Un chef, deux couillons et les zombies
À propos de Zombies, éditions Soleil
Pour avoir un bon récit de zombies et de survivants, il faut que les survivants fassent des erreurs, sinon on retombe dans la gestion prudente d'un quotidien en temps de pénurie. Ainsi une des qualités nécessaires à un bon scénario de ce genre consiste en de bonnes justifications des motivations qui amènent ceux qui avaient si bien survécu jusqu'ici à commettre une bourde délétère.
À l'aune de ce critère Zombies T.1 La Divine comédie, de Peru (scénario) Cholet (dessins) et Champelovier (couleurs), paru chez Soleil le 23 juin 2010, n'est assurément pas un bon album.
L'intrigue générale ne partait pas trop mal, malgré son titre ronflant, sa citation de Dante en quatrième de couverture, son dessin de débutant et ses dialogues aux effets trop attendus, scories d'une éducation où la littérature fut réduite à la lecture des slogans d'accroche sur les affiches de films étasuniens... seulement voilà, page 42, quasiment à la fin de l'album, arrive la motivation tant attendue qui justifiera la boulette et la tragédie finale...
Voyez sur l'extrait ci-dessus. Dans la première image, les deux gars au premier plan ont avisé un hangar de basketball fermé. Ils ont soudain vachement envie de posséder des ballons de basket... Ah la légèreté de l'humanité, son insouciance enfantine en période de crise, c'est touchant, c'est ça qui fait que nous resterons des êtres humains, alala !
Qu'importe que leur chef, le barbu à chapeau, accroupi juste derrière, leur ait dit deux planches avant "On évite de rentrer dans les maisons et on se concentre uniquement sur les rues". D'ailleurs que fait-il le leader, pendant que les deux couillons ouvrent tranquillement le gymnase ?
Il lit un des nombreux tracts dispersés tout autour du lieu... C'est à ça qu'on voit que c'est le chef, il a des poils et il réfléchit, il s'informe et observe. Dommage qu'il mette tant de temps à lire les quelques lignes qui disent que tout les infectés ont été enfermés dans le gymnase et qu'il ne faut surtout pas l'ouvrir. Pendant ce temps les deux couillons ont le temps de s'approcher de la porte, d'en soulever la barre de fermeture, etc... Faut dire que les prévenants citoyens qui avaient préalablement enfermé les infectés dans le fameux gymnase, auraient mieux fait de peindre vite fait un truc sur la porte, genre "Attention zombies", plutôt que de passer chez l'imprimeur faire tirer un tract que presque personne ne prend la peine de lire et qui en plus fait dégueulasse répandu sur le sol.
Zombies, T.1, un exemplaire en occaz à Serpente, prix 9€ (prix neuf : 13,50€)