C’est pourquoi, une fois princesse Belle -cette garce immature- envolée au bout de quelques pages, la vie reprend son cours. Les adjuvants poursuivent leurs aventures, seuls, et quelqu’un prend le temps d’en témoigner. Ainsi, détail rare mais symbolique, le titre de ce récit là ne s'appuie pas sur le patronyme d’un héros, mais sur celui d’un lieu, le Château l’attente.
Un lieu jadis admiré, abandonné, puis rénové par les survivants désœuvrés. Tous et toutes, figures secondaires de la littérature de jeunesse et fantastiques, y émigrent pour trouver repos et reconstruire un autre merveilleux, moins épique, quotidien. Entre une cigogne, des elfes farceurs, un bébé monstrueux, sa maman femme battue en fuite ou une armée de bonnes sœurs barbues, autant dire que cette population croissante tient pour beaucoup de l’auberge espagnole.
Une richesse humaine particulièrement enluminée par l’approche généreuse des personnages, le temps consacré à les décrire, les écouter converser ou les observer se taire, se soutenir dans l’adversité ou se moquer. Ce Château L’attente est magique, autant pour les mystères qui s’en dégagent que l‘harmonie sociale qui s’y construit. Comble du luxe, l’ouvrage est d’une somptuosité rare, 450 pages avec reliure cousue, marque page en tissu et couverture de grimoire joyeux.
Son prix, lui, est extraordinairement bas. Cadeau de noël idéal, divertissement de l’année, les compliments manquent pour en parler. Quoi qu'il en soit, ce récit original peut convaincre quiconque, hermétique à l’heroic fantasy. De la même manière qu’il réussira à coup sûr à réveiller l’amour du genre chez ceux, amateur de bande dessinée, qui s'en sont écartés par lassitude. Magique, à bien des égards.