Black Hole de Charles Burns

 

Dis, c’est quoi donc maman ce trou noir ?

Au milieu des 70’s, une étrange épidémie se déclare dans une université de la banlieue de Seattle, transmissible par voie sexuelle, et dont les symptômes vont de l’irritation aigue au déploiement d’excroissances inquiétantes. Couvertes de cornes ou queues à l’étrange apparence, les victimes les plus touchées sont tellement déformées qu’elles en deviennent méconnaissables. Est-ce une manifestation métaphorique de leur dépendance, notamment aux drogues circulant en abondance dans les fastueuses « parties » estudiantines ? Où est-ce la réalité ?

Facile d’entrevoir dans ce scénario horrifique une parabole sur le sida, mais clairement Burns ne le souhaite pas. Ces références seraient plutôt à chercher dans les thrillers psychologiques 70's de David Cronenberg, associées à une peur obsessionnel du vagin (très normale après tout) ; nombreux sont en effet les trous noirs dans le livre. Comme dans les films du maître fantastique canadien, Burns développe à certains moments un sentiment presque gynécophobique. Sentiment qu’il estompe en concentrant l’émotion sur les enfants infectés – emportés par la confusion spirituelle d’une époque, entre un mouvement Hippie en déclin, les expérimentation de David Bowie avec la mutation, et une omniprésence dans les rues des drogues et de leurs victimes « méconnaissables ». Dégénérescence du corps et ambiguïté, deux mots d’ordre sublimement communiqués au lecteur par le biais d’un encrage au contraste violent.