Quelques tomes du one-shot Wolverine : Saudade viennent former une petite pile rue serpente. On peut reprocher deux trois choses à ce récit de Morvan et Buchet mais sûrement pas leur compréhension du personnage qui découpe à tout va dans des élans bestiaux mémorables, qui pèle le bras de ses ennemis avant de réinsérer ses propres tendons dans son corps et qui, tout simplement, fait preuve de sa retenue habituelle.
Et non pas : dédicace-moi, jardinier citadin !, qui vous en conviendrez transmet un petit côté licencieux qui n'est pas sans rappeler les gauloiseries télévisuelles du samedi soir très tard.
Min-ho Choi, auteur de Moi, jardinier citadin et visiblement... jardinier citadin, nous fait la surprise d'une apparition parisienne après quelques jours dans la capitale des assiettes fragiles (Limoges, aussi connue pour une superbe médiathèque me précise Igor). Il passera un petit moment en notre et votre compagnie lelundi 7 avril de 17h30 à 20h. C'est son unique traversée des environs et il faudra attendre une hypothétique prochaine parution française avant d’espérer pouvoir le croiser à nouveau.
La moitié de l'internet spécialisé a déjà relayé l'information alors il serait temps que nous en parlions aussi.
La première chose que vous apercevez de ce titre en le croisant en librairie, c'est bien entendu sa couverture. Elle donne efficacement le ton de tout le titre. Malgré quelques moments de tourmente — plus météorologique qu'intérieure — l'horizon est définitivement dégagé dans cette bande dessinée. La seconde chose que vous distinguerez, lorsqu'une fois intrigué par la couverture vous retournerez l'album, c'est une mention sur la quatrième de couverture. Une citation. La première parole de Min-ho Choi que vous lirez de tout cet album autobiographique.
Ce livre n'est pas un manuel sur la culture des légumes.
Et en effet, ce n'en est pas un. C'est tout simplement une transmission de sentiment. Ça n'est pas un almanach à accrocher au dessus des toilettes, qui réglera la période des moissons et vous enjoindra à scruter l'évolution des lunes. C'est un concentré de plaisir. Le sien. Celui de l'auteur. C'est une graine qu'il essaye doublement de faire germer: dans son livre et dans son lecteur. Moi, jardinier citadin est comme un texto que vous recevriez d'un copain, excité par un événement de sa vie ou prêt à vous raconter une graaaande nouvelle. C'est l'émerveillement juvénile d'un auteur qui se laisse pleinement porter par son enthousiasme. Le compte-rendu d'un pur plaisir qui donne envie de s'y mettre aussi.
De là provient d'ailleurs une triple énonciation de l'enfant: dans un plaisir absolu, libérateur et virginal semblant nécessairement lié à un retour à la terre (ou alors l'auteur a un penchant marqué pour l'exaltation, nous le découvrirons ensemble), dans une considération toute parentale du jardinier vers son potager (volontairement accentuée par les mimiques de Min-ho Choi) puis dans une analogie découlant de la grossesse de la femme de monsieur Choi. Tous ces éléments sont des porteurs de joie et d'excitation poussés à l'extrême.
soul potager
Moi, jardinier citadin est un hymne à la joie et aux sentiments les plus vertueux. Une symphonie fantaisiste qui sacre non pas uniquement le printemps mais aussi la beauté de la pousse et de la candeur. Imaginez le titre dans toute sa musicalité. Des flûtes, des instruments à vent légers et enjoués, un coup de cymbale tonitruant de temps à autres et un parfum de printemps continuel dans l'air et les oreilles.
Avant de s'essayer à cette ode, on apprend que l'auteur, qui n'en est d'ailleurs pas à son premier récit, a officié dans le cinéma d'animation. Il en retient un style qui accompagne très bien son histoire, qui permet une adéquation lumineuse. On distingue de ses aquarelles informatiques un fond de retouche photo. Cette façon de travestir le réel est rarement efficiente en bande dessinée (n'en déplaise aux amateurs de Frédéric Boilet) mais concentré sur les légumes, en opposition à des personnages grotesques et rehaussé par des palettes divinement printanières tout au long du récit, sa technique confère beaucoup de complicité, de tendresse et de poésie à un fil de vie que l'on ne peut plus imaginer dans un autre média. Un prisme de plus beau (et non pas de plus belle la vie), qui redonne du grain aux légumes et pourquoi pas carrément de la force vitale.
Moi, jardinier citadin pour toi, consommateur urbain
Min-ho Choi découvre la terre, découvre le labeur et toutes les saveurs que ça engendre, certes. Mais deux autres points de vues sont à prendre en compte. Le lecteur qui aime déjà la nature, qui a la main verte, un potager ou qui s'intéresse au bio se plongera avec bonheur dans une interconnexion de divers plaisirs qui feront échos à ses pratiques. Le néophyte conquis, qui découvre tout ça par hasard ou vague intérêt, met le doigt sur tout un système de potagers partagés bien plus accessibles qu'il n'y parait. Une liste finale post-manhwa de sites web sur le sujet englobe bien tout ce dont le prosélyte du potager français aurait besoin dans l'optique de se lancer pour de bon dans une aventure de jardinage peut être au bout de sa rue.
Min-ho Choi ne partage que très peu son labeur, préférant s'attarder sur l'évolution de ses plantations et l’interférence humaine inhérente au concept de potager qu'il tente de minimiser au profit d'une gestion biologique, pas encore écologique mais quoi qu'il en soit bien plus saine. Au final il en ressort une impression de fraîcheur, comme une combinaison diabolo-mentos (kiss cool pour les moins jeunes)-ciel bleu d'un effet revigorant du tonnerre.
Moi, jardinier citadin, T1, Min-ho Choi, Akata, 21,50€
Moi, jardinier citadin, T2, Min-ho Choi, Akata, 21,50€ aussi.
Dédicace, je le rappelle pour tout ceux qui l'avaient progressivement oublié à la lecture de l'article, le lundi 7 avril de 17h30 à 20h. Je ne sais pas encore ce qu'Aaapoum préparera de bio, de rigolo ou de bio-golo pour l'évènement mais nous offrions déjà des plants de tomate en 2009 alors ça devrait couler de source.
Nous préfèrerions que vous achetiez votre tome (1 ou 2) à dédicacer chez nous mais si vous étiez totalement trop excité à la sortie du T2 et que vous avez sauté dessus, nous vous laisserions tout de même intégrer la file de dédicace suite à un achat de valeur pécuniaire équivalente le jour j. Pensez aussi que l'album peut être bon à offrir. Comme une mamie qui offre un bon panier de légume à son petit fils citadin qu'elle ne voit jamais. Ou comme une entité bienveillante offrant ce marchepied graphique à un jeune homme qui à regret n'a encore jamais passé le premier pas du panier bio.
Depuis 5 bonnes minutes, vous pouvez apercevoir une impressionnante série complète Dragon Ball édition coffret, rue Serpente. Impressionnante car il vous faudra un espace vide de 71 cm dans votre étagère pour l'accueillir. Soit deux sandwich et demi à subway (élégamment placés en longueur comme des objets d'ornement) ou 106 jeux de PS3! Les coffrets ont tous un peu vécus. De ce fait, la série est à 170€ (soit seulement 3,4 exemplaires de Dark souls II en pré-commande) au lieu des 325,50€ dans le monde de la BD neuve. Entre la ruine et une vie entière de relecture et d'éclate, vous savez maintenant que choisir.
Chaque dos forme un petit bout de fresque qui, dans sa totalité, doit surement éveiller de tendre sentiments dans l'âme des amateurs de la série puisqu'elle représente une course effrénée de tous les personnages majeurs. Il y manque notablement Ten Shin Han tandis que Yajirobé y est présent deux fois mais que voulez vous...
Il est aussi tentant de profiter des couvertures noir et rouges élégantes qu'offre l'autre coté de l'encoffrage mais si par malheur vous retournez la série dans cet état, fresque bien rangée et numéros concomitants, voila ce que vous encourrez:
Ce qui a fait dire à un de mes camarades un beau jour qu'il regrettait fort de ne pas pouvoir mettre ses dragonball dans une étagère qu'on peut voir des deux cotés ou dans une vitrine de même sorte. Avouez qu'il avait de drôles d'envies. Je vous sais malin, vous avez déjà deviné qu'il suffira d'intervertir l'ordre des coffrets pour placer les deux premiers tomes dans le dernier coffret, les deux suivants dans l'avant dernier, etc. Nous ne l'avons pas fait pour préserver votre plaisir de manipulation (que celui qui a chuchoté par flemme ou par plaisir sadique se manifeste!) et parce que nous connaissons quelques collectionneurs qui ne permettraient pas que l'on pervertisse le sacro-saint ordre naturel éditorial, aussi mal fait soit il.
Dernier fun fact pour la route, la taille des coffret ne correspondant pas à grand chose dans notre catalogue de pochettes plastiques, il vous faudra dépiauter pas moins de 5 sub-pack pour enfin arriver à lire la série en entier. Promis, ça vaut le coup.
La série Free fight passe de 6€ à 5€ et rejoint à ce prix sa grande sœur Tough.
Venez vite apprendre les arcanes du Nadashinkage Ryu car Stéphane peine à trouver des adversaires...
D'ailleurs il désespère tellement que nous vous proposons un petit pack des dix premiers tomes à 40€ au lieu des 80 initiaux. Alors go, on s'y met!
Je parcours assez intensivement le aaablog ces temps -ci. Je n'ai pu m’empêcher de noter quelques articles visuellement très riches axés sur divers interactions anatomiques intimes étonnantes.
Le premier s'attaque au bustes féminin sous la pression tandis que le second se plait au micro événement plein de fureur et de douleur qu'est la rencontre pied/couille. Il existe même un addendum au second article proposé par un troisième larron! C'est dire si nous nous concentrons sur les effets corporels importants.
Coïncidence rigolote, j'ai posté il y a peu sur cette plateforme de partage d'informations- qui me fatigue de plus en plus à cause du gouffre d'oubli dans lequel chaque statut plonge le précédent, aussi rigolo et inventif soit-il - un petit dossier contenant quelques images thématiques semblant convenir ici.
Dans un premier temps, j'avais constaté, comme tout un tas de lecteur de Spider-man, que les dessinateurs affiliés à ce super héros profitaient de sa flexibilité, de ses pouvoirs et de sa souplesse pour oser... de grandes expériences d'agencement anatomique.
Pour l'instant rien de réellement étonnant.
La vraie raison de l'ajout de cet article de blog réside dans les deux dernières couvertures. La première, vous l'avez aperçue d'entrée de jeu. Le dessinateur (je n'ai pas vraiment cherché son nom ni l'apparition d'origine de cette illustration) trouve tout naturel de vous montrer les cacahouètes d'un spidey ballotant. En effet il n'y a pas grand chose à mater, m'ont dit quelques lecteurs, mais vous constatez à son allure de gangsta bras levés et jambes écartées qu'il y prend un petit plaisir, le spidey. Et tout cela mène à cette incroyable couverture de Docteur Octopus année un sur laquelle spider-man balance agressivement son bassin (fesses comprises) à la tronche du pauvre doc qui risque bien de se prendre une étrange prise de catch. L'illustration littérale de l'expression américaine "You can kiss my ass!" j'imagine.
Conclusion hative: spider man est un pervers en pâte à modeler.
Existe-t il une réelle propension de spider-man à exhiber cette entrecuisse svelte et souple dont il pourrait être si fier? J'ai pu découvrir le contenu de tout cet article en rayon rue serpente. J'imagine fort bien que spidey récidive en de maintes occasions loin de mes yeux prudes. Si vous avez des propositions indécentes trônant dans vos étagères, je suis preneur.
PLOT TWIST!RETOURNEMENT FINAL!
Oui il est arrivé la semaine dernière, le numéro 5 de la revue Le Believer, version française de la revue étatsunienne The Believer, dont nous avons déjà parlé en ces pages. Dans ce numéro daté «Printemps 2014» et sur le contenu duquel nous aurons peut-être l'occasion de revenir plus longuement, nos lecteurs seront particulièrement attirés par l'interview de Joe Sacco.Hélas une boulette dans la présentation vient un peu flétrir le bouquet.
En effet, voulant bien faire, le rédacteur indique le titre français des œuvres de Joe Sacco, mais s'emmêle sérieusement les pinceaux. En effet les deux tomes de Palestine (1993 et 1996 aux EU) furent en effet initialement publié en français par Vertige graphic en deux tomes en 1996 avant d'être réédité par Rackham en un seul volume en 2010. Ainsi Gaza 1956, édité par Futuropolis en 2010 (Footnotes in Gaza, 2009 aux EU) est bien un autre récit, bien distinct de Palestine et nullement la réédition du tome 2 de Vertige Graphic, sous titré, Dans la bande de Gaza ! Aussi dans le corps de l'interview, quand l'on y parle de Palestine, dans la bande de Gaza, c'est la plupart du temps de Gaza 1956 qu'il est question...Cette confusion est évidemment regrettable, mais ainsi éclairés, nos vivaces clients sauront surmonter la difficulté, car Le Believer demeure une excellente revue.
Le Believer #5, éditions Inculte, code EAN : 9791091887113, 15 €.
Les japonais et la difficulté de l'obligation humoristique
L'auteur l'avoue d'entrée de jeu, son histoire aurait dû être une comédie sentimentale centrée sur le personnage principal. On voit tous ses efforts pour intercaler de l'humour entre les scènes d'action mais on sent aussi que le scénariste s'est assez vite retrouvé emporté par son récit. Dès la jaquette du premier tome il espère "pouvoir revenir au plan initial". Je ne dévoile rien de grave en avouant qu'il n'y arrivera jamais vraiment mais en échange, il nous propose diverses situations qui n'auraient pas forcément trouvé leur place dans une telle comédie.
Genko Kurosaka est un lycéen absolument banal. C'est très important d'être banal dans la vie, ça permet de vivre tout un tas de choses excitantes à la première occasion. D'ailleurs! Un alien en plein délit de fuite décide un beau jour de fusionner avec lui au détour d'une rue. Je vous l'avais dit, soyez banal. Cet alien-là a visiblement fait deux ou trois broutilles pas très nettes car il est poursuivi par une espèce d'agent de police spatial sexy -au statut finalement un peu plus trouble- qui semble prendre la traque très à cœur. Sans rentrer dans les détails croustillants (qu'il vous faudra découvrir par vous même), je peux vous dire qu'elle fait partie d'une espèce supérieure dont le rôle est de réguler par la violence l'apparition de parasites sub-spatiaux phagocytant agressivement de pauvres autochtones surpris .
6 yeux, l'alien du début coincé dans le lycéen banal -oui, il n'a pas de nom et la société a basé la construction de son identité sur une particularité physique dont tout le monde a dû se moquer quand il était petit, à l'instar de nos "feuilles de chou" ou "dents de cheval". Ça vous dirait de vous appeler Petites Narines, vous?- et Ishtar, la fliquette (Observer est en fait le terme exact) qui peine à trouver des tenues appropriées, vont finalement cohabiter. Ishtar étant une extraterrestre, elle a comme de juste du mal à s'habituer à nos coutumes et sans surprise plus spécifiquement à habitudes vestimentaires.
Quelle est donc cette chose qui point dans les environs du caleçon du héros? C'est le ressort humoristique bien entendu et Genko Kurosaka / 6 yeux devra éviter à tout prix qu'il se tende trop devant cette impudique. Voila de quoi assurer à l'auteur son lot de situations scabreuses et de gêne corporelle. Pourtant, c'est d'un autre personnage que viendront les avances les plus soutenues et si finalement l'auteur ne se prive pas, il n'arrive pas non plus à en faire l'élément prépondérant de son récit. Le cœur de l'histoire est centré sur divers affrontements qui nous préparent tous un peu plus à l'arrivée des grandes révélations. L'auteur alterne entre ces deux types de péripétie de façon très cyclique, faisant apparaître chaque interlude humoristique comme un moment de repos grâce à des changements de rythme très marqués, parfois peu naturels. Une grande constante demeure: le personnage principal profère pas mal d'âneries. Il se place rapidement sous l'égide artificiellement fraternelle d'un inconnu encore pire que lui mais mystérieux et puissant. Et pseudo-pervers. Une figure qui nous manquait.
J'aurais bien aimé vous parler d'une autre série, Tetsuwan Birdy, en parallèle mais c'est impossible car bien que l'intrigue repose aussi sur la fusion entre une entité extraterrestre et un lycéen, les deux séries n'ont pas grand-chose en commun. Je me contenterai donc de notifier ici que nous profitons de cet article pour passer Tetsuwan Birdy de 5€ à 3.5€ dans nos rayon et que de ce fait, notre pack collection complète de 11 volumes voit aussi son prix diminuer de 50€ à 33.5€. Profitez-en.
En revanche, je peux vous parler un peu de la série Parasite car un personnage central nous fait le plaisir d'offrir au détour d'une scène d'action une simili réflexion sur la notion d'identité (et la façon dont elle peut perdurer même à travers une assimilation). Cette pensée se retrouve assez promptement remplacée par des révélations musclées de plus grande ampleur mais l'affiliation est palpable. En effet, comme dans Parasite, l'organisme spatial doit en temps normal prendre totalement possession du corps de son hôte, tuant de cette façon sa conscience et ingérant son identité pour mieux l'utiliser. Logiquement, quelques exceptions se présentent. Que faire alors lorsque l'hôte reste conscient ou que les deux esprits se mélangent trop? Cette ligne scénaristique ne fait pas long feu mais permet à la fin du récit de gagner un tantinet en profondeur narrative.
Cette fin combine encore de nouveaux éléments, qui ont fait le succès de séries comme Fullmetal alchemist ou Mirai nikki, mais je ne m'appesantirai pas plus sur ses qualités. Pourquoi? Car hélas, vous ne pourrez pas l'obtenir dans le pack que nous vous proposons en ce moment. En effet, la série comprend 4 tomes tandis que notre pack n'en contient que 3, c'est fort ballot. Mais ça ira. Vous ne serez pas plus frustrés que si vous attendez la prochaine saison de votre série télévisuelle favorite. (Ce qui n'est pas rien tout de même, je le concède.) Le récit est justement découpé en trois pseudo-arcs: la résolution de la toute première rencontre qui permet d'asseoir les bases scénaristiques du récit puis les diverses révélations qui, en apothéose, se concluent au bout du tome trois pour aboutir au combat final, conclusif au possible . Donc vous obtenez toutes les réponses. Ne restera plus qu'à constater si le héros arrive à mettre la pâtée à qui de droit, ce qui est plus facile à gérer qu'un cliffhanger malvenu.
Guardian dog, ki-oon, 3T, 9€! Au lieu de 22,50€ à l'origine ou 5€ par tome en temps normal dans nos rayons.
LA VIDA SUPER LOCA
Créatures qui ne connaissez pas la série des Love and Rockets des frères Hernandez, vous avez de la chance : de nombreuses heures de lectures bouleversantes vous attendent. Je pourrais vous inonder sous les anecdotes élogieuses pour flatter l’importance historique de ces deux séries que sont Locas et Palomar dans le mouvement de la bande dessinée underground américaine. Je pourrais également m’emballer dans un discours féministe, histoire de rappeler la beauté irradiant dans chacun des gestes de ces héroïnes exceptionnellement fortes. Je pourrais enfin vous décrire par le menu les multiples finesses de cet univers de femmes hispaniques aux nombreux personnages et innombrables ramifications, bondissant dans le passé, le futur, le Mexique, l’Amérique… sans le moins du monde égarer ses lecteurs.
Le fait est qu’il faudrait trop de place pour faire un éloge exhaustif de ce qui nourrit leurs lectures. Alors je préfère me concentrer sur ce qui domine les miennes : le fatalisme par rapport au malheur.
Le malheur est le poumon de la vie mexicaine, la joie est son foie et le courage son cœur. Le lecteur suit ces jeunes femmes traverser sans fléchir des péripéties qui laisseraient tant d’autres sur le carreau. Viol, meurtre, emprisonnement, misère, famine, injustice… chacune d’entre-elles passe au travers avec la désinvolture de ceux qui ne voient rien d’anormal à cela, de ceux dont le quotidien est tant nourri d’horreurs qu’il n’y a jamais eu d’autres formesde vie imaginables.
De cette quiétude face à l’horreur, de cette résistance naturelle nait une émotion étrange. Au début sourde, car le lecteur se trouve affecté par la distance installée par les personnages. Lui aussi se laisse gagner par cette curieuse indifférence. Du moins en apparence, car le décalage fait inconsciemment son travail. L’émotion, traîtresse, grossit en fait discrètement à mesure qu’avance le récit. Et à un moment, comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase, un drame totalement anodin pour le protagoniste va brutalement le submerger.
Par exemple lorsque Luba, l’une des figures de proue de Palomar, se drogue, mais se drogue au point de détruire sa jeunesse, son sublime corps de femme et son tempérament de battante qui lui permet de se sortir de tout, lorsque ce personnage que le lecteur aime et suit depuis bientôt cinq livres menace de ne plus être celle pour laquelle il a déjà tant tourné de pages, pensez-vous que la mise en scène devienne larmoyante, ou du moins dramatique? Non, pas le moins du monde. Quelques étoiles dessinées autour de sa cheville dansante et tout est dit : de cette fausse allégresse qui l'anime sous l'emprise de la drogue, de la poésie des frères Hernandez qui illustre le malheur comme d'autres le quotidien, et de ce monde trop humain où la souffrance relève toujours de l'option, mais la douleur, elle, est inévitable.
• PALOMAR 1 et 2, Gilbert Hernandez, édition du Seuil, 12 euros pièce (au lieu des 19 et 22€ initiaux).• LOCAS 1 et 2, Jaime Hernandez, éditions du Seuil, 12 euros pièce (au lieu des 19 et 22€ initiaux).
le 30 avril 2010 à Aaapoum Bapoum
09/03/2014Hélas, mille fois hélas, la manne se tarit et nous venons de recevoir nos tous derniers exemplaires de ces séries. Une fois que ceux-ci vous seront vendus, notre stock s'en trouvera définitivement épuisé. Nous n'en aurons plus! Sauf si l'un d'entre vous, insatisfait de sa lecture, décide de nous rapporter ses propres tomes. Mais nous savons pertinemment que ça n'arrivera pas. Alors c'est sûr. Palomar et Locas se raréfient. Or, vous le savez bien, un cheval bon marché est cher. Le prix et le mode de vente de ces deux séries s'en retrouvent donc bouleversés comme suit:
PALOMAR, T1 & 2 en pack, 25€LOCAS, T1 & 2, en pack, 30€À côté de ça, nous avons encore quelques nouvelles histoires de la vieille Palomar à 5€ pour compléter.
Princess Princess est un shojo de Mikiyo TSUDA publié en France par feu la maison d'édition Kami en 2007. L'auteur est tout à fait connu pour sa propension à intriquer des garçons entre eux mais ce coup-ci, la série n'entre pas vraiment dans la catégorie des Boy's love (amour charnel masculin), flirtant à peine avec le genre.
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Lady stardust a feuilleté la série et moi je vais m'y mettre sous peu alors je ne peux pour l'instant vous en donner qu'un résumé sommaire.
"Tooru Kouno a décidé de quitter le foyer de son oncle estimant qu’il était préférable pour lui d'être indépendant. Il s'inscrit alors dans un établissement scolaire réservé aux garçons. Tooru est un très beau garçon. C'est pour ça que des élèves viennent lui demander de se joindre à ce groupe là-bas, qui n'est composé que de beautés... Il apprend que le lycée a un fonctionnement particulier : tout joli garçon doit se travestir en princesse à chaque événement qui s'y passe, pour apporter un soutien à leurs camarades, mais aussi de la beauté à sa vie virile.Au début récalcitrant, il changera vite d'avis en découvrant que les Himes (nom des princesses) ont certains avantages. Il se décidera donc à en devenir une, au même titre que Yuujirou & Mikoto, deux des princesses de établissement avec lesquelles il se liera très vite d'amitié..."
nous dit manga-news.
Si on élague un peu, on comprend que le héros est un bel éphèbe qui intègre un établissement de garçons. Face à la meute de jeunes hommes - frustrés de ne pas pouvoir délicatement reluquer de fraiches demoiselles - , l'équipe dirigeante a décidé d'institutionnaliser le travestissement de certains lycéens. Ceux-ci sont triés sur le volet en fonction de la délicatesse de leurs traits et bénéficient en échange de certains avantages. Ils subissent toutefois un certain niveau d'attention, pas forcément facile à gérer. D'où le piquant de ce titre, j'imagine, qui est classé en comédie et humour selon le même site web.
Et c'est vrai que même si la source d'humour est tout à fait convenu, ça a l'air suffisamment bien mené pour que ce désagrément s'estompe.
L'auteur réussit en France à survivre à la chute de Kami car sort chez Kaze (Il a fait Kami- Kaze, héhé) début 2010 le one shot Family complex puis la série the days of revolution en 2T à la fin de la même année. Entre ces séries ont aussi été publiés divers yaoi de son cru. Les deux titres que je viens de citer, que vous pourriez considérer comme des séries dérivées (camouflées car aucun élément d'affiliation n'est mentionné sur leur couverture) ont en fait été dessiné bien avant Princess Princess et sont même de profondes racines du récit. L'auteur l'avoue bien volontiers: ayant du mal à créer de nouveaux personnages de toutes pièces, il prit le parti d'intégrer son tout nouveau récit dans un univers déjà connu de ses lecteurs. La décision de lire ou ne pas lire ces tomes additionnels ne chamboulera pas votre appreciation de PRI PRI (petit surnom officieux choupinou donné par les fans) mais ne vous étonnez pas de constater une dégradation de son style au fil des spin-offs si vous persévérez. Ou un retour aux sources, si vous préférez.
Princess princess, 6T, Kami, 5€/unité ou 30€ pour la série complète en pack rue Serpente EDIT: Et voila, j'ai lu la série. Son rythme scénaristique est bien géré. Les différentes problématiques posées à ces jeunes gens obligés de se travestir surfent sur les clichés habituels mais l'auteur, en surfer aguerri, ne tombe pas de sa planche narrative et les enchaine sans s'y appesantir, évitant les redondances écœurantes de séries plus longuettes. Il revient peu sur les sujets déjà abordés, préférant en soulever d'autres pour finir avec un panorama assez complet des désagréments qu'auraient pu vivre de réels protagonistes. Et c'est drôle. Le trio principal est suffisamment bigarré pour que les décalages humoristiques fonctionnent régulièrement. Mikiyo Tsuda profite aussi de ses précédentes séries pour donner une bonne profondeur à ses personnages, subtile grâce aux révélations voilées qui parsèment le récit en faisant référence de façon naturelle aux aventures familiales préalables des personnages.Le tome Princess princess + n'est pas à négliger car poursuit efficacement le récit même après la conclusion de l'histoire principale.