Publications avec le tag manga
In My Humble Etagère
 
Un petit aperçu de notre surface de présentation.

Un petit aperçu de notre surface de présentation.

Retour en force d’un éditeur que nous aimons particulièrement dans le panorama manga français: I.M.H.O.

Bien entendu, la majorité des albums que nous venons de recevoir, heureux bénéficiaires d’une réédition récente très attendue, ont immédiatement intégré notre rayon Ero-guro et délicatesse morbide. Certains se baladent toutefois près de notre rayon patrimonial (trusté par Black Box et Isan Manga depuis longtemps, jouxté par le rayon Tezuka depuis peu). C’est le cas notamment d’Opus, une série métaphysique endiablée de Satoshi Kon, ou de Seraphim du même auteur, un titre disputé qui avait déjà eu les honneurs d’un article en 2013 sur notre plateforme d’expression favorite d’alors.

 
LES FEMMES DU ZODIAQUE DE MIYAKO MAKI
 

Quelques éditeurs continuent courageusement de traduire pour le lectorat français les auteurs de mangas qui ont précédé la vague de l'export. Ainsi Le Lézard Noir nous a récemment soumis une œuvre (la première en français) de la mangaka Miyako Maki. Il s'agit des Femmes du Zodiaque (星座の女 Seiza no Onna). Ce recueil (le premier de deux) contient cinq histoires initialement publiées de 1973 à 1974 dans la revue Josei jishin. Orientées sur les thématiques du désir, de l'amour et du désamour, ces nouvelles entretiennent aussi un lien avec l'astrologie, perçue alors comme méthode divinatoire venue de l'Occident. Le lien aux astres est plus ou moins fort d'un récit à l'autre, parfois indissociable de la trame, parfois ténu, voire artificiel.

Certaines histoires sont assez amères, d'autres sont plus douces. Leur point commun est une forte vraisemblance dans la description des caractères et un graphisme élégant très caractéristique de l'époque dans sa digestion des motifs arts décos. Si certais traits fins et certaines trames ont été assez dégradés (les dessins originaux sont sans doute inaccessibles) nous féliciteront toutefois l'éditeur pour le choix de son imprimeur (imprimerie SEPEC, en France !) au vu de la qualié des noirs fournis, qui contrastent de manière réjouissante avec la blancheur du papier, des noirs vraiment très au-dessus de la grisaille radine qui nous est trop souvent donnée à déchiffrer !

Sans être un grand amateur de récits centrés sur l'amour, sa non-réciprocité, la culpabilité et tout ce genre de subtilités, je reconnais que j'ai passé un bon moment à cette lecture. Ces récits témoignent aussi d'une époque où le Japon s'efforce de paraître le plus occidental possible. Certaines histoires sont ainsi parfaitement dépourvues d'éléments graphiques pouvant les rattacher à la péninsule nippone. Les nostalgiques apprécieront l'évocation des parures et des coupes de cheveux des années yéyé.

Rapide descriptif du contenu :

Les algues sans racines : où le bruit du passage du train rythme des relations sexuelles pas toujours épanouissantes et où le retard des règles prend des résonnances inquiétantes.• Décrochage en rouge : une histoire assez noire digne du grand William Irish !• Le col de Kawaizaka : l'histoire la plus longue, qui donne son nom au recueil. Belle et triste.• La tour aux papillons de nuit : où rôde un don juan en veste à carreaux et au brushing impeccable.• Nuages d'automne : une touche de légèreté et un plein d'essence pour finir.

Les Femmes du Zodiaque, volume 1 : Le col de Kawaizaka de Miyako MAKI, Le Lézard Noir, 336 p. N&B broché. 22 €. Traduit par Miyako Slocombe. EAN : 9782353480630

 
SERAPHIM – '266613336WINGS' de MAMORU OSHII et SATOSHI KON
 

Comme je ne suis pas très érudit en ce qui concerne la production nippone, le premier mérite du livre paru le mois dernier chez IMHO fut, par son existence même, de me faire découvrir que deux pointures de la japanimation, Mamoru OSHII (Patlabor, Ghost in the Shell, Avalon...) et Satoshi KON (Perfect Blue, Tokyo Godfathers, Paranoïa Agent, Paprika...) avaient travaillé ensemble. Non pas sur un film, donc, mais sur une série en BD. Il faut l'écrire tout de suite : cette fiction n'est absolument pas terminée et ne le sera jamais. Les postfaces, instructives, restent cependant peu disertes sur les raisons réelles de la rupture et de l’inachèvement.

D'abord uniquement crédité de la partie graphique, Satoshi Kon finit par signer l'ensemble tout en conservant la mention "sur une idée originale de Mamoru Oshii". L'œuvre fut prépubliée dans le magazine Animage entre mai 1994 et novembre 1995. Éditorialement, le projet semble conçu pour combler le vide laissé par la fin de Nausicaä de Miyazaki, dans le même magazine. De fait Seraphim se situe stylistiquement et thématiquement à l'intersection de Nausicaä et d'une autre série, commencée dans le magazine Afternoon en 1997, c'est-à-dire après l'arrêt de Seraphim : Eden, It's an Endless World ! de Hiroki Endo, éditée en France chez Panini.

De Nausicaä on retrouve un personnage féminin central, situé entre l'enfance et l'âge adulte, au rôle messianique affirmé, et des manifestations incontrôlables de la Nature, semblant réaffirmer ses droits après la dévastation. L'épidémie ravageant l'humanité, le dessin précis, l’atmosphère apocalyptique, les jeux de pouvoirs des triades et une certaine fascination pour les technologies guerrières préfigurent quant à eux l'œuvre de Hiroki Endo.

Le récit met un peu de temps à se mettre en place, démarre de manière un peu ennuyeuse, les informations sur l'univers arrivant plus vite que les actions des protagonistes, et ce n'est que vers la page 120 que l'on se sent réellement entraîné. Sur un récit de 220 planches, ce genre de défaut serait rédhibitoire, mais pas pour le démarrage d'une longue épopée, à laquelle les auteurs nous préparaient. En effet, le parcours des trois Rois mages de service (au rang desquels un basset géant) et de l'Enfant messie devait traverser la Chine, morcelée et en proie aux guerres, et la Sibérie, pour se rendre "au plus profond du continent eurasiatique". Au vu du rythme du récit, de la dose de mystères à exploiter et de diverses intuitions, on peut pronostiquer que l'histoire entière aurait été au moins trois fois plus longue. Au final la frustration du lecteur est bien là, mais pas aussi forte que l'on eût pu s'y attendre. En effet, prévenu dès le départ, on peut se laisser porter par le moment présent du récit avec un certain détachement contemplatif pas du tout désagréable. Le dessin réaliste de Satoshi Kon, tout à fait apte à attirer les non-amateurs de produits japonais préalablement conquis par Otomo, se prête assez bien à ce mode de lecture. Le découpage toutefois est assez inégal: si certains passages sont un régal, le recours à la micro-ellipse nuit parfois à la lisibilité de certaines scènes d'action.

L'objet édité par IMHO est plaisant, notammant grâce au travail de maquette de Vincent Montagnana. Poster, planches de croquis et postfaces, belle prise en main et toucher agréable, on n'a pas à se plaindre.Trois défauts néanmoins sont à signaler, sinon nous ne serions plus les chieurs pointilleux que nous affectionnons paraître :• Si nous sommes ravis d'avoir un poster en encart et des pages couleurs en introduction, il faut bien déplorer que ces dernières moirent, si ce n'est méchamment, du moins de façon gênante.• Une interversion de l'emplacement de deux récitatifs vient gâcher une citation de l'Évangile de Luc en page 018.• L'absence de rabats rend extrêmement fragile le délicat pelliculage mat de la couverture : après quelques manipulations et transports, même soigneux, il a tendance à se décoller aux angles.

Au final, un ouvrage que l'on recommandera aux amateurs de l'un ou l'autre des auteurs et aux maîtres du jeu en recherche d'inspiration pour leur campagne de jeu de rôle futuriste, qui trouveront ici matière à développer leur inspiration et pourront conclure à leur manière cette aventure de fin du monde inachevée.

 
LECTURES DE VACANCES
 

En vacances, on peut lire, c'est merveilleux.

Les Tuniques Bleues n°57 : Colorado Story de Lambil et Cauvin, DupuisC'est fou, la précédente fois que j'ai lu un Tuniques Bleues, c'était le n°53. Tu as à peine le temps de te retourner, d'installer deux trois étagères, et voilà que Lambil et Cauvin ont déjà pondu quatre albums. Je ne me rappelle plus du tout du contenu de Sang bleu chez les bleus mais je me souviens de m'être fait la réflexion que le dessin de Lambil n'avait pas bougé. Quatre ans plus tard on ne peut plus dire la même chose. Une grosse fatigue s'est abattu sur le vieil artisan et ici chaque vignette semble être un agrandissement d'un morceau de case du temps passé : trait un peu bancal, gras, composition malhabile, absence de détails, impression de vide. L'album se lit cependant sans difficulté et on le referme avec l'impression qu'il ne s'est pas passé grand chose. Longtemps annoncée, l'aventure n'arrive jamais. Ce n'est pas forcément un mal puisque des aventures, les deux bas-gradés fédérés en ont déjà vécues pas mal.Cette quasi-absence d'action et de rebondissements me laisse assez rêveur.

S'il n'y avait cette fameuse péremption des corps vivants, on pourrait imaginer que Lambil et Cauvin continuent ainsi pendant des siècles. Et qu'à chaque tome, insidieusement les deux compères se décalent progressivement et de manière quasi imperceptible du schéma initial. Spéculons : au 25e siècle, Cornélius Chesterfield et Blutch passeront des albums entiers à ne presque rien faire, cantonnés dans un fort. À la page 7 ils se lèveront pour aller saluer le drapeau "— Debout ! bête feignasse !", "— Je vois briller une telle exaltation dans votre œil bovin que je vous cède le passage avec plaisir, Sergent". Page 26 ils se rendront à la cantine : "— Alors Cornélius, vous n'avez pas faim ? Vous rêvez encore à Miss Applet..." scrognnntudju.

Ainsi petit à petit, les anti-héros de la guerre auront glissé dans un espace théâtral becketto-brechtien où le décor ira en s'effaçant, jusqu'à disparaître dans un nuage cotonneux. Réduits à l'état de spectres bégayants ils se rendront parfois compte qu'ils sont morts depuis longtemps. Ils se disputeront alors pour savoir depuis quelle aventure ils sont décédés, depuis quel moment a démarré ce changement d'état ?

Scalped tome 9 :  À couteaux tirés de Aaron et Guéra, Urban comicsJ'ai bien essayé de le faire durer celui-là, sachant que le tome 10, à sortir en février, serait le dernier de ce magnifique feuilleton. Aussi je me suis souvent arrêté, à la fin de chaque chapitre, je prenais le journal, j'allais jouer aux petites voitures, mais rien à faire, j'ai fini par le terminer. Excellent, sauf un chapitre assez inutile en début de recueil, correspondant au n°50 des fascicules originaux. Quand ils arrivent au 50e numéro, les étatsuniens se sentent obligés de fêter ça, alors ils invitent tout un tas d'artistes extérieurs à venir célébrer leur durabilité. Si la première partie de cet épisode 50, avec ses détails parfaitement horrifiques sur la technique du scalpage est très bien, si le choix d'Igor Kordey comme partenaire est assez naturel, les pleines pages signées par d'autres artistes (dont Jordi Bernet et Steve Dillon) sont assez inutiles. Mais cessons de pleurnicher pour quelques planches : eussions nous attendu un long mois comme les lecteurs initiaux pour avoir la suite, que la grogne eût été justifiée, mais nous avons eu bien des pages pour être, non pas satisfaits, mais transportés avec bonheur et angoisse. Un tome extrêment dense en rebondissements et action. Trahisons, revirements, surprises... Le rythme s'accélère dans la réserve Lakota de Prairie Rose (!) et cette magistrale série approche de sa conclusion, qu'on présume noire tant tout ce qui nous a été donné de traverser était loin du Village dans les nuages. À mon avis cette série est ce que les États-Unis ont produit de mieux, avec Locke & Key, depuis une décennie.

Baby-sitters tome 1 de Hari Tokeino, GlénatOn change totalement de registre pour cette série cherchant à se placer sous le dogme du "mignon". Ryuchi, un ado bien élevé et bienveillant, et son tout petit frère Kotaro, ont perdu leurs parents dans un accident. Désormais ils sont l'un pour l'autre leur seule famille. Oui, la larme vous vient à l'œil... C'est le principe. Les grosses ficelles de l'émotion sont ici fortement agitées. Ryuchi est même victime d'injustices (plutôt mineures) récurrentes. Ce brave gars n'en veut jamais à ceux qui le bousculent, au contraire, ils les comprend. Ryuchi et Kotaro sont donc accueilli pas la directrice d'apparence acariâtre d'une université. Vous avez bien noté le "d'apparence". Elle confie à Ryutaro un emploi de surveillant dans la crèche sise au sein de l'établissement, la crèche qui accueille donc les bébés des professeurs et du personnel. Grand frère idéal et attentionné, Ryutaro est un excellent choix pour ce poste. Les bébés sont ici traités comme des créatures d'une espèce presque distincte de l'humanité. Supposés extrêmement mignons, ils sont aussi très chauds et volontaires et ils ne font pas beaucoup caca. Il est un peu trop tôt pour se faire une opinion tranchée sur cette série. C'est souvent un peu balourd, mais j'ai été parfois ému. Il faut dire que je pleure devant la Petite maison dans la prairie, moi.

Btooom! tome 11 de Junya Inoue, GlénatNouvelle rupture de registre, avec la suite de ce shonen-up bien sanglant. Forcément, quand tu n'as que des grenades pour te défendre contre d'autres tordus, ça change un peu de la bataille de polochons. Là aussi on s'approche bien de la conclusion, ou du moins d'un cap important dans le développement de l'histoire. Ryota continue à se débattre pour constituer une équipe afin de mener à bien son plan d'évasion de l'île, mais le Dr Daté est décidément une véritable ordure. Les enjeux tactiques sont toujours clairement exploités dans cette série B tout à fait lisible. Les motivations des méchants organisateurs sont un peu moins convaincantes, mais on ne blâmera pas l'auteur de tenter d'inclure son aventure insulaire dans un cadre géopolitique anticipatif plus large. D'ailleurs un shonen-up supervisé par le Monde diplo serait sans doute moins distrayant. Enfin, dans la mesure où voir des êtres humains déchiquetés par des bombes puisse vous distraire. L'auteur développe d'ailleurs un peu sa réflexion et sa mise en abyme du spectacle, faisant de Btooom ! une curiosité hésitant entre voyeurisme et moralisme et dévoilant Junya Inoue comme un lointain descendant de Sam Peckinpah.Bonne fin d'année 2014.

 
SOLDES MANGAS
 

Pour ceux qui ne sont pas abonnés à notre lettre d'informations (formulaire ci-contre dans la colonne de droite) et pour ceux qui ne nous suivent pas sur facebook, il faut tout de même que je l'écrive ici : nous organisons de petites soldes, et principalement sur notre rayons mangas.

J'ai pour l'instant sélectionné près de deux cents volumes qui sont vendus à 2€ pièce à l'entrée du magasin de la rue Serpente. Il y a aussi des mangas grand format au moitié de notre prix habituel. Quelques exemples :

• Black Butler tome 1 : 2 €

• Death note tome 3 : 2 €

• Strain tome 2 : 3,50 €.

Donc si vous avez encore soif de lectures pas trop chères en sortant de la Japan Expo, ou en y allant, n'hésitez pas à faire un saut par le quartier latin, qui bien qu'envahi par les banques et les agences immobilières recèlent encore quelques lieux propice au divertissement et à la joie. Et si comme moi vous n'allez pas à la Japan Expo et bien vous aurez plus de temps pour rester un moment dans notre boutique presque fraîche et presque rangée.

 
2001 NIGHTS STORIES DE YOKINOBU HOSHINO
 

Le monolithe de Noël

Dans quelques jours les éditions Glénat sortent un coffret que vous aurez peu de chances de trouver chez nous avant un moment. Tiré à seulement 2001 exemplaires, cet épais bloc de science-fiction qui réuni deux beaux volumes format A4 (ce qui pour du manga est assez grand) est en effet vendu 99 €. Chaque exemplaire est accompagné d'un ex-libris numéroté et signé, agrémenté au dos d'un autenthique dessin original d'Hoshino – pour ce que nous en avons vu, en général un visage féminin de trois quart assez élégant. Dans ces conditions il est probable que ses acquéreurs ne le revendent pas immédiatement et que l'éditeur en distribue relativement peu. Aussi si vous voulez lire cette œuvre assez rapidement il vaut mieux aller l'acheter ailleurs que de l'attendre chez nous. Mais... est-ce que ça en vaut la peine, et d'abord qu'est-ce que c'est que ce truc ?

Comme son titre l'indique cette œuvre fait référence au film de Kubrick et de Clarke, 2001 l'Odyssée de l'espace, sorti sur les écrans en 1968 et qui marqua profondément l'imaginaire des spectateurs de l'époque (monument qui, cela dit en passant, n'a pas pris beaucoup de rides plus de 40 ans après). Au milieu des années 80, Yokinobu Hoshino et son éditeur décident de rendre hommage au long métrage à travers une série de nouvelles. Le temps de 6 histoires l'exercice sera mené avec une efficacité réelle. L'auteur japonais parvient à décliner des situations du film avec le même souci de vraisemblance. On est en pleine SF hard science. Les vaisseaux, les capsules, les scaphandres sont bien dans la même veine que dans le Kubrick. C'est en quelque sorte fatal, puisque de toutes façons ils puisent également dans les mêmes sources et s'inspirent des recherches et développement des agences spatiales réelles.

Dès la septième histoire, Hoshino sent la limite du système et s'il garde le même tempo, il s'éloignera délibérément du carcan imposé poar son modèle initial. Les 13 autres nouvelles aborderont donc les 4 siècles à venir de la colonisation de l'espace.

Le dessin, digne produit d'une école réaliste japonaise où s'abreuvent aussi bien Otomo, Hôjô, qu'Ikegami et Taniguchi, est très maîtrisé et élégant. Si les personnages sont frappés par une trop grande standardisation, le style froid d'Hoshino colle très bien à la description des mécaniques volantes et des glaciaux espaces sidéraux. Des posters dépliants et de nombreuses pages couleurs accentuent des effets spectaculaires déjà abondants. Leur naïveté pompière heurtera probablement les sensibilités les plus austères mais réjouira les autres.

À moins qu'elle ne soit un premier contact avec le genre, cette œuvre ne devrait changer la vie de personne, mais elle demeure une bonne référence bédéïque en science-fiction. Je ne dirais pas un incontournable, mais plutôt un bon classique jusqu'ici inédit en France. D'Hoshino, nous n'avons d'ailleurs jusqu'à présent qu'eût droit au Trou bleu, chez Casterman en 1996. Les éditions Glénat comblent donc une lacune et se voit justement sélectionnées pour le prix du patrimoine à Angoulême 2013.L'objet est joli, les livres ont une prise en main agréable, le paier est épais et l'impression est de qualité – je l'écris en gras car c'est important et rare.

2001 Night Stories de Yukinobu Hoshino, coffret réunissant deux volumes, ex-libris n° et s. 99€.

2001 Night Stories de Yukinobu Hoshino, coffret réunissant deux volumes, ex-libris n° et s. 99€.

Donc pour conclure je vous dirais que si vous gagnez au moins 2500 euros par mois et que vous aimez la science-ficition, l'achat de ce coffret est tout à fait valable. Si vous gagnez 1800 euros par mois et que vous voulez faire très plaisir à quelqu'un qui aime la science-fiction, alors c'est aussi valble. Sinon... c'est peut-être un investissement un peu excessif.

Pour info il semble que le sous-titre étrange "version d'origine" soit une concession aux éditeurs japonais pour qui cela signifierait en français quelque chose comme "la version telle que l'auteur l'aurait toujours voulue".

Il est vrai que le français du Japon n'est pas exactement le même qu'ici.

 
BICYCLE 3000 DE O SE HYUNG
 

Sordide sans tonitruance

Un fait divers sordide comme notre espèce est assez propice à façonner est à l'origine de cette bande venue de Corée. Elle commence par une garde à vue et dès les premières pages le lecteur aura compris toute l'histoire, que nous ne développerons pas ici. Une histoire si simple que même le bouleversement chronologique n'arrive pas à la brouiller.

Le dessin, assisté de photographies manque considérablement de puissance mais la mise en scène est fluide et élégante. Un peu démonstrative dans l'affichage de sa retenue, mais elle fonctionne bien sans exiger un investissement démesuré du consommateur. L'auteur a sans doute voulu compenser l'inexpressivité de ses personnages (un jeune homme simplet et une jeune fille dont la discrétion frise l'effacement) par une narration limpide. Ainsi c'est une bonne petite dose de glauque facilement assimilable qui est à votre portée en une heure de lecture. On referme le livre un peu plus triste qu'avant, c'est donc que quelque chose est survenu. Je vous le recommande, en plus ça sort aujourd'hui, vous pouvez toujours l'acheter chez nos voisins, ou espérez en voir en occaz dans pas trop longtemps chez nous.

184 p. EAN : 9782505015642, Kana, collection Made in, 15€ neuf.

 
RENCONTRE AVEC ATSUSHI KANEKO
 

"Si je n'avais pas raté la fac, je ne serais pas devenu mangaka."

Au mois de janvier de cette année, nous avions eu la chance d'accueillir Atsushi Kaneko, un excellent illustrateur et un mangaka étonnant, dont nous apprécions aussi bien Bambi (6 tomes chez IMHO) –série B punk, frénétique et délirante– que Soil (11 tomes chez Ankama), –fantastique psychanalyse lynchienne d'une ville nouvelle ou rien n'est ce qu'il paraît être.

Grâce à la traduction en direct d'Aurélien Estager, Atsushi Kaneko a pu répondre aux questions de ses lecteurs présents ce jour là.  La vidéo dure un petit quart d'heure et a été enregistrée à l'initiative de Faustine et Nicolas, qui en plus d'être nos clients depuis longtemps sont aussi les valeureux animateurs de la section manga du site planetebd.com. Merci à eux, qui ont captés ces instants malgré l'état grippal qui les accablait et qui nous ont autorisé à diffuser ces images sur notre blog.

Atsushi Kaneko à Aaapoum Bapoum from Aaapoum Bapoum on Vimeo.

Après avoir répondu aux questions avec un naturel notable pour un mangaka, l'artiste a travaillé jusqu'à l'épuisement sur des dédicaces pour nos clients. Merci à lui et aux éditions Ankama et IMHO.

Le son n'est pas très fort, ce doit être ma faute –je suis nul en compression de vidéos– mais vous n'avez qu'à pousser le volume de votre home cinéma.

 
Bambi 0 (Bambi – alternative) d'Atsushi Kaneko
 

Chapitres bonus... Comme une rondelle dans le coca.

Puisque nous avons reçu l'auteur — Atsushi Kaneko — en dédicace la semaine dernière, et que nous avions ce livre en exclusivité pour l'occasion, nous avons eu un peu le temps de le lire et je vais pouvoir en toucher un mot à nos lecteurs avant sa parution nationale, planifiée au 9 février sur le site de l'éditeur.

Bambi O, dont le titre réel semble être plutôt Bambi alternative, est un recueil de nouvelles se déroulant dans l'univers très particulier de la série Bambi. Contrairement à ce que raconte l'éditeur sur son site, ou à ce que la magnifique couverture laisse penser, Bambi alternative ne raconte absolument pas l'enfance de la pistolera.

En revanche on y trouve :

- Comment un tueur expérimenté nommé Okada est devenu cet homme-pigeon bien frappé que Tanahashi rencontre pour la première fois dans le Point 5 (tome 1). Il s'agit donc des circonstances qui l'ont amené à croiser Bambi.

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- L'histoire de l'enfance des trois tueuses qui seront connues par la suite sous les délicieux sobriquets de Mouse, Roach et Fly. Chapitre plaisamment présenté comme un livre pour enfants de la collection "Les grands classiques jeunesse". On y comprend que l'auteur voit dans leur destinée perverse la conjonction d'un naturel mauvais et d'une désastreuse éducation. Ainsi s'éloignent les interprétations qui verraient en Bambi l'incarnation instinctive et brute d'un naturel bon de l'être humain avant qu'il ne soit dévoyé par une société décadente, corrompue et malsaine. Si Bambi est proche de l'enfance, tous les enfants n'ont donc pas de manière innée son inclination vers la pureté.On en apprend aussi davantage sur l'inquiétant Charly, son parcours et ses motivations.

- Le contre-champ d'un chapitre du tome 3 (Point 20 : Nao) et ce qui le précède. On y voit les dernières heures de la vie d'un petit escroc qui mourra  d'avoir voulu arrêter Bambi. Et oui, car derrière chaque mort il y a une vie avec ses espoirs idiots.

- Les origines de Black Dog, l'esclave sexuel de Fly. Encore une enfance maltraitée. Sordide à souhait.

- Une assez longue histoire (2 chapitres) mettant en scène les trois tueuses de Charly. Elles traquent Smirnov, un opposant politique d'un pays de l'Est. L'histoire est axée autour d'un des mercenaires escortant Smirnov et tentant de lui faire traverser une frontière pour le mettre à l'abri. C'est sans espoir et assez émouvant. Un bon western en montagne.

- La rencontre de Bambi et des "Vieux"... à peu près deux ans avant le moment où débute la série.

- Le recueil se clôt par un article vantant les mérites de Tanahashi... On y apprend qu'il mourra à 83 ans à la tête d'une fortune colossale, après avoir triomphé dans le monde de la finance.

Rien d'indispensable dans ce volume, mais il apporte tout de même un précieux complément aux amateurs de la série. L'art de Kaneko s'y déploie avec aisance. Son souci de la psychologie s'y affine et on peut raisonnablement voir l'œuvre  comme le fruit d'une transition de son auteur vers les horizons moins décontractés de SOIL.

Bambi t.O d'Atsushi Kaneko, IMHO, traduit par Sylvain Chollet, 12,95€.

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Dohé et Yumemakura n'ont jamais été scouts
 

On ne joue pas avec le feu

Taitei no Ken est une série en cours de publication chez Glénat mélangeant allègrement la fantasy, le chambara et la science-fiction, entendez que des ronins y fréquentent des sorciers et des extraterrestres. C'est plutôt délirant et mis en scène sans aucun humour, ce qui est très réjouissant. C'est le coréen Dohé (ou Dohe ou Dohae) qui mène cette adaptation d'une série de romans de Baku Yumemakura.

Il y a des choses que j'admets facilement dans un cadre de fantasy. Les protagonistes courent à reculons, font des bonds formidables, ont des têtes d'animaux... etc. Soit. Ces extravagances sont même recommandées dans ce type de divertissement. Ce que je ne peux accepter, en revanche, c'est qu'on fasse n'importe quoi avec la vraisemblance de l'environnement présenté comme traditionnel et inchangé par rapport à notre expérience du monde. Ainsi quand je vois, au cours du tome 3, Gonzo le chasseur d'ours prendre une branche dans un feu pour s'éclairer la nuit et marcher dans la forêt avec, là tout d'un coup pour moi, tout l'édifice s'effondre et la crédibilité de l'univers se délite. On voit que Dohé, occupé qu'il était à devenir mangaka, n'a jamais eu la chance de poser ses fesses autour d'un feu de camp, et n'a même jamais entretenu un feu de cheminée. En effet, quiconque a un minimum d'expérience campagnarde sait qu'une fois ôtée du foyer toute branche voit sa flamme s'étioler jusqu'à ne présenter bientôt qu'une extrémité rougeoyante... qui ne tarde guère à s'éteindre. Dès lors il est impossible d'espérer s'éclairer avec un tel brandon et encore moins se promener avec.

Pire, plus loin, le gars Gonzo va même jusqu'à enflammer un autre bout de bois juste en le mettant en contact avec sa branche initiale. Bravo. Non seulement c'est impossible, à moins d'avoir tout aspergé d'essence avant, mais en plus on se demande pourquoi ce chasseur éprouve le besoin de se faire repérer à distance par la proie qu'il traque.

Cependant, il ne faut pas en vouloir à Dohé car en fait il se montre, comme à l'accoutumée dans cette adaptation, parfaitement fidèle au texte de Yumemakura (auteur entre autres du Sommet des dieux), également disponible dans la récente collection romans de Glénat sous le titre de L'Epée de l'Empereur :

"Gonzo s'empara donc d'une branche morte qui se consumait dans le feu et vint rejoindre Shirotora [c'est le nom de son chien] en tenant la torche improvisée. [...] Ils marchèrent pendant plus d'une heure. [...] Shirotora vint se placer devant le trou et aboya.Gonzo s'approcha doucement du bord. Il vit quelque chose sans le discerner clairement. Le chasseur ramassa une branche morte par terre, l'alluma, puis la jeta dans le trou.“Qu'est-ce que c'est ?!” s'exclama-t-il d'une voix basse."

Bon c'est pas très grave... Après, grâce à l'arrivée d'une mousse extraterrestre, d'une femme qui se bat avec ses cheveux et d'un artefact catholique qui fait planer, j'ai réussi à me remettre dans l'histoire, mais il s'en est fallu de peu que je ne stoppe ma lecture.

Taitei no Ken tome 5 à paraître le 26 janvier.L'Épée de l'Empereur tome 2 à paraître en juin 2011.