Publications dans Janvier 2009
Quelques questions à Pascal Thomas
 

Pascal Thomas, le réalisateur des Zozos (1972) et très récemment de Le Crime est notre affaire, a co-écrit la cultissime BD Pravda la survireuse (1968) avec Guy Peellaert disparu il y a peu. La trop courte interview qui suit était destinée au magazine Zoo n°17, mais faute de pages disponibles elle fut retirée du sommaire. C’est donc le Aaablog qui accueille ce précieux témoignage sur la création d'une œuvre majeure du neuvième art.

Dans quel contexte est née Pravda lasurvireuse ?

Pascal Thomas : Àl’époque, j’étais un jeune journaliste, notamment pour Elle et pour Lui. Je rencontrais fréquemmentGébé, Reiser, Topor, Guy Peellaert. On se retrouvait à La Coupole. Il était un peu plus vieux que moi, mais nous étions tous les deux très cinéphiles, très amateurs du cinéma américain des années cinquante. J’avais déjà interviewé Hitchcock, Billy Wilder, William Wyler... Nous étions tous deux admiratifsdevant les Walsh, Fuller, sans oublier Jacques Tourneur... Ah... Laflibustière des Antilles... C’était le Hollywood d’avant la décadence. J’étais aussi féru de la BD américaine de « l’Âge d’or »... Red Ryder, Prince Valiant, Le Fantôme... Je collaborais à la revue de BD Giff-Wiff, dirigée par Lacassin. J’y officiais sous divers pseudonymes (Gilles Arnold, Nelly Richard...)et j’en étais une sorte de « financier ». 

Peellaert voulait qu’on fasse une histoire ensemble, plus libre et provocante que Jodelle, qu’il trouvait trop « mièvre ».

Comment travailliez-vous ?

On discutait, la trame se faisait au jour le jour. Noussouhaitions une narration moderne. Nous ne pensions pas à une histoire dans sacontinuité, mais plutôt à des séquences flamboyantes... Beaucoup de planchesont été dessinées du côté de ce qui est maintenant « Beaubourg »,chez André Ruellan, médecin qui écrivait de la SF sous le pseudo de KurtSteiner. Il soignait les prostituées du coin. Les premières lectrices de Pravdafurent des putes ! Il y en avait une qui était magnifique... Comments’appelait-t-elle déjà ? Ah oui : « Nathalie-en-noir » !Elle en a rendu dingues plusieurs ! C’était un quartier très vivant, avecles maraîchers, les imprimeurs... Je vois encore Guy travailler ses planches àmême le sol. Il y avait toujours du monde qui passait nous voir... On ne peutpas dire que c’était une œuvre enfantée dans le recueillement !

Pourquoi avoir donné à votre héroïne le physique deFrançoise Hardy ?

C’est Peellaert qui le voulait. Mais on en a fait quelqu’unde plus... dynamique. D’où la moto-panthère.

Ce nom formidable « Pravda la Survireuse », commentest-il né ?

Guy voulait un quelque chose qui exprime « la vérité denotre époque », donc j’ai proposé « Pravda ». « Survireuse » vient d’une publicité d'alors qui vantait lesmérites « survirants » de certaines voitures...

Comment Henri Chapier s'est-il retrouvé à préfacer le livre ?

Ah ça... je ne sais plus trop. Je crois que c'était une idée à Losfeld (l'éditeur).

Aviez-vous conscience de créer une BD culte ?

Pas du tout ! On s’amusait, c’est tout ! Pravdan’était pas le produit d’un processus laborieux. D’ailleurs la BD contemporainene m’intéresse pas... On y sent tellement d’efforts ! Nous, nous voulionsjuste fixer un état mythique de l’Amérique. Nous amuser avec nos références. Dela même façon, quand quelques années après j’ai réalisé Les Zozos, en souhaitant relaterun état de l’adolescence dans le monde des années cinquante,les touts débuts de la mixité, mon expérience personnelle... Je ne m’attendais pas à ce que ça fasse deuxmillions d’entrées. Personne ne s’y attendait. Avant j’étais dans les bords...on ne me prenait pas trop au sérieux.

Propos recueillis au téléphone, le 17 décembre 2008.

 
D-live de Ryouji Minagawa, éditions Kabuto
 

D-livrance

Je vais être franc : j’entretiens une relation assez perverse avec Ryouji Minagawa. Un « gangsta love » comme disent les américains. Depuis mon adolescence ce mangaka me supplicie, me tourmente et j’aime ça. A chaque fois, ma raison me dicte d’éviter son regard et chaque fois j’y replonge délicieusement.

6a00d8341c924153ef010536fd6a58970c-800wi.jpg

Tout à commencé lorsque Glénat édita les deux premiers tomes de Striker, un « actionner » au dessin bancal et au scénario d’une banalité affligeante… mais que c’était bon ! Voir un adolescent en tenue commando, épaulé par un loup-garou français,en train de dégommer un gamin au pouvoir digne d’un Tetsuo sous amphét’ dans Akira, est un spectacle fascinant. Cela a beau être bestial, régressif, Minagawa réussit à  flatter les mœurs les plus vils du lecteur le moins exigeant. Malheureusement la série fut stoppée avant de voir traduire le tome d’anthologie relatant le pugilat entre notre héros et le clone énervé d’Adolf Hitler. Tout n’étant pas noir, nous avons eu le plaisir de voir l’adaptation de l’œuvre en anime sous le nom de Spriggan produit par Katsuhiro Otomo (et dont le art book réside sur nos rayons)…

Quelques temps après, je me suis bâfré la série Arms chez Kana. Dans ces pages, la pauvre Alice de Lewis Caroll sert de prétexte à des combats titanesques entre humains cybernétiques et des légions de militaires bourrins de plus en plus retors… là encore on assiste à un divertissement jouissif. Seulement, avec ses 22 tomes au compteur, la lecture de Arms s’avère être une épreuve d’endurance qui rince son fan, au point de lui effacer quelques rams de mémoires. Du coup je m’étais promis de plus m’y faire reprendre.

6a00d8341c924153ef010536f4557e970b-800wi.jpg

C’était sans compter sur les pépites agencées sous les tables de notre librairie… bien rangées en piles ; sur lesquelles prônent des étiquettes merveilleusement adaptées à leurs valeurs… les cinq premiers tomes de la série D-Live pour 10 € ! Si au Japon la série complète compte 15 tomes, seul le tiers a été publié par Kabuto. Cette ablation n’est absolument pas un problème chers lecteurs. En  effet le récit est découpé en autant de chapitres que d’historiettes finies. Du premier au dernier, on suit les exploits haletant de Satoru Ikaruga ; un adolescent de 17 ans appartenant à la mystérieuse organisation ASE. Son « pouvoir » : il est capable de conduire à la perfection tout véhicules à moteur (même un TGV un jour de grève). Ce don va être mis à rude épreuve par de nombreux attentats et accidents tous extrêmement spectaculaires... Le mot est lâché. Le reste est à découvrir par vous même. En conclusion si vous voulez prendre votre ration d’adrénaline pour 2€  partome, ne cherchez plus.

D’ailleurs je viens de lire un avis de fan sur le site manganews qui résume bien mieux que mon long discours l’engouement que Minagawa peut provoquer, je cite : "ce manga et juste super je quiff ce manga".

 
Soirée-débat le jeudi 22 janvier à la librairie : "L'éternaute et la BD argentine"
 

Mais y'aura des noix de cajou ou pas ?

Qu'est-ce que c'est au juste une "soirée-débat" ?

C'est l'appellation un peu fourre-tout que nous avons trouvée pour désigner ce que nous organisons avec les éditions Vertige Graphic ce soir-là à la librairie de la rue Serpente, à partir de 19h. C'est la soirée où vous êtes conviés, cher amis lecteurs et chers clients.Dans une atmosphère chaleureuse et détendue comme seule sait l'installer Stéphane, peut-être aidé par Lady Stardust qui nous aura sélectionné un bel assortiment musical de tangos et de milongas, vous sera présenté le tome 1 de L'Eternaute, publié le mois dernier aux éditions Vertige Graphic.

J'en ai déjà parlé en ces lignes, même Le Monde s'est penché sur ce joyau du patrimoine mondial de la BD. Giusti Zuccato et Bérengère Orieux, les éditeurs français, nous raconteront leur attachement pour cet ouvrage et l'odyssée qu'ils ont menée pour réunir les planches originales, dispersées sur la surface de la Terre depuis le début des années soixante. Giusti venant d'ailleurs de nous prêter 8 planches originales pour l'occasion, vous aurez tout le loisir de les examiner pendant que nous évoquerons le contexte dans lequel ce chef d'œuvre a été conçu et les nombreuses suites et variations qu'il inspira. Puis chacun ira de son interprétation, les questions fuseront, certaines trouveront réponses à leur pied, on fera des comparaisons, des rapprochements plus ou moins pertinents.

La conversation débordera sur d'autres bandes dessinées de cet autre continent du 9e art. A ce moment là on sortira quelques bouteilles de vin argentin lui-aussi... Quand vous aurez bu un verre ou deux vous aurez irrésistiblement envie d'acheter quelques unes des merveilles préalablement évoquées et que nous auront malicieusement étendues sur le tapis rouge de nos étalages. Nous vous guiderons alors gentiment vers la caisse, mais pas vers la porte !

Oui nous osons le lancement d'un livre écrit il y a plus de cinquante ans. Oui, absolument sans dédicace. Oui nous préférons discuter dans le monde réel que sur les forums numériques...Alors nous vous attendons jeudi. 19h. Vous pouvez venir les mains dans les poches, même pas obligés d'acheter le livre (quoique ce serait dommage pour vous de ne pas le faire).

 
Aaapoum Serpente réduit la voilure cette semaine.
 

Fermeture à 21h tousles soirs jusqu’au mardi 20.

 C’est connu, les longues soirées d’hiver se passent au coin du feu, une bonne BD à la main. Du coup, on ne vous voit plus, passé 21h, repliés que vous êtes dans le chaud de votre petit appartement à bouquiner les bons conseils de vos libraires adorés. 

Comme Stanley, préposé veilleur au grain du soir, est de surcroit parti en vacances pour sept jours,  on s’est dit que ça ne valait pas trop le coup de s'échiner en heures supplémentaires et qu’on pouvait fermer un peu plus tôt cette semaine.  J’espère que vous nous comprendrez, nous aussi on aime bouquiner le soir, tranquilles au coin du feu.

 
Magicien du chaos contre zombis
 

Un échec du didactisme

6a00d8341c924153ef010536c0815f970c.jpg

Arno-de-chez-pulp's-en-face m'a confirmé ce matin que j'allais me régaler avec le recueil 7 de Walking Dead en français sorti il y a peu. Il a même pronostiqué que j'allais me mettre à l'anglais pour lire la suite tellement le cliffhanger était mortel, vu que la suite chez Delcourt ce sera dans 6 mois...

Je ne doute pas des qualités de cet album que je dévorerai ce soir, maintenant que j'en ai fini avec Death note, mais là, ma bibliothèque refuse de l'accepter. Le rayon est plein, elle dit stop. Dur moment que nos clients connaissent bien que le choix déchirant de ce qui doit partir. Et que doit-on garder en priorité ? Faut-il privilégier le sérieux, l'émotion, les chefs-d'oeuvre, les souvenirs d'enfance ou les raretés ?

6a00d8341c924153ef010536c0825b970c.jpg

Mon regard s'arrête sur mes 4 Promethea... Oui trois beaux semic books noirs et un panini marronnasse... Mais oui, le 4 m'avait tellement ennuyé que je n'ai jamais acheté les suivants. Pourtant cette série partait bien, jusqu'à ce que le professeur Moore, Alan de son prénom, commence à vouloir éduquer les foules de ses disciples en régurgitant tous les beaux livres de magie et d'ésotérisme que ces gros cons de fans de comics ne peuvent pas lire tout seuls.

Tout ce baratin pour vous annoncer que les quatre premiers tomes de Promethea sont à vendre chez nous (Serpente pour l'instant mais ce n'est pas dit qu'ils ne migrent pas vers Dante prochainement !) en pack pour la somme de 45 euros. Et oui, pour avoir le 2 qui est ultra rare faut acheter les autres autour. Mais bon, les trois premiers sont franchement bien et la suite a beaucoup de défenseurs...

L'illustration Walking Dead reproduit un ex-libris des "librairies" bdfugue café.

 
Librairie donne cartons !
 

Même vides et soigneusement pliés, les cartons prennent de la place ! Comme nous ne pouvons nous résoudre à jeter les beaux contenants de nos livraisons, pour la traditionnelle raison écolo-économe, nous avons fini par être envahis. Le point de saturation est atteint.

Alors si vous déménagez ou si vous connaissez quelqu'un qui va le faire et qui à besoin de cartons, ou quelqu'un qui veut se construire une maison avec (ça ne doit pas manquer par les temps qui courent), une seule adresse à fournir : Aaapoum Bapoum 14 rue Serpente à Paris dans le 6e. De beaux cartons gratis, venez-vous servir (offre permanente !) !

 
Quiiiiiiiz : mystère d'Egypte
 

Débutons l'année avec l'opportunité de vous faire gagner un sympathique lot !

Pour cela ouvrez grands vos yeux et soyez la ou le plus rapide à retrouver l'auteur de cette planche !

Il a fallut moins de 1.51112 seconde à Smyrn pour trouver tandis que le cerveau de Bullut a grillé à la seconde case (le bug de l'an 2009 ?), depuis, il chantonne à longueur de journée -nous construirons la Jérusalem Céleste-

Non, ce n'est pas le storyboard d'un projet  fou furieux des Monty Python.

6a00d8341c924153ef010536a65647970b.jpg

Mais alors de qui est-ce ?