Publications dans 2019
Melvin
 

Sous ses allures de bd sexiste, Melvin est en réalité un hommage décomplexé aux films érotiques de genre des années 80 filmés à la truelle et à la testostérone qui se moque de l'imaginaire macho.

Oui, Melvin est l'objet de tous les désirs les plus bestiaux et improbables mais justement, objet il est. Jamais ne sera-t il acteur de ses aventures et jamais au grand jamais, durant tout l'album, il ne détournera le regard du lecteur comme pour bien lui signifier quel voyeur il est.

Bourré de hippies en folie sur roller-quads oldschool, de flics patibulaires et de body moulants qui sentent bon la californication, Melvin est un album qui génère chez le lecteur un sourire aussi Colgate que celui dont Melvin ne se sépare littéralement jamais.

Nous en avons quelques-un rue serpente, 10€, soit encore moins cher qu'un BDcul de chez les Requins marteaux!

 
Facades
 

La collection à déployer Façades des Éditions Polystyrène contient bon nombre d'albums simplement sympa et quelques albums vraiment très intéressants.

Vous les décrire par le menu serait beaucoup trop fastidieux (désolé) mais nous ne manquerons pas d'exprimer notre enthousiasme si vous passez nous poser quelques questions à son sujet devant notre petit présentoir maison un peu surchargé.

 
Heartful Company
 

Pierre Taki, comédien videoludique notamment crédité pour le très attendu Judgment, se fait radier de toute sa carrière par Sega suite à une saisie de cocaïne l'impliquant.

Pierre Taki est aussi à l'origine du merveilleux Heartful Company chez les Editions IMHO dont il nous reste quelques exemplaires. Franchement, ne privez pas les auteurs de leur cocaïne si ça peut nous permettre de continuer de lire des choses comme ça.

 
Lucas Nine, du trop plein d'encre à l'abstraction
 
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Alors que sort son nouvel album, Budapest ou Presque (chez les Rêveurs), pour lequel nous le recevrons le 27 Mars en dédicace, il était temps de vous parler un peu plus de cet excellent auteur, Lucas Nine. Nine ? Comme Carlos Nine ? Un lien ? Oui, évacuons de suite la sempiternelle mais logique question. Oui, Lucas est fils de. Et oui, effectivement, Carlos est une des influences majeures de Lucas. En même temps, passer son enfance à voir un père pareil créer, dessiner, ça donne un sacré référentiel. Sans compter un accès à la bibliothèque paternelle, pouvoir lire toutes ces œuvres qui l'ont influencé.

Mais l'influence du père ne sera pas la seule. Il faudra aussi compter sur celle d'un autre illustre Argentin, Alberto Breccia. Tout comme lui, Lucas va beaucoup explorer sur le plan graphique. Un style par album, ni plus ni moins. Tout comme lui, il va chercher des moyens de dévoiler les formes, les corps et les sentiments sans les dessiner frontalement. La fusion des deux influences donnera des histoires empreintes d'absurde et de surréalismes où les formes se devinent plus qu'elles ne se montrent. Des explosions d'encre de Dingo Romero au trait épuré et fuyant de Budapest, toujours cette recherche de la forme que le lecteur devra achever. 

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Si en Argentine, il publiera son travail plusieurs années des différents fanzines ou encore dans la célèbre revue Fierro (qui fut là bas jusqu'en 1992, la référence en BD, avec des auteurs tels que Breccia, Gimenez, Sampayo, Mandrafina et évidemment les Nine), il faudra attendre Dingo Romero en 2008 pour découvrir son travail sous nos latitudes. Véritable explosion graphique, Lucas Nine semble multiplier les couches d'encre pour esquiver les personnages de son cartoon hystérique. C'est à travers les entrelacs au pinceau que l'on suivra le chien fou traverser la pampa accompagné de sa horde alors que le gouverneur envoie sa plus fine gâchette à ses trousses.Nine en met partout, semblant vouloir recouvrir toute sa page, n'ayant pas peur de surcharger son image quitte à ce qu'on ne devine plus que discerne les personnages.L'auteur intègre aussi à son récit certains éléments qui reviendront fréquemment dans ses histoires: un humour absurde, des situations surréalistes ainsi qu'un peu de métatextuel.

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Viendra ensuite Thé de Noix (2011), fable absurde où Timothée, agent du ministère de l'enfance veille à ce que ses contemporains soient bien traités par l'engeance adulte, tout en se déplaçant niché dans l'opulente poitrine d'une femme robot appelée Mamelon. Ici, Nine rend hommage à la bd ancienne  de la première moitié du 20ème siècle. Il utilise des aplats de couleurs surannées, place ses cadres narratifs en bas de case (procédé qui perdure toujours chez lui), même le format, plus grand que nos franco-belge classiques, évoque par sa taille les vieux strips des journaux. On ne s'étonnera pas d'y croiser Popeye ou le capitaine Haddock. L'univers est absurde à souhait, Nine joue énormément avec son format, incluant des strips entre ses histoires, mettant en scène des récits dans le récit, jonglant habilement entre le surréalisme et le métatextuel. Le style de dessin tranche radicalement avec les débordements d'encre de Dingo Romero. Ici tout est épuré, les formes rondes comme des visages poupins ou voluptueuses comme des corps féminins.

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L'informatique fait aussi son entrée dans la panoplie d'outils de Nine, notamment pour les décors. L'ouvrage suivant, Jorge Luis Borgès (2018), marque un autre type d'hommage. En imaginant le célèbre auteur Argentin en inspecteur des volailles et lapins, Nine s'attaque cette fois au polar noir. Hammett et Chandler ne sont pas loin. Le style graphique change encore, le blanc cherche à se frayer un chemin dans les épaisses masses de noir pour dessiner les lieux et personnages. Il y jouera aussi beaucoup du collage, rajoutant un bras par ci, une tête par là. Le dessin et la technique se sont affinés, mais l'auteur continue d'évoquer visuellement ses personnages entre deux obscurités plutôt que de les dessiner frontalement (même si c'est l'album où Nine les détaillera le plus).


L'absurde et le surréalisme bon enfant de Thé de noix se durcit pour coller au genre abordé, se teintant même parfois d'ésotérisme.Les cadres narratifs, à nouveau en bas de case, sont un écrin parfait pour les monologues intérieurs du héros, soutenant parfaitement le style hard boiled détourné. Mais plus qu'un simple pastiche, Nine va en profiter pour aborder l'histoire de son pays, le péronisme et la relation entre les intellectuels de l'époque et le pouvoir, particulièrement celle compliqué de Borgès. 

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Budapest ou Presque est à nouveau une histoire policière. Son héros, Sigilozy, du bureau des digressions, mène l'enquête pour trouver le mystérieux vampire qui terrorise Budapest. Ou du moins, une version fantasmée de la ville, absurde miroir de la vraie, plongée dans les lignes fuyantes du trait de l'auteur.

Bourré d'idées folles et de situations incongrues, l'album est une cavalcade menant à un climax hors norme. Aussi prenant qu'inattendu, c'est une réussite.Un sommet du surréalisme si cher à Nine. Également son œuvre la plus métatextuelle.Encore une fois, les cadres narratifs servent parfaitement les digressions du héros, parfait prolongement des monologues intérieurs de Borgès et typique du polar.Visuellement, il change encore de style. Il délaisse les masses noires de Borgès pour se rapprocher du style épuré de Thé de Noix, poussant encore plus loin l'exercice. Son trait, plus fin que jamais, est enlevé, virevoltant, comme si l'auteur cherchait à faire saillir la forme du mouvement. Ses personnages deviennent des lignes fuyantes dans des décors fantasmagoriques. (Est-ce un hasard si Sigilo signifie furtif en espagnol?). Bien que le scénario soit excellent, c'est surement là la plus grande réussite de Nine, atteindre enfin cette abstraction du personnage, à peine esquissé mais pleinement saisi par le lecteur.

Se pose maintenant la question: quelle sera la prochaine étape, la prochaine évolution, expérimentation? On espère lui soutirer un début de réponse le 27 mars.

PS: Comme Lucas Nine fait plein de choses, notamment plusieurs BD inédites en France, cet article non exhaustif se concentre sur ses parutions chez les Rêveurs. Comme l'auteur est aussi animateur, pour se faire pardonner, on vous offre en bonus son court métrage Les Triolets.

 
Rencontres-dédicaces du début 2019
 
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Primo: Retour de Minetaro Mochizuki dans notre humble échoppe ! On profite de son passage à Angoulême et de la sortie de son adaptation du film de Wes Anderson pour l'asseoir à notre table, mardi 29 janvier de 18h15 à 20h15.

Comme d'habitude lorsque du monde se bouscule au portillon: l'achat d'un ouvrage de Mochizuki = un ticket de dédicace. 1 seule dédicace par personne. L'île aux chiens ne paraissant qu'en Mars, il se pourrait que nous ayons exceptionnellement quelques exemplaires en avance pour la dédicace mais rien n'est sur et il faudra voir sur place le jour même.

Edit: nous avons reçu L'île aux chiens qui sera en vente le jour de la dédicace (et ce jour là uniquement). 

Parceque pour une fois, il y en a, n'hésitez jamais à passer sur les événements Facebook de ces rencontres car ceux-ci sont souvent mis à jours plus promptement.

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Secundo: Les merveilleux auteurs des merveilleuses séries jeunesse qui titillent la créativité de leurs lecteurs, Anders et Détective Rollmops, viennent nous régaler de petits dessins supplémentaires !

En clair: Renaud Farace et Olivier Philipponneau s'amuseront graphiquement sur Detective Rollmops et sur πramide, leurs deux albums concepts hallucinants tandis que Gregory Mackay chouchoutera ses deux aventures d'Anders (la comète et le volcan) le samedi 2 Fevrier de 14h à 17h.

Si Anders est cette année sélectionné au Festival international de la BD d' Angoulême, Rollmops devrait faire partie du palmarès imaginaire de l'inventivité tandis qu'Hoochie coochie, l'éditeur, mériterait un prix du façonnage et du culot éditorial. En bref: un achat d’un ouvrage de l'auteur concerné = un ticket de dédicace. Maintenant ou le jour même, c'est vous qui voyez.

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Tertio: On enchaîne les rencontres merveilleuses avec cette fois le mirifique Robin Cousin, auteur du Profil de Jean Melville (aussi récompensé lors du FIBD, comme c'est étrange), du Chercheur fantôme et du tout récent Des milliards de miroirs, histoires techno-intelligentes qui interrogent beaucoup sur notre devenir et notre appréhension d'une modernité galopante.

L'achat de l'un de ses albums donne droit à l'obtention d'un ticket de dédicace, à partir de maintenant ou le jour même, vendredi 15 mars de 19h à 21h si vous préférez. Et enfin, vous aurez peut-être le plaisir de croiser Lucas Nine par chez nous ! Rumeur à préciser.