GUARDIAN DOG
Les japonais et la difficulté de l'obligation humoristique
L'auteur l'avoue d'entrée de jeu, son histoire aurait dû être une comédie sentimentale centrée sur le personnage principal. On voit tous ses efforts pour intercaler de l'humour entre les scènes d'action mais on sent aussi que le scénariste s'est assez vite retrouvé emporté par son récit. Dès la jaquette du premier tome il espère "pouvoir revenir au plan initial". Je ne dévoile rien de grave en avouant qu'il n'y arrivera jamais vraiment mais en échange, il nous propose diverses situations qui n'auraient pas forcément trouvé leur place dans une telle comédie.
Genko Kurosaka est un lycéen absolument banal. C'est très important d'être banal dans la vie, ça permet de vivre tout un tas de choses excitantes à la première occasion. D'ailleurs! Un alien en plein délit de fuite décide un beau jour de fusionner avec lui au détour d'une rue. Je vous l'avais dit, soyez banal. Cet alien-là a visiblement fait deux ou trois broutilles pas très nettes car il est poursuivi par une espèce d'agent de police spatial sexy -au statut finalement un peu plus trouble- qui semble prendre la traque très à cœur. Sans rentrer dans les détails croustillants (qu'il vous faudra découvrir par vous même), je peux vous dire qu'elle fait partie d'une espèce supérieure dont le rôle est de réguler par la violence l'apparition de parasites sub-spatiaux phagocytant agressivement de pauvres autochtones surpris .
6 yeux, l'alien du début coincé dans le lycéen banal -oui, il n'a pas de nom et la société a basé la construction de son identité sur une particularité physique dont tout le monde a dû se moquer quand il était petit, à l'instar de nos "feuilles de chou" ou "dents de cheval". Ça vous dirait de vous appeler Petites Narines, vous?- et Ishtar, la fliquette (Observer est en fait le terme exact) qui peine à trouver des tenues appropriées, vont finalement cohabiter. Ishtar étant une extraterrestre, elle a comme de juste du mal à s'habituer à nos coutumes et sans surprise plus spécifiquement à habitudes vestimentaires.
Quelle est donc cette chose qui point dans les environs du caleçon du héros? C'est le ressort humoristique bien entendu et Genko Kurosaka / 6 yeux devra éviter à tout prix qu'il se tende trop devant cette impudique. Voila de quoi assurer à l'auteur son lot de situations scabreuses et de gêne corporelle. Pourtant, c'est d'un autre personnage que viendront les avances les plus soutenues et si finalement l'auteur ne se prive pas, il n'arrive pas non plus à en faire l'élément prépondérant de son récit. Le cœur de l'histoire est centré sur divers affrontements qui nous préparent tous un peu plus à l'arrivée des grandes révélations. L'auteur alterne entre ces deux types de péripétie de façon très cyclique, faisant apparaître chaque interlude humoristique comme un moment de repos grâce à des changements de rythme très marqués, parfois peu naturels. Une grande constante demeure: le personnage principal profère pas mal d'âneries. Il se place rapidement sous l'égide artificiellement fraternelle d'un inconnu encore pire que lui mais mystérieux et puissant. Et pseudo-pervers. Une figure qui nous manquait.
J'aurais bien aimé vous parler d'une autre série, Tetsuwan Birdy, en parallèle mais c'est impossible car bien que l'intrigue repose aussi sur la fusion entre une entité extraterrestre et un lycéen, les deux séries n'ont pas grand-chose en commun. Je me contenterai donc de notifier ici que nous profitons de cet article pour passer Tetsuwan Birdy de 5€ à 3.5€ dans nos rayon et que de ce fait, notre pack collection complète de 11 volumes voit aussi son prix diminuer de 50€ à 33.5€. Profitez-en.
En revanche, je peux vous parler un peu de la série Parasite car un personnage central nous fait le plaisir d'offrir au détour d'une scène d'action une simili réflexion sur la notion d'identité (et la façon dont elle peut perdurer même à travers une assimilation). Cette pensée se retrouve assez promptement remplacée par des révélations musclées de plus grande ampleur mais l'affiliation est palpable. En effet, comme dans Parasite, l'organisme spatial doit en temps normal prendre totalement possession du corps de son hôte, tuant de cette façon sa conscience et ingérant son identité pour mieux l'utiliser. Logiquement, quelques exceptions se présentent. Que faire alors lorsque l'hôte reste conscient ou que les deux esprits se mélangent trop? Cette ligne scénaristique ne fait pas long feu mais permet à la fin du récit de gagner un tantinet en profondeur narrative.
Cette fin combine encore de nouveaux éléments, qui ont fait le succès de séries comme Fullmetal alchemist ou Mirai nikki, mais je ne m'appesantirai pas plus sur ses qualités. Pourquoi? Car hélas, vous ne pourrez pas l'obtenir dans le pack que nous vous proposons en ce moment. En effet, la série comprend 4 tomes tandis que notre pack n'en contient que 3, c'est fort ballot. Mais ça ira. Vous ne serez pas plus frustrés que si vous attendez la prochaine saison de votre série télévisuelle favorite. (Ce qui n'est pas rien tout de même, je le concède.) Le récit est justement découpé en trois pseudo-arcs: la résolution de la toute première rencontre qui permet d'asseoir les bases scénaristiques du récit puis les diverses révélations qui, en apothéose, se concluent au bout du tome trois pour aboutir au combat final, conclusif au possible . Donc vous obtenez toutes les réponses. Ne restera plus qu'à constater si le héros arrive à mettre la pâtée à qui de droit, ce qui est plus facile à gérer qu'un cliffhanger malvenu.
Guardian dog, ki-oon, 3T, 9€! Au lieu de 22,50€ à l'origine ou 5€ par tome en temps normal dans nos rayons.