Les alliés objectifs de la librairie

 

par Vlad

Malgré les plans numériques de la croissance des débits et l'ébauche du e-livre, notre métier à encore de beaux jours devant lui. Les beaux livres et les bandes dessinées seront sans doute les derniers bastions à succomber. Et l'avantage par rapport à un support aisément multipliable, c'est que pour avoir une œuvre en deux exemplaires, il faut la racheter.

Ce préambule étant établi, nous allons passer en revue quelques uns des facteurs qui peuvent pousser les amateurs de bédés à acheter plusieurs fois le même livre dans le cours de leur existence.

1) Les mères et leur soif de rangement.

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La mienne n'aurait jamais fait ça, mais apparemment les mères des autres le font couramment. De nombreux clients viennent en effet nous trouver pour nous dire qu'ils recherchent telle ou telle collection de leur enfance que leurs mères aurait "balancée" ! Quand on leur présente la collection convoitée (peut être  précisément la même, sait-on jamais...) à son prix actuel, on décèle un pli mauvais dans le coin de la bouche de l'acquéreur et on peut deviner la noire rancœur revancharde à l'encontre de sa génitrice. Quand cette dernière est encore vivante on peut aisément conjecturer que le rejeton va se faire un plaisir d'aller lui présenter le ticket de caisse : " Regarde un peu le prix de ce que tu as jeté !".

Les rejetons oublient généralement de se rappeler que lorsqu'ils ont quité la cellule familialle, la fameuse collection de Strange leur paraissait tout autant insignifiante et encombrante qu'à leurs parents, sinon, il l'aurait emportée et non pas stockée à la cave de ces derniers pour dix ans.

2) L'inconstance des relations amoureuses.

Lorsque l'on aime, on ne compte pas, on partage tout. Les passions de l'un rejaillissent parfois sur l'autre, dans un grand souci de communion. A l'heure de la rupture il faut alors partager la bibliothèque... Douleur. On s'aperçoit parfois que les livres de l'ancien conjoint finissent par nous manquer plus que ce dernier...  Parfois, l'autre, révélant toute sa mesquinerie est parti avec vos propres livres (mes copines n'auraient jamais fait ça). Il faut alors les "racheter". Vive les ruptures.

3) Les inondations.

Ah... l'humidité des caves et la fonte des neiges sont de précieux alliés du libraire. Toutes ces collections précieusement stockées à la campagne en zone inondable, réduites en l'espace de quelques jours à une bouillasse multicolore et malodorante ! Attention : cet allié peut se retouner contre le libraire : à Aaapoum, par exemple, dont une partie de la réserve se trouve à la cave, nous redoutons la prochaine "crue du siècle" de la Seine, qui ne devrait pas tarder...

Je sens qu'il à matière à compléter cet aperçu. Au prochain épisode donc.