Publications dans Août 2009
Le Collectionneur de Bandes Dessinées
 

Archéologie de l'archéologie

A la vue du titre vous vous réjouissez, vous vous dîtes que je vais encore me livrer à un décorticage en règle de notre clientèle, avec ce mélange de tendresse et de défiance pour lequel je suis parfois haï... Mais non, buvez votre déception, car c'est de la revue fanzinesque trentenaire nommée Le Collectionneur de Bandes Dessinées que je vais parler et même des tous premiers numéros arrivés rue Dante...

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n°1

Le premier numéro, daté de mars 1977 est un groupe de 6 feuilles photocopiées, rédigées à la machine à écrire, dénuées d'illustrations, si l'on fait exception de la couverture, ornée d'un petit crobard de Franquin, vraisemblablement exécuté pour l'occasion représentant l'écureuil Spip. Le journal se présente come le bulletin de la "Société des collectionneurs de bande dessinée", abrégé en S.C.B.D.. On y trouve le recensement des albums du journal de Tintin (ancienne formule), quels numéros ils regroupent, quels albums de bd y trouvent leur première publication. Ensuite vient une première étude sur les diverses publications des Pieds Nickelés. Notons cette phrase, extraite de l'éditorial, qui dans le contexte actuel peut faire sourire :

"C'est à partir des années soixante que l'on constate une croissance exponentielle de la production d'albums de Bandes dessinées. (...) plus de deux cents albums sont parus la seule année 1975, contre une trentaine dix ans plus tôt. Nous publierons dans un prochain numéro ce graphique impressionnant."

Complet mais un peu défraîchi : 15 € pour ce vestige d'un embryon du BDM.

n°2

C'est bien neuf feuilles que comporte ce deuxième numéro, toujours du même acabit : photocopies et agraffe. Un dessin de Dupa en couverture. Il s'ouvre par un édito dont l'auteur semble réagir à une moquerie à l'encontre des collectionneurs (trouvée dans Le Trombone illustré). Notons cette phrase :

"Verrons-nous bientôt la vente de la collection M... chez Sotheby's ou chez Christies ?"

On retrouve ensuite la rubrique sur le journal de Tintin (1955-1962). Puis un peu de rédactionnel historique sur les fanzines francophones, sous la plume de Philippe Mellot. J'y ai appris que du dernier numéro de Giff-Wiff, le numéro double 24-25, qui fut imprimé mais pilonné avant sa parution, aurait survécu un unique exemplaire que Francis Lacassin aurait récupéré... Un exemplaire unique et inestimable. Que le dieu des étagères et des collections de BD veille sur lui et qu'il n'est pas été égaré à la suite du décès du vieil érudit ! On enchaîne avec un article sur l'achat de planches originales signé Jacques Topor.

Notons cette phrase :

" L'amateur, qui déboursera facilement 400 francs pour "Le lac de l'homme mort" ou 800 francs pour "Spirou et l'aventure" hésitera à acquérir une planche de Tillieux ou de Giraud pour la même somme. On le comprend d'ailleurs : avec un album, en édition originale, il peut lire une histoire, et il fait un placement."

Le numéro se termine sur un descriptif des éditions originales de Lucky Luke.

Bon état. 20 €.

 
Si les poils continuent de pousser post-mortem, les zombis ne devraient-ils pas être barbus?
 

zombiness

Comme illustré dans de nombreuxromans de Dickens, la faim est une sensation qui tiraille son homme au point dele pousser à commettre des actes fallacieux. Il en est de même dans l'éditionde bande dessinée. L'un des derniers exemples repérés est cette hallucinante rééditionde Fragile de Stéfano Raffaele. Pourmémoire Fragile est une trilogieparue entre 2003 et 2005 aux éditions des Humanoïdes Associés, trois albumscartonnés dans la pure tradition formelle des bandes dessinées « d'chez nous ».L’histoire est celle d'un couple de zombis en goguette qui tente d'échapper àd'implacables exterminateurs. C’est plutôt fun et bien fichu même si le finalest assez confus…

Le travail de l'italien est assistépar celui de deux coloristes successifs: Dave Stewart (le gagnant de l’EisnerAward 2009 et non la moitié d’Eurythmix) sur le premier opus et CharlieKirchoff, un coloriste "maison" aux humanos. Je rends hommage ici auboulot de ces experts de la palette graphique car il semble que ce ne soit pasle cas de leur propre éditeur. En effet, cette réédition parue en juin surfesur un opportunisme éditorial sacrement culoté et n'hésite pas une seule secondeà évincer des éléments de l'édition précédente pour coller à l'air du temps.Dans sa conception, cette intégrale est proposée dans un format plus ramassé etla couverture s'est assouplie, les couleurs ont disparu remplacées par desniveaux de gris. Jusque là pas de quoi affoler son lecteur, habitué depuis desannées à voir ses anciennes séries réinjectées dans le circuit dans un formatplus compact. Mais là où peut dénoncer un quelconque abus est sur la couverturecar le titre est devenu Loving Dead(là vous commencez à tiquer!) et la maquette ressemble à s'y méprendre à lanouvelle référence de fiction zombiesque, le comics en noir et blanc: Walking Dead. Et oui, on essaye une fois de plus de nous vendre desœufs de lump pour du caviar! Et ça marche, je connais personnellement un grandnom de la critique de bande dessinée qui me certifia que le titre en questionétait une nouvelle livraison de la série de Adlard et Kirkman. Il y a descerveaux qui mériteraient d’être gobés comme des flambys.