Publications dans Juillet 2009
Du Phénix à foison
 

Sauvés des cendres...

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Et non, ami des X-men, cette notule ne parle pas de la rouquine surpuissante qui meurt et ressussite sans arrêt ! Non, cette note revient sur une époque où la bande dessinée était encore à la recherche d'une légitimité culturelle, une époque où R. Crumb n'était pas encore prépublié dans

Télérama

et où les comics n'étaient pas encore l'ultime recours pour une industrie cinématographique décadente. En ce temps là il n'y avait pas des milliers de blogs et de sites pour s'informer et se former sur la genèse et les maîtres oubliés et l'actualité du neuvième art. L'érudition était alors l'affaire de cercles réduits d'intellectuels et d'amateurs qui devaient passer pour originaux. Le premier de ces cercles fut, en 1962, le CBD, Club des Bandes Dessinées (!), qui devint rapidement le CELEG (Cercle d'études des littératures d'exression graphique, oui môssieur), organisé autour de Francis Lacassin. Son intrument de propagande était la revue

Giff Wiff

, très orienté vers "l'âge d'or" de la BD américaine. De ce premier cercle émargea rapidement (1964) une scission plus européo-moderniste autour de la personnalité de Claude Moliterni, la SOCERLID (pfiuu ils avaient le chic pour les noms : Société civile d'étude et de recherche des littératures dessinées). Deux ans plus tard cette dissidence se dota elle aussi d'un organe de presse, la revue

Phénix

, liée aux éditions SERG, propriétaires de leur imprimerie, si j'ai bien compris. Cette revue présentait aussi bien des bandes dessinées en noir et blanc (Pratt, Buzzelli, Breccia, Druillet, Pichard mais aussi pléthore d'auteurs étasuniens), que des commentaires sur l'actualité bédéïque, des dossiers monographiques ou thématiques et des entretiens avec des créateurs. Elle était aussi le réceptacle des transcriptions des conférences données çà et là par les érudits membres de la SOCERLID (rejoints rapidement par le tout jeune spécialiste de l'undeground, Jean-Pierre Dionnet). Lorsque la revue s'arrête, l'année du punk en 1977, elle nous laisse 48 numéros à lire et à relire.

Tout ça pour vous dire que nous en avons récupérés de nombreux exemplaires, qu'ils sont plutôt rue Dante, qu'il y en a de très émouvants, d'autres très instructifs, que ces qualités se conjugent souvent, et qu'il y a même une collection complète à vendre d'un seul coup, vous pouvez la voir dans la vitrine, si vous passez dans le cinquième arrondissement.

Stéphane, pour info, j'ai stocké les doubles au sous-sol dans la bibliothèque près de la porte des ouatères. J'ai vendu pas mal de numéros hier, du coup il faudra peut-être que tu en remontes.

 
Rodéo, éditions LUG
 

C'est pas parce qu'on porte des pantalons en cuir...

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Puisque le plus durable des héros de westerns dessinés en Italie, Tex Willer, est un peu remis au goût des lecteurs français par les estimables efforts des éditions Clair de Lune, dont l'amour de la bédé populaire n'a d'égal que leur mépris des convenances orthographiques et grammaticales, c'est la bonne période pour vous annoncer que mon aimable camarade de jeu Stéphane a acheté pour la boutique (la peau des fesses, si vous voulez mon avis) un joli assortiment de la revue Rodéo. De vieux numéros (entre avril 1959 et octobre 1961) du mensuel mythique pour les amateurs de western que je n'hésite à poser à même le lino pour mieux les photographier.

Et non, je ne photographierai pas chaque couverture séparément, on est pas sur ebay, ici. L'occasion de lire ou de relire les aventures de Miki le ranger, de Rombo Bill, de Tex et de tant d'autres héros de la prairie.

Ce qui devrait intéresser un de mes plus anciens clients (en bientôt 8 ans il a du au moins dépenser 7 euros chez nous !), qui m'a dit, la première fois que je l'ai vu :

"J'aime les westerns et les armes à feu ! Mais attention hein : je suis pas pédé !".

 
L'éternaute tome 2
 

"Et le sol continuait à trembler

comme si aux alentours galopaient des géants."

En refermant ce deuxième tome de L'Éternaute vous êtes partagé entre deux sentiments : angoisse et émerveillement. Votre cœur est éprouvé par cette longue lecture qu'il vous a été impossible d'interrompre. Si vous avez commencé avant de vous coucher, la nuit est maintenant bien installée. La ville est silencieuse. Il va peut être se mettre à neiger. L'aube se lèvera-t-elle ? Sera-ce le dernier jour de l'humanité ?

Quel dommage que disparaisse une civilisation capable de produire de tels joyaux littéraires.

L'omniprésente voix-off — celle de Juan Salvo — vous aura entraîné aux confins de la peur dans le plus implacable des suspens. Tel le héros, pour échapper à la folie il vous aura fallu aller de l'avant. Juan Salvo,  (dont on ignore encore à ce stade du récit comment il en est venu à s'appeler "l'éternaute") n'a pas le temps de dormir : vous ne dormirez pas non plus.

Rares sont les récits de la bibliothèque du neuvième art qui possèdent cette capacité de dévorer leur lectorat. Oui, ce n'est pas le lecteur qui en avale les pages, c'est bien le livre qui mange le lecteur. Son univers déborde, Oesterheld et Solano López vous l'assènent avec constance et persuasion et, insidieusement, vous y êtes : à l'intérieur du livre, avec la neige fatale et les monstres. Ce qui est loin d'être rigolo mais d'une beauté mortelle, comme le disent les protagonistes dans le tome 1. Ce qui apparaissait, lors d'un feuilletage superficiel, côté texte, comme une abondance de récitatifs un peu désuète et, côté dessin, comme un sobriété un peu dépouillée se révèle être un redoutable arsenal de guerre narratif.

Ceux qui n'ont aucune idée de ce que peut bien raconter L'Éternaute, je  vais les renvoyer à ma chronique locale du tome 1. Ceux qui étaient des nôtres en janvier savent bien de quoi il retourne, mais seront certainement surpris par le rythme de ce deuxième tome. Si le premier contenait un huis-clos durable, cette suite est une avalanche de péripéties pourtant enchaînées avec logique et sans précipitation. À la 23e page vous serez tout simplement halluciné de constater qu'il vous en reste près d'une centaine d'ici à la quatrième de couverture et touché par tant de générosité feuilletoniste : dire qu'avec ces 23 pages un Corbeyran nous aurait vendu une multi-série sur 3 niveaux et ce bienveillant Joann nous aurait proposé un bottin...

Familliers de la version Breccia, sachez que vous entrer là en territoire complètement inconnu : rien de ce qui va se dérouler n'est évoqué dans les 8 dernières pages de la version 1969.

L'Éternaute, tome 2,

116 pages, noir et blanc. Couverture cartonnée.

24 €.

Parution jeudi 9 juillet 2009

Oui, vous avez bien lu. Amis du carton réjouissez-vous : c'est bien en HARD COVER comme disent les yankees, que paraît ce tome 2. C'est la faute à tous ces libraires de neuf qui ont chouiné que c'était fragile en broché, que ça se tenait pas... et patati et patata. Du coup 4€ de plus (ce qui reste tout de même très raisonnable). Pour l'occasion, le tome 1, dont le premier tirage est pratiquement épuisé, va lui aussi bénéficier d'une réédition cartonnée.

 
Korak, son of Tarzan of the Apes
 

oooooooioioiyooooooooooo !

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Je ne savais même pas que le fils de Tarzan avait eu une série spin-off.

Les couvertures de ces fascicules américains de la fin des années 70 sont superbes. Voilà du beau travail d'illustration ! Si j'étais au chômage je prendrais une bonne journée pour toutes les scanner et vous en faire un beau diaporama et fixer ces scénettes dans notre mémoire numérique et collective...

Mais comme j'ai encore un travail et que celui-ci consiste à vendre des illustrés démodés, je vais donc simplement et fort à propos les soumettre à la clientèle et non les archiver... 4 € le fascicule en très bon état et en anglais... 

Tarzan of the Apes, Korak son of Tarzan, nombreux numéros au choix dans la librairie de la rue Serpente.