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NOTES POUR UNE HISTOIRE DE GUERRE de GIPI
 

"La ville fut florissante

Puis en ruine

Enfin

Et c'était incroyable

elle fut florissante de nouveau"

Un pays en guerre et troisadolescents perdus dans son champ de bataille. Une vie âpre à laquelle cesderniers font face, chacun à leur manière mais unis. P’tit Calibre le dur àcuire, Christian, obnubilé par ses envies de moto et Julien, “fils à papa”, seuldes trois qui possède encore une famille bien qu’il préfère coller aux basquesde ses copains. Refusant de plier devant la misère, un avenir ou unemploi de mange-pierre, le trio se trouve appâté par un profiteur de guerrequi se propose de « les employer à leur juste valeur ». L’argentafflue et les rêves s’approchent aux portes de la réalité…mais cela peut-ildurer ?

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Appliquant à la lettre la distanciationde Berthold Brecht, Gipi invente une Italiefantastique qui pourrait parfaitement servir de toile de fond à l’une des piècesdu dramaturge allemand (je pense ici beaucoup à L’Irrésistible ascension d’Arturo Ui). La société n’y est plus toutà fait celle que l’on connaît, et pourtant chaque objet y évoque un élémentfamilier. Pays malade, rongé par la corruption et la guerre, le monde selon Gipiest une terre sans promesse pour la jeunesse désoeuvrée. Vraiment, nul besoinde pancarte pour déchiffrer la parabole. Car si la filiation avec une semi-dictaturemoderne n’émerge toujours pas à l’esprit, certains anciens camarades de combat duPrésident Berlusconi traverseront l’arrière-plan pour lever toute ambiguïté (unpeu à la manière des pancartes en fin d’acte chez Brecht, qui viennent retisserles liens entre la pièce et le monde). Et cerise sur le gâteau qui propulsele livre au rang de chef d’oeuvre, même désemparé, Notes pour une histoire de guerre ne renonce à aucun moment à transmettrel’espoir et l’envie de résister.

 
Black Hole de Charles Burns
 

Dis, c’est quoi donc maman ce trou noir ?

Au milieu des 70’s, une étrange épidémie se déclare dans une université de la banlieue de Seattle, transmissible par voie sexuelle, et dont les symptômes vont de l’irritation aigue au déploiement d’excroissances inquiétantes. Couvertes de cornes ou queues à l’étrange apparence, les victimes les plus touchées sont tellement déformées qu’elles en deviennent méconnaissables. Est-ce une manifestation métaphorique de leur dépendance, notamment aux drogues circulant en abondance dans les fastueuses « parties » estudiantines ? Où est-ce la réalité ?

Facile d’entrevoir dans ce scénario horrifique une parabole sur le sida, mais clairement Burns ne le souhaite pas. Ces références seraient plutôt à chercher dans les thrillers psychologiques 70's de David Cronenberg, associées à une peur obsessionnel du vagin (très normale après tout) ; nombreux sont en effet les trous noirs dans le livre. Comme dans les films du maître fantastique canadien, Burns développe à certains moments un sentiment presque gynécophobique. Sentiment qu’il estompe en concentrant l’émotion sur les enfants infectés – emportés par la confusion spirituelle d’une époque, entre un mouvement Hippie en déclin, les expérimentation de David Bowie avec la mutation, et une omniprésence dans les rues des drogues et de leurs victimes « méconnaissables ». Dégénérescence du corps et ambiguïté, deux mots d’ordre sublimement communiqués au lecteur par le biais d’un encrage au contraste violent.

 
Joe Sacco & Irak, second round.
 

Ça devient une habitude.

Pour la seconde année consécutive The London Guardian publie en janvier un reportage de Joe Sacco en Irak.

Impossible de traduire le fichier en ligne pour l'instant, mais les anglophones peuvent télécharger le PDF de huits pages ici.

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Les autres devront attendre et espérer que le journal Libération prennent en charge  la version française, comme il le fit l'année passée.