Stones ou Beatles ?
Lucy in the sky with diamonds
Les éditions Stardom continuent de distiller à leur rythme pépère les aventures de Mœbius à l'intérieur de lui-même, si bien que le décalage entre l'exécution des pages de ce journal crypté et leur parution semble s'accentuer. Inside Mœbius 4 est donc paru.
Je reste partagé sur la nécessité du projet et sur la fraîcheur du résultat. Le nouvel opus ne déroge pas à la règle. Le caractère revendiqué de la vacuité de la plupart de ces planches ne les rend pas plus pertinentes ni moins redondantes. L'auteur s'y perd la plupart du temps en auto exégèse inutilement explicative. L'ouvrage contient néanmoins quelques pépites d'humour et de belles trouvailles. Par ailleurs, le troisième tiers, bien plus fouillé graphiquement se révèle bien plus surprenant et réjouissant de lucidité. Comme si l'esprit du créateur ne se libérait réellement que lorsqu'il soumet sa main à une plus grande contrainte.
Mon camarade et collaborateur Stanley me confiait son agacement devant la case reproduite ici. Comment une telle confusion avait-elle pu se faufiler sans corrections jusqu'à la publication ? Au début je n'accordais pas la même attention à cette supposée bourde. Après tout, Inside Mœbius, tel qu'il nous a été présenté jusqu'ici, n'était qu'un journal de bord, écrit dans l'automatisme de l'improvisation. Document supposé brut, il pouvait se passer de retouches...
Or, il faut constater que l'apparence de l'objet, son caractère luxueux, sa mise en couleurs de plus en plus soignée, sont en parfaite contradiction avec le projet. De plus dans cette dernière livraison on pourra d'ailleurs remarquer que certains lettrages ont été entièrement refaits... Sans doute suite aux remarques des lecteurs parfois perdus devant les gribouillis ornant les phylactères des précédents Inside (oui, quand on est amateur de "Mœb" on se doit d'user de délicieux diminutifs).
Ainsi ce qui serait passé sans problème dans une exercice de diarrhée créatrice à la Sfar devient douteux et ambigu une fois inscrit en lettres d'or dans un ouvrage au final peu spontané aux atours parfumés. Dès lors toutes les interprétations deviennent plausibles. Simple erreur ? Lapsus calami ? Humour vaseux ? Gâtisme ? Conséquence du sevrage cannabique ? Indice pour une révélation ultérieure des arcanes giriens ?
La suite, annoncée pour... février 2009, nous éclairera peut-être, mais est-ce vraiment à souhaiter ?
Dans nos archives : Inside Mœbius 3, L'E dans l'O, mars 2007