Publications dans 2006
Ninja Marketing...
 

A la mode manga... Mais qu'en dit la FFNJ (fédération française de ninjutsu) ?

Signe révélateur de l'importance du manga sur le marché ou en tout cas chez les investisseurs américains, Nike lance un modèle de basket (on dit basket ou tennis?) Naruto...

Certes elles sont laides et n'ont qu'un petit symbole de Kohona pour se distinguer des usuelles godasses de la marque, mais paraît-il qu'elles amortissent le bruit et bloquent les odeurs , vous évitant ainsi de vous faire repérer par un chien mutant et son maître en pleine forêt (N° 22 pour les fans).

 
X-MEN 3, la critique
 

C'est le dernier, c'est l'apocalypse, c'est -de- la merde

Par Stéphane

Le Mutant, on le sait, n’est plus un humain. C’est une allégorie. Une image, ou une incarnation, des angoisses et des peurs qui hantent notre espèce et notre civilisation - et dont certaines relèvent de la nuit des temps. Dans ces conditions, il n’est pas idiot de voir en Charles Xavier, le leader à roulettes des X-men, une expression fantastique du combat, et même de la victoire, de l’esprit sur le corps. Dans Magnéto, l’alter ego du mal, incarnation du combat, et même de la victoire, de l’animé sur l’inanimé, de l’homme sur l’industrie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce génie du mal est né dans les camps de concentrations nazis. Pour cette raison, chacun de leurs gestes et de leurs paroles a des résonances politiques et sociales et est porteuse d’un message. Pour cette raison toujours, il n’est jamais superficiel de gratter les couches de latex et de superpouvoirs afin de percer le sens caché des images colorées que les comics nous donnent à voir.

Celui pour qui cette introduction n’est pas totalement superflue ou pompeuse ne pourra pas s’émerveiller du spectacle X-men 3. Non seulement car la réalisation est bien moins brillante que celles des deux premiers opus, mais surtout car il sommeille, pour la première fois de cette trilogie filmique, sous le vernis des héros un discours politique que les français ont pris l’habitude de nommer «pro-bushien». Je m’explique dans la suite, sans gâcher trop l'intrigue en plus.

Dans les deux premiers films de Brian Synger, les valeurs de labande dessinée sont peu ou prou conservées. Le Mutant incarne « l’autre », l’exclu social. D’ailleurs, les divergences qui opposent Xavier et Magnéto autour de l’intégration, dans la bd de l’époque comme dans le premier film, ne sont pas sans rappeler le débat qui opposa Martin Luther King à Malcolm X. Quant à la scène du coming out du mutant adolescent dans le deuxième volet cinéma, elle permettait d’étendre la métaphore de l'exclusion aux problèmes plus récents. Mais ce nouvel opus dirigé par Brett Ratner quitte le cœur idéologique qui depuis toujours anime la série X-men, et se déporte sur un débat plus actuel, largement diffusé dans les produits 20th Century Fox tel que le feuilleton télévisé 24 heures. Celui du mal nécessaire chère à l’Amérique moderne. Vision d’une démocratie.

Si, comme le dit je ne sais plus quel philosophe, «La Démocratie se doit de na pas utiliser les méthodes qu’elle condamne », alors il s’agit bel et bien d’une démocratie à la noix qu’essaie de nous vendre X-men 3. Or cette vente est le sujet central du film, l’intrigue et les héros étant tout entier instrumentalisés pour nous convaincre que ce compromis, la peine de mort dans la démocratie, est nécessaire et viable.

Pour ce faire, le dernier opus lave tout d'abord les héros de leurs anciennes valeurs et leur en offre de nouvelles, jusqu’à présent inédites dans l’univers des X-men. Magnéto, contrôlant le métal pour mieux détruire de l’intérieur le manufacturé, donc l’industrie, donc le monde capitaliste (je ne rêve pas vous le verrez vous-même), n’est plus maintenant ce leader des exclus en colère. Il est devenu froid comme la glace, calculateur, semble cacher derrière son combat social un master plan de destruction totale, considère le monde comme un échiquier, et appelle ces soldats par des noms de pion (le fou, la tour,…). Bref, l’incarnation non plus du révolutionnaire enragé par l'inégalité, mais du dictateur froid et calculateur. Il instrumentalise tout pour mener à bien ses projets de gloire personnels, là où avant il menait une armée rebelle contre le pouvoir en place. Que de changement, Sadam es-tu là ?

Face à lui, Charles Xavier, Jésus Christ à roulette, crucifié qui laisse derrière lui une église de fidèles (ou une école de mutant c’est selon). Le mot d’ordre, esprit d’équipe. Foi religieuse et mode d’organisation démocratique… hum ça me rappelle quelque chose mais quoi… ah mais bon sang de bien sûr, c’est l’Amérique.

Entre les deux, arrive une nouvelle valeur idéologique, la nihiliste Jean Gray, dite Phœnix pour les intimes, qui revient d'entre les morts avec la tête à l’envers. La salope aime maintenant le sexe cochon, veut coucher à tout va. Pire, elle est devenue ultra balaise, la plus balaise du monde même, et du coup elle a plus de valeur morale. Tout est un jeu pour elle. Et qu’est ce qu’on aime faire lorsque l'on est taquin, je vous le donne en mille, on est nietzschéen et on détruit tout. Bah ouais, comme ça, pour le fun. Après tout c’est Nietzsche qui le dit : l’antéchrist est surtout un gros rigolard j'men foutiste.

Alors d’un coté, y’a Sadamagnéto, qui fait semblant de pleurnicher car on lui laisse pas de place, mais qui en fait est un méchant avec des projets d'invasion pas sympa. De l’autre, Professeur Bush qui dit que bon, bah des fois faut savoir renier quelques principes moraux pour le bien de la communauté. Et enfin Jean Gray, le mal absolu, donc sans solution réelle pour lui échapper, ou sans solution molle en tout cas. Bref, il faut un martyr pour en finir.

Déjà, je ne vous en dis pas plus, mais Xavier arrive à convaincre son équipe de martyrs (Serval en particulier) qu’il faut savoir utiliser le mal pour gagner quand on n'a plus le choix. Ca, c’est pour la sale gueule de Magéeto. Enfin, il arrive à convaincre son équipe (Serval toujours), que parfois il faut tuer pour sauver le monde.

Mais je vous ai gardé le meilleur pour la fin : un joli gratin d’excuses à vomir : «Tuer, c‘est dur et ça rend triste, très très triste. Faut pas croire que c’est facile, et qu’on le fait de gaîté de cœur. Ah ça non. Entre le tué et le tueur, c’est bel et bien ce dernier qui est à plaindre, car il porte maintenant tel un martyr le poids sur ses épaules d’un meurtre pour sauver notre humanité.»

Bon, beh bon film les gars. Moi je n’y retourne pas.

 
Revue de presse : Hop ! n°109
 

Du sang neuf (jeu de mot pourri, je trouvais pas de sous-titre) !

Les exhumateurs de vieilleries et arpenteurs de greniers de la revue HOP ! consacrent leur couverture du numéro 109 (daté mars) à Carlos Giménez (dont nous avons récemment parlé dans la bibliothèque idéale).

À l'intérieur une notice biographique, une petite interview (6 p.) et une très complète (en tous cas elle dépasse largement mes connaissances !) bibliographie française. C'est un peu court mais faute de mieux... Comme le dit L. Cance dans son introduction Gimenez "est actuellement chez nous négligé par les médias spécialisés".

La revue Hop, qu'on croirait toujours fabriquée avec une vieille machine à écrire, de la colle et des ciseaux au fond d'une cave des années soixante-dix, coûte 7€60 et on peut la trouver dans toutes les bonnes librairies spécialisées de l'époque contemporaine.

 
Les couvertures de Persépolis
 

Puisqu'il va être question d'Art et de canasson, une très célèbre mais un peu longue citation de Vassili Kandinsky est de rigueur : "Le cheval porte son cavalier avec vigueur et rapidité. Mais c'est le cavalier qui conduit le cheval. Le talent conduit l'artiste à des hauts sommets avec vigueur et rapidité. Mais c'est l'artiste qui maîtrise son talent."

Par Stéphane

Avant de commencer à lire Persépolis, il peut être intéressant de s’arrêter quelques minutes sur les couvertures pour voir si ce dessin minimaliste est tant dénué de richesse esthétique que certains le disent (il parait que Marjane Satrapi dessine mal mais que ce n‘est pas grave).

Pour ma part, je vois dans l’alignement des quatre cavaliers plusieurs symboles qui attestent, au contraire, qu'elle dessine trés bien.

1- Le cheval :

Comme Bucéphale et Alexandre, ou Rossinante et Don Quichotte, nombreux sont dans la littérature persane les chevaux dont la présence auprès d’un maître prestigieux leur a permis d’atteindre une certaine notoriété (rien de réellement étonnant de la part d’un peuple dont la qualité des destriers est tant vantée). Voici un spécialiste, j’ai nommé Yves Porter dans son livre Chevaux et cavaliers arabes dans les arts d’Orient et d’Occident, sur lequel je m’appuie pour cautionner mes divagations critiques.

« Dans le contexte géo-historique de L’Iran, un héros littéraire, qu’il soit légendaire ou qu’il soit inspiré par un personnage réel, se doit de posséder une monture à son image, dont la constitution et le caractère complète ceux du maître. »

Tout est dit ou presque. L'utilisation en couverture du cheval, symbole fortement ancré dans la tradition persane, signale bien la revendication d’une filiation artistique et culturelle. Mais pas seulement, car en détaillant légèrement chacune des couvertures une à une, en identifiant des petits symboles précis, et en observant ensuite leur déplacement à l’intérieur de chaque dessin, on arrive aussi à déchiffrer la métaphore du cheminement intellectuel de la jeune fille iranienne vers la femme adulte multiculturelle (Qui suis-je ? Et comment je suis devenu Marjane auteur ?)(cliquez bien sur les images pour bien voir les détails évoqués...).Appelons ça...

2-...Les quatre âges de Persépolis:

La première couverture montre un cavalier iranien, la dague sortie au poing droit et le gauche levé en l’air. Très important : le cheval a une robe blanche et des jambes noires. Sur ces sabots, on remarque trois petits ronds. Il s’ébroue ; la charge va partir. Pour ma part, je vois dans ce dessin une allégorie de l’iranité naissante de l’auteur et le début de révolte qui l’anime dès son jeune âge. Une interprétation qui prend surtout du sens dans la comparaison aux couvertures suivantes.

La seconde couverture, le même cheval fonce maintenant au galop, le cavalier brandit son sabre pour attaquer. Evidemment, si l'on poursuit la lecture telle que je l'ai entamée, cette métaphore illustre alors l’adolescence de la jeune femme et la violence de la révolte qui l’anime à cette période.

La troisième couverture, période de l’exil en Europe, est très importante. Une nouvelle monture, à la robe toute noire et aux losanges sur les sabots, est montée par un cavalier européen qui semble appartenir à la garde prussienne. Il fait volte-face aux précédents chevaux et se dirige vers la gauche. Cette figure, en miroir des deux précédentes, est le signe qui permet d’attester la valeur allégorique du travail de l’auteur sur les couvertures (je ne suis pas fou!). Symbole de l’européanisation de Marjane suite à son séjour en Autriche, il fait front aux autres cavaliers, sous-entendu aux valeurs de son éducation iranienne, et attaque à son tour. C’est bien un combat entre influences culturelles qui est au cœur de cette suite de couverture, au coeur de la création identitaire d'une jeune femme écartelé entre Iran et Europe.

Enfin, la quatrième couverture et conclusion montre un cheval à l’arrêt, monté par Marjane elle-même, maintenant adulte et habillée sobrement. Les précédents chevaux, représentations métaphoriques de l’Iran et de L’Europe, ont accouché de ce nouveau destrier métis, à la robe iranienne blanche aux jambes noires, mais aux sabots européens recouverts de losanges. Le harnachement, emblème du mode de guidage, agrège les deux précédents pour former un nouveau modèle, mixte lui aussi. Mais Marjane ne l’a pas saisi. Sa monture est à l’arrêt, dans l’attente que la cavalière prenne les rennes.

Si l’on se propose de faire une lecture autobiographique de ces couvertures, ce que je fais évidemment, il n’est pas idiot d’y voir 1- La métaphore de la création identitaire, multiculturelle et même européo-iranienne pour être précis, de Marjane Satrapi. Un thème cher à la littérature francophone et en particulier de l’exil (deux caractéristiques que l’on trouve bien chez Marjane). 2- Un état de lieu sur la dernière couverture de ce qu’était sa vie avant l’écriture de Persépolis (rien de moins que le but permier de tout autobiographe vous me direz). Marjane, maintenant adulte, n'a pas encore saisi les rennes de cette double nationalité, enfilé son habit de guerrière (d'artiste) pour continuer l'idéal de révolution ou du moins de contestation qui a cours dans sa famille. Mais bientôt viendra Persépolis. Et dans l'écriture, Marjane déchaînera enfin le cavalier qui sommeille en elle.

la seconde partie de ses élugubrations cryptocritiques se trouvent ici

 
Japan news
 

Par Stéphane

Tout d’abord, une nouvelle assez importante selon moi… Pour la première fois de l’histoire économique japonaise, Ghibli est devenu la première marque Japonaise en terme de consomation au Japon, passant devant Toyota. La marque avait déjà fait une entrée fracacante dans le top 5 en 2004, avant de gagner la seconde place en 2006. Ce début de XXIeme siècle marque bien la fin du Japon en tant que puissance industrielle, et fait place au Japon en tant que puissance culturelle.

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Alors comme Ghibli cartonne, voici le script en anglais du prochain film à sortir cet été au Japon, Gedo Senki, et ci contre la toute nouvelle bande annonce.

Enfin, pour toujours faire plaisir aux amoureux d’animation japonaise et de culture manga, que je suis, voici une toute nouvelle publicité réalisée par Katshiro Ôtomo (l’auteur d’Akira) pour une marque de nouilles. on peux la voir en basse qualité ci dessous.

 
Dédicace de Baru
 

Par Stéphane

Baru est l'un de mes artistes de bande dessinée préférés. Alors même si L'Enragé est franchement décevant, et de loin son moins bon livre, je ne peux m'empêcher de publier une des dédicaces qu'il a réalisées chez nos voisins de la librairie Album. A ceux qui ne connaîtraient pas, jetez-vous sur la réédition des Quequettes Blues, L’Autoroute du Soleil, Le Chemin de l’Amérique ou même, dans une moindre mesure mais que de qualités quand même, Les années Spoutnik. Des beaux souvenirs de lectures.

(Suivre le lien Baru pour acceder aux titres).