L'éprouvette n°1 est distillée

 

Un peu de carburant pour nos cerveaux

par Vlad

Ilest arrivé avant-hier ! Je l’attendais avec impatience ! Un critique denos relations en avait ramené un d’Angoulême et m’avait bien mis l’eauà la bouche en m’en lisant quelques passages délectables ! Le numéro 1de la nouvelle revue théorique de L’Association est disponible !

L’objet est à la hauteur de mes attentes.

Comme on peut le voir sur la vidéo ci-dessous, il est bien épais, bien imprimé, doté d’une belle maquette… (Lavidéo est privée de son, mais ce vous montre mon doigt boudiné c’estque le n° d’ISBN est bien dissimulé à l’intérieur, au sein d’ungénérique-ours facétieux, ce qui a beaucoup agacé nos voisins librairesde neuf, gestion informatique normalisante oblige, mais qui nous a bienamusé nous). Le tout à un prix raisonnable (20 €).

Ce premier numéro prolonge la réflexion entamée avec dynamisme et clarté par J-C Menu dans son ouvrage paru l’an passé : Plates-bandes (pourceux qui ne l’ont pas lu ce petit livre vilipendait les gros éditeursde BD qui empiètent sur le terrain de « l’Avant-garde », notion qu’ilpréfère à « éditeurs indépendants »).

Le volume mêle agréablement le distractif et le rélexif. L’humour de l’ensemble rendant plus digeste les passages les plus ardus (l’article Avant-garde & Monde-miroir, dans lequel Pacôme Thiellement tisse des liens entre Forest, Frank Zappa et Jacques Rivette a bien fait chauffer mes neurones atrophiés !). L’équipe rédactionnelle montre un souci constant de s’inscrire dans une continuité historique et surtout d’élargir son champ de références à l’au-delà du ghetto bédéïque. Ce qui est très plaisant dans ce projet, c’est que de même qu’il considère la bande dessinée comme un art qu’il faut traiter avec la considération qu’il mérite, il ne prend jamais les lecteurs pour des cons. Ainsi, le dossier consacré à la dédicaçomanie est davantage compatissant que réellement méchant. Il présente le grand mérite d’aborder ce phénomène comme une pathologie compulsive, soigneusement entretenue par les éditeurs. En tant que dealeurs professionnels nous pouvons témoigner de la justesse des observations ici recueillies (cf. notre note Le client drogué du jour) ! Outre ce dossier particulièrement jouissif, je vous recommande la très intéressante interview de Latino Imparato gérant du distributeur le Comptoir des indépendants (qui nous présente le point de vue d’une profession jusqu’ici pas trop consultée par les experts du microcosme) et la colère d’Yvan Alagbé (que nous partageons !) quant au saccage de l’œuvre de Ben Katchor par Casterman (Julius Knipl en collection Ecritures).

Il est probable que la presse ne retiendra de cette entreprise que les bordées d’insultes que J-C Menu distribue avec générosité à différents protagonistes du monde de la bande dessinée. Il faut bien dire que l’éditeur n’a pas peur d’accroître la liste des ses ennemis et que la question de l'art semble pour lui vitale ! Il ne faudrait pas que l’anecdotique prenne le devant : l’éprouvette (que l’on se retrouve ou non dans les vues qui y sont exprimées) est ce qui est arrivé de plus stimulant intellectuellement dans le petit panorama du discours sur la bande dessinée depuis les premiers numéros de la revue 9e art.