Publications dans Mars 2020
Fermeture exceptionnelle, momentanée mais indéfinie
 
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Les lecteurs attentifs du blog et les arpenteurs de pavés l’auront déjà remarqué mais notons le içi pour notre ami google: Aaapoum a bien entendu ré-ouvert depuis.

Aucun lecteur ou aucune lectrice de bande dessinée n’aurait décemment pu louper l’information, à moins d’être véritablement plongé·e dans une épopée de manga en 125 tomes mais il ne coûte rien de repréciser la situation rapidement.

Tous les commerces non nécessaires sont dorénavant fermés au public. Nous le savions bien mais c’est dès lors officiel: Aaapoum Bapoum doit clore ses portes jusqu’à ce que la situation s’assainisse convenablement (ou que la littérature de toute sorte soit remboursée par la sécurité sociale). Désolé à tous nos BDvores, nos Mangaddicts et nos Comicsionados. Il est vrai que l’un des plaisirs ineffables de notre type d’environnement réside dans une balade détendue à travers nos rayons, l’œil alerte aux petites pépites qui y sont disséminées et les mains qui se tendent avidement vers nos bacs poussiéreux, compulsant passionnément nos divers rangements. Pas forcément les pratiques idéales pour éviter les virus.

Soyez rassuré·es, nous annoncerons en fanfare notre retour, que ce soit ici ou sur nos divers réseaux sociaux.

En attendant, les plus attentif/attentives d'entre vous auront remarqué que notre rutilant site internet disposait d'une section vente en ligne, qui vante les mérites de certains titres que nous affectionnons particulièrement ou qui sont suffisamment inhabituels pour que nous ayons envie de les mettre en avant par ce biais. Nous avons ainsi commencé à recevoir vos commandes. Merci infiniment de votre soutien. La librairie, quoi qu’inaccessible physiquement aux lecteurs, continue à chercher les meilleures BD pour étoffer ses rayons et il se pourrait que nous soyons en mesure de rajouter quelques références supplémentaires assez attrayantes dans le futur.

Crédit: Richard Corben, affiche FIBD 2020

Crédit: Richard Corben, affiche FIBD 2020

Attention cependant, bien que les derniers courageux·ses travaillant aux services postaux fassent un travail incroyable et nécessaire, il se peut que nous ayons des difficultés à envoyer vos colis et que le système arrive à saturation rapidement. Il vous faudra peut-être prendre votre mal en patience indéfiniment. Nous tacherons d'honorer chaque commande (et de communiquer au maximum avec vous) mais avec des délais inhabituels pouvant parfois atteindre l'obligation d'attendre une potentielle réouverture physique.

Merci à nouveau pour votre soutien tellement nécessaire. Continuez à remodeler votre espace vital pour en retirer un maximum de confort, lavez-vous les mains consciencieusement et vivez vos aventures sur le papier plutôt que dans les rues.

 
Raymond Capp
 

Permettons-nous, pour célébrer la mise en vente sur notre boutique en ligne de Fondation Babel, d’exhumer ce court billet dédié à Raymond Capp, une aventure également dessinée par Marco Nizzoli parue au même moment chez le même éditeur.

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 "— Oh Ray ! Toutes ces émotions m'ont excitée. Embrasse-moi !"

Le style "sous-mœbius" est quasiment un genre bédéïque en soi et qui mériterait d'être analysé, car à travers lui, c'est un pan de l'histoire du neuvième art que nous pourrions retracer. Marco Nizzoli est un dessinateur italien qui avait 20 ans quand l'Incal de Mœbius et Jodorowsky a pris fin. Cette lecture a profondément marqué l'œuvre qu'il réalisa avec son compère Federico Amico au scénario : Raymond Capp.

Il est inutile de crier au plagiat tant la référence est évidente. Il s'agit d'un polar cyberpunk extrêmement classique, qui se veut un démarquage futuriste des enquêtes de Philip Marlowe, exactement comme l'Incal Noir, le premier volume des aventures de John Difool, mais avec en plus une orientation réseaux informatiques formant dimension parallèle – la fameuse "matrice" – qui n'intéressait pas encore Jodo à l'époque. On retrouve ainsi éparpillés dans Raymond Capp divers motifs tant graphiques que scénaristiques de l'Incal, mais aussi d'autres œuvres de Mœbius en noir et blanc. John Difool s'appelle donc ici Raymond Capp, l'holo-maquillage s'appelle "générateur holographique", etc.

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Les envolées mystiques de Jodorowsky sont ici réduite à un personnage assez grotesque qui s'exprime comme Yoda, et la tonalité est nettement plus terre-à-terre et vulgaire que dans la saga cosmique des Humanoïdes Associés. Ces réserves émises, l'exercie est assez réussi, et depuis Nizzoli a trouvé en France une sorte de consécration en travaillant avec Jodo sur le Monde d'Alef-Thau, prenant ainsi la suite d'Arno, un dessinateur qui poussa lui-même à la lumière moebiusienne.

La meilleure création de l'album, c'est ce groupe de terroristes critiques littéraires prêts à tout pour défendre la culture face à l'abrutissement des masses (masses auxquelles ils se sentent forcément infiniment supérieurs).

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Raymond Capp de Nizzoli et Amico, environ 180 pages à vue de nez, Vertige Graphic 1994, 10€ en neuf, mais quelques exemplaires à 5€ vus à Aaapoum Bapoum.

Vlad, 2011.

 
In My Humble Etagère
 
Un petit aperçu de notre surface de présentation.

Un petit aperçu de notre surface de présentation.

Retour en force d’un éditeur que nous aimons particulièrement dans le panorama manga français: I.M.H.O.

Bien entendu, la majorité des albums que nous venons de recevoir, heureux bénéficiaires d’une réédition récente très attendue, ont immédiatement intégré notre rayon Ero-guro et délicatesse morbide. Certains se baladent toutefois près de notre rayon patrimonial (trusté par Black Box et Isan Manga depuis longtemps, jouxté par le rayon Tezuka depuis peu). C’est le cas notamment d’Opus, une série métaphysique endiablée de Satoshi Kon, ou de Seraphim du même auteur, un titre disputé qui avait déjà eu les honneurs d’un article en 2013 sur notre plateforme d’expression favorite d’alors.

 
Regain d'Atom
 

Vous avez manqué quelques numéros d’Atom ? Pas nous ! Hormis les quelques titres définitivement épuisés, vous pouvez dès à présent remonter le temps et compulser (puis acheter) les archives du magazine de manga le plus pointu du moment ! Vous ne pensiez pas pouvoir lire l’interview de Naoki Urasawa qui revient sur sa perception et l’héritage de Tezuka ? Vous vous désespériez de savoir ce que la rédaction avait à dire sur Junji Ito ? Tout est là, à Aaapoum Bapoum. D’Atom #5 à Atom #13 (et ses futurs descendants, les numéros suivants).

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Bodybuilding et dragons
 

Je m’étonne de découvrir que nous n’avons jamais parlé de Boris Vallejo sur le Aaablog auparavant, malgré la présence constante de cet illustrateur dans nos bacs depuis maintenant plus de 10 ans !

C’est à l’occasion d’un léger dépoussiérage de notre rayon artbook (un rayon que semble ne pas vouloir se séparer de son état d’encombrement constant) que nous redécouvrons Arcanes, une pépite véritable pour quiconque saurait passer outre sa couverture un peu tapageuse et démodée. Boris Vallejo, illustrateur-peintre américain des années 80-90, est certes très porté sur un héroic-fantasy peuplé de corps nus et de créatures rétro mais son présent recueil nous fait aussi découvrir une multitude de compositions aux influences et aux liens culturels surprenants.

Outre une fascination pour les corps finement bodybuildés qui accompagne ses désirs de précision stylistique à merveille, Boris (comme il est cité dans tous les truculents textes d’explication qui jouxtent chaque image) se retrouve aussi par à coups au cœur du tumulte de la pop-culture des années 90. Une magnifique illustration pour Vampirella s’intercale entre un plagiat de série B de Starwars et des illustrations de boites de jeux videos fondateurs (might and magic). Une affiche pour Knightriders de l’excellent Georges A. Romero côtoie une illu de Clinton parodié en Tarzan. Boris Vallejo n’est définitivement pas l’illustrateur de bourrins en slibards et de nymphettes dénudées qu’on pourrait croire au premier abord.

Arcanes, Boris Vallejo, éditions Soleil, 15€.