Cadeaux Bonux

 

Il court il court, le furet...

Aujourd'hui sort la bande dessinée L'Homme qui s'évada aux éditions Actes Sud, adaptation des reportages Au bagne et L'homme qui s'évada d'Albert Londres réalisée par Laurent Maffre. Un des meilleurs livres du mois. Pour accompagner la sortie, vous trouverez sur le compte Flickr du magasin le dessin de couverture en format large. Il est à tomber par terre et en jette un max en papier peint de bureau. Ensuite, et en exclusivité pour notre blog, le jeu de l'oie de la liberté. Un complément dessiné pour l'occasion, qui fera peut-être un jour un somptueux ex-libris collector, mais qui aujourd'hui n'est disponible nul part ailleurs qu'ici... Deux exclusivités, des livres et des dessins de grande qualité, un jeu mortel. Le Aaablog, c'est plus ce que c'était, mais c'est presque mieux... bon, pour accompagner l'événement, la critique de mon ami Julien Welter dans la suite, qui paraîtra dans Score (Je tiens à dire qu'il lit très peu de bande dessinée même s'il adore ça. Donc son point de vue de profane en dit long sur l'accessibilité du livre).

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Avant tout, il y a l’œuvre d’Albert Londres. Son récit du drame vécu par Eugène Dieudonné accusé par des autorités en manque de suspect d’être un complice du gangster-marxiste Bonnot. Gracié par un Président Poincarré peu convaincu de sa culpabilité, il évitera rapidement la guillotine. L’histoire aurait pourrait s’arrêter là, à cette simple erreur judiciaire. Sauf que la bonté présidentielle l’envoie à Cayenne, au bagne. C’est donc peu après ce prologue que le livre s’enclenche en deux temps. La visite de Londres dans cette prison et la constatation effarante que l’humanité a déserté les lieux ; puis l’évasion de l’innocent voulant à tout pris reprendre sa liberté. Une construction simple dotée d’un titre évacuant toute tentation de suspense. Parce que l’enjeu est ailleurs, dans la description. Et à cet exercice, le trait de Laurent Maffre prend toute son importance. Sa façon de croquer les gueules sales, les figures haineuses et les faces de salauds qui composent cette fange ignoble et repoussante. Réinterprétant les cases, travaillant les tatouages corporels évoquant les tourments des bagnards, s’acharnant par le détail à donner une idée de l’enfer, il arrive avec cette œuvre au même niveau de puissance que le PAPILLON de Schaffner. Peu importe alors que l’originalité de son dessin ne frappe pas immédiatement. L’esprit critique qu’il contient se diffuse lentement à chaque coup d’œil jeté.

J.W

L’Homme qui s’évada, de Laurent Maffre, Actes Sud BD, 22€.