KABOOM 2 : BILAN DE SOIRÉE ET PREMIÈRE LECTURE
Cher Alexandre,
Je te plains, toi, le valeureux combattant tombé au champ d'honneur. Tu as sué sang, eau pétillante et sandwich indien sur l'organisation de cette soirée. Tu as écumé les forums et les sites de référencement pour que ce soit un succès... Et voilà la soirée est là, nous y sommes et toi, toi tu n'es pas là... Tu es alité, enfiévré, anéanti, terrassé par la maladie, enfermé dans ta chambre aux rideaux tirés.Heureusement que je suis là pour te raconter ce que tu manques.
Donc nous avons commencé par faire les courses. Le grand Stéphane Beaujean a lui-même porté deux sacs de nourriture et de boissons. Il a, comme à l'accoutumée acheté des bonbons, des tartelettes dans des sachets fraîcheur et des chips à la betterave. Benoît Maurer, éditeur et aventurier, a tenu à ce que nous achetions de la bière en fût, quand bien même nous n'avions aucune idée de son mode d'utilisation, car elle était déjà fraîche...
Sinon il n'y a pas de discours, chacun discute avec ses voisins. Anton se plaint qu'il n'y ait pas de discours, ni de présentation collective, je lui dit qu'avec Benoît et Stéphane c'est toujours comme ça.
Hervé me dit qu'il va bientôt déménager. Il a déjà fait 120 cartons de BD... On me vante les mérites de Stéphane Beaujean.
C'est vrai qu'il est pas mal ce numéro de Kaboom. Le premier était bien, mais celui-ci est supérieur. Je n'en ai lu que la moitié (65 p. sur 130 exactement), mais c'est assez roboratif sans être étouffant. C'est comme dans un bon restaurant : lorsqu'on arrive à la fin du plat on aimerait bien qu'il y ait eu une ou deux bouchées en plus sans qu'on ait vraiment encore faim, alors on attrape un morceau de pain et on sauce son assiette, en l'occurrence on relit l'article en imaginant le petit feuillet manquant. Cette légère frustration permet de garder l'esprit alerte alors que la complétude de la réalisation de nos désirs nous aurait laissé alourdis, avachis, le ventre plein et la tête vide.
On pourrait reprocher à Kaboom de ne pas être défricheur ou avant-gardiste, de se contenter de capitaliser sur des artistes déjà presque tous adoubés par Télérama. Certes, mais Kaboom est en fait la dernière conséquence d'un long processus de légitimation du neuvième art et de ses circuits de distribution. Désormais presque installé parmi les arts, la bande dessinée n'a plus besoin d'être défendue bec et griffes par une petite meute hérissée et paranoïaque s'abreuvant à la critique cinéma, déjà passée par là deux générations auparavant. Non Kaboom n'est pas un journal révolutionnaire, ni rebelle, ni avant-gardiste. C'est juste une revue qui permet de creuser un peu autour d'œuvres et d'auteurs importants dans le monde de la bande dessinée. Elle s'adresse aussi bien à l'érudit qu'au profane. On peut noter d'ailleurs une améloration dans la présentation pédagogique des sujets par rapport au premier numéro. Kaboom est là pour réconforter l'amateur de BD, lui souffler qu'il n'y a aucune honte à lire de la BD, que c'est une activité aussi honorable qu'aller faire un plein d'essence, de se rendre au cinéma ou s'échanger des recettes de cuisine. Car contrairement à ce que disait Stéphane Beaujean il y a quelques années la bande dessinée n'est pas un mode d'expression inférieur au cinéma. Kaboom dit aussi à celles et ceux qui ne lisent guère de BD et qui se tienne au bord : "Non la bande dessinée n'est pas un truc de spécialiste, ni un truc replié sur lui-même ; oui c'est un média qu'on peut appréhender directement, sans initiation compliquée". Sortir la critique BD de ses trois écueils (la masturbation, l'hermétisme et la gnangnantise) c'est déjà pas mal. Si le prix à payer est une certaine branchitude parisienne j'ai tendance à penser que ce n'est pas si grave.
Kaboom n°2, 130 pages, couleurs, 6,95 €, en vente chez votre marchand de journaux, ou chez Aaapoum Bapoum, que ce soit sur place ou par correspondance :• Couverture Ken.• Couverture Superman.