Publications dans Août 2010
Priest au ciné
 

Ça sent bien la daube... 

  L'une de nos meilleures séries (et vente) manwha débarque sur la grande toile. Un projet déchainant l'excitation des fans autant qu'il effraye. Dirigé par le réalisateur d'un des pires films du samedi soir récent: Légion, et confiant le rôle titre du prêtre purificateur de démons à Paul Bellamy (plutôt bon dans Master et Commander,  mais nul à pleurer dans Légion).

Voici le bande annonce récupéré opportunément sur Manganews

http://www.manga-news.com/index.php/actus/2010/08/18/Trailer-du-film-Priest


Les lecteurs assidus auront remarqué la transposition de l'univers western original en soupe  S.F plus" bankable".

Bon, le projet a été mainte fois repoussé, laissant planer le doute sur la crédibilité et surtout la qualité du long métrage. Perso, je n'y miserai pas un Kopeck mais le wait and see est toujours de rigueur...

Priest, Hyung Min-Woo, éditions Tokebi, 5€

 
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Soldeur Soleil

Regarde-moi ça mon gars toutes ces belles couleurs ! Vas-y, vas-y entre donc ! C'est pas beau ça ? Hein ? Des belles bédés colorées et tout. En état neuf ah oui ! Et moins chères que neuves ! Et à profusion en plus ! Quoi ? Pas si moins chères que ça ? Oh mais dis-donc, regarde un peu que c'est quand même des premières éditions, ou presque !

T'en vois souvent, toi, des Tigres volants ? Ah oui mon gars, ça c'est la classe volante, quand tu as lu tous les Buck Danny il te restera encore les Tigres Volants ! Et oui on a même le tome 5 qu'est rarissime. Et les Harry Dickson, tu les as déjà vus tous ensemble comme ça... C'est beau. Harry Dickson, c'est le Sherlock Holmes américain. Et si t'aimes pas les Américains, c'est pas grave, c'est presque entièrement français. De toutes façons on a aussi reçu du Sherlock Holmes. Et puis du Mycroft Holmes aussi. C'est presque son frère, sauf qu'il vit dans l'espace et que c'est Arleston qui scénarise. Et Manini qui dessine. Il dessine "très bien mais il va trop vite" dit Laetitia. Et les couleurs dans Mycroft !! Purée quelle insouciance à l'époque ! Les coloristes découvraient l'infographie et c'est dingue ce qu'ils étaient décomplexés ! De nos jours plus personne n'ose des trucs aussi avant-gardistes... À part chez Bamboo-Grand-Angle, mais ceux-là ils sont vraiment foldingos !

Tiens à propos d'Arleston, on a reçu Flibustor, des gags hilarants publiés à l'origine dans Lanfeust Mag... OUI ! Les 22 premiers ou à peu près sont scénarisés par Arleston lui-même, sauf qu'après c'est directement écrit par le dessinateur DAV... Oui Dav, qui se lâche carrément. C'est à base de vomi et tout et c'est difficilement résistible. Comme le dit un lecteur sur la fiche bedetheque.com de cet album : 

"Tout simplement mortel !...

Le capitaine Kiff est difficilement battable dans la conerie !...

Respect pour Dav.

Vivement le tome 2."

Un album qui plaît aux enfants mais pas aux mamans, tout un programme.

C'est bien simple, y'a tellement de nouveautés que c'est affolant, on est à court de bristol jaune pour nos étiquettes... Tiens regarde là-bas, y'a même des Wanted. Oui c'est le même dessinateur que Blouberrie, Girod. Il y dessine peut-être même un peu mieux. Wanted c'est pas un petit joueur. Blam Blam. On a mêêêêême le tome 5 qu'est rarissime. Oui comme tous les tomes 5 chez Soleil.

 
Shuehiro Maruo
 

Lui, il est trop bizarre pour ne pas être un auteur Aaapoum

On dira que je recycle, mais c’est pour la bonne cause. Et puis au mois août, avec tous les collègues en vacances, le temps disponible est réduit. Alors voici une petite critique du dernier Album de Maruo parue chez Casterman. Loin d’être le meilleur livre de cet auteur, il a l’avantage d’être plus accessible. Chez Aaapoum, vous ne le trouverez pas, mais vous trouverez tous ses autres livres, les plus sombres, les plus violents, les plus viscéraux, de cet auteur à l’œuvre étrange.

Et en octobre, comptez sur nous pour vous présenter son dernier chef d’œuvre, La Chenille, adapté du roman d’Edogawa Ranpo, qui conte le retour d’un soldat japonais salement mutilé dans son village. Peut-être même une expo, ou au pire trois-quatre planches originales issues d'une collection privée, viendront agrémenter cette sortie. On vous en reparle bientôt. En attendant, la critique de son dernier ouvrage traduit en français, pour les timides, les pudiques, qui voudraient prendre la température avant d’entrer pleinement dans l’une des œuvres les plus sombres et les plus raffinées de la bande dessinée japonaise comtemporaine.

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Suehiro Maruo d’après l'oeuvre d'Edogawa Ranpo L’Île Panorama. Casterman, traduit du japonais par Miyako Slocombe, 280 pages, 13,50€

L’union de Suehiro Maruo et Edogawa Ranpo relèvait de l’évidence. Le chantre moderne du manga érotique gore associé au défunt père littéraire du genre, tout le monde en rêvait. L’Île panorama, adaptation en manga du roman éponyme de 1927, transforme enfin cette aspiration en réalité. Ce paradis terrestre, création malade d’un étudiant raté que la richesse vient soudainement encourager, est le cadre parfait où célébrer le mariage de ces deux artistes rongés par les obsessions d’idéal et de beauté.

Maruo, comme Edogawa Ranpo en son temps, chante depuis toujours l’éloge d’une « beauté idéale », créé tout entière de la main de l’homme, soumise à des principes, des règles, et une finalité. Par ricochet, et là leurs œuvres s’accordent encore plus particulièrement, tout deux mettent en scène avec une pointe de plaisir pervers la destruction de la « beauté pure », cette splendeur spontanée qui fleurit où bon lui semble, insoumise au désir des hommes comme à leur volonté. L’Île panorama, Eden pantagruélique engendré morceau après morceau par un fou capable d'usurper l’identité d’un milliardaire pour financer son projet, ne parle que de cette dualité là. Et Maruo travaille à la mettre en images.

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D’un coté, il flatte le devenir sublime du réel. La dentelle des pétales de fleurs, la cime accidentée des reliefs montagneux, les nervures des bois les plus rares, le plumage des oiseaux exotiques… quoiqu’il représente l’abondance du détail dans les compositions témoigne d’une précision maniaque, du choix délicat et d’une rigueur qui épousent à la perfection les préoccupations esthétiques de Ranpo.

De l’autre côté, cette vision du sublime apparait comme une perversion du réel dans le regard de la beauté pure, cette femme magnifique qui prend lentement conscience que l’homme qui se tient désormais à ses côtés n’est plus celui qu’elle a épousé. L’horizon se déséquilibre, le reflet de son visage se distord sur les parois de l’aquarium… le combat entre beauté pure et beauté idéale fait rage dans le corps même de la bande dessinée. L’Île panorama, au final, manque certainement de cette perversion dans le traitement du sexe et de la violence qui fait le sel des mangas de Maruo et des romans policiers de Rampo. Mais l’adaptation promet d’ors et déjà le meilleur pour La Chenille, plus extravagant et libidineux encore, attendu avant la fin de l’année.

Chez AAAPOUM :

Vampire 1 & 2, éditions Lezard Noir

Yume no Q-Saku, éditions Lezard Noir

Lunatic Lover's, éditions Lezard Noir

La Jeune fille aux camélias, éditions I.M.H.O