Publications dans Avril 2008
C'est possible
 

Enfant, vous rêviez d'être un super héros. Mais vos parents rabaissaient constamment vos ambitions en arguant que cela était "impossible". Et bien libérez-vous de ces années de frustration en attrapant le combiné de téléphone pour les prévenir de se brancher fissa sur notre blog (payez leur une connexion internet et quelques cours d'anglais par la même occasion). Être super héros, c'est possible, avec des pouvoirs, et le reste.


Ici, vous découvrirez, en anglais malheureusement, que l'armure d'Iron man, telle qu'elle sera présentée dans le film qui sort mercredi, existe déjà ou presque. Tout  est expliqué et cautionné par un chercheur de l'université scientifique du Minnesota - c'est pas de la blague.


Et dans la vidéo ci-contre que je vous laisse découvrir (édifiant), de bons petits adolescents américains comme on les aime viennent ni plus ni moins de se fabriquer un appareil leur permettant de jouer à incarner Piro, le mutant rebelle de la série X-men.

 
L'exposition des planches de l'homme de mars, de kent
 
DSCN3502Mise en ligne par aaapoum

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Mise en ligne par aaapoum

L'exposition est visible depuis déjà plusieurs jours. Pour vous allécher, voici quelques détails des planches originales que Vlad a pris en photo avant de partir en vacances en Espagne.

Comme je lui avais promis de les mettre en ligne avant son retour, et qu'il rentre demain, je me presse de les bloguer ce matin.

Cliquez sur l'image pour arriver sur notre galerie d'image. Une dizaine vous y attendent, et j'essaierai d'en rajouter moi même ce soir.

 
La fin d'un metier
 

On est foutu, libraires. Devenez plombier, l'eau ne se numérise pas.

A chaque fois que j'évoque la fin du livre, les gens me rient au nez.

Pas tous, mais une grande majorité n'y croit guère. Pourtant, c'est inéluctable. Et ce n'est pas la mauvaise qualité de fabrication des ouvrages modernes qui fera regretter cette préhistorique ère de l'objet en papier.

Libraires de neuf, fuyez, donc, car vous n'avez plus d'avenir. Dix, allez quinze ans, au plus, de sursis vous sont accordés.

Seuls, peut-être, les spécialistes de vieux papier comme nous ont encore une chance, car ils œuvrent sur une autre frange de lecteur, celle qui vit le moment de la lecture comme un acte sacré et privilégié.

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Mais même dans ce cas, j'ai des doutes. Voici donc sur la droite le Digtizing Line DL-3000. Présenté il y a peu, ce scanner est le plus rapide du monde et va être capable de numériser 3000 pages par heure.

Pour ceux que cela intéresse, les prix sont ici.

 
Un peu de lecture extraordinaire sur Will Eisner.
 

Par Stéphane

Je viens de me fendre d’une critique assez virulente contre les éditions Delcourt, à paraître dans le prochain Chronic’art. Il faut dire que j’ai été passablement agacé par leur travail sur la réimpression de Big City, totalement odieuse de par sa très mauvaise qualité de fabrication.

J’ai comparé le livre à un étron, ce que je savais un poil trop provocateur mais finalement si approprié à mon ressenti que j’ai, après hésitation, quand même conservé la formule. J’avais, par le passé, déjà évoqué les mini éditions de Corto Maltèse en terme de « merde », sur ce Blog. L’on m’avait menacé de poursuite, sans compter les demandes de censure formulées à l’hébergeur de ma vidéo, qui les a toutes bien heureusement déboutées. On verra donc si j’entends parler de cette critique du Bronx.

Bref, tout cela pour dire que je ne me sens jamais parfaitement à l’aise avec les coups de gueule et la critique destructrice. Je ne l’imagine possible que si celui qui critique propose en contrepartie, à défaut d’une alternative, tout du moins de la reconstruction positive.

Alors voila, journée éloge Eisner pour compenser. Je fais mon travail de bibliophile pour offrir de la lecture alternative. Fans de Will Eisner, attachez vos bretelles, ça décoiffe :

1- Une vidéo de près d’une heure, en anglais malheureusement, dans laquelle Will Eisner s’exprimesur le roman graphique à la libraire du Congrès.

2- Et enfin, gratin du gratin dechez gratin, voici des heures de lecture en perspective et un aperçu concret des relations qu'entretenait Will Eisner à l’armé (sujet qui fait parfois débat depuis que Ben Katchor semble l'avoir soulevé). Une très large collection de P.S Magazine dessinés par le studio Eisner -composée de 145 numéros normaux, 5 spéciaux, et 14 index, scannés dans une excellente qualité, classés soit par numéro, soit par année est disponible à la lecture sur le site de la bibliothèque de la Virginia Commonwealth University.( P.S Magazine est une publication pédagogique destinée aux jeunes trouffions qui, ignorants qu’ils sont, ne connaissent pas ces petites recettes de grand-mère qui permettent d’entretenir son matériel militaire avec délicatesse).

Merci à BibliOdysey, génial site, génial site.

 
Exposition Kent à AAAPOUM BAPOUM
 
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L'Homme de Mars s'expose rue Serpente du 22 avril au 22 mai"Ce qu'on a essayé avec Dionnet, c'est de sortir conjointement mon album BD, Sales Amours, avec mon premier album solo, Amours Propres. Faire un bel objet. Mais CBS n'a pas voulu, libraires ou disquaires, ils ne savaient pas où le vendre".Kent, in Métal Hurlant, La machine à rêver de Gilles Poussin et Christian Marmonnier, Denoël, Paris, 2005.

Il aura donc fallu 25 ans à Kent, artiste polyvalent, pour mener à bien son projet de concept album alliant physiquement musique et art séquentiel. Le résultat est donc paru chez Actes Sud BD il y a un mois. 29€ pour un beau bouquin bien imprimé, avec des noirs bien denses qui sentent bon, une jaquette qui se déplie en poster et un CD qui s'intègre dans la couverture. A chaque chanson correspond un chapitre du livre, et vice-versa. On peut parfaitement lire le livre sans écouter le disque et écouter les chansons sans parcourir les planches. Pourtant, cumulés, les deux albums (la polysémie du mot déploie ici toute sa saveur) se fécondent mutuellement : des portes se ferment, d'autres apparaissent. Si les chansons sont d'inspiration plus terrestre, malgré une orchestration cuivrée plutôt cosmique, l'onirisme triomphe dans la BD.

Le séjour d'un martien sur Terre est ainsi l'occasion pour l'auteur de nous livrer de belles pépites de poésie pure. Le découpage y est fluide et impeccable, surprenant et efficace.

Nous mettons cet album à l'honneur dans nos échoppes. Outre le fait que vous pourrez très bientôt nous l'acheter (mais où est le camion ?),  vous aurez la possibilité de venir regarder une trentaine de ses planches originales exposées dans la librairie de la rue Serpente (14 rue Serpente, 75006 Paris, pour ceux qui ne nous connaissent pas encore). La plupart sont en noir et blanc, mais il y a aussi les superbes pleines pages en couleurs directes qui introduisent les différents chapitres. Il faut préciser qu'elles ne sont pas à vendre.

Cette exposition, que nous sommes en train d'accrocher, devrait être visible confortablement à partir du mardi 22 avril et ce pour un bon mois.

 
La bibliothèque : meuble ou monument ?
 

Tempête sur les étagères

Dans la colonne de gauche de ce blog il y a un intitulé dans les "catégories" qui me dérange de plus en plus. "La bibliothèque idéale". Le principe est séduisant. Choisir les meilleurs  livres comme on choisit les meilleurs matériaux pour se bâtir soi-même une maison. Réfléchir posément, soupeser, établir des critères et finalement élire. La formule est fréquemment agitée par la presse culturelle à l'aide de numéros spéciaux "les 100 meilleurs titres", dont le public semble friand (moi le premier). Or figer une liste d'œuvre pour dresser "La bibliothèque idéale" m'apparaît de plus en plus comme idiot. Ce n'est pas la subjectivité du choix qui me dérange, je ne vais pas, moi qui suis si souvent de parti-pris, faire le procès de "ceux qui osent prétendre détenir le savoir" et autres piètres sentences causées par un avis divergent qui avance masqué. Non, ce qui m'embête c'est l'aspect définitif, gravé dans le marbre. LA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE... ça en impose. Sémantiquement, ça tape dur... Savoir, philosophie, modèle, lignes orthogonales, respect et plumeau à poussière. Je m'imagine bien, dans ma "bibliothèque idéale", marchant d'un pas empreint d'une lenteur sage, la pipe au bec, admirant d'un air satisfait les belles tranches de mes livres si idéaux, choisis avec tant de soin, selon des critères si délicats. Je la montre à mes amis, regardez comme ma bibliothèque est idéale. Vous avez vu comme mes choix sont sûrs, comme mes goûts sont de bon goût ?

Pourtant

- les goûts évoluent. Ce qui hier nous apparaissait comme  indispensable se révèle à la relecture sous une aspect moins exaltant. A certains moments de notre existence des œuvres semblent rencontrer nos propres préoccupations et  à d'autres elles n'ont plus que l'aspect rêche d'une boite vidée de ses œufs...

- il arrive que l'on fasse des découvertes. On se rend compte alors que telle qualité d'un livre prend sa source dans un livre antérieur que notre ignorance nous avait caché. L'idéal se dissout alors comme le cachet effervescent plongé en milieu liquide.

- parfois c'est le contraire, un ouvrage qui nous avait paru assommant profite d'une seconde lecture pour laisser entrevoir la subtilité de ses charmes. Ce cas de figure est moins fréquent, car on a rarement l'envie de relire ce qui nous a été pénible. Cela arrive pourtant, notamment quand l'influence d'une tierce personne se fait insistante.

Des exemples !

Il y a dix-douze ans je ne jurai que par Baudouin. Son Eloge de la poussière avait la valeur d'un manifeste. Je me prélassais à l'ombre de Passe le temps... Récemment, j'ai relu plusieurs de ces beaux albums minéraux. Ils étaient non pas vides, mais leur densité s'était faite pesante. Ils me faisaient moins d'effet, comme les disques qu'on a trop écoutés.

Les trois premiers Prométhéa m'avaient soufflé. Alan Moore m'impressionnait toujours. Quel ambitieux projet ! Quelle maîtrise ! Quels beaux rouages. A la sortie du quatrième j'ai tout relu. Quel ennui ! Quel étalage de connaissances recopiées ! Que de confiture sur un petit bout de pain... Et surtout quelle froideur, quel manque d'émotions...

Continuons sur Moore... pour aller à contresens de la pignolade généralisée. V pour Vendetta. Lu une première fois il y a plus de quinze ans, je retardais le moment de m'y replonger. L'annonce de la sortie d'un film me décida. Dans un premier temps je n'osais pas regarder ma déception dans les yeux... Ce n'était plus le même livre. De subtil il était devenu primitif.

A l'inverse, le Cycle de Cyann m'était tombé des mains au bout de quelques pages... L'année passée, je m'y remets : quel plaisir !

Bref, la bibliothèque idéale c'est une bibliothèque confite dans ses convictions inébranlables, figée dans le vernis. C'est une bibliothèque morte destinée à la décoration. C'est une stèle funéraire. La culture transformée en bibelot.

Jouons

Néanmoins une initiative récente des animateurs du site BD Gest m'a agréablement amusée... Chaque visiteur s'est vu offrir la possibilité de choisir ses 100 séries favorites et ses 100 albums favoris, tous étant regroupés sous la bannière "Indispensables". Ce mot peut toujours être discuté, mais le fait est que d'un simple clic sur un logo en forme de cœur un album sort de l'ombre. Un nouveau clic il y replonge. Un jeu amusant auquel je vous convie ! Outre le fait qu'il incarne bien l'inconstance de nos goûts il permet de passer en revue sa bibliothèque et de se livrer à de grandes considérations. Je n'ai pas fini, mais c'est excitant, comme de sortir tous ses jouets avant de ranger sa chambre.

La bibliothèque photographiée est celle de Nicolas Fouquet, au château de Vaux le Vicomte. Le dessin est de Crumb. C'est un détail de la couverture de Cornélius ou l'art de la mouscaille et du pinaillage, éditions Cornélius, Paris, 2007.

Edit mai 2012 : préparant la migration de ce blog vers notre nouveau site, j'en profite pour supprimer définitevement cette catégorie que je réprouve. Adieu la "Bibliothèque idéale".

 
LL contre JJ
 

Une découverte archéologique relance certaines théories

"Euh...  C'était pas la librairie du Cinéma ici ?" est une phrase que nous entendons plusieurs fois par jour rue Serpente depuis plus de 400 jours.

Parfois même, un personnage lunaire traverse tout le magasin pour venir me demander les entretiens Hitchcock-Truffaut. Plus rarement, mal informés par des guides peu mis à jour, certains infortunés nous demandent L'Astrolabe, qui installé avant Ciné-Reflet, semblait vendre des Guides touristiques, des cartes et exposer des photos, du genre voyages et exotisme. Mais qu'y avait-il avant ?

Un de nos voisins qui travaille dans l'immobilier et qui connaît bien le quartier nous affirma que, dans le temps, il y avait déjà en ces lieux une librairie de BD... Captain Swing et moi-même étions très dubitatifs. Nous estimions que, nous mêmes fins connaisseurs des environs, s'il y avait eu une librairie de BD rue Serpente, nous l'aurions su hahaha. Bref l'information fut enterrée comme anecdote distrayante et fumeuse théorie...Seulement voilà... J'ai découvert quelque chose qui pourrait bien rabattre le caquet des arrogants natifs du Taureau que nous sommes. Il y a quelques semaines, en nettoyant-rangeant les caves, dans la poussière noirâtre qui régnait sous l'escalier sur un royaume de bouts de câbles, d'ampoules brisées et de vieux mégots, j'ai aperçu un assemblage de vieux papiers et de scotch jauni. Mon sens araignée de libraire a aussitôt sonné... 

Sur du bristol quadrillé, on peut lire "L. L. contre Joss Jamon", dans une calligraphie typique de l'emploi d'un "trace lettres". Or, créer une étiquette pour un seul titre d'une série signifie forcément qu'on en possède plusieurs exemplaires... Or, qui pourrait posséder tant du onzième Lucky Luke qu'il lui faille créer laborieusement  une étiquette pour les retrouver ? Un libraire ? Un stockeur ? 

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Lucky Luke contre Joss Jamon est paru pour la première fois en album en 1958... dès lors toutes les spéculations sont permises.Quiconque possèderait des informations sur le passé du 14 rue Serpente où sur cette étiquette est chaleureusement invité à laisser un commentaire.Détail amusant : nous avons acquis récemment une magnifique édition originale belge de Joss Jamon (1958).

Bel état, excepté un nom proprement inscrit en page de garde et un petit autocollant. L'édition belge présente la particularité de porter à l'intérieur non pas le titre de la couverture, mais un "Lucky Luke contre la bande de Joss Jamon", une petite nuance qui a excité la convoitise de plus d'un collectionneur au cours des dernières décennies. 180 €.