Les Guerilleros de Jesús Blasco

 

Un méridional exubérant

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Dans cet album de 1980 reprenant en noir et blanc deux histoires complètes jadis publiées en couleurs dans le journal de Spirou à la fin des années soixante, on rencontre un pistolero nommé Ray Walker. C'est le héros. Il porte un tout petit chapeau et, à la façon dont il noue le ruban qui lui serre  le col, on peut supposer que pendant la guerre de sécession il devait être sudiste.

C'est bien connu, contrairement aux yankees, les rebelles ont toujours apprécié la fioriture vestimentaire. Ainsi il porte son colt la crosse en avant. De surcroit son holster est tantôt sur sa hanche gauche, tantôt sur la droite...L'acolyte de Ray est un jeune apache nommé Yuma. Comme tous ceux de son espèce qui ne forcent pas trop sur la bouteille, Yuma est un fin pisteur et il a du flair. Dans les deux aventures qui nous occupent les deux compères ont affaire à un sacré loustic : Don Pedro Alvarado de Guzman, un mexicain roublard et pochtron, mais terriblement attachant, un peu à l'image de son contemporain Tuco, le "truand" joué par Eli Wallach dans Il buono, il brutto, il cattivo de Sergio Leone.

Comme souvent quand le héros est un type insipide sans peur et sans reproches, confit dans ses certitudes et son machisme, ce sont les personnages secondaires qui portent le récit. Don Pedro est parfait : il met en péril les héros sans être vraiment méchant, il leur donne un coup de pouce sans être vraiment gentil. Surtout il est drôle et flamboyant et se montre tout à la fois grotesque (rampant en pyjama dans les joncs) et magnifique (mettant en déroute les sales types, insouciant de la mitraille sous l'effet euphorisant de l'alcool).

Tout ceci ne serait rien sans le trait de pinceau vif et généreux de l'espagnol Jesús Blasco, qui, s'il fut fameux de l'autre côté des Pyrénées, est resté quelque peu dans l'ombre par ici, excepté pour les amateurs de petits formats et de "bandes dessinées insolites", car il œuvra beaucoup pour la très étrange série anglaise Main d'acier (Steel Claw).

Il serait très regrettable que nos clients et lecteurs se privent de ce bon western, magnifiquement dessiné, alors qu'il ne coûte que 8€ dans notre librairie...

Ce qui pour un bouquin de presque trente ans et tiré seulement à 2100 exemplaires, est une affaire aguichante.