L'Aigle de Rome de Jean-Claude Gal
Avant le temps des cathédrales
Lorsqu'il dessine L'Aigle de Rome, le jeune Jean-Claude n'a encore rien publié. J'imagine qu'il s'est lancé dans cette entreprise en solitaire, avec l'envie ardente de prouver sa valeur au monde. Son inspiration est marqué par deux courants. Un goût de la fantasy et un attachement aux paysages de l'Ouest américain. Il marie alors ces deux envies dans un péplum, un genre qu'il affectionne également, et qui dans son esprit, si l'on en juge par le résultat, se situe à l'intersection de l'Heroïc Fantasy et du Western.
L'action se situe en Espagne au premier siècle avant J.C.. Après la conquête, les légions romaines tentent de maintenir la paix dans ces régions farouches. La structure de l'aventure est tout à fait celle d'un western.
Le héros, le centurion Marcus Flaminius est un excellent sous-lieutenant de cavalerie, à l'esprit indépendant et compréhensif vis-à-vis des populations indigènes, ici des tribus ibères parfaites en indiens parqués dans leurs réserves. Le camp de la Xe légion fait un très bon siège pour le 10e de Cavalerie. D'ailleurs l'Espagne est un substitut avéré de l'Ouest américain, quand on voit le nombre de westerns tournés dans le désert d'Alméria. Les Romains et les Ibères possèdent chacun leur quota de fanatiques belliqueux prêts à rouvrir les hostilités. Solitaire et de plus en plus barbu, le Centurion Flaminius est le seul qui puisse sauver la paix... Ramènera-t-il a temps l'étendard de la légion, l'Aigle, dérobée (oui au féminin) par les indigènes (oui comme au début de la série télé Rome ; un ami lettré me souffle qu'il doit y avoir une histoire comme ça dans La guerre des Gaules).
C'est déjà du bon noir et blanc mais le dessin est encore un peu rigide, les figures sont comme extraites de la pierre... Dans la suite de sa trop courte carrière, l'artiste, à force de minutie, parviendra à faire de ce défaut une qualité, définissant les contours d'un style magistral et hiératique, traitant avec le même soin les figures et les décors... Un sculpteur de cathédrales en quelque sorte.
Lorsque nous avons racheté la fin du stock de l'éditeur Pierre Charles, il restait un peu de ce titre mémorable, en parfait état... Mais pas du tout dans les mêmes quantités que les autres titres du petit catalogue. Aussi, notre prix de vente tient compte de cette rareté : 30 €.
A noter en plus de cette histoire complète, une vingtaine de pages concentrant diverses illustrations et histoires courtes de Jean-Claude Gal.