Comme son titre l'indique cette œuvre fait référence au film de Kubrick et de Clarke, 2001 l'Odyssée de l'espace, sorti sur les écrans en 1968 et qui marqua profondément l'imaginaire des spectateurs de l'époque (monument qui, cela dit en passant, n'a pas pris beaucoup de rides plus de 40 ans après). Au milieu des années 80, Yokinobu Hoshino et son éditeur décident de rendre hommage au long métrage à travers une série de nouvelles. Le temps de 6 histoires l'exercice sera mené avec une efficacité réelle. L'auteur japonais parvient à décliner des situations du film avec le même souci de vraisemblance. On est en pleine SF hard science. Les vaisseaux, les capsules, les scaphandres sont bien dans la même veine que dans le Kubrick. C'est en quelque sorte fatal, puisque de toutes façons ils puisent également dans les mêmes sources et s'inspirent des recherches et développement des agences spatiales réelles.
Dès la septième histoire, Hoshino sent la limite du système et s'il garde le même tempo, il s'éloignera délibérément du carcan imposé poar son modèle initial. Les 13 autres nouvelles aborderont donc les 4 siècles à venir de la colonisation de l'espace.
Le dessin, digne produit d'une école réaliste japonaise où s'abreuvent aussi bien Otomo, Hôjô, qu'Ikegami et Taniguchi, est très maîtrisé et élégant. Si les personnages sont frappés par une trop grande standardisation, le style froid d'Hoshino colle très bien à la description des mécaniques volantes et des glaciaux espaces sidéraux. Des posters dépliants et de nombreuses pages couleurs accentuent des effets spectaculaires déjà abondants. Leur naïveté pompière heurtera probablement les sensibilités les plus austères mais réjouira les autres.
À moins qu'elle ne soit un premier contact avec le genre, cette œuvre ne devrait changer la vie de personne, mais elle demeure une bonne référence bédéïque en science-fiction. Je ne dirais pas un incontournable, mais plutôt un bon classique jusqu'ici inédit en France. D'Hoshino, nous n'avons d'ailleurs jusqu'à présent qu'eût droit au Trou bleu, chez Casterman en 1996. Les éditions Glénat comblent donc une lacune et se voit justement sélectionnées pour le prix du patrimoine à Angoulême 2013.L'objet est joli, les livres ont une prise en main agréable, le paier est épais et l'impression est de qualité – je l'écris en gras car c'est important et rare.