Mérite Maritime de Dubois et Riondet

 

Une série injustement méconnue

Couv_9545.jpg

Ils fument un tabac gras à la fumée lourde, ont, au coin des lèvres, des cigares fait pour être mâchouillés longuement par des mâchoires carrées, et un couteau replié dans la poche arrière du jeans. Dans tous les ports, des femmes les attendent, femmes de pêcheurs, sœurs de matamores gominés, anciennes putes au cœur à la mesure de leur solitude, ils les retrouvent le temps d’une escale, le temps d’une embrouille.

Le cambouis des machines et la rouille des tôles coincés à l’encoignure des ongles, ils vivent l’errance éternelle des marins, descendants d’Ulysse sur un cargo de fret.

A bord de « l’Amiral Benbow », se faire arnaquer par la vie est un lot commun, ça donne au moins une raison d’étancher sa soif. Combats de boxe truqués, pavillons de complaisance, boat people et marins embarqués de force, l’équipage croise sur sa route une humanité n’aspirant qu’à l’ailleurs, eux savent que tous les ports se ressemblent. Et ne comprennent le monde que loin de lui, face à l’immensité de la mer.

En une poignée d’histoires, servis par un dessin solide, épuré, le scénariste de  Simon du fleuve nous parle de nos existences de terriens par l’absence. Corto Maltese et le capitaine Haddock pourraient se croiser dans la cambuse de son cargo, et disserter à l’infini sur les trois sortes d’hommes existant : les vivants, les morts, et les marins.

Cette série, publiée dans le mensuel « A Suivre », a été retirée du catalogue Casterman depuis quelques années, une pierre de plus dans la tronche du débat sur la gestion de leur fond par les éditeurs… En attendant, Aaapoum Bapoum offre le mouillage à Mérite maritime, embarquement dock 23, ne vous laissez pas déstabiliser par les gueulantes du ‘pitaine, il est toujours ronchon et très à cheval sur la hiérarchie. La série est complète en trois tomes, qui sont en éditions originales (et pour cause, ils n’ont été imprimés qu’une fois). Le pack est à vendre pour 29 euros.