On pourrait reprocher à Kaboom de ne pas être défricheur ou avant-gardiste, de se contenter de capitaliser sur des artistes déjà presque tous adoubés par Télérama. Certes, mais Kaboom est en fait la dernière conséquence d'un long processus de légitimation du neuvième art et de ses circuits de distribution. Désormais presque installé parmi les arts, la bande dessinée n'a plus besoin d'être défendue bec et griffes par une petite meute hérissée et paranoïaque s'abreuvant à la critique cinéma, déjà passée par là deux générations auparavant. Non Kaboom n'est pas un journal révolutionnaire, ni rebelle, ni avant-gardiste. C'est juste une revue qui permet de creuser un peu autour d'œuvres et d'auteurs importants dans le monde de la bande dessinée. Elle s'adresse aussi bien à l'érudit qu'au profane. On peut noter d'ailleurs une améloration dans la présentation pédagogique des sujets par rapport au premier numéro. Kaboom est là pour réconforter l'amateur de BD, lui souffler qu'il n'y a aucune honte à lire de la BD, que c'est une activité aussi honorable qu'aller faire un plein d'essence, de se rendre au cinéma ou s'échanger des recettes de cuisine. Car contrairement à ce que disait Stéphane Beaujean il y a quelques années la bande dessinée n'est pas un mode d'expression inférieur au cinéma. Kaboom dit aussi à celles et ceux qui ne lisent guère de BD et qui se tienne au bord : "Non la bande dessinée n'est pas un truc de spécialiste, ni un truc replié sur lui-même ; oui c'est un média qu'on peut appréhender directement, sans initiation compliquée". Sortir la critique BD de ses trois écueils (la masturbation, l'hermétisme et la gnangnantise) c'est déjà pas mal. Si le prix à payer est une certaine branchitude parisienne j'ai tendance à penser que ce n'est pas si grave.
Kaboom n°2, 130 pages, couleurs, 6,95 €, en vente chez votre marchand de journaux, ou chez Aaapoum Bapoum, que ce soit sur place ou par correspondance :• Couverture Ken.• Couverture Superman.