Thorgal 29 : la fin justifie le moyen
Acharnement thérapeutique
par Vlad
Le sacrifice, tome 29 de la saga familialeThorgal est présenté à grand renfort publicitaire comme la fin du cycle écrit par Van Hamme. Le doute est entretenu sur son ou ses successeurs et sur leur domaine de travail... D'autres Thorgal... ou un cycle consacré à son fils, Jolan ? Le dessinateur Rosinski, après avoir fait mine de vouloir arrêter, se déclare prêt à continuer, à condition que se soit en couleurs directes. La couleur directe est d'ailleurs le principal argument de vente de cet album. Sur un forum bédéïque que je fréquente, nombreux sont les lecteurs qui s'extasient devant la performance du dessinateur-peintre. Certes les harmonies chromatiques sont plus pêchues que par le passé, mais ce virage technique est surtout une astuce de la part d'un vieux routard pour masquer sa difficulté croissante à pousser ses crayonnés et à assurer un encrage aussi prestigieux que par le passé (tares bien visibles sur le précédent épisode, le pathétique Kriss de Valnor). Ce que ne parviennent pas à farder ces touches de peinture, c'est l'incapacité — qui relève de la répulsion inconsciente— de Rosinski à retrouver les traits de son héros. Thorgal change ainsi de tête à chaque page, pour finir totalement méconnaissable et difforme sur l'ultime case, maladresse qui achève de saborder l'émotion souhaitée .
Les incohérences scénaristiques, elles, sont tellement omniprésentes qu'on se demande si elles ne font pas partie d'un exercice de style nihiliste, et le recours quasi-systématique au deus ex machina comme moteur de progression de l'action est diablement lassant.
Merci messieurs, il était temps d'arrêter ! On pourrait même être satisfait de cet épisode en considérant qu'il vaut mieux que les deux précédents, s'il n'y avait les deux cases rédhibitoires que je vous laisse découvrir dans la suite...
Messieurs Rosinski et Van hamme, comment des auteurs peuvent fairevivre une situation aussi ridicule à un personnage qu'ils ont créé etqui les a accompagnés pendant 29 tendres années ?
Que nos amis qui n'ont pas encore lu cet épisode se rassurent, notre pataud héros n'aura bien sûr aucune bosse et conservera la totalité de ses dix doigts malgré ses expériences hasardeuses avec son épée. Au passage, ce serait pas mal de la faire correctement aiguiser... Mais il est vrai que les bons artisans se font rares.