter servilement la prestance d’un maître quasi homonyme qu’il n’a jamais pu côtoyer : c’est pathétique et c’est infiniment douloureux car ça donne l’impression qu’il n’y a pas d’espoir pour l’humanité.

Reste la tentative plus tardive de Lamy et Yann sur Colt Walker. Le dessin est bien meilleur mais demeure inégal. Il est loin en tout cas de pouvoir prétendre élucider la magie des traits de l’icône américaine. La série, servie par un bon scénario, s’arrêtera au second tome. Yann est un honnête homme. Et son projet entamé il a compris qu’il avait lui aussi pêché par orgueil. Jamais la figure eastwoodienne, que ce soit dans sa beauté ou dans les étapes de son flétrissement , ne serait réductible au fantasme de maîtrise d’un dessinateur. Jamais les infinies variations de la surface de sa peau ne seraient capturables par les rêts d’un démiurge du dessin, aussi puissant soit-il.

Jean Giraud ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Suivant l’intuition de Gotlib qui avouait « que toute ressemblance avec Clint Eastwood est un vrai coup de pot !» (cf. illustration) si, dès 1974, il fait apparaître Eastwood dans Ballade pour un cercueil, il prend bien soin de l’utiliser à contre-emploi, lui donnant un rôle d'adjuvant rigolo qui meurt assez vite : celui du charlatan Hieronymus, le pourvoyeur de « l’elixir des dieux ». Giraud a bien compris que soit il va échouer à retranscrire la diversité monolitique des traits de la star, soit, s’il y parvient, le personnage va alors éclipser le lieutenant Blueberry en aura de virilité nuancée… Aussi se contente-t-il d’une brêve allusion drôlatique.

Finalement, le plus bel hommage que la bande dessinée franco-belge a rendu à l’icône on le doit aux Léturgie et à Yann, qui, dans Spoon et White rachète son orgueil passé : la figure du commandeur sera omniprésente dans la série, mais invisible. Les efforts de Spoon pour enfiler une panoplie qui ne lui sied guère sont à l’image des dessinateurs tentant de réduire et maîtriser le mystère Eastwood au détour d’un trait de plume.

Lire également :

Récurrence de la figure eastwoodienne, annexe 1 : Black is beautiful

Récurrence de la figure eastwoodienne, annexe 2 : Dans l'ombre du pistolero

Récurrence de la figure eastwoodienne, annexe 3  : L'oncle d'Irlande

Récurrence de la figure eastwoodienne, annexe 4 : Blah blah

Récurrence de la figure eastwoodienne, annexe 5 : jeunes talents Fnac 1999