La bande dessinée entre au musée

 

"N'importe quel imbécile peut peindre un tableau, Mais il faut être malin pour le vendre"  dixit le satirique Samuel Butler

Par Stéphane

Je reviensd’un séjour à Cherbourg où se déroulait l’exposition La boite à dessins,rétrospective de la carrière d’André Juillard organisé par le Musée des Beaux-artsde la ville. Pourquoi parler de ça ? Simplement car, si letravail de Juillard me laisse d’une manière générale froid (quoique admiratifde sa technique), l’exposition est sublime, malgré de faibles moyens (40.000euros), et j’y ai appris plusieurs choses qui laissent à réfléchir.

1° : Une exposition comme celle-ci, ou celles d’avant dédiées à Bilal puis Schuiten,est dure à monter. Bien que la région soit à l’origine d’une telle démarche, l’Etats’investit peu, il préfère l’art contemporain.

2° :Hors une exposition autour de la bande dessinée attire quatre fois plus devisiteurs qu’une exposition de Beaux-arts traditionnelle. 10 à 12 milles visiteurs sontattendus pour celle-ci, et à chaque nouvelle tentative le score augmente.

3° : Cesexpositions sont d’autant plus intéressantes qu’elles attirent un public qui nemet d’ordinaire jamais les pieds dans un musée, et profite de l’occasion pourparcourir l’exposition permanente, découvre Chardin et Millet (autredécouverte, Cherbourg possède la seconde plus grande collection de Millet aumonde). La bande dessinée, selon ces expériences et confirmé par laconservatrice, la géniale Emilie Perrier, est le parfait appât pour initier lesplus réfractaires à la culture des beaux arts.

Bref,autant je suis contre l’introduction d’UFR bande dessinée dans les universités,lieux que je considère valable uniquement dans le cadre d’un developpement desavoir à vocation profesionnelle, autant des expositions temporaires -voirepermanentes- de bande dessinée dans le milieu des beaux arts, me semble être uneinitiative des plus enthousiasmantes.

PS: Le musée devrait très prochainement annoncer une exposition autour de Guillaume Sorel. Et il se pourrait que des tableaux d'Arnold Böcklin, comme ceux d'autres artistes à l'origine de ses inspirations, viennent enrichir le dispositif. Ce serait une première, une exposition, dans un musée d'Etat, confrontant artiste de bande dessinée et artiste de Beaux-arts.